Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

La décentralisation à toutes les sauces

La décentralisation à toutes les sauces!

Le 24 novembre dernier, Alexandre Cloutier signe une lettre publiée dans le Huffington Post, adressée au Premier ministre du Québec. M. Cloutier prend la peine de spécifier qu’il est député de Lac-Saint-Jean, ET, candidat à la direction du parti québécois.  Dommage, si ce n’avait été d’un exercice de relation publique, la lettre intitulée «Ressaisissez-vous, M. Couillard», aurait pu se lire, sans aucune arrière pensée…

Ceci dit, M. Cloutier tente de démontrer qu’un Québec fort et prospère passe par la décentralisation.  On pourrait même y déceler un lien de cause à effet avec le développement régional.

Je veux bien, M. Cloutier, mais pas à toutes les sauces SVP!

Compte tenu que les régions sont éloignées des grands centres, qu’elles retiennent moins d’entreprises privées, qu’elles récoltent moins de revenus en taxes, qu’elles ont moins de citoyens, sans parler du vieillissement de la population, force est d’admettre qu’elles n’ont pas les mêmes besoins ni les mêmes moyens que les grandes villes.

Et dans certain cas, la décentralisation n’est pas la solution, au contraire! 

Comme nous avons pu le constater lors des divers témoignages à la Commission d’enquête sur l’octroi et la gestion des contrats publics dans l’industrie de la construction (CEIC), les régions sont à la merci des grands centres, mais surtout, des entreprises privées.

Par exemple, nous avons compris que les régions ne sont pas en mesure de retenir les services à temps plein d’ingénieurs pour gérer la totalité des travaux sur leurs territoires.  Cette réalité est dû au fait que les projets d’envergures sont plus rares et donc, qu’il est impensable de conserver une équipe de 15-20 spécialistes sur place.  Donc, un ingénieur sera employé à temps plein, et lorsque les besoins se feront sentir, on fera appel aux ingénieurs du domaine privé.

Bingo!

C’est justement à partir d’ici que ça devient tordu.  Certaines firmes de génie-conseil ont compris que la manne était en région.  De fait, ces firmes ont monté de toute pièce, le concept des élections clés en main.

Quel est le lien? Le voici : la firme de génie-conseil offre au candidat à la mairie de son choix, l’organisation complète de sa campagne électorale.  La firme va se charger de récolter le financement, elle va organiser les divers événements de financements et de communications, elle va même se charger d’assurer le transport des citoyens vers les pôles de votes la journée des élections.  C’est extraordinaire pour une comptable de Rimouski qui souhaite se lancer en politique municipale mais qui ne voit pas comment il pourrait payer sa campagne à coup de dons de 100$. 

En retour, le nouveau préfet devra s’assurer que tous les contrats seront adjugés à la firme de génie-conseil en questions. Ce sera facile à faire. Les représentants de la firme de génie-conseil pourront compter sur les employés de la municipalité pour leur transmettre les informations concernant les budgets.  S’ils respectent les budgets, il n’y a pas de problème, non?

Il n’y a pas de problèmes parce que, de toute façon, les travaux ne peuvent être exécutés à l’interne, faute de personnel et de budget.  Et puis, même les autres firmes de génie-conseil ne seraient pas intéressées à soumissionner puisque la région est hors de leur territoire.

Erreur!

Non seulement ce procédé entache la libre concurrence, mais il permet à des élus et à des fonctionnaires d’être à la merci de la corruption.

 

Donc, et si les services d’ingénierie étaient centralisés au gouvernement provincial? On se calme, on se calme!  J’entends déjà les Alexandre Cloutier de ce monde crier à la centralisation!

Mais, imaginez un peu : ressuscitons la «Voirie» des années 60.  La fonction publique québécoise redeviendrait  «le plus grand bureau de génie-conseil» au Québec!

Tous les ministères, toutes les municipalités, tous les centres de santé et de services sociaux, pourraient passer leurs commandes en personnels techniques d’ingénierie, d’architecture et d’estimations au même endroit.  Toutes les données concernant tous les projets routiers et d’infrastructures du Québec seraient entreposées dans la même base de données.  Ville-Marie veut construire un viaduc? Pas de problème.  Elle pourra consulter les plans et devis des viaducs de Gaspé, de Havre St-Pierre et de Magog.  Elle n’aura pas à débourser des frais pour ce qui a déjà été fait ailleurs.  De plus, elle pourra profiter de l’expertise de l’équipe qui a construit tous ces viaducs, le temps de la réalisation de son projet.

C’est un beau rêve de québécois.  Les grands centres, au service des régions.  Mais pour ce faire, ça prend de la confiance, il faut se défaire de l’insécurité des régions, il faut arrêter de penser que la centralisation c’est un pouvoir de moins.  C’est un travail d’équipe entre québécois. 

Dans certains cas, la décentralisation c’est bien, mais dans certains cas, la centralisation c’est mieux, pour le bénéfice de tous.

 

 

 

 

 

 

Commentaires

  • ????... Bien reçu pour nourrir nos connaissances et mieux se former une opinion. Bonnes suites.

Les commentaires sont fermés.