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La créativité à l'oeuvre !

 


Régulièrement les médias nous font état de la situation alarmante qui prévaut dans nos urgences et ce depuis de nombreuses années. Le Journal de Montréal titrait le 18 avril 2011, les ‘’Coûts de la santé explosent’’[i] ou ‘’Santé mentale : les demandes explosent au CHEO’’[ii] pour ne citer que ceux-ci. Cette ‘’croissance continue des dépenses’’ (loi de Wagner) de l’État est certes connue et étudiée, mais les impacts inhérents à cette croissance, sur notre système de Santé et sur la population qui l’utilisent, décuplent aussi….

Plus encore, outre la réalité financière, les difficultés de fonctionnement qu’éprouve notre système de santé, particulièrement celui de l’engorgement des urgences, est criant et demande une intervention pressante car les clientèles les plus touchées sont parmi les plus vulnérables ;

‘’Le Dr Hébert (ministre de la santé) affirme qu'il est particulièrement préoccupé par la durée du séjour des patients âgés de 75 ans et plus ainsi que des personnes aux prises avec des problèmes de santé mentale, qui attentent en moyenne près de 24 heures. C'est sur ces deux variables qu'il veut agir en priorité’’.[iii]

Le palmarès des urgences 2011-2012[iv] fait état qu’en moyenne 6.7% des personnes ayant visité l’urgence ont fait un séjour de 48 heures et plus. Cette réalité grimpe parfois à ‘’Plus de 62 heures (…) pour une consultation en santé mentale (et) ne cessent de s’allonger’’.[v]

Il est depuis longtemps statué que ‘’pour une personne qui a des problèmes de santé mentale, un trop grand délai d’intervention peut mener à une aggravation de son état, et même à des visites à l’urgence ‘’[vi]

De plus, selon l’institut Canadien d’Information sur la santé, ‘’on estime qu’environ un Canadien sur cinq aura un problème de santé mentale au cours de sa vie’’[vii] et le fardeau économique de la maladie mentale se chiffre à près de 51 milliards de dollars.[viii]

Quand le ministre de la santé qualifie la situation dans les urgences ‘’d’inacceptable’’[ix]ce n’est qu’un euphémisme. Comme l’accessibilité et plus précisément ‘’l’accès raisonnable aux services hospitaliers et médicaux’’[x] est un des principes fondamentaux de la ‘’Loi canadienne sur la santé’’[xi] qui régit notre système de santé,  en plus de devoir être accessibles les soins doivent être offerts ‘’sans obstacles financiers ou autres tels que la discrimination’’(L.C.S.). L’accès raisonnable…dans un délai raisonnable… Notre système de santé contrevient-il à la loi ? Or, dans un État de droit, nul ne peut ignorer la loi (Droit canadien). La séparation des pouvoir au sein de l’État (législatif, exécutif et judiciaire) permet-il au système de santé de ne pas se conformer à la loi ?

Compte tenu de tous ces constats, que propose l’administration publique ?

‘’Pour moi, si le problème est aux urgences, la solution est à l'extérieur des urgences’’ Dr Hébert.[xii]

En 2005, après de nombreuses consultations, le gouvernement mets en place un plan d’action en santé mentale (PASM). Il vise ‘’l’amélioration de l’accès à des services de qualité pour toute personne qui souffre d’un trouble mental ou qui présente un risque de suicide élevé’’.[xiii] Le plan d’action mise sur le rétablissement et la réduction de la stigmatisation des personnes. De plus, le PASM, est basé sur une collaboration de tous les intervenants de la société : ‘’soit les médecins omnipraticiens et psychiatres, les pédiatres, les psychologues, les travailleurs sociaux, les personnes œuvrant dans les groupes communautaires (…) et les partenaires des réseaux locaux de services (RLS)’’[xiv]. Ils sont tous appelés à travailler en réseau de manière à donner une réponse rapide aux personnes ayant un trouble mental’’[xv]

Toutefois, en 2012, L’Institut de la santé, identifie toujours des obstacles qui entravent l’accès aux services en santé mentale soit; ‘’la fragmentation des services, la hausse de la demande et le manque de ressources humaines en santé, les difficultés d’obtenir une orientation pour un psychiatre’’[xvi] etc.

Or, malgré l’implantation du PASM, comment se fait-il que le réseau peine toujours à donner des services en santé mentale dans les délais prescrits ?

Depuis huit ans, l’implantation du PASM se fait lentement et la fluidité qui devait en résulter n’est pas au rendez-vous. Le PASM exige, c’est vrai, des changements majeurs dans les modèles de pratique. Il est basé sur le travail avec les pairs aidants, la communauté et il s’appuie sur la hiérarchisation des services pour permettre que ‘’le client reçoive le bon service, au bon endroit, selon ses besoins et son état de santé, et ce, dans un court délai’’. [xvii]

Le PASM nous fournit-il les outils pour envisager sortir de cette impasse ;

Les causes en sont identifiées ; ‘’les délais d’attente ne sont pas dus a un manque de ressources mais a une mauvaise organisation, disent 2500 médecins’’[xviii], mais c’est le comment faire qui semble plus difficile.

Le ministre Hébert a présenté un ‘’Plan de désengorgement’’[xix] qui demande aux hôpitaux ‘’d'établir un «protocole de surcapacité», qui prévoit qu'un patient peut être déplacé dans le couloir d'une autre unité ou d'un CHSLD quand les urgences débordent’’[xx]. Mais est-ce suffisant, s’attaque-t-on vraiment au nerf de la guerre ; l’organisation des services et une meilleure intégration des services tel qu’identifié par l’Institut Canadien d’information sur la santé ?

Il y a deux semaines, un événement inattendu à ravivé l’espoir ; un équipe de la Montérégie gagne un prix pour l’intégration de ses services en santé mentale !

En effet, le CSSS de Richelieu-Yamaska, a reçu une mention d’honneur aux Prix d’excellence du réseau de la santé et des services sociaux pour son Guichet d’accès unique en santé mentale adulte, dans la catégorie Intégration des services. Différents modèles de pratique ont été explorés tel que évaluation des besoins des clients et le développement du plan d’intervention par une équipe multidisciplinaire, des rencontres de groupe,

‘’Le succès de cette réalisation repose en grande partie sur la communication en continu des informations entre les principaux acteurs. La collaboration entre les psychiatres du CSSS, les médecins de famille du territoire, les intervenants de la première ligne en CLSC et l’ensemble des partenaires du réseau local permet d’assurer la continuité des services offerts à la clientèle et le partage de l’expertise de chacun au bénéfice de l’usager’’.[xxi]

L’intégration de leurs services a permis d’améliorer les services offerts à la population puisqu’ils ont réduit drastiquement leurs liste d’attente;

‘’Cette meilleure intégration entre les différents services offerts a permis de réduire les délais d’attente de tous les services de façon considérable. Il en résulte une meilleure cohésion entre les divers services en place au CSSS ainsi que sur le territoire du réseau local de services’’.[xxii]

Voit-on la lumière au bout du tunnel ? Nos services de santé pourront-ils être offerts dans des délais raisonnables, dans le respect des personnes et de la loi ?

Ce prix redonne espoir, le réseau de la santé n’a pas sombré dans l’apathie et le découragement[xxiii], il continue à se mobiliser.

Je garde donc la conviction que, dans la lignée du ‘’modèle québécois’’ de solidarité, de concertation et de justice sociale,[xxiv] d’autres projets créatifs et novateurs verront le jour afin que nous trouvions collectivement les solutions pour un système de santé ‘’en santé’’!

Lucie Goyer, Étudiante, 2e cycle , ENAP



[i] Turbide, Mathieu, ‘’Les coûts explosent’’, Le Journal de Montréal, Lundi 18 avril 2011, p. 7

[ii] Orfali, Philippe, ‘’Santé mentale : les demandes explosent au CHEO’’, La Presse, Le Droit, 22 août 2013, http://www.lapresse.ca/le-droit/actualites/sante/201308/22/01-4682268-sante-mentale-les-demandes-explosent-au-cheo.php

[v] Archambault, Héloïse, ‘’Plus de 62 heures’’, Le Journal de Montréal, 27 juin 2013   http://www.journaldemontreal.com/2013/06/27/plus-de-62-heures

[vi] Santé et services sociaux Québec, Les Prix D’Excellence, du  réseau de la santé et des services sociaux , http://www.msss.gouv.qc.ca/reseau/prix_excellence/index.php?centre-de-sante-et-de-services-sociaux-csss-richelieu-yamaska-2013-transcription

[vii] Institut Canadien d’Information sur la santé, Les soins de santé au Canada 2012, https://secure.cihi.ca/free_products/HCIC2012-FullReport-FRweb.pdf

[viii] Idem

[x] Loi Canadienne sur la Santé, L.R.C. (1985), ch. C-6 http://laws-lois.justice.gc.ca/fra/lois/C-6/

[xi] idem

[xiii] Santé et services sociaux Québec, Plan d’action en santé mentale 2005-2010
Plan d’action en santé mentale 2005-2010 - La force des liens

[xiv] Idem

[xv] Idem

[xvi] Institut Canadien d’Information sur la santé, Les soins de santé au Canada 2012, https://secure.cihi.ca/free_products/HCIC2012-FullReport-FRweb.pdf

[xvii] Santé et services sociaux Québec, Les Prix D’Excellence, du  réseau de la santé et des services sociaux , http://www.msss.gouv.qc.ca/reseau/prix_excellence/index.php?centre-de-sante-et-de-services-sociaux-csss-richelieu-yamaska-2013-transcription

[xviii] Rioux Soucy, Louise Maude, ‘’Le système public peut être sauvé’’, Le Devoir, 16 novembre 2007, A 1-10

[xx] Idem

[xxiii] Notes de cours, ENAP 7505, Principes et enjeux de l’administration publique, PROFTRUDEL, Automne 2013

[xxiv]  Idem

 

 

 

 

 

 

 

 

Commentaires

  • En effet ...les impasses doivent nous amener à encore davantage de créativité pour les solutions.
    Mais aussi la règle de droit doit aussi parfois être changée
    par le..."législateur""....à l'inspiration des travailleurs "du plancher".
    Bonne suite.

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