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L'actuelle crise des urgences

Il ne faudrait pas nourrir la perception que la situation de crise des urgences est récente. En fait, le problème a sa chronicité bien avant les récentes compressions budgétaires. Les racines de la crise des urgences sont dans la structure organisationnelle du réseau des services de première ligne du Québec. Le réseau de la première ligne est corrélatif avec l’engorgement des urgences. Que ce soit au niveau des problèmes de culture importants entre les établissements, de la démobilisation du personnel épuisé ou des changements continuels et l’absence de consultation, la première ligne est à revoir. Je suis d’avis que le manque évident et déplorable d’organisation des services d’omnipratique combiné au mode de rémunération inapproprié des médecins généralistes (selon eux), ainsi que l’absence d’une cohésion entre la première et la deuxième ligne sont à la base du problème d’organisation actuel.

 

Il y a défaut des services médicaux et des ressources multidisciplinaires dans la communauté sans parler de l’éternel dossier du sous financement majeur  des services à domicile qui désengorgeraient une partie des urgences. Malgré que l’État ait débloqué des fonds pour les urgences, la recherche des solutions à la crise perpétuelle et chronique des urgences perdure. La productivité des urgences de même que la performance et l’accessibilité sont nettement  en péril, tout en souffrant de détérioration. Il faut rappeler que cette crise existe depuis 30 ans, moment où l’assurance maladie est introduite. La population québécoise s’est précipitée à l’urgence, ce qui engendrait des impacts sur la médecine de première ligne qui ressentait déjà une coordination des services en souffrance.  Il est à noter également que l’urgence offre tous les services (où du moins peur hospitaliser à même ses murs) alors que les cabinets de médecine et les CLSC sont limités en ressources matérielles, humaines et financières. La médecine de première ligne doit en arriver à se charger du suivi complet du patient et de la maladie pour que l’urgence s’occupe des vraies urgences. L’approche réseau prendrait tout son sens.

 

Évidemment, il y a des obstacles au « réseautage », en l’occurrence le mode de paiement des médecins, le mode de financement global des hôpitaux et le partage des responsabilités de plusieurs professionnels. L’urgence ne doit plus être la porte d’entrée du réseau. Il faut casser le mythe que les soins se donnent strictement à l’urgence. Il faut cependant créer une accessibilité ailleurs dans le réseau. De plus, les conventions collectives me semblent à revoir, elles sont rigides et non-adaptées aux réalités qui exigent une plus grande flexibilité. Le paiement des médecins à l’acte est également à réviser.

 

Il faut faire éclater les assises traditionnelles. Si l’État a le courage politique de défaire les présentes structures et organisations anachroniques, non-productives, non-performantes et souvent non-accessibles, nous allons vivre un vrai changement. Cependant, si des changements organisationnels s’opèrent, il est à prévoir des résistances professionnelles de même que de l’insécurité, des tensions, du stress et des rumeurs de l’apocalypse des urgences nourries par les professionnels et la population. Tout changement organisationnel a ses répercussions sur le comportement humain.

 

Le changement est nécessaire, mais ce sera difficile. Le rapprochement des équipes multi et inter est essentiel. Les actes délégués aux infirmières sont à revoir de même que la tarification. Les CLSC sont désignés pour un suivi en réseau dans la perspective de la prévention et du suivi médical. Les médecins ne sont pas attirés vers les CLSC compte tenu du mode de paiement. Pourtant une partie de la solution aux problèmes des urgences est entre les mains des médecins et de leur bon sens. Le client est-il toujours au centre des préoccupations? Je me permets d’en douter. Entre temps, la privatisation est à nos portes. Les établissements doivent collaborer. Les tables de concertation en santé et services sociaux doivent trouver un plan d’action efficace pour faire face aux périodes de pointe. Il faut ramener au communautaire tous les patients dont l’hospitalisation n’est pas nécessaire.

 

 

Daniela Lascu

Cours ENP-7328

Enjeux contemporains de gestion dans les organisations de services de santé et de services sociaux

 

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