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La langue française au Québec face à la mondialisation

La langue française au Québec face à la mondialisation

Dans le contexte actuel de la mondialisation, la question de la survie de la langue française au Québec se pose avec de plus en plus d’acuité. En effet, avec la mondialisation de l’économie, l’anglais s’est vu propulsé au premier rang des langues utilisées dans les débats politiques et économique sur la scène internationale. De nos jours, l’anglais est présent dans toutes les instances internationales telles que l’Organisation mondiale du commerce (OMC) la FAO, le PNUD, la Banque mondiale pour ne citer que ceux là. Comme le dirait l’ancien premier ministre du Québec, Mr. Jacques Parizeau, dans sa récente publication sur la souveraineté du Québec, 2010, « Aucune législation internationale ne l’impose ».

Aussi, plusieurs offres d’emploi au niveau des hautes sphères de décision, que ce soit au Canada ou dans les grandes organisations internationales, exigent que le potentiel candidat soit bilingue : Anglais et le français pour le Canada, et Anglais et une autre langue pour les organisations internationaux. Dans ce dernier cas, la deuxième langue exigée est généralement la même que celle utilisée dans la zone de travail. Face à cette situation, certains citoyens Canadiens francophones, se trouvent parfois bloqués dans leur carrière professionnelle à cause de leur faible maîtrise de la langue anglaise. Ce qui amène beaucoup d’entre eux, partisans du libre échange, à être d’accord pour que tous les citoyens aient accès librement au système scolaire anglophone. Ils entendent par là donner des moyens à tous les jeunes élèves de pouvoir surmonter plus tard les obstacles linguistiques qui se présenteront certainement à eux à un moment de leurs carrières professionnelles. Ils sont d’ailleurs pour cela, prêt à sacrifier un héritage culturel qui leur a été légué par leurs ancêtres, colons Français, arrivés sur le continent américain il y’a de cela plus de cinq siècles. De telles façons de faire se manifestent d’ailleurs clairement dans la récente modification apportée à la loi sur le français au Canada. En effet, celle – ci donne désormais le droit à tous les citoyens d’accéder librement au système scolaire anglophone. Il va sans dire que l’application d’une telle loi, à long terme, et surtout dans le contexte actuel de la mondialisation où la langue anglaise est omniprésente dans presque tous les débats, nationaux (pour ce qui est du Canada) et internationaux, conduira forcement à la disparition de la langue français au Canada en général et au Québec en particulier.

Toutefois, nous pensons qu’il est possible de mener des actions visant à réduire l’effet de cette mondialisation sur la survie de la langue française au Québec. A notre avis, la langue Française représente pour les québécois une grande partie de leur identité socioculturelle, nous dirions même que c’est la racine pivotante sur laquelle la société québécoise devrait prendre son appui pour s’affirmer en tant que société souveraine à part entière dans ce contexte de mondialisation, afin d’éviter de se faire avaler par les sociétés anglophones environnante et sans cesse croissantes sur les plans économique, scientifique et politique. En effet, la perte de cette identité culturelle signifiera l’assimilation du Québec au reste du Canada et la perte de repère socioculturels pour les générations Québécoises futures. Or nous savons tous qu’un homme ou une femme sans repère socioculturel est comme un animal perdu ou exclu de son groupe.

Pour éviter qu’une telle situation ne se présente plus tard, nous pensons que le gouvernement du Québec a un grand rôle à jouer. En effet, en tant que gouvernement dans un état de droit, il doit de façon continue, mener des actions visant à rendre davantage plus visible l’usage de la langue française au Québec. Ces efforts peuvent être entrepris dans les domaines économique et politique de la manière suivante :

Le domaine économique : ici, l’appui au développement de petites et moyennes entreprises à travers par exemple la réduction de certaines taxes permettra l’expansion de celles-ci et attirera également de nouveaux investisseurs au Québec. L’idée ici étant de favoriser la croissance d’un plus grand nombre d’entreprises afin que celle-ci atteignent un effectif de plus de 50 employés, ce qui les obligera à utiliser les deux langues comme le veut la législation sur la langue des affaires au Canada.

Pour ce qui est des médias audio visuels, nous pensons qu’une politique visant à donner un accès gratuits aux chaines et canaux télévisés, en français, pour les jeunes enfants tel que « Disney Channel », « Vrak TV » pour ne citer que ceux-là, qui actuellement ne font pas partie des bouquets de base offerts par les distributeurs nationaux de chaines télévisée, permettra à de nombreux jeunes issues de familles moins nanties au plan économique, de rester en contact avec la langue française même en s’amusant et ainsi contribuera à assurer la survie de la langue.

 Le domaine politique : En ce qui concerne les politiciens, ceux –ci doivent faire un effort de tenir compte de la valeur socioculturelle que représente la langue française pour le Québec, et toujours en tenir compte au moment des prises de décision qu’ils sont appelés à faire régulièrement.

Aussi, compte tenu de la grande présence de l’anglais dans le monde scientifique de nos jours, se serrait irréaliste de dire qu’au niveau universitaire, les cours doivent se donner uniquement en français au Québec. Cependant, dans l’état actuel des choses, on constate que les cours sont donnés en français dans les universités francophones du Québec mais que la documentation à consulter pour compléter certains de ces cours sont, pour la plus part, écrits en anglais, surtout dans le domaine scientifique. Ce qui nous amène à nous interroger sur la place des scientifiques francophones dans ce milieu. Sont – ils autant que ça improductifs ? Ne produisent –ils pas aussi des documents scientifique recommandable pour enrichir certains cours ? Si non, qu’est ce qui fait problème ?

Au plan social : Les francophones du Québec doivent éviter de se faire des préjugés sur la langue de leur interlocuteur et toujours faire un effort de s’exprimer en français de prime abord et ceci quelque soit les circonstances, en ne faisant recours à la langue anglaise que quand la nécessité s’impose. Une telle attitude contribuera forcement à la sauvegarde de la langue française au Québec, malgré la mondialisation.

 

Rosine NGUEMPI MELOU

Étudiante en maîtrise à l'ENAP

Commentaires

  • Merci pour cet article si intéressant par son réalisme sur la langue française au Québec. Suite aux rapports de l’Office Québécois de la Langue Française (OQLF) paru au cours de ce mois de septembre 2011, d’aucuns pensent que la sonnette d’alarme est encore tirée même si ce n’est pas l’avis du gouvernement.

    En effet, les études de l' OQLF concluent que dans 20 ans, la population de la région métropolitaine de Montréal (environ 4 millions d’habitants) qui représente la moitié de celle du Québec, sera minoritairement francophone à 47,4%. Entre autres causes sont évoqués par les uns et les autres: les francophones qui procréent moins, qui déménagent vers les autres régions et aussi la faible attractivité de la langue française qui est en train d’être phagocytée par l’anglais.

    Vous citez bien, l’ancien Premier ministre, M. Jacques Parizeau, qui constate que la suprématie de l’Anglais n’est supportée par aucune législation internationale. Cette remarque, me fait croire plus que jamais que l’amour d’une langue ne se décrète pas. Je ne veux toutefois pas dédouaner les politiques publiques qui ont certes un rôle à jouer dans la préservation et le développement d’une langue. Cependant, il faut reconnaître que l’imposition fait toujours fuir et surtout les jeunes qui représentent l’avenir dont celui de la langue. Donc, il importe de se demander comment des pays comme la Suède, la Finlande, le Danemark et j’en passe arrivent à préserver leurs langues tout en encourageant l’apprentissage de l’Anglais pour communiquer avec l’international.

    Selon moi, il faut agir sur la fierté qu’on a à parler Français donc sur la culture et l’Histoire et c'est là la force du français pour le Québec. Le système éducatif et les média ont un rôle déterminant à jouer en ce sens. Le Français, une fois bien ancré et alimenté dynamiquement, l’apprentissage des autres langues devient une ouverture et non un « francicide ». Comment entretenir et élargir cette fierté, c’est là la grande question et la réponse se trouve en grande partie dans le système éducatif, dans le domaine culturel et les média.

    Lionel Fleuristin
    ENP 7505, Automne 2011

  • Combien d’entre nous avons assisté à une rencontre impliquant plusieurs personnes dont seulement une parle l’anglais? Pour ma part plusieurs fois, et dans la majorité de ces situations la langue choisie de façon automatique, et souvent tacite, fut l’anglais. Si nous regardons la même situation à l’inverse, je n’ai pas été témoin d’une seule fois où dans une discussion avec plusieurs anglophones la conversation se déroula dans une autre langue afin d’accommoder la personne qui parle le français ou autre. C’est toujours la personne de langue francophone qui doit faire le compromis.
    Vous avez totalement raison sur le plan social. Au Québec combien de fois, nous faisons-nous aborder en anglais (surtout dans l’ouest de Montréal) ? Ce qui est le plus inquiétant est que plusieurs francophones poursuivent, à ce moment, la discussion en anglais! Du côté des médias et ce, surtout à la radio, nous sommes en présence d’une grande détérioration du français avec l’augmentation importante des anglicismes et la détérioration de la qualité de notre français parlé.
    Également les jeunes d’aujourd’hui utilisent les médias sociaux, MSN-Facebook, Chat, Twitter, pour communiquer. Pour ceux qui ont des enfants le langage utilisé par ces derniers est une série d’acronymes connus des utilisateurs de ces médias et est bien souvent très loin du français. Premièrement, c’est souvent écrit au son et deuxièmement cela comprend des expressions anglaises. Comment faire pour avoir des jeunes qui parlent et qui écrivent dans un bon français ? Cette responsabilité appartient à qui ? L’État ? Parents ? Société ?
    Je suis toutefois peu confiant que le gouvernement du Québec, dans un état de droit, prendra les actions nécessaires afin de garder notre culture québécoise francophone. S’il ne les prend pas, il en tient qu’à nous de lui rappeler lors des prochaines élections.
    C’est notre culture qui en dépend !!

  • Je suis également témoin fréquemment à titre d'employée de l'état de discussions en anglais lorsqu'une majorité de francophone participe à la discussion. La Loi sur les Langues Officielles du Canada garanti pourtant le droit aux employés de l'état fédéral de travailler dans la langue de leur choix. Mais souvent un autre choix s'impose de lui-même: celui d'être compris!

    Votre conclusion est intéressante pour moi: que notre culture en dépend. Je suis plutôt d'avis que la langue dépend de la culture! Dans ce contexte, je parle d'une culture de fierté d'être francophone, non seulement à cause de la langue française, mais aussi pour tous les autres aspects culturels y étant attachés. Il importe selon moi au gouvernement de créer un contexte social propice au maintien et développement de la langue, mais on ne peut déléguer toute la responsabilité à l'État. Il y a également une grande responsabilité individuelle de chacun d'entre nous, francophones, de faire grandir notre langue, peu importe le milieu (familial, de travail, social).

    Les acadiens sont l'exemple incarné d'un peuple fier de sa culture et de sa langue, qui refuse de se laisser assimiler. Beaucoup d'emphase est mis sur l'apprentissage du français dans le système scolaire, entre autre par le développement d'une université francophone (Moncton) tournée sur le monde, dans un milieu anglophone, mais sans y exclure l'apprentissage de l'anglais.

    Il est frappant de voir des collègues anglophones comprendre et respecter l'importance de cette aspect de notre culture lorsque la fierté d'être francophone est expliquée et vécue, et même s'investir afin d'apprendre cette langue magnifique. Bien sûr il restera toujours des incorruptibles, mais au fond plus nous connaissons de langues, plus enrichis nous sommes!

    Je rejoins donc la conclusion de Lionel que dans le contexte actuel de mondialisation, maîtriser plusieurs langues est la voie de l'avenir, mais sans toutefois faire de compromis sur notre langue maternelle.

  • La langue française est définitivement en péril au Québec. Au centre-ville de Montréal, il est plus difficile qu’il y a vingt de se faire servir en français, on aborde les gens rarement en français peu importe le magasin, une librairie de la rue McGill College vend seulement des livres en anglais, les gens qui circulent sur la rue discutent beaucoup plus en anglais qu’avant, c’est un recul dramatique. Que s’est-il passé ? À mon avis, il y a eu une relâche dans l’application de la loi 101 et sa surveillance est moins présente. On s’aperçoit que les anglophones quittent moins pour l’Ontario comme leurs parents unilingues l’ont fait plutôt que d’apprendre le français. La nouvelle génération elle, a profité des mesures prises par le gouvernement québécois pour favoriser l’apprentissage du français, ils ont fréquenté les écoles anglophones qui offraient des classes d’immersion française. Ces enfants sortent des écoles avec un avantage que les québécois francophones n’ont pas, ils sont bilingues. C’est pourquoi je crois que l’anglais devrait apparaître plus tôt dans les écoles au Québec et avec efficacité. Les parents seront alors certainement moins attirés par les écoles anglophones ou privées. Je ne crois pas que les québécois perdront leur identité pour autant, ni leur culture, ni leur attachement à leur nation. Ce n’est pas par l’apprentissage d’une autre langue qu’on abandonne ses valeurs, la langue française vivra avec la culture, l’éducation, la force d’unité et de volonté. Investir dans les entreprises québécoises est effectivement une bonne façon de se développer. Il faut aussi encourager les producteurs du Québec, fournir à la population les moyens de création dans un milieu francophone. Dans toutes organisations comme dans la rue, l’image, le visuel et le texte doivent rester en français au Québec, c’est essentiel pour le sentiment d’appartenance.

    Je crois sincèrement que le Québec fait sa place dans le mouvement de mondialisation. Grâce à son savoir faire (autant en art qu’en sciences) et ses idées originales, le Québec s’est fait connaître en Amérique et a gagné une reconnaissance internationale. Les visiteurs sont curieux, ils veulent vivre ce côté francophone unique. Le Québec sera toujours distinct avec ses idées, ses opinons et sa grande sensibilité aux enjeux humanitaires. Ce n’est pas parce que nos enfants sauront parler une autre langue qu’ils opteront pour les valeurs voisines par contre, ils auront plus de moyens pour faire valoir les leurs. Faisons-leur confiance, arrêtons d’avoir peur, fonçons avec détermination vers cet horizon de possibilités à l’échelle mondiale tout en gardant notre identité, nous serons d’autant plus respectés. Axons nos actions sur le rassemblement, la fierté, l’éducation familiale et sociale, la culture et non la diminution et surtout, restons alertes face aux positions gouvernementales.

    Nathalie Audet
    ENP 7505 – mercredi matin

  • À tous les jours, j’entends quelque chose relié à la langue française, comme: « Au Québec, on fait des affaires en français et on parle en français », mais en effet, on entend beaucoup moins souvent parler des conditions dans lesquelles la langue est enseignée à tous les nouveaux arrivants. Le Ministère d’Immigration et des Communautés Culturelles (MICC) fait la promotion de la flexibilité de prendre des cours de francisation à temps complet, partiel ou même des cours spécialisés mais cette pratique n’est pas appliquée (ou ne l’était pas quand je suis arrivée en 2008).

    Premièrement, il faut dire que la pratique reste loin d’être si flexible qu’on l’annonce dans les publications officielles. D’un coté, il est annoncé que les cours s’adaptent à tous les horaires car ils sont offerts pendant le jour, le soir et/ou les fins de semaine mais d’un autre coté, les immigrants ne peuvent pas vraiment choisir. S’ils veulent prendre les cours le samedi, ils doivent démontrer qu’ils forment une famille monoparentale ou qu’ils sont responsables d’une personne handicapée.

    Deuxièmement, en parlant de la disponibilité des cours de langue, il faut savoir que les cours offerts ont pour objectif d’apprendre aux personnes à se débrouiller dans la vie quotidienne et pas de bien connaitre la langue. En réalité, les connaissances apprises dans les cours donnés par le MICC sont généralement insuffisantes pour s’inscrire à l’université car celle-ci demande toujours à ceux qui ne sont pas francophones de réussir un examen de français international, même s’ils ont fini tous les cours du MICC. N’est-ce pas une incohérence? Les nouveaux arrivants doivent s’arranger pour continuer l’apprentissage de la langue sans l’appui du gouvernement.

    Quant aux immigrants qui ont une connaissance avancée de la langue quand ils arrivent, les cours dont ils ont besoin ne sont plus disponibles au MICC, il est donc nécessaire d’aller dans une institution privée où il faut payer. En conséquence, je pense que les efforts du gouvernement pour maintenir la langue française comme première langue pourraient être plus efficaces s’il s’efforçait réellement pour que la langue soit réellement maitrisée et conservée en donnant accès à des niveaux plus spécialisés de la langue aux nouveaux arrivants mais… il est vrai que la population a un grand rôle à jouer en même temps. Il est frustrant de se faire servir en anglais dès que les francophones entendent notre accent étranger! Ils changent tout de suite à l’anglais dès qu’ils détectent un « une » verre d’eau svp, ou lieu d’ « un » verre d’eau svp...

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