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le gaspillage intellectuel

 

Est-on conscient du gaspillage intellectuel qui se fait au Québec? Est-on conscient du gâchis des compétences quotidien qui a lieu devant nos yeux? Dans une société d’accueil, en pénurie dans plusieurs secteurs fondamentaux, je trouve inacceptable qu’il y ait si peu d’effort pour profiter des connaissances des professionnels d’ailleurs, par contre, toutes les raisons sont bonnes pour ne pas en profiter.

 

Les personnes qui sont choisies en fonction de leurs qualifications professionnelles se confrontent à des difficultés majeures pour l’obtention d’un emploi dans leur domaine d’expertise, pourtant, ils ont été « sélectionnés » justement à cause de leur expertise, ou du moins, c’est ce qui leur est dit. 

 

Le ministère de l’Immigration met à la disposition de ces professionnels une série d’ateliers pour faciliter leur intégration dans la société d’accueil, surtout en emploi, mais qu’en est de la préparation de la société d’accueil? Cette société, est-elle ouverte à recevoir du sang neuf parmi les siens, d’accepter d’autre manière de faire, de se mouvoir de la stagnation identitaire? Pourquoi attendre un « conformisme » dans les manières de faire d’ici pour les intégrer? Le nouvel arrivant apprend à faire son CV selon le modèle d’ICI, apprend la recherche d’emploi active, comme on fait ICI, et pourtant le travail leur est refusé parce qu’ils ne savent pas comment ça marche ICI !!!!!!!!! Comment voulez-vous qu’ils le sachent si personne ne leur donne une chance? 

Comment voulez-vous qu’ils s’intègrent et se sentent utiles si le délai d’attente pour leurs équivalences de diplômes est d’une moyenne de 6 mois? Que font-ils pendant tout ce temps? Comment voulez-vous qu’ils maintiennent leurs motivations? Et encore plus, comment voulez-vous qu’ils vivent? Est-ce en faisant des « Jobines » qui sont loin de leurs champs d’expertise et de leurs domaines de compétences qu’ils vont avoir l’expérience québécoise? Vous ne trouvez pas que c’est un énorme gaspillage intellectuel

 

La contribution d’un enjeu majeur élargit encore plus ce gaspillage, cette contribution est généreusement offerte par les ordres professionnels. Une fois les équivalences en main, il faut compter encore quelques mois pour une étude d’un dossier dans un ordre professionnel, évidemment avec une bonne somme d’argent. Résultat : on n’est pas assez bon pour faire partie de cet ordre! SI le dossier est accepté, il faut reprendre des cours et cela pour quelques années (ça dépend des ordres). Suivre des cours de déontologie, des cours qui sont propres aux situations et au contexte du Québec, c’est normal, mais refuser un dossier d’un professionnel quand le besoin est omniprésent, c’est de l’ordre du non-sens. Est-ce que le cœur ne bat pas de la même manière au Québec qu’ailleurs dans le monde? Est-ce que les émotions ne sont pas pareilles qu’ailleurs dans le monde? Les circonstances peuvent être différentes, mais les émotions, elles, sont identiques partout dans le monde. Les muscles sont-ils placés ou formés différemment au Québec? Non, la composition des muscles est, elle aussi, pareille dans le monde, et je peux continuer pour longtemps. Pourquoi ne pas donner la chance à ces professionnels (en santé, éducation, physiothérapie, psychologie…) d’exercer dans leurs champs d’expertise? Pourquoi pas une évaluation des compétences au lieu d’une évaluation des diplômes? Si la personne n’a pas les compétences, un retour aux études pour quelques années sera pertinent, à voir, élémentaires, mais pour la personne qui possède les compétences, pourquoi la réduire à un niveau d’un étudiant sans compétences et sans expériences? Pourquoi s’empêcher de profiter de ces connaissances,  avec l’option d’une mise à niveau? 

Le cursus académique est en perpétuel mouvement en fonction de l’évolution des recherches scientifiques et des méthodes d’applications. Il y a 5,10, 15 ans les enseignements et les techniques d’intervention dans la plupart des domaines n’étaient pas pareils ni comparables à celle de nos jours, que ça soit au Québec ou ailleurs dans le monde, et pourtant, les professionnels des ordres d’ICI continuent à exercer avec une mise à niveau continu. Par contre, les nouveaux arrivants sont évalués sur leurs niveaux académiques et se voient enlever le droit de pratique, entre autres pour cette raison. 

 

Cette société, qui accueille 34000 nouvelles personnes par année, attend, dans les meilleurs des cas une année et en moyenne 3 à 5 ans, pour profiter des expertises, souvent déjà acquis, des professionnels qui ont choisi de vivre au Québec et qui sont sélectionnés en fonction de leurs professions. Je trouve que c’est beaucoup de gaspillage intellectuel qui se fait et que le terrain n‘a pas été préparé pour mélanger les grains. Cela me mène à se questionner sur les attentes de cette société d’accueil envers ces professionnels. L’intégration dans une société se fait sur deux plateaux, celui de la préparation des arrivants et celui de la préparation du  lieu d’accueil. L’investissement du lieu d’accueil équivaut-il à celui du nouvel arrivant? C’est une question que je ne peux m’empêcher de me poser, plusieurs fois par jour, d’autant plus que c’est une réalité que je confronte au quotidien, étant donné que je travaille dans un organisme qui accueille les nouveaux arrivants dans un quartier d’une grande concentration de nouveaux arrivants.

 Nadine Gharios

ENP 7328

 

Commentaires

  • Vos propos sont pertinents. Il est rare que nous abordions la préparation du lieu d'accueil comme vous le faites.

    J'ajouterais également l'effet pervers du temps qui passe. Quand le nouvel arrivant occupe quelques années à faire «des jobines» en attendant que ces compétences soient reconnues; cette même terre d'accueil le confine ensuite trop souvent dans un rôle qu'il a choisi par dépit. On ne lui reconnaît pas ses compétences et on le réduit à celles qui lui a permis de subsister, s'en suit un cercle vicieux. Vous parliez des efforts que nous devons faire à l'arrivée de ces professionnels, je renchéris en disant que c'est un effort constant qu'il faut pour ne pas qu'ils sombrent dans l'oubli et que le gaspillage s'avère perpétuel.

  • Je suis d'accord avec vos propos ainsi qu'avec la préparation du lieu d'accueil. Étant infirmier-gestionnaire, j'embauche régulièrement des infirmières venant de l'étranger qui désirent s'installer au Québec. Beaucoup de travail a été fait avec la France concernant la facilitation et la reconnaissance des permis de travail pour les infirmières françaises, cependant pour les autres la montagne est difficile et il faut qu'elles retournent à l'école pour qu'on puisse juger leur connaissance. La différence entre leur pratique dans leur pays d'origine est vraiment différente d'avec la nôtre. Les lois, les limites ainsi que le processus de distribution des soins sontvraiment différents. Malheureusement, je ne vois pas comment le Québec pourra à court-moyen terme réussir à faciliter l'intégration de ces nouveaux arrivages de travailleurs-professionnels. Il y a du travail à faire!

  • Les activités promotionnelles pour attirer la main d’œuvre qualifiée provenant de l’étranger au Québec et au Canada sont importantes, mais qu’avons-nous à offrir?

    J’abonde dans le même sens que vous : tout est fait en fonction de ce que nous connaissons ICI.

    Un nouvel arrivant désireux d’être embauché par une entreprise à la recherche de compétences telles qu’il possède acheminera son C.V. et attendra avec espoir qu’on le rappelle. Il n’est pas dans sa nature de se faire valoir, de relancer ou d’insister pour rencontrer l’Employeur pour se « vendre ».

    Un C.V. anonyme permettrait déjà de franchir la première étape : la convocation en entrevue. Par la suite, il pourrait démontrer qu’il a acquis ses compétences dans son pays d’origine par le biais de ses diplômes et des ses expériences professionnelles.

    Dans une société où la pénurie de main d’œuvre fait souvent les manchettes, il serait bon de questionner si celle que nous voulons accueillir doit être qualifiée telle que spécifié dans les critères de sélection actuels, car nous offrons trop souvent des emplois précaires aux immigrants détenant des diplômes universitaires.

    Malheureusement, le manque de représentativité, de soutien et de lobby pour les nouveaux arrivants qualifiés fait en sorte que le sujet est souvent évoqué, sans être vraiment remis en question. Aucune action n’est véritablement mise en place pour changer la situation et plusieurs sont déçus : leur rêve de pouvoir contribuer à la terre d’accueil en faisant profiter la société de leur bagage est ainsi restreint à travailler pour des peanuts pour une « jobine » où ils sont surqualifiés.

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