Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

LA SAGA DU STADE OLYMPIQUE

LA SAGA DU STADE OLYMPIQUE

 

 

Cela fait maintenant huit ans que le processus de changement du nouveau toit du stade olympique dure. La régie des installations olympiques (RIO) lance des appels d’offres sur appel d’offre, s’interroge sur le type de toit, son coût et son mode d’exploitation. Toutes ces questions montrent bien la difficulté de la RIO à trouver une solution définitive et durable à ce problème. Elles font également ressortir toute la complexité de l’administration publique dans un état de droit.

 

Le stade olympique, joyau architectural héritage des jeux olympiques de Montréal de 1976, constitue par son toit un véritable casse-tête chinois pour les Québécois. Depuis l’origine, le sort du toit n’a cessé d’alimenter l’opinion publique et concentrer les efforts de la RIO. La gestion de ce dossier met en lumière deux principes fondamentaux de l’administration publique avec les enjeux qui en découlent.

En effet, quand on lit entre les lignes de la saga du stade on s’aperçoit vite  que toutes les décisions de la RIO ont été préalablement approuvées par le gouvernement avant leur mise en œuvre. Ce qui met en relief le principe de l’approbation gouvernementale ou encore,  en administration publique; tout doit être approuvé. Ainsi le gouvernement a été toujours en amont et en aval des décisions de la RIO. C’est lui qui en 1984 met fin au moratoire de 1982 sur l’arrêt des travaux du stade donnant ainsi son accord à la RIO pour poursuivre les travaux. Elle signe donc un contrat avec la SNC-Lavalin pour le premier toit qui sera hissé en 1987. C’est un toit mobile de kevlar.

Le 27 juin 1991, des vents violents provoquent la déchirure de la toile de kevlar, ce qui oblige la RIO à remettre en cause le concept même du toit rétractable. Le 05 mai 1993, le gouvernement approuve la recommandation de la RIO et l’autorise à entreprendre le processus de remplacement du toit. Elle lance alors un appel d’offre public en 1997 auquel participe entre autre le consortium Birdair-RSW et SNC-Lavalin. La proposition de Birdair-RSW est retenue par la RIO. Cette décision sera entérinée encore une fois par le gouvernement par la voix du ministre d’état à la métropole Serge Ménard. Il annonce la nouvelle à la presse le 10 juillet 1997 en insistant sur le coût de la facture qui s’élève à 37 millions de dollars. Supposée tenir pour 25 ans, la toile céda sous le poids de la neige le 18 janvier 1999 soit moins de un an après sa construction. Revoilà notre stade avec un toit défectueux. Les activités y sont donc interdites du 01 décembre au 31 mars. A partir de 2002 le gouvernement autorise la RIO a lancé un nouvel appel d’offre à la suite de laquelle la proposition de SNC-Lavalin est retenue. Il s’agit d’un toit fixe d’une durée de vie de 50 ans à 300 millions de dollars. Mais l’idée de toit fixe enlève la vocation sportive du stade, avec un stade totalement clos on ne pourra y organiser les jeux du Commonwealth, ni les jeux panaméricains, ni même les jeux du Canada et les rencontres de L’IMPACT, l’équipe de soccer locale. Les vives critiques  poussent le gouvernement et la RIO à renoncer à ce projet. Depuis, Québec se donne le temps de mieux réfléchir à la question du toit entrainant du coup la RIO dans une certaine inertie. C’est seulement en 2010 que la RIO obtient l’autorisation de lancer des appels d’offre. En matière de gestion publique cette situation est jugée chaotique, ce qui interpelle Gérard Deltell chef de L’ADQ, le deuxième groupe parlementaire de l’opposition. Dans un point de presse tenu le 26 septembre2010 sur le site même du stade, il réclame d’abord une commission parlementaire sur l’avenir du stade avant de fustiger le comportement de la RIO en ces termes : << tout ce qu’on fait, c’est qu’on gère à la RIO, urgence par-dessus urgence. On gère quasiment à la petite semaine, alors que c’est un édifice qui mérite une vision d’avenir>>. Cette déclaration illustre bien la complexité de l’administration publique. En réalité cette administration est beaucoup plus complexe que le secteur privé car ici la RIO ne peut faire autrement que ce qu’elle fait. C'est-à-dire faire des propositions au gouvernement qui lui a le dernier mot.

D’un autre coté, ce dossier permet de mettre en lumière un deuxième principe fondamental de l’administration publique qui est la responsabilité des gestionnaires publiques et des ministres. C’est au nom de ce principe que la RIO n’a pas hésité à intenter des poursuites judiciaires contre Birdair après la déchirure de son toit posé en 1998. En effet l’entreprise avait promis que son toit de fibre de verre teintée de téflon aurait une durée de vie de 25 ans et ne serait pas déneigé. Mais voilà, moins d’un an après son installation  soit le 18 janvier 1999, le toit de Birdair cède sous le poids de la neige. Pour défendre les intérêts publics la RIO réclamera à l’entreprise 50 millions pour le toit et 13 millions de dollars pour les dommages subis suite à l’annulation des contrats de location comme le salon de l’automobile. La RIO obtient gain de cause 8 ans plus tard par une entente à l’amiable. Conscient de sa responsabilité de gérer de façon rentable et utile l’argent des contribuables, la RIO introduit désormais de nouvelles dispositions dans ses appels d’offre sous la forme d’un partenariat public-privé. Ainsi le prochain fournisseur devra être propriétaire et responsable du toit pendant au moins 15 ans avant de le remettre à la RIO. Aussi le paiement de la facture sera échelonné : la moitié sera versée dès l’acceptation des travaux, 25% dans les 5 années suivantes et 25% dans les 25 années suivantes.

Toutes ces dispositions sont l’expression de la responsabilité de l’administration publique de gérer les fonds le plus efficacement possible dans l’intérêt de l’ensemble des populations.

 

Au terme de notre analyse une seule question demeure. A quand le nouveau toit du stade olympique?  Pour moi, la solution du toit du stade se trouve entre les mains des pouvoirs publics qui ne doivent  ménager aucun effort pour faire de l’œuvre de Roger Taillibert, le  symbole de Montréal et non l’expression de la plus belle bêtise collective en terme de gestion publique.

 

DIBY K. ACHILLE.

Commentaires

  • Tu as bien fais ressortir les principes en cause. Il est clair que le RIO a fait preuve d’un manque de vision à long terme. Une chose est sûre, le manque flagrant de vision du comité est un danger pour l'avenir du stade. La RIO brille depuis trop longtemps par son incompétence. Il serait donc idéal de charger un comité de personnes non partisanes, ayant à coeur ce bien collectif, afin de prendre une décision intelligente qui représente l'ensemble de la population.
    Nicholas Borne
    ENAP 7505
    lundi soir

  • Ça fait plus de 30 ans que l'on cherche une solution pour ce toit. Les solutions se sont succédées malheureusement sans succès. Le stade olympique est un symbole pour tous les montréalais. Lors du denier appel d'offre je me souviens qu'un des soumissionnaire avait proposé deux concepts soit une coquille amovible (tel que spécifié au devis) et une coquille mobile en deux sections. Je crois que comme citoyen nous souhaitons maintenir les options initialement prévue mais comme contribuable, nus avons hâte d'arrêter de payer. J'espère que les prochaines décisions seront plus favorable à la pérennité de cet équipement caractéristique et que nous serons 30 ans sans en entendre parler.

  • La Stage olympique est en fait la plus grande tour inclinée au monde, il n'est pas surprenant de penser que l'achat d'une nouvelle toiture, de par sa singularité, occasionnera des coûts importants non négligeables pour les années à venir, et ce, pour tous les contribuables québécois. Nous venons à peine de finir de payer cette immense structure de béton qui surplombe Montréal. Selon une récente étude, il ne faudrait nullement penser, comme solution ultime, de le démolir compte tenu de la quantité gargantuesque de débris de béton à se départir, entrainant des coûts directs et indirects, et beaucoup de poussière engendrée par sa démolition.

    Il ne faut pas s'étonner que le choix final s'avère difficile, car il faut s'assurer d'avoir pris toutes les précautions nécessaires dans ce projet. Ce n'est pas comme le slogan de RÉNO dépôt « si ça l'existait, on l'aurait ». Personne au niveau du gouvernement ou comme simple citoyen ne peut prétendre avoir l'expertise nécessaire pour faire un choix rapide et éclairé. A qui se fier pour nous donner les garanties que la solution choisie sera la bonne cette fois-ci ? Je ne pense pas qu'il est question ici d'un manque de vision de la part du CIO. Prenons tout le temps nécessaire pour évaluer les options qui s'offrent à nous. Comme nous le savons, rien n'est simple en administration publique.

    Je vous invite à consulter cet article très intéressant sur le sujet :
    http://www.gref.ca/admin/public/uploads/Article_Toit_Le_Devoir1.pdf
    Groupe de recherche sur les espaces festifs – GREF – UQAM
    http://www.gref.ca/

Les commentaires sont fermés.