Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Le retour des cours d’éducation sexuelle en milieu scolaire

Blogue 1 du cours Principes et enjeux de l’administration publique, ENAP

Professeur : M. Rémy Trudel

Écrit par Diane Langlois, gr. 21

 

 

 

 Le retour des cours d’éducation sexuelle en milieu scolaire

 

 Mère de trois adolescentes, je ne peux faire autrement que d’acquiescer à la lecture d’un article apparu dans Le Devoir du 17 septembre dernier : Plaidoyer pour le retour des cours d’éducation sexuelle à l’école.  Depuis le retour des classes, plusieurs articles de journaux nous relatent l’importance et l’urgence que le ministère de l’éducation fasse une place dans le programme scolaire à l’enseignement de la sexualité.

 

Les faits

 

Cela fait maintenant 5 ans  de la disparition des cours d’éducation à la sexualité dans les écoles au Québec. Présentement, la sexualité est parfois traitée par les professeurs, si l’occasion se présente. Des notions sur le système reproductif sont traitées dans les cours de science et technologie. Mais il y a des professeurs comme bien des parents, qui ne sont pas à l’aise d’aborder ces sujets-là. Selon le ministère de l’éducation, du loisir et du sport,  c’est la responsabilité de chacun à l’école de faire cette part d’éducation. Mais comme toute chose, quand tout le monde est responsable personne ne le fait.

 

Il faut bien le constater, la sexualité n’est plus un tabou.  Elle est présente partout de la télévision à l’internet en passant par la publicité. La pornographie est devenue le moyen d’éducation sexuelle des adolescents selon le sociologue Richard Poulin de l’université d’Ottawa)1.  

 

D’après un récent sondage  de SOM RECHERCHES ET SONDAGES (2009)2: les jeunes possèdent peu de connaissances sur les infections transmises sexuellement et par le sang (ITSS). Par exemple, ils ne savent pas trop à quelles infections ils sont le plus exposés.  Près de la moitié des adolescents de 14 à 18 ans ignorent même que certaines infections peuvent être asymptomatiques.

 

Depuis dix ans, en plus de noter une augmentation de grossesses non désirées chez les adolescentes, il y a une recrudescence et une hausse des infections transmises sexuellement et par le sang (ITSS) chez les jeunes. Selon les données du Ministère de la santé et des services sociaux (MSSS)3, il y aurait une augmentation des cas de chlamydiose et de gonorrhée chez les femmes entre 2004 et 2008. De plus, les deux tiers des cas de chlamydiose génitale et près de la moitié (47%) des cas de gonorrhée sont déclarés parmi les jeunes de 15-24 ans. Les comportements sexuels non protégée expliqueraient en grande partie ces chiffres.

 

Il y a donc une nécessité de prévenir les comportements à risque dans les pratiques sexuelles des jeunes susceptibles de compromettre leur santé et leur sécurité.

 

Ce qu’il faut faire

 

Cela appartient à l’état d’arrêter ce fléau et ce dans toutes les strates de la société. C’est en travaillant conjointement que les ministères (éducation et santé) et organismes (CSSS, Commissions scolaires et les écoles) pourront avec l’aide de tous et chacun, renverser la vapeur. 

 

Le ministre Bolduc (santé) s’est engagé à faire la lutte contre les ITSS.  Quand à madame Beauchamp (éducation) cela semble être pour son ministère aussi une préoccupation devenu prioritaire. Nous allons vers un chambardement de nos institutions, on a investi beaucoup dans le curatif, mais on devra à l’avenir investir davantage dans la prévention.

 

Mes pensées vont dans le sens du rapport de monsieur Bolduc3 dans lequel il est noté : Il est aujourd’hui impératif de se mobiliser à nouveau, individuellement et collectivement pour lutter contre l’épidémie d’ITSS. Parce que les conséquences à long terme peuvent être grave…

 

Effectivement, les risques sont accrus d’infertilité, de grossesse ectopique, de maladies chroniques et de cancer sans oublier les conséquences possible chez les nouveau-nés. Les ITSS entraînent aussi une série de problèmes pour des milliers de personnes chaque année : problèmes interpersonnels (avec les partenaires), problèmes de couple, problèmes personnels (divulgation de sa condition), discrimination, médication à long terme souvent accompagnée d’effets indésirables. Sans compter les coûts économiques et sociaux de ces infections.

 

Dans le même rapport du MSSS2, il est suggéré différentes solutions dont  l’embauche d’une sexologue comme personne ressources. Cette professionnelle aurait pour mission d’élaborer une trousse pédagogique destinée aux professeurs. Quant au contenu, il devrait être adapté selon l’âge des élèves pour que ce soit donné aussi au primaire. De plus, les cours ne devraient pas seulement parler de l’aspect mécanique de la sexualité, mais aussi comment bâtir des relations égalitaires entre les hommes et les femmes.

 

Autres arguments

 

Présentement, les coûts reliés aux ITSS au cours d’une vie sont considérables. Juste à penser aux traitements et à la consommation des ressources de soins de santé. Selon  la littérature, aux États-Unis, le fardeau économique lié à ces nouveaux cas d’ITS seraient de l’ordre de 6.5 milliards annuellement.

 

Sur le site internet de masexualite.ca,  on  trouve divers arguments en faveur de l’éducation de la santé sexuelle. Entre autre il est écrit que la recherche étudiant les coûts directs et les avantages économiques de la mise en œuvre de programme d’éducation en matière de santé sexuelle en milieux scolaires laissent fortement entendre que des programmes et des services bien élaborés et de grande qualité ne sont pas seulement efficaces en coût mais entrainent des économies considérables (Wang, Burstein et Cohen, 2002, Wang, Davis, Robin et coll., 2000).

 

Le ministre Bolduc est d’avis qu’investir dans la prévention ou le traitement précoce coûte moins cher que les dépenses en soins et en services curatifs. Un tel investissement a des résultats tangibles à court, moyen et long terme.

 

Côté de l’éducation, on ne peut pas dire qu’ils se croisent les bras.  Présentement, plusieurs écoles du Québec offrent actuellement des activités d’information sur les ITSS. D’autres ont adopté une démarche plus globale d’éducation à la sexualité et de promotion de la santé. Il faudrait que ce soit l’ensemble du réseau scolaire qui adopte ces nouvelles façons de faire.

 

Il est à noter que le milieu de l’éducation et le réseau de la santé et des services sociaux entretiennent une collaboration depuis plusieurs années. Comme l’indique  le sondage sur les habitudes sexuelles2, cette collaboration devrait être accentuée aux paliers national, régional et local. Les activités pédagogiques sur les ITSS seront plus efficaces si elles sont jumelées à des activités d’éducation à la sexualité, à l’intérieur d’une approche globale et intégrée de la santé à l’école. De leur côté, les intervenants de santé publique des paliers régional et local peuvent créer des liens notamment avec les conseillers pédagogiques et les enseignants du Programme de science et technologie.

 

Signe encourageant, le ministère de l’Éducation, du Loisir et du Sport entend poursuivre ses efforts au cours des années à venir et promouvoir l’éducation à la sexualité dans toutes les écoles primaires et secondaires du Québec.

 

 

 1 :René-Charles Quirion, Une pétition pour le retour des cours de sexualité au secondaire, La Tribune, 16 juin 2010, (en ligne) http//:www.cyberpresse.ca/latribune/sherbrooke/201006/16/01-4290662-une- petition-pour-le-retour-des-cours-de-sexualite-au-secondaire

 2 : (SOM RECHERCHES ET SONDAGES (2009). Sondage sur les habitudes sexuelles des 16-24 ans et le port du condom, 58 pages.

 3 : Rapport national sur l’état de santé de la population du Québec, L’épidémie silencieuse  du     MSSS, 2009 

  

 

 

 

Commentaires

  • Bravo pour l'ntervention en sujet delicat Diane.
    La discussion attire la lumière...
    Prof

  • Je suis bien d'accord avec vous pour le retour des cours d'éducation à la sexualité, puisqu'effectivement lorsqu'il appartient à tous et chacun de transmettre cette éducation aux enfants et adolescents personne ne le fait, par gêne, par sentiment de ne pas s'y connaître. Beaucoup d'informations sur la sexualité ou plutôt sur le sexe circulent sur internet et nous avons tort de croire que les ados peuvent faire leur éducation sexuelle seuls à travers le web, car bien souvent ils n'iront pas sur des sites crédibles. Ils se fieront plutôt à ce qu'ils voient dans les films pornographiques, les vidéoclips et les revues xxx. Ce qui engendre une méconnaissance de la sexualité ou certains croient que faire l'amour pendant 3 heures c'est la norme pour ne rapporter qu'un exemple. Mais surtout je crois que l'éducation et la conscientisation ne doit pas se faire seulement auprès des enfants et adolescents, mais aussi auprès des adultes travaillant de près ou de loin avec eux, car j'ai déjà travaillé avec une direction d'école qui refusait que les intervenants distribuent des condoms aux adolescent(e)s qui étaient actifs sexuellement et qui malheureusement ne se protégeaient pas toujours...

    Carolyne Gingras
    ENP 7328 (jeudi pm)

  • Votre blogue m'a accrochée à cause de son titre « Le retour des cours d'éducation sexuelle en milieu scolaire » et à cause de cette phrase « Cela fait maintenant 5 ans  de la disparition des cours d’éducation à la sexualité dans les écoles au Québec ».

    J'ai une petite-fille de 13 ans un petit-fils de 11 ans et, à la lumière de ce que j'ai déjà observé, il est impératif que des cours d'éducation sexuelle soient donnés aux enfants du primaire et du secondaire.

    J'ai fait quelques recherches pour appuyer mon propos et voici ce que j'ai trouvé.

    La révolution sexuelle des années 60 a permis le passage d'une sexualité-péché à une sexualité-plaisir, mais la publicité et les médias ont aussi contribué à sa commercialisation indue. «Dans notre société hypersexualisée, la sollicitation érotique est très présente. Le corps des femmes – mais aussi celui des hommes – continue de faire vendre de la bière, et les émissions de téléréalité populaires sont centrées sur la séduction sexuelle. ».

    Le 16 avril 2005, dans un article intitulé « Ados au pays de la porno » Marie-Andrée Chouinard cite Francine Duquet et Geneviève Lalonde.

    « L'âge de la première relation sexuelle se situe toujours autour de 15 ans et demi, mais il pourrait bien s'agir d'un leurre puisque la vogue actuelle dans les écoles donne la cote à la fellation, et ce, même du côté des écoles primaires, où vestiaires et toilettes sont souvent sous haute surveillance. » explique Francine Duquet, professeure de sexologie à l'Université du Québec à Montréal (UQAM)

    «Plus que jamais, nos jeunes ont besoin d'entendre parler d'éducation à la sexualité», ajoute Geneviève Lalonde, l'une des rares sexologues au Québec à travailler directement dans une école secondaire.

    Le 27 novembre 2006, dans la section Entrevues de l'UQAM, Claude Gauvreau mentionne, lui aussi, Mme Duquet.

    Depuis 20 ans, Francine Duquet donne des conférences et offre des formations sur la sexualité des jeunes. Au cours des dernières années, elle a recueilli de nombreux témoignages sur l'hypersexualisation dont les manifestations sont multiples : érotisation de l'enfance à travers l'habillement sexy des fillettes, séduction sexualisée, clavardage sexuel, cyberpornographie, banalisation du sexe oral, etc.

    Le 22 mars 2008, même discours, Marylin Veillette cite, elle aussi, Mme Duquet.

    "La sexualisation consiste à donner un caractère sexuel à un produit ou un objet qui n'en a pas", explique Mme Duquet. La sexologue, qui donne des conférences autant à l'étranger qu'au Québec, relève que les Québécois ne sont pas les seuls aux prises avec ce problème. "C'est partout pareil. La banalisation de la sexualité est la même à l'extérieur."

    Pour Francine Duquet, l’éducation et la communication constituent des moyens incontournables pour contrer les effets pervers de phénomènes comme l’hypersexualisation, la surenchère de la sexualité et la sexualisation précoce.

    Jusqu’ici, les deux ancrages principaux pour l’éducation à la sexualité sont les cours Éthique et culture religieuse et Science et technologie. Est-ce suffisant?

    Je réponds que non !
    Louise Barry
    ENP7505 – Rémy Trudel, Ph.D. - Groupe 21 – AUTOMNE 2010

    Sources

    16 avril 2005
    Le Devoir
    Ados au pays de la porno. Marie-Andrée Chouinard.
    http://www.ledevoir.com/societe/education/79553/ados-au-pays-de-la-porno

    27 novembre 2006
    L'UQAM Entrevues
    Hypersexualisation : plus qu'un phénomène vestimentaire. Claude Gauvreau.
    http://www.uqam.ca/entrevues/2006/e2006-035.htm

    22 mars 2008
    Montérégie Web
    L'hypersexualisation chez les jeunes, un phénomène grandissant. Marylin Veillette
    http://monteregieweb.com/main+fr+01_300+L_hypersexualisation_chez_les_jeunes_un_phenomene_grandissant.html?ArticleID=520319

    Septembre-octobre 2010
    La Gazette des femmes
    Des idées pour mieux éduquer. Nathalie Bissonnette
    http://www.csf.gouv.qc.ca/gazette/article.php?article=4240&recherche=&auteure=0&theme=10212

    Le projet «Outiller les jeunes face à l'hypersexualisation» vise à sensibiliser les jeunes et les adultes qui les accompagnent aux phénomènes d'hypersexualisation et de sexualisation précoce ainsi qu’à proposer des pistes de réflexion et d’action.  
    http://www.hypersexualisationdesjeunes.uqam.ca/

  • Voici un sujet très intéressant.
    Bien que je sois d'accord à ce que des cours de sexualité soient donnés à l'école, les parents ont un rôle important à jouer de ce côté.
    Dans notre société, souvent, lorsque l'État intervient, les individus ne se sentent plus concernés et responsables. Je ne voudrais pas que cela devienne le cas en ce qui a trait à la sexualité. En temps que parent, j'ai le goût d'échanger avec mes adolescents. Je sais que ce n'est pas facile, par contre il faut faire preuve d'ouverture et persévérer et travailler à développer une communication de confiance avec nos adolescents.

    Je doute que les professeurs soient mieux placés et outillés que les parents pour aborder certains volets de la sexualité. En ce qui concerne les sujets d'ordre général et à valeur éducative comme les ITS, la contraception, la reproduction, ils peuvent très bien être vus en classe et je suis convaincue que le professeur a toutes les compétences pour aborder la matière. Par contre lorsque l'on parle de valeur, je ne crois plus que ce volet doit demeurer la responsabilité du professeur. Nous pouvons très bien souhaité avoir des sexologues dans nos écoles, mais avec les compressions budgétaires et le manque criant de professionnels dans les écoles, j'ai bien peur que cela prennent des plusieurs années. Devant ces faits, je préfère agir et être la personne qui discutera de sujets comme le respect de soi, de l'autre, de son corps, de ses goûts avec mes enfants et et en aucun cas je voudrais qu'un professeur puisse intervenir à ma place. Pour avoir discuter avec de jeunes professeurs, je ne crois pas qu'ils sont formés pour répondre à ce besoin.

  • Le sujet est en effet très intéressant et d'actualité. Je dois dire que je suis totalement en accord avec Lucie pour ce qui est de la place des parents dans l'éducation sexuelle de leurs enfants. De plus jee crois que les jeunes d'aujourd'hui, on besoin, plus que jamais, d'être renseigner sur ce sujet.

    Travaillant moi-même avec des adolescentes je m'insurge qu'il y ait autant de sexualité gratuite et débridée dans leur environnement. Bref, elles écoutent des clips de musique où la norme est de danser à moitié habillée (ou à moitié dénudée!) et des chansons où les paroles ne sont suggestives que d'activités sexuelles. Si elles n'ont pas accès à de l'information à l'école ou à des discussions à la maison, elle se fieront à ce qu'elles ont vu et en déduiront que c'est la norme.

    Je suis en parfait accord que les notions techniques et scientifiques doivent être apprises à l'école (système reproducteur, biologie, ITS, moyens contraceptifs) et ce dès le primaire. Les parents ne possèdent pas les compétences nécessaires à ce niveau.

    Toutefois je trouve que nous avons trop souvent tendance à déléguer la tâche aux enseignants d'élever nos enfants. Ceci n'est-il pas de l'ordre des parents de le faire? Un parent n'est-il pas mieux placer pour comprendre le vécu et les inquiétudes de son jeune? C'est à eux d'avoir des discussions franches avec eux sur les aspects émotionnelles et psychologiques de la sexualité. Bref, je crois que c'est un rôle qui devrait se partager. Les valeurs et les règles sociales transmissent par les parents, les connaissances scientifiques par les enseignants.

Les commentaires sont fermés.