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Mourir dans la dignité

La vie est un mystère en soi. C’est quelque chose de merveilleux et ça n’a pas de prix…quand on veut vivre! J’ai pris connaissance du document de consultation et j’ai été impressionnée par le travail colossal réalisé par les nombreux intervenants. Le contenu de la consultation est neutre et factuel. On y dit les vraies choses, tant au niveau légal que médical ou humain. Les experts ont fait un travail impressionnant qui mérite d’être souligné. Grâce aux médias et à l’internet, nous disposons maintenant d’une mine d’informations, susceptible de nous permettre de nous faire une opinion éclairée sur tous les sujets. L’accès à ce document de consultation en est une preuve. Nous pouvons nous exprimer et entendre les propos de gens de tous les milieux et de tous les champs d’expertise. Il faut le souligner, nous sommes privilégiés et il faut faire bon usage de ce privilège.

Choisir de mourir n’est pas un choix facile quand on sait que la plupart des humains craignent la mort. En prenant connaissance des arguments, tant favorables que défavorables, mon esprit vagabondait entre les deux réalités. J’ai réalisé que les éléments défavorables énoncés avaient voix au chapitre de mes appréhensions personnelles. L’idée même qu’il pourrait y avoir dérapage à long terme dans l’application de la loi me fait craindre le pire. Toutefois, si j’étais cette personne qui souffre, qui ne voit pas de lumière au bout du tunnel, dont les chances d’une vie meilleure ou d’un minimum de qualité de vie soient nulles, je ne sais pas si je n’en serais pas à implorer qu’on mette fin à mes souffrances par tous les moyens. Et si c’était mon enfant? Égoïstement, je voudrais qu’il vive, mais de le voir souffrir me ferait aussi mal.

Au fond, la mort dérange plus souvent ceux qui survivent au défunt. C’est là toute la dimension humaine. Celui qui a choisi d’être médecin est programmé pour garder son prochain en vie, c’est sa mission. Alors, je m’interroge quand je constate qu’aujourd’hui, certains médecins sont pour la légalisation de l’une ou l’autre des méthodes proposées. Aujourd’hui, en 2010, ils peuvent se venter de pouvoir prolonger la vie, mais à quel prix?

Autrefois, les gens mouraient de vieillesse avant 50 ans. Ils étaient usés, non pas par le stress, mais par une vie de dur labeur et une absence de qualité de vie. La plupart de ces gens n’auront pas eu le temps de connaître les maladies associées à la vieillesse, telle qu’on les connaient aujourd’hui. Le phénomène de la maladie d’Alzheimer semble plus répandu de nos jours, mais n’est-ce pas plutôt une des conséquences au prolongement de la vie?

Avant de vous faire part de mon opinion personnelle, j’aimerais partager avec vous un extrait des écrits laissés par ma belle-mère, qui est toujours vivante au moment où je vous écris ces lignes. Elle se nomme Hortense Gauthier. Elle est née en 1919, et elle vient de célébrer ses 91 ans, le 9 septembre dernier. Elle souffre de la maladie d’Alzheimer depuis l’année 2003. Le 17 avril 2004, elle écrivait ceci dans un petit carnet ou elle notait tout de son quotidien;

« Ni moi, ni la médecine ne déciderons de mon départ pour l’au-delà. Seul Dieu décidera, je crois être prête ».

 

Ça fait déjà six ans et elle est toujours avec nous. Elle savait à ce moment-là qu’elle était atteinte d’une maladie dégénérative et qu’elle ne reconnaîtrait plus les gens qu’elle aime. Infirmière, diplômée de l’Université de Montréal, elle a consacré sa vie à prodiguer des soins aux malades. Mais, comme elle a clairement exprimé sa volonté quant à ses derniers moments, nous devons respecter sa prise de position.

Le choix de ma belle-mère est directement lié à son éducation et ses valeurs spirituelles. Elle attend patiemment la mort et demande à ce que le « Divin » vienne la chercher.

 

Stephen Harper rejette en entier ce projet de loi. Nous ne sommes pas surpris. Depuis qu’il est à la barre, il a toujours pris ses décisions en fonction de son électorat. Il est connu que l’Ouest canadien est fortement défavorable à l’application d’une telle loi. Stephen Harper est à l’écoute de l’opinion publique, et fait pencher la balance là où il récoltera le plus de votes pour lui assurer un prochain mandat.

Au Québec, nous avons toujours fait preuve d’une très grande ouverture d’esprit. Nous voulons avoir le choix. Même s’il appartient aux provinces d’assurer l’application du droit criminel, si la loi fédérale dit « non », nous n’avons rien gagné. C’est comme dans une famille ou papa dit « non » et que maman dit « oui », il demeure un malaise.

Quant à moi, je fais partie de cette minorité qui voudrait avoir le choix. C’est comme une option que l’on peut ou ne pas utiliser. On prône la liberté d’expression, mais en nous refusant ce droit, on brime cette même liberté. Il ne peut y avoir que des enjeux politiques pour empêcher un tel projet de loi. Il faudrait savoir à qui cela profite. Qu’est-ce qui est plus décent? Dépenser des fortunes en soin aux personnes qui n’ont aucune chance de survivre avec un minimum de qualité de vie ou utiliser cet argent pour maintenir une qualité de vie à ceux qui peuvent encore espérer s’en sortir? Notre système de santé n’arrive même plus à fournir ceux qui en ont réellement besoin et qui pourraient avoir une qualité de vie acceptable si on leur en donnait les moyens.

J’aimerais faire référence à un film de répertoire dont le titre original est « Mar adentro», traduit en anglais par « The Sea Inside », en 2004. C’est l’histoire d’un jeune homme paraplégique qui s’est battu 30 ans pour gagner le droit de mourir dans la dignité. Sa conjointe voulait le convaincre que la vie valait la peine d’être vécue.  Elle lui disait combien elle l’aimait et qu’elle n’avait qu’à tendre le bras vers lui pour le toucher et lui montrer combien elle l’aimait. Voici ce qu’il lui a répondu;

« La vie pour moi…dans cet état… n’a aucune dignité. Tu es assise là, à trois pieds de moi, mais pour moi… ces trois pieds sont une journée impossible »

 

Cet homme a gagné sa liberté en remportant le combat de sa vie, celui de mourir dans la dignité. Ce film, très inspirant, est basé sur une histoire vraie et me pousse à me prononcer en faveur d’avoir le droit de mourir dans la dignité.

Diane Plante

Étudiante à la Maîtrise

ÉNAP

Commentaires

  • Je trouve votre réflexion intéressante. Il ne peut en effet y avoir que des enjeux politiques aux décisions qui sont prises, tant sur le plan fédéral qu'au Québec. Il y aura toujours plusieurs influences extérieures, quelles soient motivées par des questions d'argent, de religion ou autre. Pour cette raison, il est encore plus important pour le gouvernement de respecter la liberté d'expression et la liberté de choix des individus, comme vous le disiez.

    Je poursuis votre réflexion en me disant que dans ce questionnement qui nous intéresse, nous verrons peut-être un nouvel exemple de la différence marquée entre le Québec et le reste du Canada. Ce clivage si fréquent sur plusieurs points qui fait de nous une société si distincte.

    Marianne Paquet
    ÉNAP

  • Bravo Marianne la battante. Prendre position amène des commentaires. Peu importe le sens . L'important c'est de prendre la parole. Prof

  • D'abord bravo à Diane d,avoir réfléchie...pris la plume et courageusement pris position. Oui la fin de vie concerne la sphère publique aussi !
    Prof

  • D'entrée de jeux, laissez-moi cité Cicéron:

    "La mort c'est le bien ultime qui a été refusé aux Dieux"

    Hors, si l'autonomie est devenu capital. On respecte ce que l'individu veut. S'il veut demeurer en vie, on doit s'en faire un devoir de l'aider. Si toutefois il en décide autrement, c'est aussi notre devoir de lui en libérer le chemin.

    La vie est belle parce qu'elle est fragile et éphémère. Comme une rose naturelle, lorsqu'elle n'a plus de pétales à admirer et à humer, elle a résolu son cycle de vie. C'est pour cela qu'on la trouve plus belle qu'une rose artificielle.

    J'endosse la prise de position des plus posée et empreinte de respect de Madame Diane Plante.

    Daniel Lajoie

  • Bravo encore pour avoir été la première à aborder cette question. Ce qui me plait au Québec, entre autres choses, c'est de pouvoir prendre la parole facilement. La consultation de la commission spéciale qui a cours présentement illustre bien cette tradition. Et pour revenir à la probématique, je suis bien d'accord de considérer que ce qui touche à la vie des citoyens relève de la sphère publique, quand bien même il s'agirait de la fin de la vie! Le plus dure reste à venir. Il s'agit de définir les circonstances encadrant ces droits de mourir dignement et les porter fièrement comme pour dire: le Québec est un état de droit progressiste. En effet peu de pays occidentaux se sont prononcés en faveur de tels droits.

  • Dans les hopitaux
    La Morphine fait le travail....Elle soulage la douleur
    Les Médecins prescrivent des grosses doses de morphines
    et les familles en demande plus en plus

    La scopolamines doit etre donné en parallèle
    effets extrapyrtamydos....

    Les dosage de morphines doivent suivre le protocoles établissements pour le québec...Au Nouveau-Brunswick...ils donnent la morphines purs

    Faut refuser de donner un médicament dangereux......
    merci......

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