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Faut-il légaliser le cannabis?

Faut-il légaliser le cannabis?

«La décriminalisation de la marijuana est plus plausible que sa légalisation…..Une législation beaucoup moins lourde du point de vue administratif, plus facile à appliquer et plus réaliste. »  Ce sont les propos du ministre fédérale de la justice en 2002; Mr Martin Cauchon.

Avec l’augmentation de la consommation de drogue et  des consommateurs de plus en plus jeune, quel rôle le gouvernement devrait-il jouer à cet égard? Il est certain que la question n’est pas réglée de si tôt. Les enjeux sont trop importants. En janvier dernier, le gouvernement minoritaire conservateur (appuyé par les Libéraux) à tenté de déposer le projet de loi C-15. Ce projet, qui prévoyait des peines minimales obligatoires en cas de trafic ou production de cannabis, est tombé à l’eau à cause de la prorogation du Parlement Canadien. Il est certain que ce projet sera reporté prochainement. Ce projet impose des sentences minimales obligatoires pour une panoplie d'infractions à la Loi réglementant certaines drogues et autres substances, incluant la vente et production de cannabis dont il hausse la peine maximale de 7 à 14 ans.  Ce projet est loin de la décriminalisation dont parlait le ministre de la justice Mr Cauchon au début de la décennie. D’une part, plusieurs parties s’inquiètent qu’avec ce projet de loi, le crime organisé s’appropriera davantage le marché. Il y a encore actuellement des milliers de petits producteurs et distributeurs de cannabis qui se contentent d'approvisionner leurs amis et quelques contacts rapprochés. Autrement dit, la majorité des canadiens consomment de la marijuana produite à petite échelle par des amis. Est-ce que le fait d’imposer des peines minimales amènerait les producteurs de marijuana à plus en produire et que crime organisé – qui dispose de ressources financières considérables – s'adaptera et fera en sorte d'éviter les peines minimales obligatoires en prenant les mesures qui leur éviteraient les peines prévues par le projet de loi ?

En opposition, l’Association canadienne des policiers (ACP) s’oppose activement aux efforts de législation ou même de décriminalisation de la marijuana. Le porte-parole de l’association a rapidement démoli   les conclusions auxquelles est parvenu le comité du Sénat au terme de deux années d'études en 2002 et qui parlait de décriminalisation. L'ACP constitue malgré tout un acteur incontournable dans le débat sur les drogues. En matière de politiques sociales, il est de notoriété publique que les projets de réforme réussissent mieux s'ils reçoivent l'assentiment des policiers.

Une étude menée par Reuband compare des pays européens « tolérants » (Pays-Bas, Espagne, Danemark et Italie) à des pays restrictifs (Allemagne, France, Norvège, Royaume-Uni et Suède).  Cette étude n’a pas observé de différences significatives entre les niveaux de consommation, quelles que soient les orientations des politiques publiques. Selon le rapport de Mr Griffin, l’activité policière ne dissuade pas les jeunes étudiants de faire au moins une expérimentation au cannabis. Par ailleurs, la criminologie enseigne que ce n’est pas tant la sévérité des sentences qui importe pour dissuader de commettre une infraction que la probabilité de l’arrestation.

Il y a maintenant trente ans, la Commission Le Dain rendait public son rapport sur le cannabis au début des années 1970. Pourtant, une trentaine d’années plus tard, on constate que des milliards de dollars ont été engloutis dans l’application des lois sur le cannabis sans donner plus de résultats : il y a plus de consommateurs, plus d’usagers réguliers, plus d’usagers réguliers chez les adolescents. Faut-il en conclure que nos politiques actuelles sont inefficaces?  Plusieurs le croient.

Les intervenants chez les jeunes décrient le manque de soutien financier dans les programmes de préventions chez les jeunes adolescents. Un  intervenant en toxicomanie dans une grande polyvalent de plus de 1500 élèves peut être présent seulement qu’une journée par semaine. Les subventions octroyées aux écoles secondaires peuvent être utilisées à des fins laissées à la discrétion de la direction. Quelques écoles l’utilisent en employant des chiens qui font des fouilles dans les casiers. Cela amène comme résultat que les jours suivants, on remarque une baisse de présence de drogue à l’intérieur de l’école. Mais une fois l’effet escompté, la drogue circule de nouveau dans les couloirs de la polyvalente.

Ce sujet est d’autant plus préoccupant car  les recherches ne cessent de démontrer une augmentation des comportements suicidaires chez les jeunes et ce plus particulièrement au Québec. Et un des premiers facteurs  reliés au suicide est la consommation de drogue. Au Québec près de 10% des peines carcérales sont reliées à la drogue. Au Canada cette statistique augmente à près de 25%. La drogue amène également à la criminalité.

Un bon programme de prévention devrait commencer dans un programme de prévention en milieu scolaire. Selon Diane Mathurin, psychologue, ses recherchent met en évidence quelques  éléments comme facteurs d’efficacité afin de développer plus de résistance face aux comportements suicidaires et à la consommation de drogue qui serait facilement applicable avec plus de moyens financiers octroyés par l’état : entres autres favoriser les contacts avec des adultes qui ont des attentes claires et élevées envers les adolescents, qui ont confiance en eux et qui s’impliquent activement pour aider les jeunes à acquérir de nouvelles compétences ; favoriser les contacts entre les élèves et les adultes de l’école où on évite de confondre les rôles d’aide, d’évaluation et de discipline et faciliter l’accessibilité des services d’aide. La recherche révèle une relation étroite entre la participation et l’implication à l’école et la diminution des comportements à risque tels que la consommation de drogue, la délinquance et les comportements sexualisés. De plus il est démontré que  les adolescents sont facilement rebutés par des adultes aux attitudes peu respectueuses et brusques envers les jeunes, par ceux qui privilégient certains ou par ceux qui assument simultanément un rôle disciplinaire et évaluatif.
 

Un autre point qui mérite d’être soulevé concerne les impacts financiers sur la légalisation du cannabis : l’argent  relié à la consommation de drogue se retrouve dans les poches de contrevenants ou d’individus travaillant au noir. Avec la légalisation, l’argent de ce produit irait dans les recettes du gouvernement. Mais d’un autre part, une somme important devrait être investit dans la réglementation et dans les moyens de contrôle. Et selon l’énoncé mentionné plus haut, il n’y aurait pas de baisse significative de  consommation.  

Il est certain que même si on réglemente de façon répressive la consommation de drogue, elle restera présente. Il faut juste observer la drogue dans les pénitenciers : elle est beaucoup plus présente à cet endroit qu’à l’extérieur des murs.  Pourtant le pénitencier est bien un endroit répressif! J’en conclue donc que la légalisation ou la décriminalisation de la drogue ne réglera pas tout le problème. Une chose est certaine, la prévention est des plus importantes dans ce débat de société. Le gouvernement devrait investir davantage dans la prévention que dans les politiques actuelles. Les jeunes de la société sont notre avenir et nous sont immensément  précieux.

 

 Louise Larose

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