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Blog2- La vaccination pour la pandémie de grippe A (H1N1) - un bordel vraiment?

Blog 2 - La vaccination pour la pandémie de grippe A (H1N1) -

un bordel vraiment?

Le modèle de Westminster, qui établit les relations entre le parlement et l'administration publique, dont entres autres - une loi - un ministre - un organisme, nous sera très utile pour analyser la mise en place et le déroulement de la vaccination de masse contre la grippe A (H1N1) qui est en cours au Québec. Les liens entre les technocrates, les bureaucrates et le politique sont en jeux dans ce processus de vaccination massive.

Il faut, dans un premier temps, rappeler qu'une pandémie (du grec pan = tout et demos = peuple) est une épidémie qui s'étend sur un ou plusieurs continents[1]. Comme le souligne le site web de l'Université de Montréal : « Une pandémie de grippe est l'éclosion à l'échelle mondiale d'une maladie grave causée par un virus qui diffère sensiblement du virus de la grippe saisonnière et qui se propage facilement d'une personne à une autre. Des pandémies de grippe ont lieu tous les 30 ou 40 ans pour des raisons qu'on ignore, suivant l'émergence d'une nouvelle souche du virus de la grippe. La population n'étant pas ou peu immunisée contre la nouvelle souche, l'infection peut alors se propager rapidement partout dans le monde, provoquant ainsi une pandémie[2] ». De plus, un virus est un agent infectieux très petit et qui a, dans ce cas-ci, la possibilité de muter et donc de s'adapter à son hôte et augmenter sa virulence. Chaque vague de la pandémie risque donc de toucher plus sérieusement plus de gens. Dans le cas de la grippe A (H1N1), il s'agit d'un nouveau virus inconnu des scientifiques. Il a donc fallu très rapidement le décoder pour arriver à créer un vaccin, et ce, le plus rapidement possible. Tout cela en ne connaissant pas vraiment ce virus, sa virulence, mais après avoir constaté que, contrairement au virus de la grippe saisonnière mieux connu, ce dernier s'attaquait à des enfants et à des personnes jeunes sans problèmes de santé connus, aux femmes enceintes... Voilà ce qu'en disent en bref et de façon vulgarisée les technocrates, les experts de la santé publique mondiale, l'Organisation mondiale de la santé (OMS). La planète est donc aux prises avec un virus inconnu, qui risque, ou non d'augmenter le taux de mortalité de façon importante. Que faire, attendre et voir si ce virus est aussi mortel qu'on le prédit, selon des modèles théoriques ? Tenter de diminuer les conséquences possibles avec le peu d'information que nous avons au point de départ ? Et à quel coût ?

Mais vous direz que cette pandémie était annoncée depuis déjà plusieurs années, et la santé publique avait mis en place des stratégies de prévention et d'action. Il est vrai qu'une pandémie de grippe aviaire était attendue et voilà que c'est la grippe porcine qui se présente. Oups!

Dans ce cas-ci, le législatif, le ministre de la Santé et le gouvernement, devait-il se fier aux informations transmises par les technocrates, les experts ? Avaient-ils le choix ? La course pour la connaissance du virus et la fabrication du vaccin s'amorce, les premiers choix doivent se faire : avec quelle compagnie pharmaceutique transiger, à quel coût, est-ce que le vaccin sera produit en nombre suffisant et pour tous ? Fait-il créer un vaccin avec ou sans adjuvant ? Comment connaître son efficacité sans l'avoir testé? Mais le gouvernement n'a pas le luxe d'avoir du temps, les décisions doivent se prendre rapidement si l'on veut diminuer les conséquences potentielles. Autre difficulté, ces décisions au Canada se prendront par le gouvernement fédéral et c'est lui qui déterminera avec quelle compagnie pharmaceutique il fera affaire, c'est lui qui le distribuera aux provinces lorsqu'il sera prêt. Mais selon quel critère ? Il faut aussi mentionner que le virus « voyage » d'ouest en est. Il arrivera donc en Colombie-Britannique quelques semaines avant d'arriver au Québec.

Entre temps, au Québec, on se prépare à la vaccination massive. Comment informer le peuple de ce qui s'en vient sans créer de vent de panique? On doit vacciner de façon massive, le taylorisme refait son apparition, car méthode efficace et éprouver pour une production de masse. Les bureaucrates se mettent à l'œuvre, il faut trouver un moyen efficace, efficient de vacciner la population rapidement, efficacement et avec les moyens (ressources humaines et matérielles) dont nous disposons. Rapidement, la solution de centres de vaccination de masse apparaît la solution la plus efficace, on peut y consacrer les ressources humaines dont nous disposons, on peut conserver efficacement les doses de vaccins reçues.

Mais voilà, la production de vaccin n'est pas aussi rapide que prévue, on doit décider qui recevra les premières doses de vaccins et qui devra attendre. On doit parfois fermer les centres plus tôt par manque d'approvisionnement. Décision difficile à prendre pour le politique, mais aussi difficile à assumer pour les bureaucrates (les soignants) sur le terrain qui doivent appliquer les consignes et refuser des gens. Certains se remémorent ce que disaient certains nazis « je ne faisais qu'obéir aux ordres ». Les premiers jours de vaccination se font dans un certain chaos, on manque d'expérience et les gens doivent attendre plusieurs heures avant de se faire vacciner. Rapidement, les technocrates trouvent une solution, un système de coupons est mis en place ce qui diminue énormément le temps d'attente. Toute cette opération se déroule selon un système militaire où les ordres viennent d'en haut (système top-down).

Bien sûr, après coup, on en trouvera qui critiqueront sur la façon de faire un peu improvisée. Mais bien sûr, il fallait parfois improviser dans cette nouvelle expérience. D'autres trouveront certainement que les coûts sont trop élevés pour ce que cela a été en réalité. Plus facile à dire après que pendant. Il ne faut pas oublier qu'il fallait mettre en place des centres de vaccination massive, en plus des centres de grippe pour le traitement, et que les technocrates, c'est-à-dire les professionnels soignants, devaient le faire avec la consigne de ne pas délester les soins et services. Difficile sinon impossible qu'il n'y ait pas un coût important à une telle opération.

Pour avoir travaillé à un centre de grippe, je peux témoigner des remerciements souvent répétés des personnes qui ont apprécié le service, l'amabilité et la gentillesse de ces technocrates qui devaient vacciner en masse toute cette population.     

 Des leçons seront tirées de cette expérience et nous serons mieux préparés à l'apparition d'un nouveau virus dans 30 ou 40 ans. Aurons-nous appris de cette expérience de triangulation entre le technocrate, le bureaucrate et le politique ?

Paul C. Veilleux

ENAP 7505 décembre 2009



[1] Le Petit Larousse 1998.

[2] http://www.umontreal.ca/grippe/pages/definition.html

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