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  • Visite à l'Assemblée nationale

    Le 27 octobre dernier, j’ai fait partie d’un groupe d’étudiants de l’ÉNAP qui ont eu la chance de se rendre à Québec afin d’effectuer une visite de l’Assemblée nationale. Dans le cadre du séminaire d’intégration des connaissances en administration publique, notre professeur, M. Rémy Trudel, organisait « la plus belle journée de notre vie ! ». Cette journée fut riche en expériences, je vais donc présenter dans les paragraphes qui suivent les éléments qui m’ont le plus marqué et ce que j’en ai retenu.
    Il faut admettre que M. Trudel a une grande qualité : il sait recevoir de l’aide sans le demander ! J’imagine que c’est ce que l’on appelle « prêcher par l’exemple », car voyant toutes les démarches hors académiques que ce professeur entreprend pour ses étudiants, on est naturellement porté à offrir notre aide. Je m’étais donc offert une semaine plus tôt pour préparer des étiquettes y indiquant le nom de chacun d’entre nous pour la journée qui nous attendait. À mon arrivée à l'ÉNAP à 5h40, j’aperçois déjà M. Trudel en train de décharger son « épicerie » devant le hall d’entrée. Muffins, beignes, café…Comme à l'habitude, la crainte de mourir de faim ne se ferait pas sentir aujourd’hui ! Au fur et à mesure que mes collègues se rassemblent, je distribue tranquillement mes étiquettes en faisant leur connaissance car plusieurs d'entre eux proviennent de d'autres groupes. Vers 6h30, départ en autobus et début de notre avanture. M. Trudel s’empare à ce moment du micro et nous annonce que ce sera la plus belle journée de notre vie ! Durant le trajet, M. Trudel en profite pour nous faire une présentation sur les peuples autochtones. La majorité des éléments de cette présentation m’étaient inconnus (Loi sur les Indiens) et je fus surpris d’apprendre que les peuples autochtones n’ont jamais été militairement conquis, ce qui explique bien à mon avis leur statut particulier.
    Un peu avant 10h00, nous arrivons à l'Assemblée nationale. La température n’était pas clémente, quelques collègues ont probablement regretté de ne pas avoir consulté Météo Média ! Après quelques vérifications de la part de la sécurité, nous arrivons dans le Salon bleu en pleine période de questions. J’ai trouvé très ironique de voir le sérieux avec lequel le Président de la chambre s’acharnait à faire respecter les temps de question et réponse par rapport au sérieux des interventions des députés. Question sans objectif précis, réponse vague et sans véritable contenu…voilà selon moi 45 minutes pas très bien investies. Pas étonnant que les politiciens se retrouvent dans les derniers rangs du baromètre des professions au Québec ! L’image que la période de questions donne au citoyen est que les politiciens ne travaillent pas pour la population, mais bien pour leur propre ambition et leur petite vengeance personnelle envers les partis d'opposition.
    Après une trentaine de minutes, nous avons poursuivi la visite des lieux avec notre guide personnel…M. Trudel ! Anecdotes et souvenirs passés accompagnaient chaque pièce visitée, ce qui enrichissait évidemment cette visite. Je ne m’attendais pas à autant de sécurité pour assurer le contrôle des visiteurs, et nous avons pu constater les limites du charme de M. Trudel…nous n'avons pas été en mesure de visiter le bureau du premier ministre. Vers la fin de notre visite, les députés Gaudreau et Marceau nous ont rappelé que nous étions légèrement en retard sur notre horaire, puisqu'ils revenaient du Parlementaire ! En nous dirigeant vers le restaurant le Parlementaire, nous avons rencontré le ministre de la Santé, M. Gaétan Barrette. Mes collègues qui œuvrent dans le système de santé n’ont toutefois pas osé émettre leurs opinions concernant sa réforme, pourtant celle-ci alimente énormément nos heures de cours ! Arrivés au Parlementaire, nous avons pu discuter avec plusieurs députés de tous les partis. J’ai moi-même pu discuter avec messieurs Sylvain Gaudreau et François Gendron et mesdames Martine Ouellette et Chantal Soucy. C’est lors de ces échanges que j’ai réalisé que la plupart des politiciens travaillent très fort et sacrifient leur qualité de vie et leur santé pour assumer leur responsabilité de député. La conciliation travail-famille semble impossible pour ce type d’emploi et plusieurs députés semblaient exténués…C’est triste de voir que ce côté humain n’est pas visible pour le citoyen, je crois qu’il permettrait de remettre en perspective certains préjugés.
    Après le repas, on s’est dirigé vers le Salon rouge, pour rendre hommage aux 40 ans de vie parlementaire de M. Gendron, élu pour la première fois le 15 novembre 1976. Il détient maintenant le record historique de longévité pour un élu à l'Assemblée nationale, précédemment détenu par M. Gérard D. Lévesque.
    Par la suite, nous avons eu la chance d’assister à la commission parlementaire du projet de Loi 62 « Loi favorisant le respect de la neutralité religieuse de l'État et visant notamment à encadrer les demandes d'accommodements religieux dans certains organismes », où Mme Fatima Houda-Pépin, ancienne députée libérale et nouvelle professeure collaboratrice à l’ÉNAP, témoignait. L’allocution de Mme Houda-Pépin fut d’une rigueur et d’une justesse déconcertante. La ministre de la Justice, Mme Vallée, n’a pu que défendre timidement son projet de Loi, n’ayant aucun argument pour contredire les critiques de Mme Houda-Pépin ou pour justifier le fait que le parti libéral ait reculé sur le sujet par rapport à leur position en campagne électorale. J’ai bien apprécié cette fenêtre privilégiée sur l’appareil public. Ce genre d'expérience enrichit à mon avis de façon exponentielle les notions théoriques enseignées à l’ÉNAP et permet à des étudiants, comme moi, qui sont sur le marché du travail, d'assimiler davantage ce qui est vu en classe.
    Le témoignage de Mme Fatima Houda-Pépin terminé, nous sommes retournés à l’autobus et avons débuté notre voyage de retour, qui prit fin à 20h00.
    Je remercie M. Trudel pour cette opportunité, car rien ne l'oblige à proposer ce genre d’activité dans le cadre de ses cours, mais il est évident qu'il le fait parce qu'il aime sont travail et qu'il croit que c’est la meilleure façon de transmettre à ses étudiants son savoir et son expérience.

    Philippe Lazure