Bilan de la première année de la "réforme Barrette". Entre délire bureaucratique et contradictions, l’effondrement tranquille de la participation citoyenne
Un an après l’imposition par bâillon de la Loi modifiant l’organisation et la gouvernance du réseau de la santé et des services sociaux notamment par l’abolition des agences régionales (projet de loi 10), qu’en est-il de l’état du système de santé? Mon analyse en tant que coordonnatrice d’un comité des usagers et étudiante à la maîtrise en gestion des services de santé et des services sociaux à l’ÉNAP Montréal fait ressortir que ce projet de loi réduit considérablement le pouvoir des instances de participation citoyenne et n’améliore en rien la qualité et l'accès aux services de santé. Pourtant, certains documents ministériels affirment que des efforts supplémentaires de la part des établissements de santé doivent être déployés afin d’amener l’usager à s’impliquer d’avantage dans l’amélioration de la qualité des services, tel que par exemple, le Plan d’action en santé mentale 2015-2020, qui stipule que : « (…) des lieux de participation pourraient être davantage mis à profit, puisque la participation des usagers ne constitue pas toujours une occasion réelle d’influence auprès des instances décisionnelles et varie grandement d’une région à une autre. » (PASM 2015-2020, p.20)
Notons de plus, que cette fusion a aboli les postes de commissaires locaux aux plaintes. Les commissaires adjoints qui les remplacent au niveau local doivent parfois maintenant couvrir plusieurs installations de santé à la fois, alors qu’ils n’étaient attitrés auparavant qu’à une seule. Il en va de même pour grand nombre de postes cadres en lien avec la qualité des services, dont les directeurs/trices de la performance et de la qualité, en charge entre autres, d’évaluer la satisfaction de la clientèle. Toutes ces abolitions menacent ainsi nettement la qualité des services offerts aux patients et amenuisent considérablement le pouvoir et l'autonomie des comités des usagers locaux. Bref, force est de constater que cette réforme n'a pas réussi et ne réussira pas, tel que Gaëtan Barrette le clamait, à améliorer les corridors de services et la communication entre les divers programmes de santé. En plus de nuire considérablement à l'efficacité du système de santé, elle n'aura contribuer qu'à exclure le pouvoir du citoyen, pour le concentrer entre les mains du ministre de la santé.
Mélissa Couture, 1er avril 2016
Sources :
POMEY, Marie-Pascale, et Véronique Ghadi (2015). « La participation des usagers au fonctionnement des établissements de santé : une dynamique encore à construire. » Santé, Société et Solidarité, n°2, 2009, pp. 53-61. (Page consultée le 28 février 2016) La place des usagers dans le système de santé. [en ligne]
www.persee.fr/doc/oss_1634-8176_2009_num_8_2_1355_num_6_2_1197
Gouvernement du Québec, Ministère de la Santé et des Services sociaux (2015). Plan d’action en santé mentale, Faire ensemble et autrement, 2015-2020, 77 p. (Page consultée le 17 octobre 2015) Site du Ministère de la Santé et des Services sociaux, [en ligne] http://petitstresors.ca/wp-content/uploads/plan-sant%C3%A9-mentale-gouv-2015-2020.pdf
Image web tirée des 12 travaux d’Astérix et Obélix, « La maison qui rend fou ».