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Désengorger le système de santé en mettant à profit les compétences infirmières : un défi réalisable

Par Frédéric Roiné

            Depuis quelques années, l’Ordre des infirmières et infirmiers du Québec (OIIQ) est en croisade pour permettre une meilleure autonomie dans la pratique infirmière. Leurs revendications sont simples : améliorer le niveau de formation des infirmières en instaurant le baccalauréat obligatoire pour les nouvelles infirmières et augmenter le nombre d’activités que les infirmières peuvent réaliser. Que l’on soit favorable ou non avec l’ensemble des mesures proposées par l’OIIQ, il est à mon avis pertinent de mesurer les effets que ces propositions pourraient avoir sur notre système de santé.

 

            La présidente de l’Ordre, Mme Lucie Tremblay proposait en mai dernier des solutions pour faire face aux défis budgétaires du Québec. Elle suggérait notamment que les infirmières puissent prescrire certains traitements ou examens diagnostics dans des situations cliniques bien définies, comme les soins de plaie ou à l’accueil d’un patient en salle d’urgence. Elle suggérait également l’accélération de l’intégration d’infirmières praticiennes spécialisées (IPS) pour atteindre l’objectif de 500 « super-infirmières ». Le Québec compte présentement sur 253 IPS, alors que l’Ontario en compte plus de 2400.  Finalement, elle suggérait un rehaussement de la formation des infirmières, affirmant que le ratio « coût-bénéfice » d’une telle mesure ferait économiser une somme allant de 498 à 980 millions pour la période allant de 2019 à 2027. La présidente de l’OIIQ conclut sa proposition en affirmant que le Québec se situe au 23e rang de l’OCDE sur 34 pays en matière d’accessibilité, d’efficacité et d’efficience en matière de santé. L’OIIQ affirme que les infirmières peuvent faire partie de la solution pour améliorer la performance québécoise en santé.

 

            Comptant sur plus de 73 145 infirmières, comparativement à 19 540 médecins actifs, le Québec doit donner plus de pouvoir aux infirmières pour améliorer l’accessibilité aux soins de santé. Le transfert d’activités réservées des médecins aux infirmières permettrait aux médecins de se consacrer à des gestes médicaux plus poussés. Ce transfert permettrait aussi de faire économiser des milliers de dollars au gouvernement québécois, puisque la rémunération des médecins, payés à l’acte, est de loin supérieure à celle des infirmières, payées à l’heure ou à la semaine. Par exemple, la prise en charge rapide par une infirmière des patients en salle d’urgence permettrait de réduire la durée de séjour pour de nombreux patients. Des examens radiologiques faits à l’accueil en cas de suspicion de fracture ou des examens laboratoires de routine en fonction de certains critères permettraient aux médecins d’avoir un maximum d’informations sous la main au moment de voir le patient pour la première fois. Ces mesures permettraient aux médecins de voir plus de patient. Le principe d’accessibilité aux soins de santé s’en trouverait une fois de plus amélioré. Le système de santé québécois serait ainsi plus efficient et plus efficace.

 

            Pour reprendre une idée de la présidente de l’OIIQ qui devra être exploitée au cours des prochaines années, l’accélération de l’intégration des infirmières praticiennes spécialisées dans les milieux de travail presse. Alors qu’en 2011, 17% des canadiens n’avaient pas accès à un médecin de famille et que les dépenses en santé augmentent sans cesse au Québec, pour atteindre 32,346 milliards en 2014-2015, les IPS peuvent jouer un rôle pour le suivi des patients ayant des problèmes de santé chronique ou qui ont simplement besoin d’un suivi annuel. Leur déploiement à plus grande échelle permettrait au gouvernement de faire des économies et d’améliorer l’accessibilité des soins de santé en première ligne.

 

            Les médecins sont essentiels à la bonne marche du système de santé québécois. Il serait toutefois une grave erreur de ne pas mettre à profit les compétences des autres professionnels de la santé. Les infirmières, mais également les pharmaciens, les physiothérapeutes, les ergothérapeutes et d’autres professionnels de la santé ont des compétences qui pourraient être mieux exploitées et qui permettraient à l’État de faire des économies substantielles. En ce sens, je ne peux que me réjouir de voir M. Bernard Drainville, candidat à la direction du Parti Québécois se dire favorable à l’instauration de cliniques d’infirmières dans les 17 régions du Québec. Une clinique d’infirmières praticiennes spécialisées a ouvert ses portes dernièrement à Québec. Il s’agit d’un projet pilote de 18 mois, financé par la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ). Le projet est suivi de près par des chercheurs universitaires, dont Bernard Roy,  professeur à l’Université Laval. Celui-ci analysera les résultats du projet pilote. L’objectif de la clinique est de faire la démonstration, chiffre à l’appui, des avantages que peuvent procurer les cliniques d’infirmières. J’attendrai avec impatience d’autres développements en ce sens pour faire face aux défis grandissant en santé.

 

 

 

 

 

RÉFÉRENCES :

 

  1. CIQ (2015-02-25). Infirmières et infirmiers : Vers une culture de développement professionnel continu, [en ligne],http://ordredeproteger.com/blog/2015/02/23/infirmieres-developpement-professionnel/?utm_source=facebook&utm_medium=publication&utm_campaign=Post-23-fevrier

  2. DAOUST-BOISVERT, Amélie (2015-02-25). Priorité : Rehausser l’autonomie du personnel infimier, [en ligne], http://m.ledevoir.com/societe/sante/429201/nord-de-lanaudiere-priorite-rehausser-l-autonomie-du-personnel-infirmier

  3. FIMBRY, Myriam (2015-02-26). L’expérience de la première clinique sans médecin au Québec, [en ligne], http://ici.radio-canada.ca/nouvelles/sante/2015/01/16/001-clinique-quebec-infirmiere-praticienne.shtml

  4. LACOURSIÈRE, Ariane (2015-02-25). Le nombre de médecins augmente au Québec, [en ligne], http://www.lapresse.ca/actualites/sante/201501/19/01-4836512-le-nombre-de-medecins-augmente-au-quebec.php

  5. MINISTÈRE DE LA SANTÉ ET DES SERVICES SOCIAUX DU QUÉBEC (2015-02-25). Espace informationnel, [en ligne], www.informa.msss.gouv.qc.ca

  6. OIIQ (2015-02-25). Les solutions infirmières pour un système de santé renouvelé, [en ligne], https://www.oiiq.org/publications/le-journal/archives/novembre-decembre-2012-vol09-no-5/solutions-infirmieres-pour-un-sys

  7. PRESSE CANADIENNE (2015-02-25). Bernard Drainville mise sur les cliniques d’infirmières, [en ligne], http://quebec.huffingtonpost.ca/2015/02/23/sante-bernard-drainville-mise-sur-les-cliniques-dinfirmieres_n_6736718.html

  8. TREMBLAY, Lucie (2015-02-25). Déficit budgétaire : les solutions infirmières, [en ligne], http://www.infoiiq.org/editorial-de-la-presidente/deficit-budgetaire-les-solutions-sont-infirmieres/2014

  9. TRUDEL, Rémy (2015). Recueil de textes ENP7505.

 

Commentaires

  • Intéressant Frédéric...à suivre et à...lire !!

  • Effectivement reconnaitre, réhausser les responsabilités et mettre à profit des compétences des autres professionnels constitueraient l'une des solutions pour notre systeme de santé si, à fortiori, une élite n'en fait pas sa chasse gardée et ce, au détriment de la population!

  • Excellent commentaire et ça va de soi pour moi aussi. Il serait tout de même intéressant de connaître l'impact du lobby des médecins dans cette démarche. Aux États-Unis par exemple, avec un système de santé complètement différent et beaucoup plus privé (faut le dire), le rôle de l'IPS n'est pas différent de celui des médecins... Ce dernier ne se mêle pas ni du programme de formation, ni des droits de pratique de l'IPS. Il faut croire qu'en administration publique, le lobby peut avoir un impact non négligeable...
    Merci!

  • Plusieurs professionnels pourraient être mis à contribution dans notre système de santé, notamment les infirmiers mais je pense aussi aux pharmaciens. Des choses si simples à mettre en place et pourtant... Dans le secteur de la santé, les québécois paient cher pour le corporatisme, mais avec tout mon respect, les médecins ayant le statut de travailleur autonome (mais 100% payés par l'État, un peu absurde quand même!), ils en mènent large...

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