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Chapitre 5 dans Social-Démocratie 2.0: Consultation syndicats - patronats - État

Le modèle suédois à la rescousse du Québec?

Ce chapitre se voit l'occasion de poser un regard critique tantôt sur le modèle néo-corporatiste suédois et ses origines, tantôt sur le modèle québécois et ses limites. D'ailleurs, le chapitre rayonne lorsque l'auteur s'attarde à ces dites limites, permettant dès lors de comprendre les inévitables obstacles auxquels nous faisons face en temps de négociations industrielles.

En premier lieu, l'auteur nous offre la définition qu'il utilisera pour concevoir le néo-corporatisme. Ce concept se voit décliné en deux temps, soit:

  • "Un système de représentation des intérêts dans lequel les éléments constituants sont les organismes en un nombre limité de catégories singulières, obligatoires et non-concurrentielles." 
  • "Un monopole de la représentation, comportant une forte institutionnalisation des mécanismes ainsi qu'une grande volonté de résolution de problèmes socio-économiques par le dialogue et la négociation."

Par la suite, les origines du modèle suédois sont abordés. Celles-ci prennent forme en 1906 à travers « le compromis de décembre », base des relations industrielles suédoises qui voit le syndicat suédois LO (Landsorganisationen i Sverige) signer un premier accord avec le groupe d’employeur SAF. Ce compromis reconnait les droits des syndicats à négocier des conventions collectives ainsi que les prérogatives du patronat pour la gestion de leur entreprise (capacité d’engager et congédier leurs employés). Cependant, durant les 30 prochaines années, le modèle suédois ne se démarque pas de celui des USA et de la G-B en terme de conflits de travail.

Le néo-corporatisme prend son envol en 1938 avec un nouvel accord entre la SAF et la LO. En effet, l'auteur nous explique que cet accord permettra une paix industrielle durable jusqu’aux années 70. La gestion des relations représente l'essentiel de cet accord qui compte trois aspects principaux tels que présentés par l'auteur:

  • 1er aspect important: Une croissance économique soutenue. On veut améliorer le profit des entreprises les plus compétitives, améliorer le salaire des employés et construire un État-providence fort et stable.
  • 2e aspect important: L’État suédois intervient dans les politiques de fermeture d’entreprises non-concurrentielles par la mise en place d’une politique active de replacement des travailleurs affectés. Il s'agit donc d'un programme de mobilité de la main-d’oeuvre (allocation de déménagement et programme de recyclage). À cela, on combine une faible attribution d’assurance-chômage, mesure jugée trop passive.
  • 3e aspect important: Les hausses de salaire sont déterminées par la croissance économique des exportations, principal secteur d’activité économique de la Suède. Ceci permet de contrôler l’inflation, de réinvestir dans les entreprises, de favoriser le plein-emploi ainsi que de construire l’État-providence grâce à une taxation des individus et non des entreprises.

Il est intéressant de noter que la population suédoise remet la responsabilité de l’économie et le bien-être de la société entre les mains non seulement de l'État mais également des syndicats et du patronat.

Cependant, la montée des pressions syndicales pour une plus grande démocratie industrielle mène à l'apparition de plus de conflits de travail. En plus de cette hausse de conflits, d'autres facteurs propulseront une vague de changement. À commencer par la crise économique qui frappe la Suède au début des années 1980 et qui perdure jusqu'au milieu des années 1990. La dette publique atteint 80% à l’apogée de la crise, le taux de chômage, 10%. À cette crise, on peut ajouter le graduel déclin du parti Socio-démocrate, alors qu' une coalition de centre-droit capture la confiance des électeurs. La perte du monopole syndicale par la LO et la baisse du taux de syndicalisation en générale faciliteront également cette transformation.

Alors que la SAF se retire des agences gouvernementales, brisant le cercle de concertation nationale tout en excluant les syndicats et qu'on assiste à une décentralisation des négociations, une initiative de pourparlers entre syndicat et patronat mène à l'accord industriel de 1996. La création de trois nouveaux organes, dont le Comité de l'industrie, permettra une percée dans le domaine des relations industrielles. Cet accord sera la base de plusieurs autres accords.

L'auteur conclue se chapitre en nous offrant une piste de réflexion portant sur la nature incomplète du modèle québécois. En effet, bien que celui-ci se distingue de ce qu'on peut observer dans le reste de l'Amérique du Nord, la structure défaillante des organes syndicales et l'absence d'un monopole patronale comme en Suède complexifie l'atteinte d'un véritable consensus. De plus, la forte alternance dans la gouvernance et la présence d'outils de concertation inadéquats notamment au près des grands acteurs économiques rendent l'exercice de négociation périlleux. 

Finalement, le débat qui perdure sur la question de l'identité nationale crée une cassure au sein du modèle québécois de concertation. La volonté de Québec à entretenir un modèle consensuel de concertation se voit, pour plusieurs, freiné par l'inaptitude qu'a Québec à "posséder l'ensemble des leviers pour assurer la coordination de son économie". Ainsi, seulement le règlement ultime de ce débat permettra de franchir la prochaine étape dans l'établissement d'un véritable modèle consensuelle fort au sein des relations industrielles.

 

Par Sami Ghzala

 

Référence

PAQUIN, Stéphane et Pier-Luc LÉVESQUE(2014). Social-démocratie 2.0 : le Québec comparé aux pays scandinaves, Presses de l’Université de Montréal, 370 p.

Commentaires

  • Fort bien Sami. On re-lira avec attention.

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