Synopsis d’un déraillement : Le Plan Nord.
Synopsis d’un déraillement : Le Plan Nord.
Un projet d’envergure ayant pour but, le développement à différent niveau du Nord Québécois, n’arrive pas à se concrétiser. Pourtant, d’après ce plan, les parties impliqués : gouvernement, autochtones, minières et compagnies de transport ont tout à gagner. Quels sont les enjeux qui favorisent le retardement de cette odyssée ?
Une brève revue de la littérature, mentionne que la construction et l’entretien d’un système ferroviaire en milieu nordique, dans le cadre du concept de développement durable, amènera des dépenses gargantuesques pour le Québec, par rapport aux profits envisagés. Un coût de construction de 2,6 G$ et coût d’entretien annuel de 18,4 M$, selon Genivar inc. D’après l’allocution de M. Jean Charest a l’ENAP, le 2 Octobre 2014, concernant le Plan Nord. Des compagnies minières réclament d’être propriétaire de leur propre chemin de fer. De ce fait, refusent l’accès à d’autres, pour se rendre à leur site respectifs. Le gouvernement ne veut pas se rendre jusqu’à l’expropriation. D’autres avenues restent à être explorées. Dans le cadre de litiges, une analyse de la législation entourant le système ferroviaire et territorial, s’impose.
Inconvénients reliés à une appropriation privée des chemins de fer :
1) Modification des standards de qualité, au niveau des procédés et politiques, influençant la sécurité à des fins économiques.
2) Formation différenciée de la main-d’œuvre.
3) Exposition à des risques élevés au niveau financier.
L’accident de la MMA (Montréal Main and Atlantic Railway), dans le secteur du Lac Mégantic, en Juillet 2013, reflète les manquements ci-haut mentionnés.
Avantages d’un partenariat publique-privé :
1) Partage des frais d’entretiens et d’investissements.
2) Développement d’idées innovatrices entre des groupes de différentes affiliations, en recherche et développements ou autres.
3) Division des tâches et responsabilités.
4) Développement de balises entourant les standards de qualités et de sécurité.
5) Élaboration de plans stratégiques permettant la mise en application, des politiques et procédures.
Un rapport de préfaisabilité en 2011, de la firme Genivar inc., expose une analyse exhaustive et détaillée, des enjeux entourant la réalisation du projet, sur plusieurs points, cependant, je m’attarderai sur les suivants : politique, économique, social et environnemental.
Politique : 1) Convention de la Baie James et du Nord Québécois : Régime territorial concernant les nations Crie et Inuit. 2) Convention du Nord-est Québécois : Régime territorial concernant les Naskapis. 3) Réserve indienne de Matimekush-Lac-John : Concerne les Innus, qui ne possèdent aucun droits territoriaux, cependant réclament des territoires ancestraux, depuis 1980 en négociation avec le gouvernement fédéral et provincial. Des négociations avec divers groupes d’affiliations différentes : environnementalistes, autochtones, compagnies en vue de consensus retarde l’enclenchement du processus, afin de respecter les intérêts de chacuns.
Économique : Frais élevés en construction et en entretien. Le territoire nordique est constistituée de rivières aux forts courants, propice à l’inondation des surfaces habitables. De plus, un sous-sol constitué de glace, nommé pergélisol, qui peut être considéré comme étant une surface instable, compte tenu des changements de réchauffement climatique. Bâtir un chemin de fer sur une surface de ce genre, demande le développement d’une certaine technologie, adapté aux changements de température et climat nordique, ce qui n’est pas de moindre coût. Développement d’emplois durables et de formations sur mesure en fonction des industries du milieu et des besoins des communautés autochtones. De plus le remboursement annuel du projet : 196 M$, avec un capital de : 29 M$ et intérêts : 166 M$, amortis sur 30 années.
Social : Communauté vivant en lien avec la nature et attaché à leur culture ancestral. La chasse, la pêche, l’artisanat représentent le socle de leurs activités. Des problèmes sociaux reliés à l’abus de drogues et alcool. La venue en masse d’étrangers pourrait exacerber la présente situation. Une perturbation de l’environnement lors de la construction d’une voie ferrée, affecte l’écosystème des poissons et autres animaux du secteur.
Une industrie minière instable avec le coût des métaux qui fluctuent, une superficie vaste à couvrir en transport, qu’adviendra-t-il de l’environnement, à la fin du cycle minier? Sachant que la durée de vie d’une mine est d’environ 25 ans. Un projet risqué, dans un environnement imprévisible, durant une période d’austérité, ne stimule pas à l’action.
La lecture de ce rapport permet de comprendre la complexité, l’ampleur et l’ambitieux de cette aventure. Il y a toujours des conséquences au développement. Qu’elles soient positives ou négatives, c’est en collectivité, qu’il en revient de décider des risques et envisager des interventions et structures pour palier à ceux-ci. C’est un choix de société. Peut-on arrêter l’évolution, jusqu’à quel niveau peut-on freiner l’avancement? Regardons ou nous en sommes, depuis Christophe Colomb? Avancés, certes, avec une planète en danger.
Références
- Genivar inc. (2011) Étude de préfaisabilité réalisation d’un tronçon ferroviaire reliant Schefferville et Kuujjuak, rapport final.
- Allocution Le Plan Nord, M. Jean Charest, ENAP Octobre 2014.
- Proposition AEMQ Plan Nord (2008) 26 pages.
Valérie St-Louis
Commentaires
Bien reçu Valérie.
Bravo pour avoir osée un sujet bien d'actualité.
Prof.