L’austérité budgétaire : vers une mise à l’épreuve du modèle québécois d’économie sociale
C’est connu depuis un certain temps, une grogne du milieu communautaire partout au Québec se fait entendre pour dire non à ce qu’on appelle actuellement «l’austérité libérale», «la reforme Barrette» ; bref le projet de loi 10 dans sa substance est controversé. Du reste c’est la bataille que se donne entre autres le mouvement PHAS[1] et ses partenaires. Au bout du compte c’est une branche de l’économie qui est touchée ; celle de l’économie sociale dont l’avenir nous interpelle après notre DESS en développement économique et communautaire. De la nombreuse littérature on retient que c’est la « production des biens et des services pour des besoins sociaux» (revue annuelle, chantier de l’économie sociale,2012, page 5).
C’est le champ investi par de nombreux organismes depuis trente ans faisant du Québec une référence mondiale. Il s’est développé des pôles régionaux sans oublier le chantier de l’économie sociale qui fait un travail extraordinaire. Les services de première ligne offert aux personnes du troisième âge, les entreprises d’insertion sociales, les organismes en santé mentale et aux itinérants, l'accès aux services sociaux et de santés aux personnes handicapées, la gestion des immigrants… La liste est bien longue et le service rendu est noble, seulement vers où se trouvera-t-elle dans le moyen et long terme?
ü La perte de vitesse et de crédibilité
La contribution de cette économie au développement global est indéniable. Mais le manque de financement lui fait prendre un coup dur dans cette «austérité». Certains organismes ferment leur porte, d’autres multiplient les mises à pied… tout cela faute de financement. Pourtant par ces mots qui suivent l’économie sociale québécoise ravit la vedette : «les 1600 personnes de 62 pays qui ont répondu à l’invitation du chantier à participer au forum international de l’économie sociale et solidaire (FIESS) en octobre 2011 en témoignent» (Revue annuelle des pôles régionaux d’économie sociale, 2012 page 4).
Malgré l’adoption de la loi sur l’économie sociale en octobre 2013, le Québec perdra du crédit aux yeux du monde si «l’austérité libéral» ponctionne les ressources financières. Ce secteur qui contribue de l’économie globale relaie en quelque sorte l’État garant des droits des personnes démunies. Du reste les mots de Margueritte Mendell Professeure à l’université de Concordia soutiennent cette réalité :
Quelle que soit la manière dont on interprète cet investissement, comme contrat de service ou comme relation quasi-marchande, il s’agit d’un investissement dans le bien-être public». La tendance actuelle des États de se désengager de certains services publics implique bien souvent que leur offre sera prise en charge par les entreprises collectives (entreprises sociales ou de l’économie sociale) avec ou sans soutiens publics (Margueritte, M. Cours de DESS en développement économique et communautaire, hiver 2014)
ü terreau d’expression de la solidarité légendaire du Québec
Comme dit plus haut, l’image de l’économie sociale au plan international prendra un coup mais c’est les valeurs québécoises de solidarité s’effriteront. La léthargie des entreprises d’économie sociale qui s’impose face à l’austérité libérale mettre la solidarité légendaire au Québec à rude épreuve. Or la littérature est nombreuse qui parle de cette valeur québécoise : « le sentiment vivace d’appartenance à la communauté nationale (…) ont favorisé le déploiement au Québec de modèles sociaux et communautaires innovants (Michaud. et coll., 2011, page 51-52).
ü Le recours aux alternatives du secteur privé et à la philanthropie.
Lorsqu’on analyse le fonctionnement de certains organismes, on se rend compte que certains d’entre eux sont moins performants mais reçoivent des fonds publics pour offrir des services. Dans ces conditions de coupures, il serait mieux indiqués de recourir entres autres à d’autres sources de financement s’ils ne veulent pas fermer leur porte. Le secteur privé, les fondations sont entre autres des alternatives face à l’austérité budgétaire.
En conclusion, le vaste mouvement actuel de protestations sans doute n’est peut-être pas neutre quant à l’expression d’aspirations profondes du milieu communautaire. Mais vu sous un autre angle, nous y voyons une régression importante de l’économie sociale québécois pourtant convoité s le plan mondial.
Référence bibliographique
1. Margueritte, M. Cours de DESS en développement économique et communautaire, hiver 2014)
2. Michaud, N.et coll. Les principes qui guident l’administration publique et ses enjeux contemporains, presses de l’université de Laval, 774 pages.
Bruno Somé
[1] Mouvement des personnes handicapées pour l’accès aux services (PHAS) dont la mission est Promouvoir l’accès à des services sociaux et de santé qui répondent aux besoins des personnes handicapées et à ceux de leur famille
Commentaires
M. Bruno Somé... Bien reçu pour nourrir nos connaissances et mieux se former une opinion. Bonnes suites.