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Les internautes au secours de l'État et de la recherche

Tout a commencé en 1999.

Des chercheurs se disent qu'il serait intéressant d'utiliser les ordinateurs personnels des internautes du monde entier. Ils souhaitent étudier une énorme quantité de signaux venant de l'espace (SETI@home). Finalement, ils ne trouveront pas d'extra-terrestres, mais l'idée fonctionna à la perfection. D'énormes quantités de signaux sont décryptées en un temps record grâce aux internautes des quatre coins du monde.

Le même principe est réutilisé pour de nombreux projets jusqu'à ce que d'autres chercheurs poussent le concept encore plus loin. Ils conçoivent un logiciel permettant de plier des protéines (Foldit). Au lieu d'uniquement utiliser la puissance des machines, Foldit se sert de l'ingéniosité des humains. Et ceux-ci s'avèrent étonnamment efficace et persévérants. Les chercheurs butaient sur une protéase rétrovirale et n'arrivaient pas à trouver sa structure tridimensionnelle. Les participants, pourtant sans aucune formation scientifique, l'ont trouvé (Nature Structural & Molecular Biology, 2011). Les biologiques peuvent maintenant chercher des molécules pour bloquer cette protéase. Leur succès permettrait de bloquer le virus du VIH.

En parallèle, l'informatique est arrivée à un point où l'information peut facilement être mise à disposition. De tous. L'accès à internet au Québec, en 2012, comprend 81,6% des ménages. Sur ces ménages connectés, 94,4% ont une connexion à haute vitesse (Institut de la statique du Québec, 2013).

On assiste à un engouement général pour l'accessibilité et l'analyse de données, et la statistique. L'instinct laisse place au quantitatif. Et les internautes semblent avoir du temps et une volonté inépuisable d'aider. Il est aussi désormais plus simple pour eux de se former. L'émergence de cours en ligne et ouvert à tous (massively online open courses ou MOOC en anglais) leur rend la tâche plus facile. Ils peuvent ainsi se former gratuitement à l'analyse de données (Coursera).

De fil en aiguille, les administrations se sont appropriées l'idée. L'ère des données ouvertes (Open Data en anglais) a commencé.

Dans les administrations transparentes, cela se traduit par la mise en ligne d'une quantité importante de données. En Suède par exemple, vous pouvez avoir accès à la déclaration de revenus de votre voisin, savoir la valeur de sa maison ou connaître la note de frais d'un ministre. À noter que la Suède est le pays dont la législation a intégré le plus tôt le libre accès aux documents administratifs pour les citoyens: 1776. Tandis que par exemple les États-Unis ont reconnu ce droit en 1966 (Freedom of information Act) et la Grande-Bretagne en 2005.

Ne rêvons pas, pour d'autres pays, comme la France, cela commence d'abord sur des choses toutes simples. Par exemple les horaires des transports en commun: Cette mise à disposition des données a permis le développement d'une myriade d'applications pour téléphones intelligents. Souvent meilleures que celles des sociétés de transport. C'est une solution gagnante pour tous car:

  • La société de transport peut se consacrer à son coeur de métier: le transport.
  • Les développeurs à l'entreprenariat.

Un bon exemple est l'application "The Transit App", développée par une start-up québécoise.

Il reste bien sûr plusieurs débats de fond.

Tout d'abord l'utilisation sans contrepartie financière directe de ces données par des entreprises privées à but lucratif. Pourtant tous sont bénéficiaires d'un tel système: 

  • L'entreprise qui récupère des données qu'elle aurait difficilement ou coûteusement obtenues 
  • Le client ou utilisateur qui bénéficie d'un service et de la concurrence des entreprises
  • L'État en percevant des impôts sur les profits de ces sociétés

Et puis jusqu'où aller dans la diffusion des données? Quelle est la limite à cette transparence? 

Dans tous les cas, la mise à disposition des données administratives est maintenant en passe de devenir la norme (directive européenne 2003/98 par exemple). Permettant ainsi à la population de scruter à la loupe les données gouvernementales.

D'ailleurs, quel meilleur outil pour la reddition de comptes? Et par ce fait, montrer la transparence d'une administration tout en bénéficiant de l'aide des internautes.

Un des premiers dirigeants à mettre ce concept au centre de sa campagne électorale fut David Cameron (The Guardian, 2013) en Grande-Bretagne. Mais déjà en 2011, lorsqu'il était premier ministre, le gouvernement avait mis en ligne une carte avec le niveau du crime par rue, pour toute l'Angleterre (The Telegraph, 2011). En moins d'une heure, pas moins de 18 millions d'internautes se connectaient. David Cameroun a alors déclaré:

Cette incroyable demande montre le pouvoir de la transparence, et pourquoi nous avons besoin d'encore plus de cela. L'information est pouvoir. Cela donne aux gens les outils dont ils ont besoin pour demander des comptes aux politiciens et bureaucrates. Cela donne aux gens de nouveaux choix et chances, leur permettant de faire des choix informés pour leur futur...et à nos entrepreneurs de quoi développer de nouveaux produits et services.

Depuis de nombreuses villes, comme Paris (http://opendata.paris.fr/) et pays (France, Grande-Bretagne) s'y mettent également.

Vous voulez connaître tous les endroits où il y a eu un accident à Paris? C'est disponible (http://opendata.paris.fr/explore/dataset/accidentologie/?tab=table). Vous voulez visualiser le tout simplement sur une carte, pas de problème, le ministère de l'intérieur français a organisé un hackaton et des bénévoles l'ont fait (http://cyrille.rossant.net/opendata-interior-hackathon/).

Évidemment, le gouvernement québécois n'est pas en reste (http://www.donnees.gouv.qc.ca/). Ainsi que la ville de Montréal (http://donnees.ville.montreal.qc.ca/) et de Québec (http://donnees.ville.quebec.qc.ca/). Et pour finir, le gouvernement fédéral participe aussi au mouvement (http://data.gc.ca/).

Tout n'est pas parfait. Soit. Mais l'initiative est belle. La population a évolué. Elle ne veut plus laisser l'État géré uniquement par ses hauts fonctionnaires. Elle veut être dans l'action et que des comptes lui soient rendus. Et si cela allège la charge des gouvernements et permet l'exercice d'une démocratie plus participative, c'est tant mieux!

Jessica Tornare

Commentaires

  • Bravo pour avoir osée Jessica.
    On va maintenant déguster ça!
    prof

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