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L'Austérité budgétaire au Québec

L'austérité budgétaire au Québec

Depuis quelques années, plusieurs pays du monde choisissent des politiques d'austérité pour pallier leur(s) problème(s) économique(s). En Europe comme en Amérique, ces politiques ne sont pas sans heurts vis-à-vis les communautés concernées. Est-ce que l'austérité est une bonne idée visant à rééquilibrer les finances d'un pays ou est-ce une mauvaise idée qui ne fait que creuser encore plus un fossé entre les classes sociales? Pour commencer, il est important de définir ce qu'est l'austérité.

L'austérité désigne une politique gouvernementale consistant à prendre des mesures visant à ralentir la demande de biens ou de services afin de limiter les risques inflationnistes ou de diminuer les déficits et la dette globale de l'Etat. La politique d'austérité va généralement de pair avec une politique budgétaire agressive destinée à faire augmenter les recettes fiscales tout en tentant de diminuer au maximum les dépenses publiques (Droit- finance.net, Aout 2014).

État des lieux

L’économie du Québec a ralenti en 2013. Après une hausse de 1,5 % en 2012, le PIB réel n’a crû que de 1,1 % en 2013. Ce résultat provient d’un ralentissement de la demande intérieure, notamment d’un recul marqué des investissements des entreprises. Toutefois, en 2013, la croissance économique a bénéficié d’une contribution du secteur extérieur, favorisée par la dépréciation du dollar canadien (Rapport Annuel de gestion 2013-2014 du Ministère de Finance).

De plus, il faut souligner que la fiscalité québécoise est favorable à l’investissement, particulièrement pour le secteur manufacturier. Le taux effectif marginal d’imposition sur l’investissement du Québec est parmi les plus faibles au Canada et se compare avantageusement au niveau international. 

Une accélération de la croissance économique est attendue en 2014 et en 2015. Les éléments conjoncturels ayant contribué aux faibles résultats économiques en 2013 devraient se dissiper (Rapport Annuel de gestion 2013-2014 du Ministère de Finance) 

Toujours d’après le rapport annuel  de gestion2013-2014 du Ministère de Finance, c’est  par une gestion rigoureuse et responsable des finances publiques et la mise en place de mesures de relance économique que, l’équilibre budgétaire sera atteint en 2015-2016, après six années consécutives de déficit. D’ici 2015, le déficit s’établira à : 

— 3 100 millions de dollars en 2013-2014; 

— 2 350 millions de dollars en 2014-2015.

Ce qu'en pensent les économistes

Selon Jerôme Boucher du Huffington post, pour plusieurs économistes, en période de crise, augmenter les impôts tout en diminuant les dépenses, ce n'est pas très rusé. Augmenter les impôts diminue grandement le pouvoir d'achat de plusieurs citoyens, surtout les moins nantis. Sans pouvoir d'achat digne de ce nom, les citoyens dépensent peu ou pas, ce qui fait stagner l'économie globale d'une société. Qui plus est, sabrer les dépenses, surtout en matière d'avantages sociaux, diminue la qualité de vie des citoyens qui sont plus à risque d'avoir des problèmes de santé ou sont incapables de payer les tarifs qui leur sont demandés. L'économie d'un pays devient alors concentrée autour de quelques secteurs sûrs, ce qui diminue la diversité du portefeuille étatique et le rend plus à risque par rapport aux soubresauts de la bourse mondiale. Bien entendu, cette avenue se fait généralement au détriment des personnes les moins fortunées qui sont moins aptes à vivre avec les défauts de l'austérité.

Pour l'économiste américain lauréat du prix Nobel 2001 d'économie, Joseph Stiglitz, tout cela ne fait qu'aggraver le problème des inégalités. « On ne parle pas seulement des inégalités de revenus, mais aussi de l'inégalité des chances d'améliorer son sort par son travail et son talent : le grand mythe au cœur du rêve américain ».

Trois moyens de passer à travers une crise

Reste que malgré ces doléances, la rigueur économique demeure un facteur essentiel pour l'essor d'une société puisqu'en période d'incertitude économique, les revenus étatiques se voient grandement diminués. Il faut donc pallier ce manque à gagner tout en gardant une qualité de vie louable. Trois réponses à ce problème sont alors possibles.

1- Ne pas se soucier du déficit, et considérer la relance comme prioritaire ; il sera toujours temps de s'occuper des déséquilibres budgétaires. C'est souvent ce qu'on appelle «l'autre politique», deux mots qu'on prononce avec la même émotion que «grand saut dans le vide». En clair, c'est très risqué comme approche.

2- Se fixer un cap chiffré de réduction du déficit et ne pas en déroger même quand l'économie ralentit. Augmenter les impôts (et/ou les tarifs) ou réduire les dépenses reste donc prioritaire. Et si l'économie flanche, on accroît l'effort pour parvenir à l'objectif. C'est, en somme, une politique d'austérité. Et cette austérité est d'autant plus douloureuse que, par ailleurs, la politique monétaire n'est pas très fougueuse. Comme démontré plus haut, ce n'est pas une option que l'on pourrait qualifier de rusée. C'est un peu comme si on vous suggérait de démissionner de votre emploi pour économiser sur l'essence nécessaire pour vous rendre au travail. En clair, c'est une économie directe qui touche de plein fouet les bénéfices directs et indirects.

3- Ne se focaliser que de la réduction du «déficit structurel» : celui qui n'est pas lié à la conjoncture. Ne pas se soucier du déficit conjoncturel. Si la croissance ralentit, on ne cherche donc pas à «compenser» les baisses de recettes ou les hausses de dépenses. On laisse jouer les stabilisateurs automatiques. C'est une politique budgétaire neutre qui exige beaucoup plus d'actions sur le maniement des finances publiques, mais elle demeure la moins dommageable à court, moyen et long terme. Sans explications claires et précises à la population quant à cette stratégie, les citoyens y verront du laxisme. Il faut donc informer au maximum les contribuables de cette avenue.

Le  gouvernement  a choisi la deuxième option en faisant payer les citoyens pour le déficit  économique actuel. Les coups de sabre dans les dépenses publiques sont marquants et diminueront forcément les revenus de l'État qui ne sont déjà pas très élevés en ce moment.

Rappel

PORTUGAL : de l'austérité, mais pour combien de temps encore ?

  • Récession : depuis avril 2011
  • Taux de chômage : 17,5 % (janvier 2013)

Là encore, ce sont les finances publiques et la croissance en berne qui posent problème. Lisbonne a conclu en mai 2011 un plan d'aide d'un montant de 78 milliards d'euros sur trois ans avec l'Union Européenne. En contrepartie, Lisbonne doit réduire les salaires des fonctionnaires, les retraites et les prestations sociales, et mettre en place une hausse généralisée des impôts.

Le pays se heurte néanmoins à une forte opposition interne. La Cour constitutionnelle rejette en juillet l'une des mesures phares du gouvernement : la suppression des 13e et 14e mois de salaire des fonctionnaires et des retraités. La contestation populaire contrarie les projets de Lisbonne ; l'ampleur des manifestations, en septembre, fait reculer le gouvernement sur l'augmentation des cotisations sociales des salariés au profit d'une hausse généralisée plus importante de l'impôt sur le revenu, à compter de 2013. Pris à la gorge, Lisbonne admet qu'il ne pourra remplir ses objectifs en matière de déficit et prévoit une récession plus importante que prévu pour 2013. La troïka n'a alors d'autre choix que de desserrer l'étau.

En janvier, Lisbonne remet officiellement en question la politique d'austérité. Deux recours contre le budget 2013 sont déposés à quelques jours d'intervalle devant la Cour constitutionnelle, qui tranche en avril : elle invalide plusieurs mesures de rigueur jugées discriminatoires (1,3 milliard d'euros au total), qui touchent les primes des fonctionnaires et des retraités, les allocations chômage et maladie. Au pied du mur, le gouvernement de Pedro Passos Coelho amorce un changement de cap et décide de tailler dans les dépenses, mais aussi d'ouvrir une ligne de crédit afin de favoriser les exportations des PME (Le Monde.fr).

La maîtrise des déficits publics est certes nécessaire, voire indispensable pour la bonne gouvernance économique, mais si cet objectif devient le seul levier utilisé, cela pourrait conduire à une baisse drastique des investissements de l’état dans des domaines comme la création d’emplois, l’éducation, la santé, l’énergie, les infrastructures dans l’hôtellerie, les routes etc… Voilà ce qui met fin à l’État providence.

Conclusion

Il n’y a donc aucun doute que le gouvernement a des décisions difficiles à faire à court, à moyen et à long terme.

Faire des coupures trop rapidement, et sans une sérieuse réflexion, pourrait mener à des erreurs sérieuses et même, mener à une augmentation de la dette à long terme. 

Les coupures identifiées rapidement donc insuffisamment réfléchies et discutée pourraient représenter des erreurs majeures. Elles pourraient aussi mener à un autre printemps de manifestations, ce qui ne ferait pas de bien à l’économie. 

Tiburce Clautaire PANGNI

Références :

 

  •  Droit- finance.net, Aout 2014
  •  Le Huffingt post. Page consulté le 2 Octobre 2014. En ligne http://quebec.huffingtonpost.ca/jerome-boucher
  • Rapport Annuel de gestion 2013-2014 du Ministère de Finance, Octobre 2014
  • Le Monde.fr  du 08 Avril 2013 en ligne http://lemonde.fr/journaliste/anna-villechenon/

 

         Le Monde.fr | 30.04.2013 à 15h52 • Mis à jour le 03.12.2013 à 17h15

          |Par Jonathan Parienté et Anna Villechenon



Commentaires

  • Oui oui Tiburce Clautaire ...un sujet de profonde actualité avec ...des enjeux cruciaux !
    Prof

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