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Les enjeux de la gouvernance dans un Etat de droit: cas du Burkina Faso

Au Burkina Faso, les dirigeants et les institutions sont de plus en plus remis en cause et interpellés par la population dont les besoins et les exigences sont en perpétuel croissance sans une réponse adéquate. S’instaure alors un climat délétère entrainant une crise de confiance entre la population et ses dirigeants.

Comme le soulignent Bachir Mazouz et Jean Leclerc parlant de l’évolution de la conception de l’Etat et de la gestion des affaires publiques dans leur ouvrage intitulé gestion intégrée par résultats : « chercheurs, entreprises et populations reprochent à l’Etat et à ses agents politiques et administratifs d’avoir pêché soit par excès bureaucratique, soit par puritanisme administratif ». Se pose alors la problématique de la gouvernance.

 

 

 

La bonne gouvernance qui est celle à laquelle aspire tout peuple, malgré les tentatives de définitions données par certains auteurs, se trouve être une notion très controversée qui peut varier suivant les intérêts en jeu ou suivant l’évolution des besoins de la société quand bien même elle repose souvent sur des bases et des principes clairement prédéfinis.

 

Néanmoins nous pouvons emprunter aux auteurs cités plus haut et dans le même ouvrage, une précision terminologique qui décrit la bonne gouvernance en ces termes : « la bonne gouvernance, comme assise conceptuelle à la juste réponse à la demande effective, à la valeur escomptée sur les services offerts à la population et aux entreprises, de même qu’à l’efficience économique dans la prestation rendue de ces derniers, s’est installée dans l’appareil d’Etat pour mieux assurer la pertinence, la performance et la contribution à la communauté… ».

 

Toutefois, la controverse relevée dans sa terminologie nous amène à nous interroger sur les caractéristiques réelles d’une bonne gouvernance et de ce point de vue, nous estimons qu’il appartient à l’Etat en tant qu’autorité publique, d’asseoir un système de gouvernance qui vise l’intérêt général. Cela témoigne de la complexité de la gestion publique relevée par Joseph Facal dans son article intitulé « simplement en toute complexité » qui souligne que : « …lorsqu’ils sont aux commandes de l’Etat, les membres d’un Gouvernement doivent non seulement produire des résultats tangibles, mais être l’incarnation de l’intérêt général que chaque citoyen définit à sa manière ».

 

Cependant, malgré son intérêt pour une bonne gouvernance, il convient de relever que le peuple burkinabé a connu des situations qualifiées de mal gouvernance. Par exemple les parlementaires ont produit un rapport sur la mise en œuvre de la subvention de l’Etat dans le secteur de la santé et sur les marchés publics et ont de ce fait confirmé que le Burkina Faso a mal à sa gouvernance. Récemment le journal « le reporter » dans sa parution du 6 octobre 2014 a intitulé un article ainsi qu’il suit : « Ministère de l’action sociale: Alain Zoubga (du nom du ministre de l’action sociale) au centre d’une affaire brûlante de mauvaise gouvernance ».

 

Ainsi, en référence à de nombreux écrits sur la question de gouvernance au Burkina, il ressort que la mauvaise gouvernance qui est prédominée par la corruption, le manque de justice etc…, semble être encouragée par l’action ou l’inertie de l’Etat. C’est ce qui justifie selon leurs auteurs, l’effritement de la confiance placée en l’autorité publique par les citoyens entrainant ainsi des attitudes de rejet ou de défiancevis-à-vis de cette autorité.

 

En effet, le constat est que le rejet de l’autorité est devenu ces dernières années, un comportement courant au Burkina et mieux, s’amplifie au fil du temps.

 

Des cas de rejet de l’autorité ancrés à jamais dans l’histoire du pays sont les évènements qui ont suivi la mort du journaliste Norbert ZONGO en décembre 1998 et la crise de juin 2011qui ont bouleversé tout le pays.

 

Ces deux évènements ont tous ébranlé le peuple burkinabé mais celle de 2011 a eu le mérite de fragiliser davantage la confiance que le peuple avait placé à ses dirigeants car elle a vu les forces de défense et de sécurité, censées assurer la paix et la sécurité du pays, tenir le flambeau des violences, créant ainsi un désarroi sans précédent au sein de la population.

 

Comme pour paraphraser Tremblay pierre-p dans l’Etat administrateur, modes et émergences, Sainte-Foy : Presses de l’Université du Québec  lorsqu’il dit que : « Pour faire régner la paix, il faut des « agents » capables de l’imposer aux fauteurs de troubles…Pour assurer à une population la sécurité et la stabilité qui peuvent contribuer à son bien-être, il faut substituer l’ordre à l’anarchie… » et d’ajouter que : « quand la paix règne, tout le monde en profite. Quand la sécurité et la stabilité sont assurées, chacun peut espérer sans crainte. » .

 

Or dans la crise de 2011, les forces de l’ordre incarnant l’autorité publique et qui devaient garantir ces valeurs au peuple ont été les faiseurs de trouble dans un contexte où la population avait plus que besoin d’eux. Comme quoi, la mal gouvernance peut compromettre les valeurs cardinales d’une société que sont la paix et la sécurité en tant que biens publics entendus par intérêt général.

 

Mais, malgré ce sentiment de mal gouvernance observé, la gouvernance au Burkina n’a pas toujours été mauvaise. Du reste, dans les écrits de presse du 8 octobre 2014, on retrouve un article intitulé : « Gouvernance en Afrique : le Burkina Faso en légère progression selon la fondation MO Ibrahim ». La fondation MO Ibrahim a pour ambition de mettre un accent sur l’importance cruciale du leadership et de la gouvernance en Afrique. L’article précise que ce progrès est sans doute engendré par de bonnes performances dans les domaines de développement humain et de la participation des populations à la vie.

 

Il convient donc de relever que des efforts sont de plus en plus faits par l’Etat burkinabé en vue de la réalisation de bonnes actions pour le bien être de sa population. C’est le cas par exemple ces dernières années, de la politique de l’éducation pour tous ; des subventions accordées pour certains soins de santé, des programmes de création d’emplois pour les jeunes, de la lutte acharnée contre le grand banditisme etc… qui sont l’œuvre d’une prise de conscience et d’une implication active de l’Etat incarnant son autorité publique ; toute chose qui participe d’une bonne gouvernance et qui dénote que, quand bien même l’action de l’Etat est parfois décriée, il reste le seul dépositaire de l’autorité publique qui défend la cause publique en intervenant dans la vie des citoyens et en veillant à leur assurer une stabilité et un niveau de vie appréciable.

 

Pour étayer ce propos, référons nous à Nelson Michaud dans, secrets d’Etat, les principes qui guident l’administration publique et ses enjeux contemporains, lorsqu’il fait allusion à un des principes qui gouverne l’administration publique à savoir, l’interventionnisme et souligne que : « autant la présence et la lourdeur bureaucratique de l’Etat sont dénoncées par des individus, autant le réflexe de confier à l’Etat tel ou tel aspect de nos vies remonte vite à la surface ».

 O. A

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Commentaires

  • Des écrits qui dessinent tellement bien la " gouvernance" de nombreux pays africains malheureuseument. Faudrait-il forcément copier le modèle occidental ou alors serait-il judicieux d'adapter la gouvernance en Afrique à la situation réelle du continent?
    Beaucoup de personnes n'y ont encore que des besoins de base comme manger et se nourrir pendant qu'une minorité marche sur l'or dans le même contexte.
    Vu de l'extérieur, on penserait qu'il n'y existe aucune ressource, ni aucun moyen de s'en sortir...hélas les ressources il y en a à la pêle mais les responsables préferent s'en mettre pleins les poches et partager avec les "amis" la part du gateau.
    La population ne fait que subir les effets de la corruption et autres mais se bat malgré tout pour survivre et surtout vivre.
    Merci d'avoir abordé aussi délicatement un sujet aussi sensible.

    TTMC

  • La réflexion sur les enjeux dans un état autre que le notre nous apprend toujours quelque chose !
    mais O. A faites-nous savoir votre nom ???
    proftrudel@hotmail.com

  • Désolée. OA c'est OUEDRAOGO Aïssata

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