Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Un enjeu déchirant concernant les aînés : liberté vs sécurité

Mise en situation

Le vieillissement de la population est un enjeu social important. Ceci est dû à deux causes. Premièrement, en raison du vieillissement de la génération des baby-boomers, une grande partie de la population fera bientôt partie de la cohorte des aînés. Deuxièmement, l’espérance de vie augmente. Elle est maintenant autour de 78 ans pour les hommes et 83 ans pour les femmes (Statistique Canada, page consultée le 3 octobre). Deux raisons expliquent ce fait. D’une part, il y a une plus grande accessibilité à l’information sur de saines habitudes de vie. D’autre part, l’évolution de la technologie et les progrès médicaux nous permettent de vivre plus longtemps(Statistique Canada, page consultée le 3 octobre). Mais est-ce vraiment à notre avantage? Vivre à un âge plus avancé ne nous amène pas nécessairement à une bonne qualité de vie. Les traitements qui nous permettent de vivre plus longtemps peuvent améliorer notre condition physique, mais quand est-il des dégénérescences mentales?

Parfois, ce n’est pas notre condition physique qui lâche, mais bien notre tête. Nous entendons souvent parler de troubles tels que la maladie de l’Alzheimer, la maladie de Parkinson, les delirium, etc. Ces syndromes font partie de ce qu’on appelle la démence qui est une perte cognitive nuisant au bon fonctionnement de la personne. Les principaux symptômes sont la perte de mémoire et la confusion dans le temps et l’espace (OMS, page consultée le 4 octobre 2014). Une démence peut causer une perte d’autonomie chez les personnes affectées. Il est donc parfois nécessaire, pour leur propre sécurité, de leur offrir de l’encadrement et souvent de les empêcher de quitter seuls leur résidence.

Plusieurs moyens peuvent être utilisés pour contraindre une personne à un environnement sécuritaire. La contention physique est utilisée dans les hôpitaux pour les cas plus graves. D’autres moyens moins invasifs et plus subtils sont utilisés dans les résidences pour personnes âgées. Par exemple, on peut donner à ces résidents des bracelets qui bloquent l’ascenseur au moment où ils y entrent. On peut aussi augmenter la sécurité à l’entrée de la résidence. Cependant, qu’est-ce qui est le plus important : la liberté ou la sécurité à tout prix. Qu’est-ce qui procure le plus de bien-être à une personne?

La sécurité avant tout

Des moyens de contrôle sont parfois nécessaires pour assurer la sécurité des personnes atteintes de démence. En effet, ces gens sont souvent confus et désorientés. Ils n’ont plus conscience du temps. Par exemple, ils ne savent plus l’heure, le jour ou même la saison. De plus, ils sont souvent agités et ils errent dans leur résidence sans but précis. Ils peuvent facilement se perdre si on les laisse seuls. Parfois, ils n’ont qu’à marcher un coin de rue pour ne plus savoir comment retourner chez eux.  Dans ce cas, ils ressentiraient une grande détresse. De plus, si cet incident arrivait durant l’hiver, ce serait dangereux pour eux, car ils ne seraient surement pas habillés adéquatement.

Il arrive aussi que les individus atteints d’une démence essaient de sortir de la résidence délibérément. Dû à leur perte de mémoire, souvent ils ne se souviennent pas de leur dernier déménagement. Ils pensent donc qu’ils habitent la maison qu’ils avaient autrefois. Ils essaient donc de s’enfuir pour retourner dans cet ancien domicile (CHSLD Juif de Montréal, s.d). Ce type de situation s’avère très stressant pour les personnes affectées. Celles-ci sont alors mécontentes et agitées. Il y a un risque de chute (OMS, page consultée le 4 octobre 2014). Une anxiété accrue augmente aussi leur confusion. Il y a donc encore plus de chances qu’elles se perdent et se blessent.

Comment protéger ces personnes contre elles-mêmes? Que feriez-vous si vous voyiez une personne âgée complètement déboussolée et mal habillée dans la rue? Et surtout, que feriez-vous si cette même personne n’acceptait pas de rentrer chez elle, car elle est persuadée qu’elle habite ailleurs? Il est donc nécessaire de mettre en place des moyens de contrôle pour éviter ce genre de situation. C’est une question de sécurité. Cependant, que faisons-nous de leur qualité de vie et de leur liberté?

L’importance de la liberté

Voici une autre mise en situation: imaginez qu’une personne atteinte de démence est dans une résidence où on l’empêche de sortir. Il fait beau dehors. C’est une belle journée d’été. Cependant, elle ne peut sortir seule, pour son « bien » et sa sécurité. Tous les préposés sont occupés et ils ne peuvent pas l’accompagner dehors. Cette personne sera donc obligée de rester à l’intérieur contre son gré. On ne peut pas dire que ce cas représente des conditions de vie idéales. Pourtant, le système de la santé veut assurer un « maintien d’une espérance de vie dans les meilleures conditions possible » (Gauthier, 2014, p. 668). On veut que tout individu vive dans un « état complet de bien-être physique, mental et social » (Lamontagne et Prémont, 2014, p. 530). Mon opinion est que cette situation ne représente pas un état de bien-être pour l’aîné. Jusqu’à quel point pouvons-nous entraver les droits de liberté d’une personne pour assurer sa sécurité?

Une bonne qualité de vie est importante pour ces aînés. Il faut faire attention à ne pas leur enlever leur dignité. Chaque personne devrait pouvoir se sentir libre et respecté. Selon la charte des droits et libertés, la liberté, le droit à avoir une opinion et le droit de faire ses propres choix sont des droits fondamentaux que nous nous devons de respecter (Site web de la législation, page consultée le 1er octobre 2014). Pouvoir exercer notre volonté et notre autonomie est indispensable pour avoir une bonne qualité de vie.

De plus, à long terme, les contentions plus intensives peuvent perturber la circulation sanguine, car elles diminuent la mobilité de la personne. Ces moyens peuvent aussi augmenter les risques de dépression et d’anxiété (CHSLD Juif de Montréal, s.d). On diminue alors le bien-être physique et psychologique de ces personnes.

Comment trouver un équilibre entre la sécurité et la liberté chez les personnes atteintes de démence qui sont en état de fugue? Ceci est une question importante. En raison du vieillissement de la population, nous serons de plus en plus confrontés par cette situation. De plus, elle pourra nous affecter personnellement dans le futur. On peut alors se demander comment nous voudrions être traités si nous étions à leur place. Si nous ne nous voyons pas vivre dans telles conditions, comment pouvons-nous remédier à la situation maintenant? Quelles autres solutions pouvons-nous envisager pour conserver la dignité et le bien-être de nos aînés tout en leur assurant une sécurité adéquate?

PL

 

Références

CHSLD JUIF DE MONTRÉAL (s.d.). Tout le monde y gagne : le guide pour les familles visant des soins de qualité sans contentions, [brochure], Montréal, 2 p., http://www.chsldjuif.ca/pdf/Restraint_Brochure.pdf (Pages consultées le 4 octobre 2014).

GAUTHIER, Madeleine (2014). « Enjeux démographiques contemporains », dans Nelson Michaud (dir.), Secrets d’États? Québec,     Presses de l’Université Laval, p. 656-680.

GOUVERNEMENT DU CANADA. SITE WEB DE LA LÉGISLATION (Page consultée le 1 octobre 2014). Loi constitutionnelle de 1982, [en ligne], http://lawslois.justice.gc.ca/fra/const/page-15.html

GOUVERNEMENT DU CANADA. STATISTIQUE CANADA (Page consultée le 3 octobre). Espérance de vie, [en ligne], http://www.statcan.gc.ca/pub/82-229x/2009001/demo/lif-fra.htm

LAMONTAGNE, Renée, et Marie-Claude PRÉMONT (2014). « Le secteur de la santé et des services sociaux au Québec : au cœur des enjeux de l’administration publique », dans Nelson Michaud (dir.), Secrets d’États? Québec, Presses de l’Université Laval, p. 529-558.

OMS (Page consultée le 4 octobre 2014). La démence, [en ligne], http://www.who.int/mediacentre/factsheets/fs362/fr/

Commentaires

  • Un enjeu de société fondamental pour nos sociétés et l'A.P. ....
    faites-moi savoir qui...PL ?
    proftrudel@hotmail.com

  • Paule Lacasse

  • Bravo PL d'avoir abordé un sujet délicat mais si important. La liberté, la sécurité et la dignité des personnes âgées sont des enjeux qui mériteraient sans doute plus d'attention dans notre système de santé. Cela nous concerne tous.

Les commentaires sont fermés.