AMINE S.- Le cas de la municipalité de Saint-Hippolyte - Amine Soulhi
Traditionnellement, la gestion semble être pensée naturellement selon le mode hiérarchique. Le président-directeur général commande à ses responsables, qui dictent aux directeurs, qui prescrivent aux chefs d’équipe, qui commandent aux employés. Il est certain que ce mode de gestion, par ailleurs très répandu, engendre des aboutissements fortement teintés des couleurs du président-directeur général. Malgré les différents filtres par lesquels passe le message initial, celui-ci en sort relativement intact, et on obtient des institutions façonnées à l’image de leur(s) dirigeant(s). Or, depuis la fin du vingtième siècle, on commence à penser davantage la gestion sur le mode inclusif. Sans doute les nouveaux défis posés par les vagues d’immigration massives (entre autres facteurs) et leurs impacts sur le vivre-ensemble ont-ils sommé la redéfinition de la gestion sociétale. On peut penser que la gestion participative vient en quelque sorte en réponse à ces défis contemporains. En effet, la gestion participative reflète davantage l’idéal démocratique prôné par les sociétés occidentales. On y préconise la prise en compte de l’avis des membres de l’institution, leur participation au processus décisionnel. Ceci se veut un procédé respectueux des contributions et des différences de chacun. Sans verser dans « l’égalitarisme » de la gestion collective, la gestion participative considère l’individualité des parties sous un étendard commun.
La municipalité de Saint-Hippolyte, située dans les Laurentides au Québec, a entamé le virage vers ce mode de gestion. Il s’agit d’une véritable innovation. Pour ce faire, le personnel administratif de la municipalité a principalement investi des efforts pour aller rallumer l’élan volontaire après de son personnel, en se basant sur le postulat que « l'outil de gestion le plus important est des employés municipaux passionnés, efficaces, impliqués et dédiés »[1]. On a donc embauché notamment des formateurs en gestion et en motivation, tout en publiant, en parallèle, des mises-à-jour régulières sur l’avancement et les débouchés des différentes pratiques. Il est à noter que la municipalité s’était d’abord dotée d’un plan d’action détaillé, disponible non seulement à l’échelle administrative, mais également à l’échelle citoyenne, puisque les habitants de Saint-Hippolyte y avaient également accès. On dénote donc une véritable volonté de transparence.
Ce qui frappe dans cette volonté innovante, c’est qu’au lieu de débloquer des fonds pour démarrer des commissions et des comités chargés d’examiner les problèmes de la municipalité et d’y apporter des solutions « en huis clos», on a mobilisé directement les troupes sur le terrain en leur fournissant les outils adéquats – « budget, équipement, support, reconnaissances, employés, infrastructures, coaching »[2] –, bref, en aiguisant leur sens de la gestion et en les éduquant à la gestion participative.
Par l’entremise d’un communiqué, la municipalité de Saint-Hippolyte résume bien l’esprit qui habite cette pratique : l’expression « dynamique »[3]. Somme toute, cette innovation semble tendre vers un bilan positif. Certains pourraient donc penser que la gestion participative est en réalité « le nouveau mode de gestion » vers lequel tendre. Il est vrai que la gestion participative représente la solution tout indiquée pour combattre notamment la gangrène du cynisme citoyen grandissant vis-à-vis de la politique, à plus forte raison dans un système démocratique reposant sur la participation citoyenne. Toutefois, il faut garder à l’esprit que la municipalité de Saint-Hippolyte ne compte que quelque 8 000 habitants. Pourrait-on envisager une telle mobilisation de la population montréalaise ? Il est fort à parier que ce style de gestion répondrait pauvrement à la mosaïque de la métropole.
[1]Ville de Saint-Hippolyte. 2011. Gestion participative. Municipalité de Saint-Hippolyte. En ligne. http://www.umq.qc.ca/grands-dossiers/vitrine-des-pratiques-innovantes/liste-des-pratiques-innovantes/gestion-participative/ (page consultée le 10 avril 2013).
Commentaires
Ce sont les gens du grand lac l'Achigan qui se réjouiront....
du virage municipal . Tous en profiteront. Suivons l'histoire...
Prof