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Blogue # 2, MOUMEN; Défis de gouvernance : entre efficacité économique et équité sociale

Le 5 mars 2013, la ministre de l'Emploi et la Solidarité sociale a dévoilé, dans la Gazette officielle, un nouveau règlement qui prévoit une compression de près de 20 millions de dollars par année dans les prestations à l'aide sociale. À cela s’ajoute les décisions prises lors du Sommet sur l’enseignement supérieur relatives à l’indexation,  à court termes, à 3 % des frais de scolarité. Les universités demeurent, en effet, aux prises avec des compressions budgétaires de l’ordre de 250 millions $.

 

On voit très clairement que le gouvernement du Québec poursuit partout des actions de réduction et de désengagement : réduction des dépenses, abolition des programmes, réduction de la taille de la fonction publique et des mesures diverses destinées àalléger la pression sur les finances publiques. Ces décisions montrent que l’administration publique québécoise est en pleine mutation et que de nouveaux défis apparaissent.

 

Le financement des programmes publics et sociaux est l’un des problèmes les plus aigus auxquels doivent faire face les gouvernements démocratiques pour tenir leurs engagements et assurer leur légitimité sociale. Pour ce faire, le gouvernement doit se donner les moyens de répondre aux inévitables et multiples exigences de la population et de satisfaire aux innombrables besoins particuliers et collectifs. Ces besoins, de plus en plus croissants, et la réduction des recettes rendent la gouvernance dans les régimes démocratiques difficile. Pour pérenniser et améliorer le système social québécois, qui est parmi les plus efficaces au monde, il faut continuer à offrir des conditions de vie justes et équitables pour tous les citoyens, et ce, sans remettre en cause la compétitive des entreprises et mettre en déséquilibre l’économie nationale.

 

La problématique de la relation entre l’efficacité économique et l’équité sociale se trouve posée à tous les gouvernants et la réponse à un certain nombre de questions n’est pas aisée : est-il possible de maintenir les deux en même temps? Suffit-il que l’État soit efficace économiquement pour assurer une justice sociale? L’efficacité économique passe-t-elle obligatoirement par une équité sociale?La justice sociale est-elle compatible avec la croissance économique?

 

Pour tenter de répondre à ces questions, nous évoquerons l’exemple des États-Unis. Le pays le plus puissant et parmi les plus riches au monde en terme de PIB par tête (45.674 dollars), alors que le seuil de pauvreté est très élevé. Selon le plus récent recensement publié par le bureau de recensement américain, US Consus Bureau, près de 43,6 millions d'Américains vivent sous le seuil de pauvreté. Le nombre d'Américains qui vivent dans l'extrême pauvreté a atteint, quant à lui, un niveau record de 20 millions et demi de personnes, soit 7 % de la population.

 

Ces chiffres expliqués par l’idéologie économique dominante aux États-Unis qui justifie que la croissance dépend essentiellement des riches, créateurs de richesses. Ces derniers doivent être imposés le moins possible afin qu’ils investissent et que leur prospérité engendre des retombées économiques qui permettent ensuite aux autres de mieux vivre. Mais selon les données sur la pauvreté, la réalité économique et sociale fait que les Américains les plus démunis souffrent du caractère inéquitable de la répartition de la richesse à l’américaine. Cette redistribution pourrait même être considérée comme injuste. Si on ne touchait pas aux riches pour une, on doit absolument toucher aux pauvres, et on se trouve avec des riches qui s’enrichissent et des pauvres qui s’appauvrissent.

 

Nous affirmons que la prospérité économique n’est pas incompatible avec la justice sociale. En prenons l’exemple des pays scandinaves où l’équité sociale accompagne la prospérité économique et les nombreux indicateurs d’équité sociale montrent que les pays nordiques sont parmi les plus avancés. À titre d’exemple, en 2009, les taux de pauvreté des pays nordiques étaient les plus faibles de l’OCDE. Par ailleurs, le forum économique mondial, en 2005, classe cinq pays nordiques dans les dix premières places parmi les économies les plus compétitives au monde.

 

Ceci démontre que les sociétés productives les plus efficaces ne sont pas nécessairement les moins solidaires. Au contraire, les coûts de l’exclusion peuvent être générateurs d’inefficacités économiques, alors que la cohésion sociale contribue à l’efficacité économique. Ce qui confirme que l’efficacité économique passe d’abord par l’équité sociale, et pour faire relancer l’économie, tout le monde doit participer, riches et pauvres, faute de quoi la dynamique de l’économie risque d’être perturbée.

 

Mais la réalité dit que l’état emploi la politique de réduction sur l'aide sociale, parce que c'est plus facile de s'attaquer aux pauvres que de s'attaquer aux gens qui touchent de gros salaires, car ces derniers peuvent constituer des groupes de pression suffisamment puissant, contrairement aux pauvres qui peuvent difficilement exercer des pressions sur l'état.

 

Pour conclure, je vois que l’idée de faire des coupures dans les prestations d’aide sociale pour épargner quelques millions de dollars est totalement fausse, car l’exclusion de cette catégorie de citoyens engendre d’autres effets néfastes sur l’économie. À titre d’exemple, une baisse de pouvoir d’achat chez cette catégorie peut affecter d’autres secteurs, et certainement, d’autres citoyens. On se retrouve dans un cercle vicieux et une sorte de boule de neige qui ne cesse de s’agrandir. Au lieu de limiter la pauvreté, nous sommes bien en train de l’élargir.

 

Mebarek Moumen

 

Références:

Joelle Affichard et Jean-Baptiste de Foucauld, Justice Sociale et Inégalités, édition Paris ESPRIT, c1992, 270P

B. Guy Peters et Donald J. Savoie, Les nouveaux défis de la gouvernance, les Presse de l’Université Laval, 1995, 305P

http://www.lapresse.ca/actualites/quebec-canada/politique-quebecoise/201303/07/01-4628732-aide-sociale-le-pq-fait-ce-quil-denoncait-en-2010.php

http://www.radio-canada.ca/nouvelles/International/2011/11/04/003-etats-unis-pauvrete-record.shtml

 

 

 

Commentaires

  • Faut observer une chose, dans les démocraties occidentales, dès que le vent de la crise économique souffle, ces gouvernement font retours au théories Malthusienne. entre autre les politiques d'austérité se maintienne, on s'attaque toujours aux pauvres. à titre d'exemple en Espagne qui est ravagé par la crise économique des clubs de football (soccer) se permettent de faire des transferts de joueurs avec des sommes d'argent exorbitantes. drôle de démocratie qui ne donne profit qu'aux riches.

  • L'économiste et prix Nobel Stiglitz vous avait lu avant ses dernièrees déclarations au Devoir.
    De la téflexion pour tous svp.
    Prof

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