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#2 J BB -Le Canada est une nation faible ?

 

Le Canada est une nation faible? 


Notre civilisation se trouve actuellement au début d'une très longue période de transition qui nous fera passer d'une structure primitive, basée sur des considérations géographiques essentiellement fictives, vers une superstructure naturellement formée par l'interconnexion de l'information, l'abondance de l'énergie, la primauté du droit inter-national ainsi que la rapidité du transport des biens et personnes. Cependant, cette tendance n'aboutira pas avant plusieurs siècles et sans aucun doute après de nombreux conflits armés. Pour l'instant alors, le paradigme de la division des territoires par nations distinctes restent entiers. Dans ce contexte, je m'interroge à savoir si le Canada est une nation qui s'affaiblit relativement aux autres pays industrialisés, ou si au contraire, gagne-t-elle en force? Voici un aperçu des éléments à étudier pour résoudre cette question.

 

Tout d'abord, nous savons que la constitution est l'acte fondateur de tout état de droit. Il est donc normal de juger de la solidité des bases d'un pays par la fortitude de ses assises légales. À juste titre, les fondations du Canada ont des fissures notables, comme la non-signature de la constitution par la province du Québec ou l'impasse dans l'harmonisation des revendications des autochtones. D'ailleurs, les révélations récentes[1] faites par l'historien Frédéric Bastien à partir de documents déclassifiés par l'Angleterre remettent en question la légitimé de la Cour suprême du Canada quant à son indépendance réelle. Malgré tout cela, nous devons bien admettre que dans la pratique, le pouvoir judiciaire du Canada est en bonne santé. Nonobstant de sérieuses critiques à son endroit, le système de justice canadien est, dans les faits, fonctionnel.

 

Ensuite, l’économie, c’est-à-dire, la création de biens et services ainsi que les interactions commerciaux nécessaires pour la distribution de cette richesse, est le facteur principal pour évaluer la vigueur d’une nation. En ce sens, le Canada fait très bonne figure comparé aux autres puisqu’il a connu de 1993 à 2008 une croissance annuelle moyenne de son produit intérieur brut (PIB) de 3%, soit le meilleur rendement économique des pays du G8 durant cette période (USA, Japon, Allemagne, France, Royaume-Uni, Italie, Canada et Russie). Qui plus est, le Canada est le pays qui maîtrise le mieux la croissance de sa dette ainsi que le niveau de son inflation. Il accuse toutefois un certain retard, car le ratio de sa dette brute par rapport au PIB en 2011 s’élève à environ 85%, ce qui reste assez élevé.

 

Évidemment, la dépendance économique du Canada envers les États-Unis d’Amériques (USA) est notable puisque 75 % des exportations du Canada vont chez leur voisin du sud tandis que 50% des importations viennent d’eux. Par contre, bien que l’économie du Canada soit tributaire de celle des USA, la diversité de ses sources de revenues (matières premières, énergie, agriculture, haute technologie, services, etc.) lui confère une force et une capacité d’adaptation enviable. Nombreux sont ceux qui attribue à la diversification de son économie le fait que le Canada s’est très bien tiré de la crise économique de 2008. De cette manière, le Canada gagne en rapport de force, car pendant que les autres pays du G8 s’enlisent dans leur crise financière et budgétaire, celui-ci continue à faire son petit bout de chemin, progressant tranquillement, mais sûrement.

 

La population du Canada est de l’ordre de 35 millions en date de 2012 avec un taux d'accroissement démographique de l’ordre de 5,9% entre 2006 et 2011, ce qui est plus élevé que les USA (4,4), Royaume-Uni (3,5), Italie (3,2), France (3,2), Japon (0,0), Russie (0,1) et Allemagne (-0,8). La puissance relative d'un pays est nécessairement lié à sa richesse économique, à son niveau technologique et au poids de sa population. Il est donc de bonne augure que le Canada ait une croissance démographique plus élevé que ses compétiteurs.

 

Au plan historique maintenant, il faut savoir que le Canada fut au départ un dominion de l'empire Britannique et qu'il fut donc vassal jusqu'à la chute de l'influence anglais à la fin de la deuxième guerre mondiale. Les USA ont alors remplacé l'Angleterre quant à l'Empire dominant et ceux-ci ont eu une influence considérable quant au développement industrielle du Canada, entre autres.

 

Dans son ouvrage «Le Grand Échiquier»[2], Zbigniew Brzeziński, ancien conseiller à la sécurité nationale du président Carter, élabore une grande stratégie de contrôle planétaire pour l'Empire des États-Unis d'Amérique. Avec une candeur machiavélique, il décortique l'ensemble des confrontations géopolitiques à venir (21ème siècle) et analyse les meilleures options pour établir une domination durable. Dans son ouvrage de référence, professeur Brzezinski parle du Canada comme d'un pays respecté pour l'utilisation constructive de sa richesse et de son pouvoir souverain, mais dont aucun ne s'effraie ou ne se préoccupe vraiment.

 

C'est donc dire que bien que le Canada fait partie du groupe des pays les plus industrialisés du globe et qu'il fait bonne figure quant aux points discutés précédemment, son influence diplomatique et militaire reste faible.  La force et la capacité militaire dicte toujours le fait d'être réellement respecté ou non. Dès lors, les derniers soubresauts de la politique étrangère du présent gouvernement du Canada ne reflète-t-il pas une certaine frustration en ce sens ?  Qu'en pensez-vous ?

 
Bugs Bunny
 

[1]Chouinard, Tommy. «Rapatriement de 1982: Québec demande à Ottawa d'ouvrir ses livres», la Presse, 9 avril 2013, [http://www.lapresse.ca/actualites/quebec-canada/politique-quebecoise/201304/09/01-4639093-rapatriement-de-1982-quebec-demande-a-ottawa-douvrir-ses-livres.php], page consultée le 10 avril 2013.

 

[2] Brzezinski, Zbigniew. «The Grand Chessboard; American Primacy and it's Geostrategic Imperatives», Basic Book Edition, 1997, p.185

Commentaires

  • Des considérations qui méritent lecture et réflexions. Les États de droit sont aussi des ensembles complexes.
    L'examen s'impose.
    Porf

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