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Audray T.-Décentralisation à Montréal

La décentralisation pour un renforcement de la démocratie locale. Est-ce vraiment le cas à Montréal?

La décentralisation d’accord, mais l’on doit en parallèle sociabiliser la ville. Voilà notre point de vue. Dans le cas contraire, on assiste à la situation actuelle de Montréal; l’accroissement d’un pouvoir social pour une certaine classe politique. En effet, la décentralisation des pouvoirs et des réseaux de gestion comporte le risque de faire place à une moins grande surveillance des services et des activités de la ville et ainsi provoquer l’infiltration d’un système de « clientélisme » ou de collusion comme celui montré du doigt au Québec et à Montréal. L’arbitrage du pouvoir central étant éloigné, les acteurs locaux les plus puissants et influents prennent une place plus qu’importante. Le choix de centraliser ou décentraliser est un art exercé par les administrateurs puisque leur action dans ce sens possède un caractère normatif puissant sur la meilleure pratique. Nous ne disons pas ici que nous sommes contre la décentralisation, seulement celle-ci doit être conjointement appliquée à de grands principes démocratiques et à une forte volonté politique afin de rendre citoyens les habitants de la ville.

Théoriquement, et nous supposons dans plusieurs cas pratiques, la décentralisation est un moyen efficace et pertinent afin d’élargir les pouvoirs de l’administration publique tout en la rendant plus efficace. Mais la décentralisation ne doit pas signifier un retrait de cette administration ni un moins grand contrôle. Et c’est, malheureusement, ce dont nous accusons les administrateurs de Montréal. Les mécanismes de coordination, de surveillance et de cohérence administrative ne semblent pas avoir été assez puissants pour garder le paquebot à la surface. Comme nous avons pu le lire, l’ancien vice-maire de Barcelone à la décentralisation, Jordi Borja, explique qu’il doit toujours exister une certaine dialectique de centralisation dans la décentralisation. Dans la décentralisation barcelonaise, on a créé en parallèle, une visibilité accrue et une présence importante de l’institution centrale et du législatif afin de renforcer sa crédibilité. Cela semble avoir fonctionné. Que vous soyez d’accord ou pas cher lecteur, je crois que nous ne pouvons pas dire que l’unité et la solidarité soient des valeurs utilisées pour décrire la gestion montréalaise, pourtant décrite par M. Borja comme essentielle à renforcer en période de décentralisation. Le maire Tremblay était à l’opposer des principes mit en place et appliqués par la ville de Barcelone. Celui-ci était plutôt discret, très peu transparent et enclin à faire la lumière sur les parties sombres de son administration oὐ le clientélisme était plus que présent. Même qualifier de mou et de peu crédible, le maire Tremblay a nui à l’efficacité et à la démocratie dans le système de gestion décentralisé de Montréal. Aujourd’hui, la coalition sous la nouveau maire Appelbaum semble peut-être vouloir aller un peu plus dans cette direction, du moins selon certains propos tenus par M. Richard Bergeron ces dernières semaines.

Malgré cela, le problème à Montréal par rapport à la décentralisation reste le manque de volonté politique claire et imposante qui est une des conditions de base pour un bon fonctionnement démocratique dans une administration publique décentralisée. D’autant plus, qu’il est important de voir la décentralisation comme un moyen de donner plus de pouvoir aux citoyens afin de mieux les servir et non comme une manière de donner plus de pouvoir aux élus, ce qui a notre avis a été le cas. Considérant que Montréal est géré par plus de 100 élus dont certains ont un pouvoir politique assez influent.

Dans ce sens, une erreur commise est qu’aucun arrondissement, qui bénéficie aujourd’hui d’importants pouvoirs, ne s’est vu obligé de mettre sur pied des séances de consultation publique ou des mécanismes de participation citoyenne. Il devient alors difficile de développer vision commune essentielle à n’importe quel organe ou système de gestion. Une grande démocratie, une grande visibilité, une solidarité et une juste crédibilité identifiée plus haut comme étant des bases à la décentralisation d’une administration doivent être aussi la base de la vision de la gestion montréalaise décentralisée. La “non-obligation” de la mise en place de mécanismes de participation citoyenne dans tous les arrondissements vient créer des inégalités au niveau des services offerts et de la culture citoyenne essentielle à Montréal. En plus de laisser aller des inégalités et des failles importantes dues au déséquilibre des forces financières sur les différents territoires que sont les arrondissements. Les richesses ne sont pas bien réparties et transforment le territoire de Montréal en une drôle de carte démographique qui ne fait en rien améliorer son image et sa force politique. Avec l’exode important des familles vers les extrémités de l’île, la mort des quartiers industriels et ouvriers tout comme l’embourgeoisement visible des quartiers centraux, la ville doit uniformiser ses méthodes et défendre ses forces, la première étant le citoyen. Afin de créer un Montréal uni et fier, afin d’abolir rapidement les barrières, et les frontières invisibles qui paradoxalement ou pas… créer par la décentralisation, appauvrisse la culture locale et communautaire de Montréal, qui nuisent à l’éducation et la création du sentiment citoyen et ainsi font place à une élite administrative plus ou moins légitime au sein du pouvoir central tout comme dans les services de proximité. Et surtout étrangère aux Montréalais. La décentralisation doit être appliquée de manière dynamique et efficace afin de permettre une vraie place significative aux citoyens impliqués dans leurs réseaux politiques locaux et aux organismes qui œuvre en partenariat avec la ville et pour la ville et les communautés.

Toutefois, un avantage important à souligner de la décentralisation actuelle de Montréal est que les élus ne peuvent plus mettre la faute sur la ville centre et s’abstraire de la solution. Ils sont de plus en plus redevables à leurs électeurs et en cela la démocratie s’exerce réellement.

Décentraliser démocratiquement c’est se permettre d’aller rejoindre le plus de gens possibles et d’avoir un impact sur le plus de problématique municipale et citoyenne. À ce jour, la décentralisation doit se recentrer afin de rallier les montréalais à sa cause, à celle du bien commun de la métropole. En plus de se redonner un poids politique important face au gouvernement national.

De plus, un autre échec ou mauvaise gestion de la décentralisation montréalaise s’illustre dans ce qui a trait à la reconnaissance et le soutien essentiel que la ville doit porter aux organismes communautaires et aux autres employés sollicités par la décentralisation. Cette bonne relation doit nécessairement passer par une rémunération ou des subventions justes et un apport en ressources humaines suffisantes. Sinon, collusion, corruption et fuite des experts vers le milieu privé. C’est ce que la ville subit depuis quelques années. Un partenariat équitable, reconnu respecter et juste est garant de démocratie et de saine gestion. Les instances parapubliques et les partenaires de la ville ont l’impression parfois de n’être qu’un moyen d’offrir des services à moindre coût pour la ville et seulement cela. Le respect entre gestionnaires et employés dans les relations entre la ville et le milieu communautaire, économique ou corporatiste dans plusieurs domaines administratifs éloigner du pouvoir central est en effet, souvent difficile. Les relations entre les administrateurs de la ville et les employés des différents organismes identifiés par la ville comme étant leur prolongement dans un secteur donné manquent de transparence. Cela, créer des tensions importantes au sein de la gestion de l’ensemble qu’est Montréal. L’intégration et la reconnaissance des différents acteurs municipaux au giron de la ville de Montréal sont faibles et ne concordent pas avec une importante volonté politique qui doit supporter une décentralisation dans la démocratie. Si des pouvoirs et des services sont relayés au niveau de ces acteurs, ceux-ci doivent être grandement soutenues et reconnues par la ville pour ainsi former un certain tout cohérent malgré la décentralisation.

Enfin, nous voudrions dire que la démocratie est peut-être dispendieuse, mais elle est vertueuse et porteuse d’espoir et de grands projets. Le clientélisme est tout autant dispendieux, en plus d’être vicieux et de créer la débauche d’une ville, d’une communauté qui sans la savoir souvent, base une partie de son bonheur et de son accomplissement personnel sur le bien-être de celle-ci.

Et pour clore, nous croyions qu’avant de parler de réduire le nombre de voitures à Montréal, de parler d’agriculture urbaine ou de tout autre sujet d’urbanisme à la mode dans la politique municipale, il faut redonner à Montréal des citoyens, des gens qui y vivent et s’y identifie, qui y sont attachés et qui se sentent concerné par son sort. Des citoyens qui ne font pas que trouver Montréal laide, sale et violente. Car ce n’est en fait pas la situation réelle. Mais les gens, beaucoup de gens, des Québécois “de souche”, souvent pas nés à Montréal, mais qui y immigrent en nombre très important, le croient. Les administrateurs publics doivent changer cette image et donner le goût et l’espace aux gens pour vivre Montréal et consacrer un peu de leur temps à leur communauté, à leur ville. Celle-ci ne pourra que bénéficier de cette plus grande attention et rayonner plus facilement. 

A.Tetreault

Commentaires

  • Centralisarion et décentralisation doivent toujours faire l'objet d'un examen parmanent pour s'assurer de l'efficacité des programmes et services.
    Prof

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