Notre État national tel qu'on le connait, disparait-il face à la mondialisation
A.S.Tsissi
L’état national tel qu’on le connaissait se présentait comme un état souverain et homogène ayant tout un contrôle sur ses frontières et ses institutions. L’état avait donc l’exclusivité sur ses politiques internes et externes, sur la gestion de ses ressources naturelles ainsi que sur le flux de mobilité des marchandises et des capitaux (capitaux incluant bien aussi le capital humain).Face à la mondialisation, on assiste à une ouverture totale des frontières dévalorisant ainsi les territoires nationaux. La libre circulation des personnes et des minorités à travers l'immigration entraîne un certain métissage et crée donc une nouvelle société hétérogène multiculturelle avec des accommodements allant même remettre en cause certaines valeurs de l’État nation.
Sur le plan économique l'assouplissement et la révision des barrières tarifaires désormais négociées à l’échelle mondiale entraînent une rude concurrence des entreprises nationales. Il s'en suit tout un défi à l’état national qui se voit très concurrencé dans ses politiques de développement économiques interne et même dans sa gestion de politique monétaire. Le contrôle des échanges devenant de plus en plus énormes et touchant à tous les biens ,ceci entraîne un mouvement complexe de la monnaie locale et une orientation assez difficile à prédire du taux de change. On comprend ainsi face à la mondialisation pourquoi certains états auraient opté pour une monnaie unique en vue de faciliter les échanges( exemple la zone Euro et les pays de la zone Cfa).Par ailleurs l’État national est aussi confronté au fait qu'il n'est plus seul responsable de l’évolution du processus de mondialisation. Les accords qui autrefois se négociaient entre états souverains(exemple les accords de Bretton Woods, GATT) se présentent aujourd'hui comme accords entre différents organismes internationaux, entre des collectivités, des multinationales, des partenaires et même des ONG (Organisme Non Gouvernemental).La mondialisation amène donc l’état national à entretenir des relations d’interdépendance avec le reste du monde afin de pouvoir garantir et en tirer le maximum d'avantage pour ses citoyens ,surtout qu'a défaut de s'y faire il en sera grandement lésé.
Cependant soulignons le ,loin de disparaître l’État nation doit tenir compte de tous les enjeux impliquant les facettes de sa société afin d'assurer sa survie. Ajoutons aussi que la mondialisation a permis la mise en place et la ratifications d'accords entre les états et des organisations engageant ainsi l’état national face aux autres états exemple de la ratification des droits de l'homme, de liberté d'expression et de la non violence signé par plusieurs états et organismes comme l'OMC, l’ALENA et la CEDEAO. L'existence de ces organismes et accords permet ainsi aux états de se faire entendre quand il y a violation de lois. L'application de sanctions disciplinaires oblige ainsi les grandes nations ou puissances à revoir leur comportement face aux petites nations affaiblissant ainsi la loi du plus fort qui avait toujours prévalue. La mondialisation dans ce cas ci devient une plate-forme qui permet aux petites nations de se faire entendre et avoir droit à une certaine justice ,ce qui tend donc à faire disparaître un état nation au profit d'un état mondial.
Force est quant même de mentionner ici qu'un état mondial ne saura garantir à tous les citoyens leurs identités culturelles et le choix de société qu'ils souhaitent. Les états nations sans pour autant disparaître, servirons de repères et d'orientation au processus de mondialisation.
A.S.Tsissi
Références
Secrets d’États ?MICHAUD, N. et coll. (2011). , chap.27, p.634-646
Secrets d’États ?MICHAUD, N. et coll. (2011). , chap.28, p.657-672
Secrets d’États ?MICHAUD, N. et coll. (2011). , chap.31, p.723-744
L’état Démocratique,fondement et défis , Louis Côté(pages 121-126)
Les enjeux de la mondialisation,Christian CHAVAGNEUX, Michel RAINELLI, Dominique PLIHON, Françoise MILEWSKI, Jean PISANI-FERRY, Jean-Pierre WARNIER
http://www.melchior.fr/Politique-monetaire
Commentaires
Voilà un enjeu bien d'actualité. Voilà un plaisir anticipé de vous lire et...corriger !
Bonsoir,
Votre angle d’analyse et fort intéressant. En effet, la mondialisation, en plus de modifier profondément les façons de faire, a aussi favorisé la multiplication d’acteurs sur la scène internationale. Tous poursuivent des intérêts différents et viennent concurrencer l’État dans son rôle traditionnel. En effet, ce dernier est devenu aujourd’hui, un acteur parmi tant d’autres. Ainsi, les acteurs transnationaux le concurrencent et lui imposent de nouvelles priorités. Il n’est plus au centre des négociations en matière économique, et d’un point de vue stratégique, il est contraint à s’adapter à la nouvelle réalité de la coopération inter-étatique. D’un point de vue sociétal, B. Badie dira qu’à l’heure de la mondialisation, la société civile prend sa revanche sur l’État qui n’arrive plus à représenter adéquatement les intérêts des citoyens.
Cependant, si on s’attarde un peu plus longuement sur le rôle de l’État-nation d’un point de vue économique, on constate que dans un contexte de mondialisation, au-delà de l’ouverture des frontières et de la coopération économique entre États, les acteurs non-étatiques ont grandement contribué au déclin de l’État-nation. «Les États n’ont plus la maîtrise de leurs politique économique». L’évolution de l’économie mondiale, la montée en puissance des entreprises multinationales, bref, de manière plus générale, l’activité transnationale des firmes a un effet déstabilisateur sur les économies nationales et par extension, sur les États.
Néanmoins, tel que souligné dans vos propos, et comme l’affirme Zaki Laidi, en période d’insécurité, rien ne remplace l’État. Il demeure la bouée de sauvetage de tous les secteurs d’activités.
Selma Z.
RÉFÉRENCES
Cohen Samy (2003). Introduction - Le troisième échiquier, La résistance des États, Paris, Seuil, p. 9 à 29. ISBN : 2-02-039610-6
Laidi Zaki (2004). L'État est-il l'idiot utile du village global ? La grande perturbation, Paris,
Flammarion, 473 p., p.215 à 272. ISBN : 2-08-210297-1