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Blog #1 : Combat entre la rue et l’État, quel sera le compromis au sommet..

 Geneviève P.

Nous pouvons voir en gros titres dans le Devoir, la Presse et le Journal de Montréal, la tension qu’engendre l’approche du Sommet sur l’enseignement supérieur pour chacune des parties impliquées. Les journaux rapportent leurs points de vue, ainsi que leurs prédictions et leurs visions de la situation actuelle.

 

Rappelons-nous le printemps érable, le bruit des militants dans la rue qui voulaient faire valoir leurs droits. Hé oui, la rue a gagné … le premier ministre Charest a perdu les élections, la hausse proposée par le gouvernement libéral a été annulée et les bonifications à l’aide financière maintenues.  Mais nous devons nous rappeler la situation dans laquelle les carrés rouges l’ont emporté. Ce qui était proposé par monsieur Charest était largement dénoncé, et ce même si la majorité des gens étaient en accord avec une hausse des droits de scolarité.

Pourtant selon ce que nous pouvons lire dans la Presse, l’ASSÉ<!--[if !supportFootnotes]-->[1]<!--[endif]-->, avec son nouveau porte-parole, monsieur Jérémie Bédard-Wien (JBW), est repartie de plus belle pour atteindre la gratuité scolaire. Cet objectif étant moins appuyé par l’ensemble de la population et la situation étant moins favorable, plusieurs pensent qu’ils ne pourront pas retourner dans les rues. Par ailleurs, puisque la gratuité scolaire n’est pas véritablement à l’ordre du jour du Sommet, l’ASSÉ a refusé d’y participer. Comme le mentionne monsieur Marissal dans la Presse, «au sein du gouvernement, on estime qu’il est normal que certains groupes confondent sommet et supermarché, où on débarque avec une longue liste»<!--[if !supportFootnotes]-->[2]<!--[endif]-->. En effet, le sommet n’est pas là pour faire plaisir à tous, mais plutôt pour trouver une ou des solutions pour le système d’éducation québécois, visiblement mal en point.  Nous devons penser à l’avenir de celui-ci et non seulement à nos propres souhaits immédiats.  L’absence de l’ASSÉ ne déplait toutefois pas d’un point de vue politique à madame Pauline Marois, car la discussion y sera plus simple. De plus, il est rapporté que madame Martine Desjardins, présidente de la FEUQ<!--[if !supportFootnotes]-->[3]<!--[endif]-->, envisage de se présenter en politique sous la bannière du PQ, comme son ancien comparse Léo Bureau-Blouin : gageons que la discussion sera teintée de bleu.

Tout semble indiquer que monsieur Pierre Duchesne, ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche, de la Science et de la Technologie, proposera certains types d’indexation des frais de scolarité, dont une possiblement de 40$ à 50$ par année universitaire. Certaines études rapportent d’ailleurs que la population serait favorable à l’indexation, plus précisément 68 %<!--[if !supportFootnotes]-->[4]<!--[endif]--> de celle-ci. Il reste à voir comment se passeront les échanges entre les recteurs et le ministre Duchesne, car celui-ci a mentionné, lors d’une entrevue au Devoir, qu’il était en désaccord avec la campagne qui a été faite par 4 recteurs d’université pour contrer les visées du gouvernement. Par exemple, tous se rappellent les propos de madame Heather Munroe-Blum lors d’une entrevue au Devoir, à l’effet que le sommet, «c’est une farce». Il est évident que madame n’a pas fait preuve de solidarité à l’égard de ses autres collègues en faisant cavalier seule et en faisant cet affront au gouvernement. Peut-être que le fait qu’elle quittera ses fonctions d’ici l’été prochain y est pour quelque chose … Madame Samoisette, présidente de la CREPUQ<!--[if !supportFootnotes]-->[5]<!--[endif]-->, a même pris la peine de mentionner aux médias que l’ensemble des recteurs ont maintenant une vision et une position communes : ils s’entendent pour accepter «un organisme indépendant de réflexion et d’analyse du réseau, mais non un mécanisme de contrôle de leurs dépenses.»<!--[if !supportFootnotes]-->[6]<!--[endif]--> Il est certain qu’ils ne laisseront pas le gouvernement leur imposer n’importe quelles conditions sans tenter de maintenir leur niveau de financement ainsi que leur indépendance administrative.

Même monsieur Parizeau, l’ancien chef péquiste et premier ministre, a pris position sur cette grande question. Il redonne de la crédibilité à la gratuité scolaire, mais mentionne que nous n’aurons pas d’autre choix que de redéfinir les universités et de voir même à imposer des examens d’entrée. Pour sa part, le parti libéral ne veut pas se mouiller immédiatement, et mentionne qu’il fournira sa position peu avant le sommet ; cependant, la cohérence dans leurs propos actuellement fait défaut. En ce qui concerne la CAQ, ils proposent une autre alternative, soit celle de deux classes d’université.

Bref, comme nous le constatons, tous se présentent au sommet avec des alignements et des objectifs spécifiques, et chacun pour sa bourse. Mais comme je le mentionnais plus haut, le sommet n’est pas là pour faire plaisir à tous, mais de répondre à un besoin de société. À voir si cela sera possible…

Tous y seront donc présents à part une exception (ASSÉ). Peut-être que pour eux, il apparait préférable de manifester sans négocier, espérant retrouver le rapport de force du printemps dernier. Nous pouvons nous questionner à savoir pourquoi aucun membre de l’ASSÉ n’étudie dans des domaines comme la médecine, la dentisterie, l’ingénierie, le droit, et quant à ce que cela indique des réelles motivations de chacun … Si cette association se réclame des leaders étudiants qui ont construit le mouvement étudiant du Québec durant les années 70, il n’est pas clair qu’elle est prête à assumer tous les aspects des anciennes positions, par exemple, l’échange de la gratuité scolaire contre un service civil des étudiants … L’ASSÉ revendique le gel des frais ainsi qu’une évolution vers la gratuité, mais le gouvernement en paiera le prix, donc la population aussi. Si nous nous fions à la loi de Wagner<!--[if !supportFootnotes]-->[7]<!--[endif]-->, selon laquelle les dépenses publiques ne font qu’augmenter,  il est impensable que nous n’en payions pas le prix plus tard. L’ASSÉ semble pourtant déterminée à poursuivre cette direction …

La seule possibilité que nous aurions pour permettre la scolarité gratuite serait de suivre un autre système, qui serait de type plus élitiste, par exemple comme dans le système éducatif finlandais, où les études supérieures sont entièrement financées par l’État, mais où une sélection importante a lieu à l’admission : le gouvernement paie les études, mais pas nécessairement celles préférées par l’étudiant. Un tel fonctionnement irait probablement à l’encontre de certains points de vue, valeurs, de la population québécoise, et l’État doit toujours tenir compte des valeurs de la population, car la gouvernance repose sur un certain consensus social<!--[if !supportFootnotes]-->[8]<!--[endif]-->. De plus, puisque les universités sont des établissements publics, ils doivent avoir une mission publique. Il faut donc décider quelle direction nous voulons prendre pour notre État … Quant à moi, je pense que nous sommes suffisamment taxés et imposés dans notre société. L’atteinte de la gratuité scolaire semble difficile en raison de l’état de l’économie du Québec. Pour contribuer au financement de l’éducation supérieure, nous pourrions penser à un retour d’ascenseur de la part des étudiants finissants, selon le coût de leur programme d’étude et du revenu qu’ils auront, par la suite, pendant une durée prédéfinie, ce qui permettrait entre autres de rembourser des programmes coûteux pour l’État (par exemple les études en médecine, en dentisterie etc). Certains diront qu’ils paieront plus d’impôt, mais l’impôt est déjà un système accepté et défini dans notre société. Cette façon de procéder permettrait à tous de fréquenter l’école, quelle que soit la couche de la société d’où ils proviennent, ce qui est une valeur dans notre société québécoise.

En ce qui concerne notre première ministre, il est normal qu’elle soit préoccupée des événements à venir, elle qui dirige un gouvernement minoritaire. Par contre si nous croyons à la démocratie parlementaire, le risque d’agitation populaire de type anarchique du printemps dernier ne devrait pas être déterminant, non ? Cependant, lors du printemps érable, la rue a acquis une certaine légitimité ; le souhait de madame Pauline Marois de se positionner différemment de ses adversaires politiques fait qu’elle sera peut-être prête à beaucoup pour éviter le désordre qui l’obligerait à faire usage de la force policière. De plus, le recours à la police, advenant une reprise importante et durable des manifestations, engendrerait encore énormément de coûts pour l’État ; il a été rapporté dans une compilation qui a été déposée en commission parlementaire par le ministre de la Sécurité Publique lors de l’étude des crédits budgétaires du ministre, qu’à elle seule, la SQ a fait 91 334 heures de temps supplémentaires en lien avec les manifestations du printemps dernier : cela équivaut à environ 5 fois plus que pour des opérations de sécurité routière. La question se pose de ce que nous aurions pu faire d’autre avec tout cet argent …

Plusieurs reprochent à la première ministre du Québec de revenir sur ses promesses passées, mais il est certain que nous ne pouvons lui reprocher de vouloir améliorer le sort du Québec, donc celui des Québécois. Le sommet de l’éducation en est un exemple pour trouver des solutions et non pour créer des problèmes. Le questionnement est comment trouver ce que nous voulons pour notre avenir en tant qu’État de droit…

 

 Geneviève P.

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<!--[if !supportFootnotes]-->[1]<!--[endif]--> ASSÉ : Association pour une solidarité syndicale étudiante

<!--[if !supportFootnotes]-->[2]<!--[endif]--> La presse, Montréal, samedi le 16 février 2013, cahier A, p.5

<!--[if !supportFootnotes]-->[3]<!--[endif]--> FEUQ : Fédération étudiante Universitaire du Québec

<!--[if !supportFootnotes]-->[4]<!--[endif]--> Le Devoir, Montréal, samedi le 16 février 2013, cahier B, p.1

<!--[if !supportFootnotes]-->[5]<!--[endif]--> CREPUQ : Conférence des Recteurs et des Principaux des universités du Québec.

<!--[if !supportFootnotes]-->[6]<!--[endif]--> Le Devoir, Montréal samedi le 16 février 2013, cahier A, p.4

<!--[if !supportFootnotes]-->[7]<!--[endif]--> Gaudemet (p15-115)

<!--[if !supportFootnotes]-->[8]<!--[endif]--> Tremblay(p3-22)

Commentaires

  • Un sujet chaud qui nous permet d'examiner des principes qui fondent l'État de droit et leurs application...

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