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Blogue #2 Dave S.- À quand la valorisation de l'administration publique?

À quand la valorisation de l'administration publique?

Par les temps qui courent, l'administration publique en prend pour son rhume. Jour après jour de nouvelles révélations faites au cours des audiences de la Commission Charbonneau ternissent l'image de cette administration. Tout cela n'aide en rien pour améliorer l'appréciation des citoyens à son égard, bien au contraire. Souvent, les fonctionnaires sont la risée du peuple. On suggère, « ils ne font rien ou peu, qu'ils ont des conditions de travail exagérées ». La pensée populaire entretient une image peu enviable de l'employé de l'état. Pourtant, les salaires octroyés au secteur public sont souvent inférieurs aux salaires accordés au secteur privé pour une même catégorie d'emploi.

Il faut aussi dire que la couverture médiatique a tendance à montrer le côté sombre de l'administration publique. En effet, la presse, en général, publie qu’exceptionnellement des articles, des éditoriaux, des lettres ouvertes ou autres gratifiant la fonction publique ou ses fonctionnaires. Nous assistons plutôt à son dénigrement. Vous conviendrez que des histoires à la «monsieur TPS» et «monsieur 3%» sont beaucoup plus propices à la vente de copie pour les magnats de la presse et la hausse des côtes d'écoute pour les médias électroniques. Pourtant, quotidiennement, des fonctionnaires posent des gestes fantastiques sans que ceux-ci soient publicisés. Le niveau de sensationnalisme de ces gestes est moindre qu'une révélation choc.  

À mon avis, cette opinion négative découle en partie de l'incompréhension ou de la méconnaissance des deux principes fondamentaux d'un État de droit du modèle de Westminster. En effet, je crois que plusieurs citoyens ignorent qu'il y a une séparation entre l'administration et le politique. Tout comme qu'il y a une distinction entre le législatif et la bureaucratie. Pas surprenant dans ce contexte, que les contribuables aient à faible estime l'administration publique. Pourtant, les fonctionnaires ne font qu'appliquer les décisions prises par les politiciens. Par surcroît, toutes leurs actions doivent être approuvées et sont régies par de multiples normes, règles et procédures. Pas étonnant que tout cela semble bien compliqué pour le commun des mortels! Qui croyez-vous subira les conséquences et les insatisfactions face aux coupures effectuées dernièrement par le Gouvernement? Malgré toutes ces contraintes, la majorité des employés du domaine public travaille avec vigueur afin d'offrir des services de qualité.

Devant cette réalité et afin de maintenir un niveau de qualité des services, le gestionnaire du secteur public doit faire preuve d'originalité et d'innovation afin de mobiliser ses effectifs pour satisfaire sa clientèle. Clientèle, disons-le, de plus en plus exigeante désirant obtenir des services répondant à leur mode de vie. Il devient de plus en plus difficile pour les gestionnaires des organisations publiques de gérer les ressources humaines. Dans un contexte où les pressions des utilisateurs, des contribuables et de la société en générale sur l'administration des services publics quant à la qualité du service et les coûts reliés à ceux-ci sont omniprésentes. Cette difficulté s'accentue dans l'application des puissantes et généreuses conventions collectives parfois contraignantes pour les employeurs.  Les gestionnaires et les fonctionnaires sont confrontés, bien malgré eux, quotidiennement à l'insatisfaction des usagers souvent mal informés. S'ajoute à tout cela, le départ à la retraite des «baby-boomer» et l'arrivée sur le marché du travail de la génération «Y». Les gestionnaires doivent revoir leurs modes de gestion et assurer le transfert de connaissance entre deux générations qui ne voient pas la vie sous le même angle. En quelques sortes, on passe de la dactylo aux textos dans un monde où les communications sont instantanées et impersonnelles. C'est dans cet environnement que doit composer les gestionnaires et les employés des services publics. Je crois que nous pouvons dire que dans ce contexte, que la réussite d'un gestionnaire de service public passe indéniablement dans l'art de la gestion et la gratification de l'administration publique.

Les dirigeants doivent dans leur gestion faire preuve d'innovation, de capacités managériales et d'adaptation pour atteindre les objectifs organisationnels. Pour y parvenir, une modernisation de la gestion des ressources humaines s'impose comme un levier de choix. Cette modernisation implique la satisfaction, la reconnaissance et l'implication des différents acteurs dans leur milieu de travail. Ces trois éléments susciteront sans aucun doute de l'adhésion et de la mobilisation, si précieuses dans le succès d'une organisation. Cette implication sous entend une imputabilité souvent laissée pour contre dans le passé malgré notre appartenance à un état de droit. En effet, le gestionnaire moderne devra transmettre cette notion à ses subalternes afin de contrer le laisser aller et le je m'en «foutisme» parfois présent dans la fonction publique. 

La modernisation de la gestion des ressources humaines, sans des systèmes de valorisation des emplois occupés dans la fonction publique, est vouée à l'échec. Les employés de la fonction publique  comme tous les employés des autres secteurs d'activités ne font pas fi à la théorie de Maslow et désirent combler certains besoins en fonction de leurs aspirations. L'appréciation du travail effectué et la reconnaissance de celui-ci en font sûrement partis. Ceci dit, à quand les campagnes de publicité valorisant le travail effectué par les fonctionnaires? Certes, il y  a en eu quelques-unes lors des négociations de conventions collectives publiées par les centrales syndicales mais sans plus. Ne serait-il pas temps que les gouvernements de concert avec les mouvements syndicaux s'associent afin de promouvoir les différents emplois de la fonction publique? Il est grand temps d'informer les utilisateurs des services publics sur les règles, les normes et procédures que doivent respecter les fonctionnaires dans l'exercice de leur fonction et les raisons de celles-ci? Une simple explication des procédures pourrait sans doute apaiser des tensions et des incompréhensions. La fonction publique ne mérite-t-elle pas un meilleur jugement pour les services qu'elle rend à la population?

Nous pouvons changer les choses. Si vous partagez ma position, faites comme moi, criez haut et fort votre satisfaction du travail accompli par les employés au service des citoyens. Pour vous convaincre, pensez aux infirmières, aux préposés de toutes sortes, aux professeurs, aux secrétaires, aux techniciens en administration, etc. À nous d'en faire la promotion!

Toutefois, il est illusoire de croire à un changement drastique de l'opinion du public. Celle-ci ne changera pas du jour au lendemain. Il s'agit d'une croisade de longue haleine. Les artisans et les gestionnaires de l'administration publique devront usés de stratagèmes afin de continuer d'offrir un service à la hauteur des attentes de la population qu'ils desservent.  Au jour le jour, plusieurs gestionnaires font preuves d'ingéniosité dans l'art de gérer leur personnel, car ne l'oublions pas, la gestion des ressources humaines en administration publique est un art en soi que l'on doit sans cesse cultiver!

Commentaires

  • Nous voilà avec un bon blog de Dave à lire et triturer.
    Déjà l'effort mérite d'être soulkigné. En administration publque trop peu de personne prennent la parole publique sur
    des sujets qui touche toute la collectivité.
    Un même commentaire ...non moins méritaoire Dave.
    Prof

  • Il est vrai qu’au Québec, le fonctionnaire n’est généralement pas regardé avec estime. Je n’apporte rien de nouveau à la discussion. Comme vous l’avez souligné, l’image qu’on en a communément est celle d’un travailleur paresseux, profitant des primes sociales qui lui sont accordées. Pourtant, dans les faits, les fonctionnaires sont appelés à dépenser beaucoup d’eux-mêmes afin de faire rouler la roue sociétale, si l’on ne fait que penser aux infirmières, aux enseignantes, aux policiers, etc. C’est donc dire que le col blanc bureaucrate est cité comme fonctionnaire de façon exclusive, ce qui parle d’une certaine ignorance face à la réalité de l’administration publique.
    Or, sans doute un tel désenchantement vis-à-vis de l’appareil étatique participe-t-il d’un cynisme montant chez la population envers la politique. Une telle conséquence ne peut être négligée quand le fondement même de l’État dans lequel on se trouve est la participation populaire et la négociation de l’opinion publique – la démocratie. Si le public est cynique face aux travailleurs de l’État, celui-ci est susceptible de ne pas chercher à s’impliquer dans la gestion de son pays et le cercle vicieux s’amorce. Ceci n’est qu’un scénario parmi d’autres, mais il est très probable.
    De ce fait, je suis d’accord avec votre suggestion d’élaborer des campagnes de promotion de l’administration publique. L’opinion publique étant à la base du fonctionnement de la démocratie, le changement ne peut réellement se faire que s’il passe par son filtre.

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