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Blog #2 Philippe Hausser Corruption: mythe ou réalité?

Tout récemment, l’organisme Transparency International établissait le Canada comme le 9e pays le moins corrompu au monde. Une amélioration par rapport à l’année précédente, où le pays occupait le 10e rang. En me renseignant davantage sur cet organisme, et nos positions antérieures, je constate que le Canada fait toujours partie du peloton de tête des pays les moins corrompus. Même le fameux, et très médiatisé, scandale des commandites ne nous avait pas fait chuter en dehors du top 15. Cette année, dans la foulée de la commission Charbonneau, les révélations sur SNC-Lavalin ou les nombreux scandales dans les mairies québécoises, et celle de Toronto, nous avons quand même grimpé d’un rang.

 

Serions-nous bien moins corrompus que nous semblons l’être? Il est difficile de répondre à cette question, mais selon toute vraisemblance, il semble que notre impression générale face à la corruption soit quelque peu décalée. Pourtant, tous les médias, traditionnels et modernes, nous inondent, sur une base quasi quotidienne, des derniers développements dans une affaire connue ou d’un nouveau scandale, fraîchement déterré. Sous le coup de ces informations surmédiatisées, des actions citoyennes sont entreprises pour condamner ce fléau de la société avec, par exemple, une marche anticorruption dans les rues de Montréal. Nous n’avons jamais parlé autant de corruption à l’intérieur de nos frontières depuis des années. Toutefois, si l’on se fie à Transparency International, notre niveau de corruption semble être constant.

 

Serait-il possible que nous n’ayons que l’impression d’être une nation, province ou municipalité ultra corrompue? Est-il possible que nos sources d’informations surexposent des problèmes réels, au point de les rendre surdimensionnés? Nous pouvons avancer, sans trop de prétention, que les médias jouent désormais un rôle sans précédent pour forger l’opinion publique. Nous ne pouvons probablement plus passer une journée sans être exposé à une forme ou une autre de média. Ce faisant, nous sommes soumis à leur vision de la réalité, leurs opinions et leur version d’un événement. Et comme le peuple est sensé être à la base de la démocratie, les médias ont donc la possibilité d’engendrer les mouvements sociaux capables de renverser un gouvernement. C’est pour cela que les médias sont désormais considérés comme le 4e pouvoir politique, après l’exécutif, le judiciaire et le législatif. Les politiciens le savent et commencent à apprendre comment utiliser ce pouvoir à leur avantage. Des politiciens, comme Denis Coderre, sont devenus des experts dans l’utilisation des nouveaux médias sociaux pour faire parler d’eux, rallier des gens à leurs causes ou à faire passer des messages que les médias traditionnels ne transmettraient pas nécessairement.

 

Mais revenons au problème de base, c'est-à-dire s’il y a plus de corruption qu’avant ou s’il s’agit uniquement d’un phénomène médiatique. Considérant les résultats de l’organisme mentionné plus haut, la réponse semble simple. En effet, si nous maintenons une bonne position année après année, la réponse logique serait que les médias sont grandement responsables de notre impression que la corruption est omniprésente dans notre quotidien. Pour expliquer cela, il y a encore une vaste gamme de réponses possibles, de la recherche de cotes d’écoute à la volonté de révéler des tabous, en passant par l’envie d’utiliser le 4e pouvoir politique à sa pleine mesure. Une personne qui suit assidûment les médias issus du groupe Quebecor ne sera pas soumise aux mêmes influences qu’une personne écoutant Radio-Canada ou lisant le Devoir ou la Presse.

 

Et c’est là que nous, en tant que futurs administrateurs publics, nous devons tout de suite apprendre à prendre en considération ce 4e pouvoir. L’opinion publique a toujours été importante aux yeux des politiciens, car leur réélection en dépend. Mais comme nous avons pu le constater avec la corruption, tout est désormais scruté à la loupe, examiné, analysé et retransmis à la population, teinté au passage par le média lors de la retransmission. Ça fait des années que le maire de Laval est soupçonné de pratiques douteuses, mais c’est avec l’opinion publique surchargée d’informations que les choses ont finalement changé. Il n’était plus question de balayer tout ça sous le tapis, comme avant. Et à ce niveau, les médias jouent un rôle positif dans notre société. En épiant les moindres faits et gestes de nos élus, ils les forcent à constamment montrer patte blanche, et à s’entourer de personnes ayant une fiche de route vierge. Toutefois, en cherchant continuellement toutes les déviations possibles, les médias créent un climat d’incertitude et de paranoïa, une véritable chasse aux sorcières digne de l’époque du maccarthysme.

 

Les médias ont définitivement un rôle a joué dans notre société moderne. Il est désormais impossible de s’imaginer sans nos innombrables sources d’informations. Malheureusement, les médias l’ont compris et tentent désormais de pousser leurs propres agendas. Dans ce blogue, nous avons utilisé la corruption comme exemple de la surexposition et de la déformation d’une nouvelle, ainsi que des conséquences que cela entrainent.

Commentaires

  • Nous voilà avec un bon blog de Philippe à lire et triturer.
    Déjà l'effort mérite d'être souligné. En administration publique trop peu de personnes prennent la parole publique sur
    des sujets qui touchent toute la collectivité.
    Un même commentaire ...non moins méritoire Phillippe.

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