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#2-Jocelyn Pauzé - L'importance de la démocratie scolaire au Québec

L’IMPORTANCE DE LA DÉMOCRATIE SCOLAIRE AU QUÉBEC

Comme on le sait, veiller au bien public s’avère la mission essentielle de nos administrateurs publics. Découvrir la profonde signification de ce principe fondamental de l’administration publique sur le plan de l’éducation au sein des commissions scolaires du Québec nous permettra de cerner l’importance que revêt la démocratie scolaire québécoise.

Depuis l’avènement du rapport Parent en 1963, en plein coeur de la Révolution Tranquille, les partis politiques clament que l’Éducation est au cœur de leurs priorités. Se succédant au pouvoir, ces derniers mettent en œuvre maints programmes et réformes afin d’accroître la réussite des élèves, veillant ainsi au bien public que constitue l’importance de la diplomation pour le développement de la société québécoise.  C’est avec la notion du bien public en tête que fût créé en 1964 le Ministère de l’Éducation, les CÉGEPS en 1966, l’Université du Québec en 1968, etc. Puis, en 1971-1972, le gouvernement provincial a instauré l’élection des commissaires scolaires au suffrage universel pour toutes les commissions scolaires du Québec, car  comme il l’a fait pour les municipalités, le législateur a voulu que les citoyens désignent ainsi des personnes chargées de les représenter à la commission scolaire de leur circonscription et ce, en vertu de nombreux principes dont deux essentiels :

 

Ø  Il n’y a pas de taxation sans représentation ;

Ø  L’éducation est un bien public dont la gestion et la responsabilité incombent à tous les membres de la société et plus précisément à la population locale.

 

C’est ainsi qu’on accorda aux commissions scolaires une décentralisation à la fois politique et administrative, afin de veiller plus efficacement  à la qualité des services éducatifs, répartir de façon plus juste et équitable les ressources humaines et financières, et aussi, au même titre que le font les députés et les conseillers municipaux, contribuer au développement des communautés locales. Cependant, la démocratie scolaire est non seulement l’affaire du pallier représentatif que constitue le Conseil des commissaires, mais aussi du pallier participatif de la démocratie que sont les conseils d’établissement, les organismes de participation des parents, les assemblées générales de parents, les conseils d’élèves, les associations étudiantes du secondaire, etc. Les gouvernements québécois ont accordé une grande importance à la démocratie scolaire et aux commission scolaires afin de veiller au bien public qu’est l’éducation.

Depuis un peu plus de 5 ans, il est devenu très populaire de vouloir abolir les commissions scolaires et leurs gouvernements que sont les Conseils des commissaires, et on crie haut et fort qu’ils sont inutiles, qu’ils coûtent trop chers, que les commissaires ne connaissent rien à l’éducation, que les élections scolaires sont impopulaires avec des taux de participation amnésiques, etc. Je veux bien entendre tout cela et en débattre afin d’améliorer le système en place, mais  lorsque nous demandons quelle serait la solution de rechange aux commissions scolaires et aux commissaires élus, les partisans des abolitions ne savent trop quoi répondre. Et pour cause, puisqu’on ne peut remplacer un système aussi colossal que celui du réseau public en ayant pour seul argument de donner davantage de pouvoir aux directions d’établissements. Ces dernières, comme elles le disent si bien, sont submergées par les tâches de gestion quotidiennes et de supervision pédagogique, et je vois très mal comment elles pourraient, en plus, veiller à la gestion de la rémunération du personnel, à l’entretien du parc immobilier, à l’embauche du personnel, à la gestion du transport scolaire, à la répartition du produit de la taxe scolaire, etc.

Pour y arriver, les directions d’établissement devraient mettre en place des structures administratives locales. Si on prend seulement l’exemple de la Commission scolaire de Montréal et de ses écoles et Centres, cela voudrait dire qu’on mettrait en place 191 structures locales, pour chacun des établissements. Croyons-nous réellement que la facture de ces structures ne dépasserait pas le coût actuel de l’administration de cette commission scolaire ? Cela ne tient pas la route. Et que faisons-nous de la vision de l’éducation montréalaise ? Comment avoir une vision d’ensemble de répartition de la richesse et des ressources si on créée 191 écoles indépendantes et autonomes, fonctionnant chacune pour elle-même ? Une telle façon de voir commence sérieusement à ressembler à un système privé d’éducation où chaque école aurait ses propres règles et politiques,  et ce, fondé sur le seul argument de donner tout le pouvoir aux écoles. Je veux bien que les directions aient davantage de pouvoir, mais encore faudrait-il  qu’elles puissent avoir les outils pour exercer ce plein pouvoir, mais comme on vient de le voir, cela serait trop coûteux, et les citoyens ne pourraient se payer un tel système. Et si la solution avancée était de créer des régies régionales, qu’en serait-il ? Encore une fois, on multiplierait les coûts, et en plus, la centralisation des services serait néfaste à la rapidité d’exécution et contrerait tout l’effet des avantages liés aux services de proximité. Et qu’en est-il de la solution de donner aux municipalités la responsabilité du transport scolaire et de la gestion du parc immobilier ? Poser la question est y répondre : l’administration publique municipale métropolitaine ne sait plus où aller chercher de l’argent pour entretenir ses infrastructures et son réseau de transport, alors essayons d’imaginer quelques instants ce que serait la situation si on ajoutait à cela la gestion du transport et des infrastructures des trois commissions scolaires francophones et des deux commissions scolaires anglophones ? Ouf, je n’ose point imaginer ce que notre Maire créerait comme taxe pour financer le tout, car il ne carbure qu’aux taxes celui-là…

Et quand on dit que le taux de participation aux élections scolaires est anémique, je comprends très bien et je le vois comme tout le monde, mais il faut se rendre à l’évidence et admettre que les démocraties, quelles qu’elles soient au Québec, sont anémiques, le taux des dernières municipales montréalaises (moins de 39% en 2005) et des dernières provinciales (57,3 % en 2008) en faisant foi.

Quant à l’affirmation que les commissaires scolaires sont inutiles et qu’ils ne connaissent rien à l’éducation, et bien si on part du fait que les parents sont les premiers éducateurs des enfants et qu’ils sont les mieux placés pour jouer ce rôle d’éducateur, ils sont certes les mieux placés pour être des commissaires scolaires, n’est-ce pas ? À titre d’exemple, sur les 21 commissaires du Conseil de la Commission scolaire de Montréal, 19 sont parents de plus d’une quarantaine d’enfants fréquentant les écoles de la CSDM; ils doivent donc savoir de quoi ils parlent je présume. Si telle est la position des abolisseurs, à ce titre, il faudrait aussi dire que les ministres de l’éducation ne connaissent rien à cet enjeu de société et qu’il faudrait abolir cette fonction qu’est celle de ministre de l’éducation, et ainsi de suite. Quant à l’utilité des commissaires scolaires, mentionnons seulement que s’ils n’étaient pas là à Montréal, par exemple, des milliers d’enfants ne mangeraient pas au déjeuner et à l’heure du dîner, de nombreuses écoles auraient été fermées à ce jour avec toutes les conséquences que cela entraîne pour un quartier, des milliers de projets de partenariats issus des milieux d’affaires, institutionnels et communautaires ne seraient pas en place pour favoriser la réussite des élèves, des dizaines de Centres sportifs, communautaires et de loisirs des municipalités n’existeraient pas, des dizaines de CPE n’auraient pu être construits sur les sites des écoles, et j’en passe, car c’est à cela et à bien d’autres choses que servent les élus scolaires.

Bref, à ce jour, on ne m’a pas convaincu que l’avenir du système public d’éducation au Québec passe par des abolitions multiples, parce que je me rends à l’évidence : nous avons un bon système d’éducation avec une démocratie importante pour le gérer, mais il a besoin d’être revu et amélioré afin d’enrayer ce fichu phénomène de décrochage scolaire et d’améliorer la réussite éducative des élèves, et ce, au nom du bien public de notre société québécoise.

Par quoi passe la solution ? Par le fait de valoriser et faire connaître le rôle des élus scolaires, de redonner un sens aux élections scolaires en les jumelant aux élections municipales et en utilisant des modes de scrutin adaptés tel le vote électronique, de donner aux commissaires et aux commissions scolaires les moyens de faire connaître leurs actions et leurs impacts positifs sur la communauté éducative, de s’assurer que chaque dollar dépensé a un lien direct sur la réussite des élèves et de simplifier ainsi l’administration publique des commissions scolaires, etc.  

Pourquoi vouloir se départir d’un système d’éducation qui a fait ses preuves ? Si l’objectif est d’économiser des sous, on passera assurément à côté, car la Loi de Wagner se dressera sur le chemin des tenants des abolitions. Si l’objectif est d’améliorer le système en tout respect du bien public, alors il faut l’améliorer, pas l’anéantir.

 

Jocelyn Pauzé, étudiant

Commentaires

  • Jocelyn. Voilà un blogue qui appelle des dimmensions fondamentales et des principes de l'administration publique dans un État de droit. À la lecture plus attentive nous verrrons bien si le rappel de ces principes a traversé le mur de la théorie pour s'incarner dans la réalité. Les efforts
    appellent une analyse attentive.

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