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R. Hamaras : Souverainiste !

Que mes chers collègues de la Prestigieuse me pardonnent ce préambule qui, je le souhaite, rend justice à notre système parlementaire québécois et qui risque de frôler les salamalecs ! Car en tant que prétendant à une Maîtrise en communication gouvernementale, je n’ai pu être que comblé au terme de notre visite à l’Assemblée Nationale, le jeudi 23 février 2012.

Bien au-delà de l’intérêt pédagogique que représentait cette visite dont nous a gratifié ProfTrudel, nous avions constaté tout le respect que se témoignent les membres de tous les partis politiques représentés dans l’Assemblée Nationale les uns envers les autres (Parti au pouvoir et opposition confondus).

Je ne dirais pas « quel bel exemple » que celui que peuvent engendrer de telles relations entre les députés comme climat sain et propice au dialogue constructif ! Je ne le dirais pas, car cela n’a pas besoin d’un témoignage de plus ou de moins.

 Le groupe que nous formions, me semble-t-il, était assez représentatif de ce qu’est le Québec d’aujourd’hui et de ce qu’il en sera demain. Tous les continents, ou presque, y étaient représentées. Ce groupe, de si diverses origines qu’il soit, n’a pu que s’imprégner de ce climat de dialogue parlementaire où, paraît-il, 75 % des lois sont adoptées à l’unanimité. Un exemple à suivre pour les politiciens des pays dont nous sommes originaires !

C’est également un signal fort pour les apprentis « adminitratifs » que nous sommes et une conduite à suivre, du moins sur le plan des qualités humaines, aussi bien pour nos collègues québécois de souche que pour ceux d’origines immigrantes.

Il va de soi que le système parlementaire dont nous sommes partis nous enquérir des rouages, reste à parfaire. Mais à la comparer aux plus vieilles démocraties au monde, la jeune démocratie québécoise, à laquelle nous nous identifions désormais, n’a rien à envier à personne. Bien au contraire, cela doit être une source de fierté pour nous et une raison de plus, s’il en fallait une, pour que nous nourrissions notre sentiment d’appartenance et de loyauté ! 

Il me semble que ce préambule est une bonne transition vers le sujet de la souveraineté qui me tient à cœur depuis quelques années. Je profite donc de cette latitude qui m’est offerte pour livrer quelques pensées sur la participation souhaitable et souhaitée des communautés, dites ethniques dans l’une des questions les plus sensibles dans les tribunes politiques québécoises : La souveraineté.

Pour rappel, j’avais posé une question à Monsieur Jean-Marie Aussant, chef du parti Option Nationale, concernant la stratégie de son parti quant au ralliement de l’électorat immigrant à la cause souverainiste et je regrette de ne pas avoir pu réorienter ma question dans l’exiguïté du temps qui nous était imparti.

 M. Aussant avait répondu par une anecdote, en formulant des souhaits et des vœux de voir se réaliser une souveraineté où les québécois d’origine immigrante pourraient jouer un rôle capital.  Ceci est, hélas, très révélateur de ce qu’est la notion de « stratégie » de communication et de marketing politiques non seulement chez Option Nationale, mais également chez tous les partis à tendance souverainiste. On dirait que tout ce qu’ont compris nos voisins du sud, échappe à nos partis politiques ! 

Les politiciens aux USA élaborent des stratégies et des programmes très ciblés et non moins cohérents, destinés à séduire et à « vendre » des programmes électoraux ou, simplement, politiques  aux communautés ethniques, les intéressant et les impliquant, par la même, à la vie politique américaine.

Il me vient à l’esprit, les premières journées où, ma petite famille et moi-même, venions d’arriver au Québec et où nous cherchions notre premier logement. Croyez-le ou non, nous évitions le plateau Mont-Royal, car plusieurs maisons dans le secteur affichaient des drapeaux québécois. Ce sont des « séparatistes » nous expliquait Hassan, notre hôte et guide montréalais, en la circonstance.

« Ah oui ! demandais-je, Et c’est quoi ça, des séparatistes ? »

« Ce sont des nationalistes qui veulent séparer le Québec du Canada ! », rétorquait Hassan qui était « québécois depuis 25 ans, sans le savoir ».

La souveraineté m'était, alors, présentée sous l'angle aigu et exigu de la seule séparation pour la séparation. et les souverainistes m’étaient présentés comme la peste à fuir !

Derrière l'idée de la séparation, je n'entrevoyais aucun concept sérieux et solidement fondé, à défaut d'être séduisant !

Aujourd’hui et avec 13 années de recul et, peut-être, autant de maturité politique, dont les partis politiques québécois n’y sont absolument pour rien, je puis vous dire que je suis prêt à épouser le Québec comme « pays » et non uniquement comme province canadienne. Mais, Ô partis souverainistes, vendez-moi cette souveraineté !

Pour ne pas verser dans une rhétorique stérile, je vous suggère ce que me dicte mon humble expérience en stratégie et marketing politique, éguisée dans d'autres contrées. Je vous propose la recette d'une stratégie de communication (en mode simplifié) en quelques points :

1- Définir un objectif (Vendre la souveraineté aux québécois d’origines immigrantes),

2- Une délimitation des cibles visées, en l’occurrence, les immigrants en droit de voter, et/ou susceptibles de le devenir.

3- Une réflexion sur les moyens adéquats pour atteindre les cibles visées.

4- Un discours crédible, intelligible et adapté.

5- Le déploiement de ces moyens en temps et lieux propices.

6- Une analyse des « feedbacks ».

Oups ! J’ai oublié de vous dire que ces mêmes 6 points, représentent également une « stratégie de manipulation des foules ». mdrrrr !  Sauf si, ces 6 points sont précédés d’une véritable et sincère volonté d’intégrer ces « foules » dans le processus de construction d’un Québec nouveau, basé sur les principes d’un état de droit et où il n’y aurait pas de citoyens de première et de seconde zone !

Est-ce utopique de vouloir être adopté par un pays que l’on a adopté, de vouloir en épouser les valeurs et d’y avoir les mêmes chances d’épanouissement et de vie digne et paisible ?

Jetez un coup d’œil sur les sacrifices que consentent les immigrants pour s’établir au Québec et vous comprendrez que ce n’est pas la volonté qui leur manque. Des frais d’ouverture du dossier d’immigration, aux frais de déménagement, en passant par les frais d’établissement au Canada et les frais d’établissement au Québec. Ajoutez les frais « d’avocats à l’immigration » et j’en cite. Cela peut valoir jusqu’à 800.000 dollars pour certaines catégories d’immigrants et ce, en plus de certains autres, et non moins importants, sacrifices, qui ne se quantifient pas en dollars.

 « On conçoit généralement les voyages comme un déplacement dans l’espace. C’est peu. Un voyage s’inscrit simultanément dans l’espace, dans le temps, et dans la hiérarchie sociale. Il déplace, mais aussi il déclasse – pour le meilleur et pour le pire – et la couleur et la saveur des lieux ne peuvent être dissociées du rang toujours imprévu où il vous installe pour les goûter. »,  Le philosophe Claude Lévi-Strauss.

Quoi de plus éloquent que cette citation, pour vous rapprocher de tout l’état où se trouve un immigrant qui s’installe dans un nouveau pays, laissant derrière lui, plus que les souvenirs, une vie… toute une vie !

Hummmm ! Je les vois venir les questions "meiurtrères" : « Puisque c’est si difficile, pourquoi immigrer ? » ou celle-ci : « hey ! T’es pas obligé de souffrir autant. Retournes donc chez vous, as…. ! » ou encore celle du grand photographe et aventurier des grands hôtels : « V’nez, donc, pas changez les meubles chez nous ! ». Expression dont l'animateur gratifie particulièrement et en pleines ondes, les immigrants d’origines arabe et musulmane.

Aux « innocents » (dans le sens québécois du terme), je ne réponds rien, en général, ou alors je fais comme Danny Laferrière, quand quelqu'un lui avait demandé de retourner chez lui : « Je prends ma voiture et je rentre chez moi, à Saint-Léonard ». Mais à ceux qui cherchent vraiment à savoir, je réponds tout simplement que l’humain est nomade par nature. Et de ce fait, un marocain peut décider d’immigrer pour rejoindre les quelques 80.000 québécois d’origine marocaine et former ainsi une communauté qui n’est, d’ailleurs, pas plus « immigrante » que d’autres. Tout comme il y a plus de 3000 canadiens et plus de 55.000 français au Maroc, des milliers d’asiatiques en Colombie britannique, des millions d’italiens en Amérique du nord…

Ainsi est, et demeurera, la nature humaine ! Des gens qui ne se plaisent plus dans une ville ou dans un pays et se sentiront mieux ailleurs !

Toujours est-il que ces immigrants font maintenant parties intégrante de la société québécoise et aspirent, tous, à jouer un rôle positif dans le développent de celle-ci, en payant des impôts, en développant des entreprises et en créant des emplois.

Il appartient au Québec (État, population et partis politiques confondus) d’en faire des citoyens épanouis et non des laissés-pour-compte.

Alors, donnons-leur le temps, l’espace et, surtout, la chance de s’adapter au Québec et d’en épouser les causes et de... devenir souverains !

 

Commentaires

  • M. Hamaras . Voilà encore un blogue qui appelle ausii des dimmensions fondamentales et des principes de l'administration publique dans un État de droit. À la lecture plus attentive nous verrrons bien si le rappel de ces principes a traversé le mur de la théorie pour s'incarner dans la réalité. Les efforts
    appellent une analyse attentive.

  • S’il est vrai que la migration est un phénomène humain naturel, la construction de toute nation est avant tout sociale. Elle a reposé depuis l’édification de l’État-nation au XVIIe siècle sur un récit historique composé de plusieurs mythes fondateurs. L’intégration, depuis ce temps, a consisté pour l’immigrant à prendre le pli de la majorité de sa société d’accueil. C’est ce qu’on appelle généralement nation fondée sur l’ethnicité ou la conscience collective. Depuis la fin des années 1970, le devoir d’intégration s’est inversé dans les sociétés occidentales où ces dernières doivent dorénavant remodelées leurs paramètres institutionnelles en fonction des nouveaux arrivants. C’est ce qui caractérise une nation dites «civique». Mon propos ne vise pas à essentialiser quelque culture que ce soit. D’ailleurs, la reconnaissance de la pluralité des origines dans notre société est depuis longtemps admise chez l'élite politique et intellectuelle québécoise. Dès la Nouvelle-France nous avons été en contact avec non seulement avec les Européens de contrés diverses, mais aussi avec les autochtones. La véritable prise de conscience populaire de ce fait pluraliste s’est produite brusquement après la défaite du «non» de 1994. Tous se souviendront de cette déclaration de M. Parizeau, qui était politiquement maladroite mais sociologiquement fondée, attribuant la défaite référendaire à « l’argent et le vote ethnique ». C’est dans ce climat politique abrasif que l’introduction à la réalité ethnique du Québec éclata au grand jour, laissant traîner derrière elle un sentiment de «trahison» et de méfiance envers les communautés culturelles. Ce ressentiment culmina avec la crise des accommodements raisonnables où la question de l’intégration des immigrants se posa encore plus passionnément.
    Les conclusions des deux commissaires ont été sans équivoques : il n’y a que perception de crise d’accommodements et non de crise en soi. Voilà qui laisse bien perplexe. Les Québécois étaient-ils coupables de xénophobie? Le politiquement correct l’empêchait de le dire, mais les grands journaux n’ont pas moins acceptés ce verdict. Pourtant, il me semble que cette crise témoignait d’un malaise chez les Québécois. Ce malaise provient à mon avis d’un manque de balises claires en ce qui a trait à l’intégration des immigrants. Le concept de «laïcité ouverte» proposé par Messieurs Bouchard et Taylor, tous deux commissaires, prouvait que l’addition d’un adjectif au mot laïcité rendait caduque la véritable portée de ce terme. Depuis, rien de substantiel n’a été fait pour atténuer les craintes, fausses ou fondées, des Québécois. Car l’acceptation des valeurs comme l’égalité entre les hommes et les femmes, la séparation de l’Église et de l’État et le fait français, résument-elles l’identité si longuement construite et évolutive des Québécois? Il serait trompeur de se limiter à une telle définition «universaliste» de l’identité. Pourtant, si je te suis, cher collègue, tu entrevois le Québec comme un lieu de rassemblement de communautés culturelles où chacune se recrée un espace identitaire pour n’adhérer qu’à la société économique. Mais l’intégration n’est-elle de pas participer à un destin commun parce qu’on y partage une histoire commune? Je crois fermement que la majorité des immigrants s’intègrent bien à leur nouveau pays d’adoption qu’est le Québec, tout comme je crois par ailleurs que la condition minoritaire de ses habitants explique en partie leurs peurs et leurs craintes. Ce qu’il faut, à mon sens, c’est rassurer les Québécois en leur proposant des balises claires pour l’intégration des immigrants et la protection de leur identité, sous la forme d’un livre blanc, par exemple. Ils pourraient ensuite espérés avoir assez confiance en eux pour reconnaître en leurs paires immigrants, leurs paires.

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