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R. Hamaras - Printemps arabe… « Ô joie, puisses-tu durer ! »

RHamaras« Les grandes déceptions viennent des plus grands espoirs !», disait Vladimir Poutine à qui on avait demandé de réagir à l’élection de Barak Obama, au lendemain de « la nuit de tous les espoirs ».

Ainsi, tout ce qui brille n’est pas or !... Ou, à tout le moins, il ne l’est pas toujours !

Au risque de décevoir certains et d’en ameuter d’autres, le « printemps arabe » n’a, apparemment, pas encore porté ses vrais fruits, pas plus que certaines révolutions aux couleurs vives, survenues au début de ce millénaire, n’ont profité aux pays de l’Europe de l’Est. Et s’il est vrai que l’on peut, maintenant, dire, semble-t-il, tout ce qu’on veut dans les pays arabes, désormais « émancipés », et que l’on peut critiquer un gouvernement ou dénoncer un délinquant politique, le revenu du citoyen moyen n’est pas plus amélioré, ni encore un pays comme l’Égypte (À titre d’exemple, et les exemples ne manquent pas) n’a le droit d’agir autrement qu’en conformité avec la politique étrangère du grand « boss » américain.

Par ailleurs, puis-je rassurer mes collègues de la Prestigieuse qui,  par enthousiasme  professionnel, meurent d’envie de voir s’installer, dans « les heureux pays du printemps arabes » une administration publique aux modèles canadien et québécois dont on sait, maintenant, toute l’efficacité et l’efficience. Rassurez-vous, cela se fera. Mais, de grâce, lisez « Secrets d’États ? » au complet !  Le livre n’est pas « lecture obligatoire » pour rien ! Il vous montrera que l’état de droit, la séparation des pouvoirs et l’instauration d’une administration publique efficace en Europe et en Amérique du Nord ont été engendrées par un processus démocratique long et laborieux et que la génération spontanée n’y est pour rien.

Après laquelle lecture, vous m’accorderez ce proverbe arabe, trié pour la circonstance : « Qu’as-tu de besoin,  Ô celui qui marche pieds nus ? Une bague en or, Mon Seigneur ! Répondit le nu pieds

En d’autres termes, la seule volonté de se révolter ne suffit pas à ériger un état et encore moins un état de droit et à lui créer des institutions qui le maintiennent en équilibre. Attendons, plutôt, que l’on s’émancipe vraiment, que la barque arrive à bon port et que les conditions d’états de droit soient réunies pour souhaiter « Joyeuse administration publique ! » à ceux qui manquent de tout. Attendons de voir plus clair dans les situations politiques, économiques et sociales respectives des pays qui vivent encore l’ivresse d’une victoire tant attendu et de voir comment en serait le réveil !

Ainsi, toute analyse qui ne tiendrait pas compte des tenants et aboutissants de cet air de changement, qu’est « le printemps arabe », serait vaine ou n’en serait, tout simplement, pas une digne de crédit !

Pour ce faire, j’aurais certains rappels à formuler. Lesquels rappels mettraient, je le souhaite, un peu plus de lumières sur les circonstances du premier soulèvement arabe, depuis les guerres d’indépendances.

Rappelons nous, qu’au début du « printemps arabe », les pays producteurs/exportateurs de démocratie (Est-il nécessaire de les citer ?), se gardaient bien d’émettre la moindre opinion sur les révoltes populaires arabes, en attendant de voir de quel bord pencherait « la balance ».

Rappelons-nous que l’opinion publique arabe, elle-même, fut partagée entre l’espoir d’un lendemain débarrassé des dictateurs et la crainte que le peu de « sécurité » et de « stabilité » précaire dont elle jouissait ne cède la place à l’anarchie ou pire encore, aux guerres civiles.

Rappelons-nous que la France, pour n’en citer que celle-ci, avait même proposé à Ben Ali le soutien et l’expertise de sa police nationale, afin de venir à bout du soulèvement populaire en Tunisie.Normal, dirait-on. Elle (La France) ne savait pas si ces « nus pieds », sortis réclamer un pain abordable et un peu de dignité, étaient des « fouteurs de troubles » ou des bêtes en Rut ! Ce que ne savaient surtout pas, les apôtres de la démocratie et des droits de l’homme, pour n’en citer que Sarkosy et Michèle Aliot-Marie, c’était sur quel pied danser. Soutenir l’ami et l’allier de longue date ou faire profil bas, en attendant de voir si les tunisiennes et tunisiens n’allez pas se « planter » et que l’ordre se rétablisse.

Rappelons, enfin, que nous avions attendu 23 jours, depuis le commencement du soulèvement tunisien, pour que l’administration Obama puisse réagir sur ce qui se passait en Tunisie.

Maintenant et après que trois dictateurs arabes soient tombés, quel bilan peut-on faire du « printemps arabe » ? La réponse dépend de l’angle à partir du quel l’on se place, pour admirer le paysage !

Néanmoins, tout le monde s’entend sur les faits :

  1. Tunisie, la Libye et l’Égypte sont libérées de leurs despotes.
  2. La Libye est au bord de la guerre civile.
  3. L’Égypte est encore sous l’emprise des militaires, mais pas uniquement.
  4. Les islamistes sont au pouvoir de ces trois pays, ou sont en voie de l’être.

Cependant, si tout le monde s’entend sur ces quatre faits, tout le monde ne s’entend pas nécessairement sur l’analyse que l’on peut faire de la situation. Tous les spécialistes de la question nous dirons que l’on ne peut pas faire d’analyse sommaire des résultats du soulèvement post-printannier, sans tomber dans le piège du raisonnement simpliste, qui est celui de la polarité de la lutte au pouvoir (Islamistes Vs Laïques). En d’autres termes et à vue d’œil, le constat est simple : La "révolution" a profité aux islamistes. Et de ce fait, le monde occidental est scandalisé, car dira-t-on : « La chariâa est au pouvoir » !

Maintenant que l’Islam est suffisamment diabolisé et que la Chariâa est « le livre à brûler », les islamistes au pouvoir est un « non sens » aux yeux de l’opinion publique occidentale et, pour assez dire, aux yeux d’une large part de la population musulmane, elle-même.

Après tous les sacrifices des peuples, tunisien, égyptien et libyen, aurait-on offert aux islamistes un cadeau inespéré ? Le pouvoir sur un plateau d’argent ! Dans ce cas, essayons de convaincre ceux qui ont élu le parti d’Annahda en Tunisie, ceux qui ont voté pour les Frères Musulmans en Égypte ainsi que les libyens qui ont applaudit le nouveau régime islamiste (imposé), que les islamistes au pouvoir, c’est le « mal absolu » !

Par ailleurs, il faut comprendre, à en croire les grands boss de la planète, que les arabes et les musulmans ne sont pas doués pour la démocratie. Même celle qui sort directement des urnes ! Ou bedon (comme le dirait mon prof),  la démocratie dans les pays arabes et musulmans n’arrange pas tout le monde, pour qui celle-ci n’est « bonne » que lorsqu’elle exclut les « islamistes », les « gauchos », les arabes et musulmans patriotes et qui sait d’autres.

L’ennui est que ces islamistes, excepté en Libye, ont été élus démocratiquement. Il serait donc raisonnable de respecter la volonté des électeurs et de dire que si demain, après l’exercice du pouvoir, les islamistes font mauvaise gestion de l’État, les peuples qui ont renversé Ben Ali et Moubarak sont aussi capables, par l’exercice de la démocratie, de faire des choix plus éclairés. Quant à la Lybie… ! Eh bien, quelques bombes de plus sur les têtes des libyens permettraient, non seulement de re-changer le régime, de tester quelques bombes intelligentes au passage, mais rappelleraient également, et à toute fin utile, au monde (musulman et non musulman) qui est le « vrai patron » ! Oups ! J'ai dit ce qu'il ne fallait pas !

La blogueuse Leena Ben Mhenni, candidate tunisienne au Prix Nobel de la Paix 2011 (pour avoir combattu, à coup de blogs, Ben Ali et probablement les islamistes après lui), ne serait peut-être pas d’accord avec mon dernier paragraphe. Mais… je ne suis pas candidat au Prix Nobel et je n’ai pas d’autres prix à convoiter ! Alors, je n’ai pas de calculs à faire et je dis ce que je pense.

 Les ogives à « têtes démocratiques » ou la fable de BHL qui piqua Sarkozy, qui piqua l’OTAN !

Non, BHL n’est pas une abeille ! Bernard Henri Levy est le militant anti-islamiste par excellence. Il fut derrière la mobilisation de Sarkozy, qui fut derrière la mobilisation de tout l’OTAN contre Kaddafi. En soi, ce n’est pas une si mauvaise chose que d’être anti-islamiste et d’avoir été à l’origine de la chute du dictateur ! Cependant, l’on sait que pour être philosophe, il ne faut surtout pas penser comme tout le monde, mais de là à propulser un islamiste au pouvoir en Libye, il n’y a que quatre explications possibles :

  1. Bernard est philosophe, comme il le prétend !
  2. Bernard est un islamiste !
  3. Bernard s’en fout éperdument de la Libye !
  4. Les islamistes sont manipulés !

Si vous avez opté pour les réponses 3 et 4, vous avez tout compris de BHL et donc de Sarkozy ! La vérité c’est que d’un côté, Sarkozy a, semble-t-il, longtemps profité de la générosité de Kaddafi jusqu'au jour où l'heure de ce dernier a sonné, et de l’autre, les islamistes ne peuvent être que manipulés pour causer autant de tords aux causes arabes et musulmanes.

 http://www.youtube.com/watch?v=kTKU1G_MaJQ

http://www.youtube.com/watch?v=jz9uksxikto

http://www.youtube.com/watch?v=i_FOQtbtC38&feature=related

http://www.guardian.co.uk/world/2011/mar/16/sarkozy-election-campaign-libya-claim

En Libye, l’OTAN avait maintes façons d’aider les insurgés libyens autrement que par les bombardements, supposément, chirurgicaux qui ont, non seulement, mis à feu et à sang le pays, mais l’ont assez bien préparé pour une inévitable guerre civile. Les bombes à « têtes démocratiques », n'ont-elles jamais ramené la démocratie dans un pays ? Mais l’OTAN en a voulu autrement et a placé un islamiste à la tête du conseil transitoire en Libye, alors que, parmi les opposants à l’ancien régime, il y avait d’autres personnalités libyennes crédibles. Dorénavant, la chariâa rythmera la vie quotidienne des lybiens et il va falloir « dealer avec » !

http://www.france24.com/fr/20110915-crainte-etat-libyen-islam-islamisme-constitution-lois-libye-charia-occident-abdeljalil-cnt

Par ailleurs, une question s'impose : Pourquoi autant d’enthousiasme à vouloir, à tout prix, instaurer « la démocratie » dans cette région du monde ? L'humain apprend de ses expériences et l’expérience nous a appris que l’administration américaine, l’establishment en grande Bretagne et la droite aux commandes du pays de Hugo et de la Martine, n’ont, apparemment, aucun problème avec les islamistes, ni même avec la chariâa, tant que celle-ci et ceux-là n’empêchent pas le libre accès aux ressources naturelles et plus particulièrement le pétrole. Cela est si vrai qu’il paraît que l’OTAN n’a pas hésité à se servir des combattants d’Al Qaïda pour venir à bout de Kaddafi et de ses milices.

Mensonge, dites-vous ? Alors, lisez ce qui suit :

Selon « The Telegraph », AbdelHakim Al Hasidi chef des rebelles libyens aurait déclaré que « les jihadistes qui ont combattu les alliés en Irak sont sur la ligne de front contre le régime de Kaddafi ».  Que faut-il comprendre ?

 Si ma mémoire est bonne, l’administration américaine a toujours qualifié de terroristes d’Al Qaïda, les jihadistes qui intentent chaque jour à la vie des « boys » en Irak et en Afghanistan. Cette administration aurait-elle composé avec « le mal absolu » ? Sinon, pourquoi soutenir AbdelHakim Al Hasidi qui aurait lui-même fait partie de ces jihadistes et se serait fait capturer par « les américains » à Peshawar (Pakistan) et aurait été livré à Kaddafi pour se faire incarcérer jusqu’en 2008. Peut-être bien que « Abdel » s’est repentit ! Ça se peut-tu ?

La méthode des blogs truffés et des blogueurs instrumentalisés n’aurait pas « marché » avec les Lybiens, qui, au demeurant, ne sont pas connus pour être actifs sur les réseaux sociaux. Alors la manière forte et l’intervention directe et musclée, soutenues au sol par « Abdel », se sont avérées le recours le plus adéquats pour garantir aux américains, aux français et autres, leurs parts du gâteau Libyen.

http://www.telegraph.co.uk/news/worldnews/africaandindianocean/libya/8407047/Libyan-rebel-commander-admits-his-fighters-have-al-Qaeda-links.htmlhttp://washington.blogs.liberation.fr/great_america/2011/03/al-qa%C3%AFda-et-la-cia-en-libye.html

Place Al-tahrir :  le rêve hypothéqué ou les blogueurs instrumentalisés !

Il y a une expression égyptienne pour illustrer ce qui se passe en Égypte : « Ya Farha Ma Tammite ! ». Ce qui signifie (au risque d’en « charcuter » le sens) : « Ô joie, tu n’as duré ! ».

Sans rien enlever à la crédibilité des patriotes égyptiens qui ont luté, de bonne foi, pour faire tomber le régime de Moubarak et promettre un meilleur lendemain à leurs concitoyens, tous les indices tendent à affirmer que la révolte égyptienne aurait été infiltrée par la CIA. Ces gens-là, je vous prie de le croire, n’infiltrent pas pour le « fun » !

Richard Hétu, correspondant de La Presse à NY, titrait son article du 6 fevrier 2012 : « L’aide américaine à l’Égypte menacée ». L’Égypte recevait plus de 1 milliard de dollars annuellement de la part des USA. Somme destinée essentiellement à l’aide militaire. Cette aide risquerait de ne plus être versée à l’Égypte, a déclaré Hilary Clinton, si les militaires égyptiens au pouvoir ne relâchaient pas les 44 membres des ONG (dont 19 américains) soupçonnés d’œuvrer en Égypte sans l’autorisation du gouvernement égyptien.

 http://blogues.cyberpresse.ca/hetu/2012/02/06/laide-americaine-a-legypte-menacee/

Mais quels sont, donc, ces ONG implantés en Égypte, au mépris des lois égyptiennes ? Pour ne pas tous les mettre dans le même « panier », on dira que certains ont le cœur sur les « pauvres » égyptiens et essaient d’améliorer leur quotidien. Mais qu’en est-il d’ONG comme « Freedom House », « CANVAS », « L'International Republican Institute » et autres qui, selon certains blogueurs égyptiens, ont œuvré à la formation et à l’instrumentalisation des activistes blogueurs arabes et musulmans depuis 2009.

Une information tenue secrète jusqu’à peu, voudrait que le rôle des blogs et réseaux sociaux internet dans les soulèvements arabes, soit biaisé. En mai 2009, au Caire, certains activistes arabes auraient bénéficié de formations sur les techniques d’utilisation de blogs et autres médias sociaux organisées par des ONG en lien avec la CIA ou financés par l’administration américaine. Une autre formation aurait suivi en décembre 2009 à Beyrouth (Liban). Puis à Casablanca (Maroc). Cette information a été confirmée par certains de ces blogueurs pour qui des ONG affiliés à la CIA, tels que Freedom House, avaient offert des voyages gratuits aux USA et à d’autres pays, en plus des soutiens financiers et des formations notamment sur les techniques d’utilisation des médias sociaux et d’encadrement des foules. Pire encore ! Certaines de ces formations auraient portés sur les techniques de sabotages d’édifices stratégiques tels que les ministères et autres. Mohamed Adel, blogueur et activiste égyptien,  reconnaît, quant à lui, avoir effectué un stage auprès de CANVAS durant l'été 2009. Selon le CF2R (Le Centre Français de Recherche sur Le Renseignement), « La blogueuse égyptienne Israa Abdel Fattah, cofondatrice du mouvement du 6 avril , a fait partie d'un groupe d'activistes invités par Freedom House. Elle a pu ainsi participer à un programme destiné à former des « réformateurs politiques et sociaux ». Le tout était financé par l'USAID (United States Agency for International Development). Cette agence américaine a notamment pour but de réduire la pauvreté et de promouvoir la démocratie et la croissance économique. »

http://www.cf2r.org/fr/notes-actualite/des-revolutions-arabes-spontanees.phphttp://tunisie-secret.over-blog.com/article-tunisie-slim-amamou-usa-cia-enfin-il-a-avoue-86128720.html

Quant à la différence entre le soulèvement égyptien et les autres, les choses semblent assez compliquées à analyser. Plusieurs points font de ce cas, le cas particulier par excellence. À commencer par la situation géostratégique de l’Égypte, en passant par la symbolique que représente l’Égypte dans la « Kaoumiya » arabe (Sentiment de nationalisme arabe), la proximité physique du pays par rapport à Israël et enfin (et non des moindres) l’enjeu du gaz égyptien, vendu sous Moubarak à Israël à des prix ridicules alors que l’égyptien moyen pouvait faire la queue pendant une journée entière pour s’en acheter une bonbonne.

 Pour toutes ces raisons et bien d’autres que l’histoire voudra bien nous livrer, l’Égypte vaut certainement quelques tentatives d’ingérence, surtout lorsque la sécurité d’Israël s’en trouve menacée. En effet la montée des Frères Musulmans (farouchement opposés aux ambitions territoriales israéliennes) ne rassure ni Israël, ni ses alliés dans la région.

 À l’heure même où je rédigeais ces quelques lignes, une autre tendance islamiste est venu compliquer la donne en Égypte : les salafistes. Ceux-ci sont soutenus et financés par l’Arabie Saoudite, laquelle, rappelons-le, est l’allié inconditionnel des États Unis.

Pour y voir plus clair, je vais essayer de simplifier du mieux que je le pourrais :

  1. Les manifestants de la Place Tahrir, même en n‘ayant pas de projet politique ni institutionnel, ont permis quand même de renverser Moubarak.
  2. Les militaires, traditionnellement alliés des américains ne se sont pas engagés dans le conflit opposant les manifestants au régime déchu, mais ont réussit quand même à s’accaparer le pouvoir.
  3. Les Frères musulmans, ennemi juré d’israël, des USA et de l’Arabie Saoudite,  n’ont pas encadré le soulèvement égyptien, mais ont réussit quand même à le récupérer avec un score de 40 % aux législatives.
  4. Les salafistes (mouvement islamiste radical), « poussés » aux élections par l’Arabie Saoudite et donc par les USA, et qui avaient, par ailleurs, beau crier haut et fort que la démocratie n’était pas « Halal », ont fini non seulement par se présenter aux élections, mais à gérer si bien l’argent Saoudien, qu’il ont créé la surprise en remportant 24 % du vote.

Si, jusque-là, le schéma est, je le souhaite, assez clair, voyons dans cet échiquier politique, quel serait l’espoir du peuple égyptien de voir germer et murir les fruits de son labeur ?

En appuyant d’une part les militaires et en soutenant, de l’autre les salafistes, les USA et l’Arabie Saoudite ont mis la corde au cou des Frères Musulmans, en les obligeant à faire alliance avec l’une ou l’autre des parties adverses, de façon à ce que quelque soit leur choix, ils tomberaient dans le filet du discrédit.

Deux choix, sans troisième, se présentent donc aux Frères Musulmans :

1er choix : Faire alliance avec les salafistes, et là, aucune loi autre que la chariâa ne saurait franchir les portes du parlement. En plus, la main mise de l’Arabie Saoudite sur les affaires de l’état égyptien, demeurera tant qu’une vraie révolution égyptienne ne viendrait remettre les choses à leurs vraies places.

 2ème choix : Faire alliance avec les militaires, et là, aucun des accords passés ultérieurement entre Moubarak et Israël ne saurait être répudié, ni même contesté. Ce qui va à l’encontre des revendications majeures des manifestants de la Place Tahrir. Dans ce cas, les Frères Musulmans seraient traités de traitres et seraient discrédités aux yeux, non seulement des égyptiens, mais de tous les peuples arabes.

Voyez-vous les espoirs du peuple égyptien de savourer son triomphe sur la dictature sont presque nuls ! Sauf si… les USA et les Saoudiens décident de lever la main sur l’Égypte et le laisser le peuple égyptien assumer ses propres choix. Mais cela ne se fera pas. En tout cas, pas tant que les égyptiens ne décident de revoir leur révolte et d’en faire une vraie révolution, en pensant au préalable, aux institutions qui garantiraient une stabilité durable et une véritable démocratie.

Peut-on conclure ?

Quel est, donc, l’intérêt des USA dans le limogeage d’un Moubarak, d’un Ben Ali ou d’un Kaddafi qui, s’ils ne faisaient pas partie de « la liste CIA » comme le prétendent plusieurs, ils faisaient, à tout le moins, l’affaire de l’administration américaine et de ses bailleurs de fonds ?

Certains analystes abondent vers la thèse de la perte de vitesse des USA au niveau des marchés économiques de la région arabe, au bénéfice de la Chine et certaines autres puissances économiques émergentes et que de ce fait, il fallait redessiner la cartographie géo-économique de la région arabe. Pour ce faire, rien de mieux que de redorer son blason vis à vis des foules arabes et de passer pour les défenseurs des libertés.

Une autre hypothèse est toute aussi plausible : Les régimes arabes, en place depuis des décennies étaient (La plupart le sont encore) si corrompus et si vieillissants que la chute en était non seulement inévitable et éminente, mais également prévisible. Pour ce faire, il valait mieux en orchestrer une « démolition contrôlée » et maîtriser la situation plutôt que de laisser au hasard le soin d’hypothéquer les intérêts des grandes puissances. Le pétrole pourrait tomber entre les mains d’un « Chavez arabe » et le scénario vénézuélien pourrait se répéter, voire se généraliser.

Le pétrole arabe ne doit servir à sortir les peuples arabes de leur analphabétisme et de leur pauvreté chroniques ou encore à endiguer le radicalisme. Il doit, au contraire renflouer les caisses des pétrolières multinationales dirigées par Bush family, Donald Ramsfeld, Dick Cheney et Condoleeza Rice…

Ce « printemps » devait signifier le début d’une nouvelle ère, porteuse d’espoirs pour ces peuples sur lesquels, même le sort semble s’acharner. Et comme si « la poisse » ne suffisait pas, il aurait fallu miner la crédibilité des réseaux sociaux qui constituaient le dernier refuge de liberté pour les millions de jeunes et de moins jeunes arabes et musulmans, désormais encerclés de tous bords.

Maintenant, il ne nous reste qu’à espérer qu’en contrepartie de tous les sacrifices consentis par les vrais patriotes, que le monde arabe et musulman ne sombre pas dans le chaos à l’instar de l’Irak et de l’Afghanistan. Car, si une telle chose devait se produire, il faudrait des dizaines d’années pour que l’ordre se rétablisse et que les peuples arabes et musulmans puissent enfin respirer un air sain que ramènerait la brise printanière tant chantée !.

R. Hamaras

Commentaires

  • Hamaras-le-prolifique. Voilà un autre blogue qui appelle des dimmensions fondamentales et des principes de l'administration publique dans un État de droit. À la lecture plus attentive nous verrrons bien si le rappel de ces principes a traversé le mur de la théorie pour s'incarner dans la réalité. Les efforts
    appellent une analyse attentive.

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