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Blogue 2 : La hausse des frais de scolarité au niveau universitaire, un mal nécessaire ?

 

Blogue 2 : La hausse des frais de scolarité au niveau universitaire, un mal nécessaire ?

 

P. Guillaume St-Laurent

 

La manifestation monstre ce jeudi 10 novembre dernier à Montréal, démontre bien que l’accès à l’éducation supérieur est un problème qui touche une grande partie de la population québécoise. Les milliers de personnes qui ont manifesté tenaient à dénoncer la hausse des frais de scolarité annoncée par le gouvernement Charest plus tôt cette année. Selon plusieurs sources, la manifestation constitue un des plus gros regroupements de la sorte dans l’histoire à l’échelle de la province. On est en droit de se demander si en haussant ainsi les frais de scolarité le gouvernement hypothèque l’avenir de toute une génération, de la société québécoise dans son ensemble?

 

L’accessibilité au savoir et à la formation est depuis la Révolution tranquille un des principes de base de notre système d’éducation. C’est depuis 1968 que le peuple québécois à décidé d’assumer une responsabilité collective dans ce domaine. Malgré l’évolution des mentalités, il a survécu jusqu'à ce jour. Dans une société individualiste comme la nôtre, il est désastreux de penser aux conséquences qu’un retour en arrière pourrait causer. S’il est déjà difficile pour certains d’avoir accès à l’éducation supérieure, les jeunes défavorisés seront encore une fois les plus touchés.

 

La hausse prévue est de 1625$ sur cinq ans, soit des frais de 3793$ l’an d’ici 2016. Ou si l’on effectue on calcule rapide, environ 75 % en 5 ans. L’objectif avoué du gouvernement étant d’être à parité avec les autres provinces. Ne voit-on pas un problème avec ce changement de cap dans une société ou l’éducation à longtemps été considéré comme un droit acquis?

 

L’accès à l’éducation de niveau universitaire pour l’ensemble de la population sans distinction est un enjeu important, car cela constitue un des piliers du développement de la société et de l’individu dans une société. On doit se demander en tant que citoyen, dans quel genre de société veut-on vivre et quels sont les impacts d’une telle mesure sur les générations à venir?

 

On peut facilement citer la France et les États-Unis en comparaison. La France avec son système d’éducation universelle rend les études de niveau supérieur accessible à tous. Les politiques d’éducation du gouvernement français visent à niveler le niveau de connaissance de la population vers le haut. L’éducation chez nos cousins français est plutôt considérée comme un droit et non un bien marchand. Tandis qu’aux États-Unis l’éducation se paie. La décision du gouvernement Charest, bien que moins extrémiste ouvre la porte vers la possibilité de changement plus radical. D’où les réactions importantes non seulement des groupes d’étudiants, mais aussi de la part de gens soucieux des générations futures.

 

Certes, le fait d’entreprendre des études universitaires à des répercussions sur les individus, mais se sont surtout les conséquences sur la société qu’il faut avoir en tête. L’ensemble de la société québécoise en tirera des bénéfices. Surtout que selon Emploi-Québec, le nombre d’emplois exigeant un diplôme universitaire entre 1999 et 2009 avait augmenté de 30%. L’augmentation de la scolarité au sein de la société est un phénomène constaté depuis plusieurs années et l’on est porté à croire que la tendance devrait se maintenir.

 

L’augmentation de la durée des études d’un étudiant moyen est un autre phénomène important. Selon moi les politiques du gouvernement devraient prendre cet élément en considération, mais surtout commencer par adopté des changements dans son régime de prêts et bourses. Le programme d’aide financière aux études (AFE) ne tient pas compte du coût de la vie quant aux frais de subsistances. Quant aux bourses, seulement une minorité des étudiants y ont droits. L’aide financière même améliorée contribuerait à l’endettement étudiant et ne pourra compenser la hausse des droits de scolarité. Une étude de l’IRIS conclut que : « Les politiques de frais de scolarité élevés, plus ou moins compensés par des programmes d’aide financière, mènent, tant au Canada qu’aux États-Unis, au renforcement des inégalités déjà présentes à l’université. »

 

L’endettement étudiant étant la principale cause d’abandon des études universitaires, on peut tout de suite comprendre le cercle vicieux engendré par un ce changement proposé par le gouvernement Charest. L’augmentation des prestations d’aide financière ne fera qu’accentuer ce phénomène. Des études on prouvé qu’environ le quart des étudiants vivent sous le seuil de faible revenu même en combinant leur revenu de travail et leur prêt et bourse. L’augmentation des frais de scolarité contribuera à augmenter le nombre d’étudiants en détresse.   

 

En terminant, le sous-financement des établissements d’enseignements au Québec n’est pas un phénomène nouveau. On prévoit déjà que l’augmentation des frais de scolarité au cours des prochaines années sera insuffisante pour contrer ce phénomène. La proposition du gouvernement Charest n’est qu’une des nombreuses options envisageables. Solution qui selon moi est simpliste et momentanée. On devrait plutôt penser à des manières alternatives pour financer l’éducation comme la collecte d’impôts plus progressifs. En misant sur un projet de développement d’une société du savoir. Le contrat social de 1968 est selon moi toujours d’actualité, la société québécoise devra par contre faire valoir son opinion auprès des politiciens de manière à forcer une remise en question plus profonde du programme d’éducation québécois.

 

 

 

P. Guillaume St-Laurent

 

ENP7505,

 

Groupe 27 (lundi soir)

 

Commentaires

  • la hausse des droits de scolarité pourrait réduire considérablement l'accéssibilité aux études universitaires. Le cerveau est la seule richesse naturelle, s’il est bien exploité, il fera sans doute la différence. On pensait que le gouvernement était bien conscient de l’importance du capital humain. On s’attendait qu’il investit, mais rien de ça !

  • la hausse des droits de scolarité pourrait réduire considérablement l'accessibilité aux études universitaires. Le cerveau est la seule richesse naturelle, s’il est bien exploité, il fera sans doute la différence. On pensait que le gouvernement était bien conscient de l’importance du capital humain. On s’attendait qu’il investit, mais rien de ça !

  • Je constate que, bien souvent, les gens ayant les moyens suffisant et même plus pour payer leurs droits de scolarité utilisent leur situation personnelle pour ensuite généraliser à l’ensemble de la classe étudiante. Il est en effet facile de s’afficher pour la hausse alors que l’on n’a jamais connu la précarité. Ce genre d’exercice manque de rigueur et personnifie le débat qui, à mon sens, doit plutôt faire l’objet d’un débat collectif. Un tel discours ne doit pas s’arrêter aux chiffres, il en serait réducteur, mais doit aller plus loin : À quoi sert l’éducation? À qui doit-elle profiter? Quelle importance lui accordée dans notre société? L’éducation, sensée transmettre le patrimoine culturel, intellectuel et scientifique de l’humanité et la formation d’un esprit critique, ne doit pas devenir un centre d’entreprenariat intellectuel qui produit des employés et des brevets commercialisables (Martin et Tremblay-Pépin, 2011).

    Le danger qui se cache derrière la stratégie du gouvernement Charest est de reconvertir le savoir en un bien marchand. Or, tout économiste sait pertinemment qu'une augmentation de l'offre diminue la demande. Pourtant, la ministre Beauchamp est la première à dire que la hausse des frais de scolarité n'affectera en aucun cas le taux de fréquentation universitaire des étudiants. On peut en douter sérieusement. On constate que des droits de scolarité très bas au cégep et relativement bas à l’université ont permis au Québec de compter 85 000 étudiants de plus dans ses établissements d’enseignement postsecondaires que s’ils avaient été alignés sur la moyenne canadienne.

    Puis, je tiens à préciser que le sous-financement des universités est un mythe. Dans une recherche de l'IRIS (2011), Tremblay et Pepin ont démontré que les dépenses par étudiant sont les plus élevées au Québec, soit 29 242$ en comparaison de l’Ontario avec 26 383$. Les sommes d’argent sont plutôt détournées vers la recherche, au détriment du budget de l’enseignement. De plus, ces sommes financent moins souvent la recherche fondamentale mais plutôt la recherche à visée appliquée et commercialisable. Le problème réside plutôt dans la répartition de ces sommes. Le sous-financement est donc un prétexte pour adapter nos universités au modèle canadien et pour justifier la hausse des frais de scolarité et la reconversion de l’éducation à des fins marchandes.

    Bref, la hausse des frais de scolarité se veut, à mon avis, un non sens et sans fondement. Les chiffres qu'on nous présente sont manipulés afin de faire bien paraître ceux qui contestent le maintien actuel des frais de scolarité.

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