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Blogue #2 - Pigeon-Caron : Le financement des écoles privées au Québec face au modèle nordique

Le financement des écoles privées au Québec face au modèle nordique

 

 

Un des plus grands débats actuels de la société québécoise concernant l’éducation se trouve dans le financement des écoles privées par le gouvernement. En effet, le gouvernement du Québec va financer jusqu’à 60% des écoles privées au Québec, qui ont déjà accès à plus de ressources, puisque les parents paient pour que leurs enfants puissent fréquenter l’établissement scolaire. La situation est devenue problématique au tournant du millénaire, alors que les établissements scolaires privés ont vu leurs effectifs croître de manière substantielle, alors que la situation était inverse dans les institutions publiques [1].

 

Cette situation, pour les partisans d’un désengagement de l’État à ce niveau, crée un système d’éducation à deux vitesses, favorisant les familles mieux nanties qui peuvent donc se permettre d’acheter une éducation de meilleure qualité à leurs enfants, en allant à des écoles ayant plus de ressources, donc plus de soutien et d’encadrement à l’élève. Ils allégueront alors que les 330 millions de dollars qu’injectent l’État annuellement aux écoles privées seraient bien mieux utilisés dans le réseau public, alors que ce serait les familles les plus démunies qui en en bénéficierait, et non plus riches [2].

 

Les défendeurs du système actuels défendent l’accessibilité au système privé. Pour eux, le fait que l’État participe au financement des écoles privées, n’est pas un désavantage, mais bien une bénédiction pour les écoles publiques. Cela pousse les écoles publiques, qui auraient tendance à devenir paresseuses sans compétition, à se dépasser pour rivaliser et faire compétition avec les écoles privées [3].

 

Les experts s’adonnant au jeu des comparaisons prennent souvent pour exemple le cas des autres provinces canadiennes, qui, quant à elles, n’accordent aucune subvention à leurs élèves. C’est pour cette raison, par exemple, qu’une école «d’élites» comme pourrait l’être Jean-de-Brébeuf, à Montréal, coûte 3,400$ dollars par année aux parents québécois, alors qu’une école similaire comme le Upper Canada College à Toronto, coûte 27 000$ aux parents ontariens.

 

Quand les pays nordiques en rajoutent...

 

Les pays nordiques sont un exemple de cette dichotomie dans les points de vue, alors que malgré des populations similaires et des modèles économiques comparables, les suédois et finlandais ont des systèmes d’éducation complètement différents.

 

Tout d’abord, la Suède, pourtant réputée selon certains comme étant un modèle de social-démocratie et d’État-Providence, fait partie des pays les plus en faveur du financement du privé. En effet, l’État Suédois depuis les années ’90 a grandement favorisé la création d’établissements privés. Il les a favorisés à un tel point que sur une période de dix ans entre 1991 et 2001, le nombre d’écoles privées a augmenté de 725%. La Suède offre un financement variant entre 85 et 100% pour les écoles privées afin que ses fonds bénéficient aux élèves. Cependant, en contrepartie, depuis que l’État Suédois offre un tel financement aux écoles, celles-ci ne peuvent plus exiger de frais de scolarité à leurs étudiants, comme c’est le cas présentement au Québec. Les administrateurs suédois sont d’avis que la concurrence créée entre les écoles privées et publiques sont bénéfiques pour tout le monde, et le fait de financer complètement certaines écoles privées donnent la chance à tous les étudiants de pouvoir choisir soi-même son école, peu importe si elle est privée ou publique [4].

 

A contrario, on retrouve le modèle finlandais, où aucune subvention n’est accordée aux écoles privées. En fait, l’État Finlandais ne finance pas le réseau d’éducation privée parce qu’il n’existe simplement pas. Le système est entièrement public et, comme en Suède, les étudiants ont véritablement le choix de leur école, contrairement à ce qui se fait au Québec, avec notamment les tests d’entrées dans certaines écoles privées, qui se limitent donc à prendre les élèves les plus talentueux [5].

 

Le fait de ne pas avoir de compétition entre le privé et le public et de ne pas faire passer de tests pour créer une élite étudiante année après année semble bien marcher pour les finlandais, puisque ceux-ci sont continuellement parmi les 5 meilleurs pays aux tests PISA [6], la référence mondiale en terme d’évaluation des acquis des étudiants. En fait, les seuls étudiants pouvant rivaliser avec les finlandais se retrouvent en Asie, notamment la Corée du Sud et Singapour. La Suède, quant à elle, se retrouve dans le premier tiers du classement, aux environs de la 30e position...

 

Il y a donc lieu de se questionner sur les bienfaits de la présence du privé en éducation. Certes, il y a définitivement lieu d’agir au Québec d’agir, voyant le taux de décrochage scolaire augmenter année après année. Est-ce que le financement au privé a un effet sur le décrochage ou les liens n’ont aucune corrélation? La question se pose.

 




SOURCES

 

[1]http://www.ledevoir.com/non-classe/78115/agora-quebec-doit-mettre-fin-au-financement-public-des-ecoles-privees

 

[2]http://www.mels.gouv.qc.ca/sections/modesFinancement/pdf/etablissements_prives.pdf

 

[3]http://www.brebeuf.qc.ca/public/c41d68f5-9dba-45bb-9799-679a6ea1e45b/manchettes/de-l-importance-de-l-enseignement-prive-au-quebec.pdf

 

[4] http://www.ieim.uqam.ca/IMG/pdf/paquin-8.pdf

 

[5] PAQUIN, Stéphane (2008). La nouvelle économie politique internationale, Paris, Éditions Armand Collin, p. 255.

 

[6] http://nces.ed.gov/surveys/pisa/

Commentaires

  • Un bon deuxième blogue M. Pigeon-Caron. On va lire , scruter et analyser et...faire le jugement. Bravo
    Prof

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