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L'intégration des médecins diplômés à l'étranger


L’intégration des médecins diplômés à l’étranger est l’un des problèmes les moins médiatisés au Québec. Raison pour laquelle j’ai pensé à aborder ce sujet.

Certaines statistiques indiquent que 3000 médecins diplômés à l’étranger ne peuvent pas exercer dans la Belle Province [1].

Le collège des médecins du Québec (CMQ) et les facultés de médecine ne facilitent pas leur (MDE) intégration et leur empêchent de pratiquer leur métier.

Je citerai le cas frappant des postes de résidence laissés vacants pendant trois années consécutives alors que les médecins diplômés à l’étranger avaient appliqué pour ces postes : « En 2007, les quatre facultés de médecine du Québec (Université de Laval, Université de McGill, Université de Montréal, Université de Sherbrooke) ont laissé vacants 87 postes en résidence, alors que 174 médecins diplômés à l’étranger dont le diplôme avait été reconnu par le Collège des médecins du Québec étaient en attente de stage en résidence.

En 2008, 102 postes de résidents  ont été laissés vacants sur un total de 724 postes attribués après le premier tour de jumelage.

En 2009, même constat où 94 postes de  résidence sont restés vacants alors que plus de 130 des médecins diplômés à l’étranger avient appliqué. » [2]. On voit que les chiffres parlent d’eux-mêmes concernant les difficultés d’obtention des stages en résidence.

Une mesure contraignante des facultés de médecine de famille comme celle de l’université de Montréal exclut à l’admission en résidence certains médecins diplômés hors du Canada et des États-Unis, pour raison de durée de non pratique ou durée d’éloignement de la pratique. Mais, autre paradoxe du système de santé, certains médecins à qui on refusait de pratiquer dispensaient des cours à l’Université ! [3].

Ces médecins sont aussi confrontés à d’autres difficultés telles que : le corporatisme du CMQ; le manque d’expérience de travail au canada; la non reconnaissance des expériences de travail acquises à l’étranger.

Le gouvernement libéral du Québec qui revendique sa proactivité dans l’épineux dossier des médecins étrangers se justifie souvent par le fait que l’évaluation des compétences des médecins diplômés hors Canada et États-Unis tout comme la question des résidences ne ressortent pas de ses compétences.

Les difficultés d’intégration des MDE doivent interpeller le gouvernement québécois sur sa politique d’immigration qui risque de ternir l’image du Québec au niveau du recrutement, de la sélection et de l’intégration des immigrants.

Face à ces obstacles, on s’attend à des conséquences.

Les conséquences :

-          Des médecins chauffeurs de taxi [4] ou livreurs de pizzas. L’auteur du rapport sur le stage d’intégration (de mise à niveau de 6 mois) le Dr Vincent Échavé reconnaissait lui-même qu’à Montréal on voit beaucoup d’immigrants qui conduisent des taxis dans l’émission du 21 juillet 2009 à « Croyez-vous à l’utilité de stage de formation pour faciliter l’intégration des médecins étrangers au système québécois?» [5].

-          Migration des médecins étrangers vers d’autres provinces du canada

-          Problèmes psychologiques

-          Perte de dignité humaine

-          Rupture familiale

 Je suis d’accord avec le Docteur Victor C. Goldbloom,  professeur de pédiatrie, de sociologue et d’économie de la médecine à l’université McGill de 1950 à 1970 lorsqu’il dit : « Je trouve que nous sommes sévères, indûment sévères dans cela. Je n’exagère qu’à peine en disant que c’est comme si nous disons aux Québécois et Québécoises : Vous êtes mieux de ne pas avoir un médecin que d’avoir un médecin qui à nos yeux n’est pas encore parfait. Je trouve que nous n’avons pas eu recours suffisamment au mentorat. Et je souligne que, lorsqu’on demande à un médecin qui vient d’un autre pays de faire, disons, deux années de résidence dans un hôpital, ce genre d’expérience n’est pas absolument pertinent aux soins des familles. Et nous savons qu’il y a énormément de familles québécoises qui cherchent désespérément à trouver un médecin de famille et sans succès ». Il souligne le mentorat comme l’une des solutions pertinentes de l’insertion des médecins étrangers. Ces médecins sont des professionnels qui ont pratiqué tant d’années, sont compétents et ont fait des preuves dans l’exercice de leur métier. Et je pense qu’avec leurs compétences et leur professionnalisme, le mentorat serait bénéfique pour le Québec  qui est en pénurie de médecine de famille et faciliterait leur intégration.

L’une des principales recommandations de la coalition des médecins étrangers consiste à mettre directement en stage le médecin étranger dès qu’il arrive pour ne pas perdre de temps. Selon le Dr Amouzou, la médecine c’est à l’hôpital. En clair la pratique de la médecine doit se faire à l’Hôpital, orienter directement le médecin à l’hôpital  pour voir ensuite son évaluation et voir s’il lui manque quelque chose. Je suis tout à fait d’accord avec la recommandation de la coalition des médecins étrangers car on ne peut pas directement juger les compétences de ces médecins diplômés à l’étranger si on ne leur donner même pas la chance de pratiquer.

Une autre solution consisterait à ralentir la sélection des médecins diplômés à l’étranger en attendant de trouver des solutions concrètes facilitant leur intégration.

Mais moi je préconiserais la première solution qui est le mentorat et  pourrait résoudre la crise de médecine de famille.

 Jusqu’à aujourd’hui, les solutions proposées par le Collège des Médecins du Québec (CMQ) et par les facultés de médecine ne tournent pas en faveur des médecins diplômés à l’étranger (MDE). A mon avis, ça serait dommageable pour le Québec de perdre des ressources humaines compétentes face à la crise de médecins de famille que traverse Québec en ce moment. Ces médecins ont fait de leur vocation la médecine et aiment aider les gens à retrouver leur santé. Hippocrate, le père de la médecine grecque, aurait apprécié !!!

Le travail étant l’un des facteurs essentiels de l’intégration d’un individu dans la société; alors faut-il laisser ces médecins qualifiés, expérimentés, échapper à la belle province (Québec) ou trouver un consensus pour faciliter leur intégration ?


Seydou Sall


ENP 7505 - Lundi  Soir

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[1] Source : Médecins d’Ailleurs, 2008

[2] Ibid.

[3] Doudou Sow, Faut-il fermer les vannes de l’immigration aux médecins diplômés à l’étranger ? , octobre 2010, CJE Bourassa-Sauvé

[4]Quand on parle de chauffeurs médecins de taxi, il ne faut pas y inclure les nouveaux médecins étrangers. Le prix de la licence (250 000$) n’est pas à la portée de la bourse des médecins nouvellement arrivés au Québec. Aussi, l’industrie du taxi est fortement concurrencée par le BIXI, (nouveaux vélos en libre-service de Montréal), la navette Autobus Express 747 Aéroport Trudeau au centre-ville et le projet de train de l’Est. À chaque fois que nous prenons ce mode de transport, nous profitons du voyage pour demander aux chauffeurs étrangers s’ils étaient des médecins ou des ingénieurs dans leur pays d’origine, leur date d’arrivée au Québec, s’ils ont choisi délibérément ce métier  ou par contrainte à cause des difficultés d’intégration.

[5]SRC Radio 95,1 FM, Maisonneuve en direct-Stage pour médecins étrangers, Jacques Beauchamp-21 juillet 2009.

 

 

 

Commentaires

  • Je partage entièrement votre avis sur ce massacre. Ce qui donne à réfléchir, c'est que ces médecins étrangers ont été sélectionnés comme travailleurs "QUALIFIÉS", d'après leur diplôme et selon leur expérience professionnelle; pour se retrouver , une fois sur le sole de la belle province face à une réalité amère:la non reconnaissance des compétences. Quel rêve perdu!!! Faire marche arrière est vraiment impossible alors...c'est l’impasse!?
    Je trouve que c'est exorbitant d'exiger la crème des pays avec de tels diplômes , de tel expérience et de tel niveau d'instruction pour se retrouver en fin de compte comme chauffeur de taxi, livreur de pizza ou même ouvrier sous la table.
    Une mise à niveau est largement suffisante pour pouvoir juger les compétences au lieu de demander de réfère tout à zéro et par la suite, face à une grande plaque "ORDRE DES MÉDECINS", et pourtant, le principe dans le métier est le même,à moins que le corps humain de l'Amérique du nord et celui des autres pays est différent pour que sa médecine soit unique.
    A mon avis c'est voulu; l'économie du Québec repose sur les immigrants ,cette main d’œuvre à moindre coûts.

  • Personnellement, ce qui me surprend c’est de savoir que la plupart de ces médecins s’efforcent de suivre la procédure pour obtenir les prérequis exigés au Québec, avec tous les frais que cela comporte. Ils passent les mêmes évaluations que leurs collègues québécois. Ils réussissent les examens d'équivalence du Collège des médecins du Québec…et se retrouvent finalement ‘bredouilles’. Où, comme tu l’as si bien indiqué, ils partent pratiquer ailleurs et je rajouterai que beaucoup se dirigent vers l’Ontario. D’ailleurs en 2009, 20 % des médecins résidents ontariens ont été formés à l'étranger comparativement à 7 % au Québec.

    Par ailleurs il est important de souligner que ce ne sont pas tous les médecins diplômés à l’étranger qui sont nés et qui ont grandi à l’extérieur du Canada. Ils existent en effet des médecins diplômés à l’étranger qui sont d’origine canadienne qui rencontrent moins de difficultés quant à la reconnaissance de leurs qualifications au Canada, comparativement aux médecins diplômés à l’étranger qui sont des immigrants d’origine non canadienne. Cela s’explique notamment par le fait que ces médecins choisissent d’aller se former aux États-Unis, en Grande-Bretagne ou en France, soit des pays dont les systèmes de formations et de reconnaissance des qualifications sont similaires et qui ont une langue en commun avec le Canada.

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