Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

LES MÉDIAS SOCIAUX ET NOS ÉLUS

Les médias sociaux et nos élus

 

 

De nos jours il est d’actualité de se questionner sur la pertinence de l’utilisation des médias sociaux par nos élus. Il n’y a pas si longtemps les communications étaient uniquement réalisées par les journaux, la télévision ainsi que la radio. Au cours des années 90, l’internet a fait son entrée. En 2009, une étude faite par CEFRIO (centre facilitant la recherche et l’innovation dans les organisations) révélait que 13 % des Québécois s'informaient principalement sur le Web, tout juste derrière les journaux (16 %), alors que la part de la télévision (60 %) décroît rapidement (3 % de moins de 2008 à 2009).Cela me permet de comprendre pourquoi nos politiciens utilisent de plus en plus les médias sociaux comme moyen de rejoindre ses électeurs[1].

De par le contact direct avec ses électeurs, le politicien peut éviter d’avoir recours au journaliste. Ceci lui facilite l’interaction avec eux et créer un certain rapprochement. Les stratèges les plus astucieux peuvent par la suite corriger le tir au fil des interactions et cibler les messages auprès d’eux. Il est vrai que les médias sociaux permettent d’humaniser nos politiciens.

Barak Obama

Barak Obama fut le premier candidat à la présidence des États-Unis à utiliser les médias sociaux. Il avait embauché un ancien de Facebook, Chris Hugues, dans la jeune vingtaine, pour non seulement bonifier sa campagne, mais carrément l'articuler autour du Web. Il va sans dire qu’il a réussi à faire sortir le vote des jeunes utilisateurs des médias sociaux.

Stephen Harper

Du côté de notre Premier ministre Stephen Harper, il s'est fait un peu de capital de sympathie auprès de l'électorat en chantant une chanson des Beatles sur You Tube. Il a aussi récidivé, également sur You Tube, en répondant aux questions des citoyens canadiens sur le dernier discours du Trône ; contournant par la même occasion les journalistes. On se souvient très bien, lors de sa dernière campagne électorale, de sa décision de restreindre le nombre de journalistes ainsi que le nombre de questions lors de ses allocutions en public. Il va sans dire que connaissant la philosophie de notre premier ministre sur le contrôle de l’information tant à l’interne qu’à l’externe, je ne suis pas surpris de le voir utiliser les médias sociaux[2].  Je suis de ceux qui pensent qu’il va augmenter sa présence étant donné qu’il est majoritaire et qu’il a la latitude nécessaire de promouvoir son idéologie politique.

Denis Coderre

 

De son côté, le député Denis Coderre est un des plus actifs. Il a près de 10 400 abonnés sur Twitter. On peut le suivre jour après jour et parfois d’heure en heure. Il explique pourquoi il utilise les médias sociaux « Tout outil de type Facebook nous permet de rejoindre les gens, d'échanger évidemment, mais surtout d'avoir une réaction quasi immédiate sur les dossiers de l'heure. (Il s'agit pour moi d'un moyen et non d'une fin). »[3]

 

On se souviendra il y a un peu plus d’un an, l’évènement entre deux députés qui se « twittaient » en chambre en commentant la tenue vestimentaire des membres de l’opposition. Ceci et d’autres évènements ont amené la chambre à prendre des actions afin de garder un décorum et une crédibilité envers la population. Le comité permanent de la procédure et des affaires de la Chambre a soumis des recommandations concernant l’emploi des nouvelles technologies et leurs répercussions sur les délibérations de la Chambre[4]. La question se pose ! Pourquoi seulement en chambre ? La crédibilité de nos élus est aussi bonne sinon plus à l’extérieur qu’à l’intérieur de la chambre.

Anthony Weiner

Le député démocrate de New York Anthony Weiner est un bon exemple. Le 6 juin dernier il a admis avoir envoyé, via Twitter, des photos explicites à des jeunes femmes qu’il n’avait jamais rencontrées. Il s’agit du dernier scandale en date alliant sexe et politique aux États-Unis. Il devient la première personnalité politique américaine à voir sa carrière prometteuse brisée par Twitter nul besoin de vous dire que le président Obama lui avait suggéré fortement de démissionner afin de ne pas nuire davantage aux démocrates à l'approche de l'élection présidentielle. Ce cas est complètement l’extrême mais démontre clairement la vulnérabilité de nos politiciens qui sommes toutes sont des humains et ne sont pas à l’abri de scandale. Selon moi, tout comme plusieurs ils se sentent à l’abri et minimise la portée de leurs gestes par l’entremise des médias sociaux.

Tout récemment, l’annonce de la retraite du journaliste Pierre Sormany, directeur des émissions d’affaires publiques de Radio-Canada suite à des propos sur Facebook concernant les attaques de Jacques Duchesneau contre les médias est un exemple très récent de l’utilisation des médias sociaux . Des parties de ces échanges se sont retrouvées sur Twitter, c’est Denis Coderre qui a récupéré la nouvelle et qui a avisé son ancien collègue Jean Lapierre. Ce dernier était visé par les propos.

Il est très surprenant par le peu d’encadrement que les partis politiques imposent à leurs membres actifs sur l’utilisation des médias sociaux. Ils l’expliquent en disant qu’ils vivent déjà dans un univers très réglementé où chacun doit peser ses mots, de peur des conséquences qu’ils devront assumer. Il y aurait plusieurs raisons pour expliquer ce laisser-faire : d’abord, parce que tout ça est assez nouveau et que les partis semblent pris au dépourvu face à la popularité croissante de Twitter. Selon moi, expérimenter les médias sociaux, c'est marcher sur un fil de fer entre privé et public. Il est important de personnaliser le contenu mais à quel prix ? La marge est courte. Nous pouvons affirmer que nous sommes dans une zone grise qui s’appelle l’éthique. Nos politiciens font face à leur culture, leurs valeurs mais ils se doivent d’utiliser des règles de vies et des comportements qui reflètent la société[5].

En Angleterre suite aux actes de violence de l’été dernier, le Premier Ministre David Cameron est intervenu à la Chambre des Communes et a fait part de son projet de censurer Twitter et les réseaux sociaux dans certaines circonstances. « La libre circulation de l’information peut être utilisée pour le bien. Mais elle peut aussi être utilisée pour le mal. Et lorsque les gens utilisent les médias sociaux pour semer la violence, nous devons les arrêter.  »[6]

Je ne crois pas que nous sommes rendus à adopter une loi visant à restreindre l’utilisation des médias sociaux mais je crois que des réflexions s’imposent sur le volet éthique de nos élus. Il est clair que les élus sont le reflet de la population mais il doit y avoir certains principes qui guident cette utilisation afin qu’on puisse à tout moins rehausser leur crédibilité à leur égard.

 

On peut se poser des questions sur les motivations de nos politiciens à être dans les médias sociaux : propagande, une façon de contourner les médias traditionnels, contrôler le message ou être plus près des citoyens ?

 

Références

(1)     http://www.cyberpresse.ca/le-soleil/dossiers/elections-federales/201103/26/01-4383568-elections-federales-incontournables-medias-sociaux.php

(2)     http://franco.ca/canadienerrant/index.cfm?voir=blogue&id=11172&M=2964&item=11330&Repertoire_No=2137989372

(3)     http://blogues.cyberpresse.ca/collard/2010/05/26/denis-coderre-twitter-et-la-politique/

(4)     http://www.parl.gc.ca/HousePublications/Publication.aspx?DocId=4624469&Language=F&Mode=1&Parl=40&Ses=3

(5)     Mercier, J. (2002). L'administration publique : de l'école classique au nouveau management public. Sainte-Foy, Québec: Presses de l'Université Laval.

(6)     http://www.telegraph.co.uk/news/uknews/crime/8695272/UK-riots-text-of-David-Camerons-address-to-Commons.html



André Goulet

ENP 7505

Automne 2011

 

 
 

 

 
 

Commentaires

  • Bravo encore André pour oser à nouveau un commentaire public sur une question d'actualité pour faire voir des principes d'administration publique concrets.
    N'oublions pas de s'assurer une copie-papier dans les cahiers réservés à cette fin.
    Ceci s'applique aussi pour les "commentateurs" de André.
    Et bientôt ...de la correction, au sens d'examen de la copie !
    Prof - dimanche le 23 octobre

Les commentaires sont fermés.