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L’éducation: une priorité nationale! Marie-Claude Lortie

Laissez-moi émettre mon opinion sur le texte  de consultation de la Coalition pour l’avenir du Québec en matière d’éducation.[1] Je suis d’accord avec M. Legault et son équipe lorsqu’ils disent que l’éducation doit être une priorité de L’État québécois. Depuis la révolution tranquille, le Québec s’est doté de moyens, de pratiques et de structures pour faire de notre système d’éducation un des meilleurs au monde. D’ailleurs, nos élèves se classent au 5ième rang sur le plan international et au premier rang dans le monde francophone dans les études PISA.[2][3] Mais il est vrai que malgré cette réussite, plusieurs enjeux touchent notre système d’éducation comme : un haut taux de décrochage scolaire; un manque de valorisation de l’éducation dans notre collectivité; un faible taux de participation des parents dans le système éducatif et de la population aux élections scolaires; un sous-financement des établissements scolaires; des conditions de travail plus ou moins intéressantes pour les enseignants; des classes trop nombreuses; des conditions manquantes pour  favoriser la réussite des élèves en difficultés et j’en passe. La liste d’enjeux est longue. C’est pourquoi la Coalition pour l’avenir du Québec propose 3 initiatives pour résoudre ces problèmes : établir un nouveau pacte avec les enseignants; réorganiser le réseau pour accroître l’autonomie des directions d’établissements et des enseignants; augmenter le nombre de diplômés universitaires et améliorer la performance de nos universités pour en faire de véritables moteurs de développement social et économique. Selon moi, la plupart de ces solutions ou les moyens pour y parvenir sont farfelues. Je me pencherai donc sur quelques-unes que je trouve particulièrement horrifiantes.

Tout d’abord, le système d’évaluation des enseignants que M. Legault et sa coalition proposent est totalement ridicule. Il serait créé afin de mesurer les compétences et la motivation des profs. Ces derniers seraient évalués par leur direction d’école et selon la satisfaction des parents. Si, malgré ces mesures, on ne verrait pas plus de performance chez les élèves, l’enseignant perdrait son poste. Je crois que cette pratique serait malsaine en milieu scolaire car elle engendrerait un stress supplémentaire chez le personnel et de la compétition entre les enseignants qui voudraient être « meilleurs » que les autres. De peur de perdre leur emploi, ils gonfleraient les notes de leurs élèves, acte qui s’avérerait de la tromperie. Aussi, un parent d’élève en difficulté pourrait n’être jamais satisfait du « service » rendu à son enfant, rejetant la faute sur le « mauvais » enseignant. Dans ce contexte, le réseau public de l’éducation pourrait tomber dangereusement dans un mode « clientélisme ». De plus, en payant les profs au « mérite », on serait vite arrêté par la loi sur l’équité salariale. Enfin, en adoptant ce système, c’est comme si on remettait la responsabilité de la réussite des jeunes seulement sur le dos des enseignants. Il ne faut pas oublier que la réussite des jeunes est aussi influencée par d’autres facteurs comme : un climat scolaire sain, agréable et coopératif; une situation familiale propice à l’épanouissement et au développement du jeune et; l’effort, la persévérance et l’engagement personnel de l’élève dans ses études.

Deuxièmement, je ne crois pas que l’idée de la Coalition d’abolir les commissions scolaires soit des plus appropriées. Les objectifs de ce projet d’abolition visent évidemment à réduire les coûts mais aussi, à décentraliser et redistribuer les ressources humaines, matérielles, informatiques et financières vers les écoles. Pourtant, les coûts de gestion des commissions scolaires représentent 4,9% et ils sont les plus bas du secteur public et parapublic![4] Je pense également que M. Legault et son équipe devraient passer quelques journées dans une commission scolaire pour voir son utilité et tout le travail qui se fait à l’interne. Ces instances ont beaucoup de responsabilités comme : organiser les services éducatifs; organiser le transport scolaire; négocier l’application des conventions collectives; entretenir et rénover les immeubles et; gérer le réseau informatique. Transférer ces tâches aux écoles ne ferait aucun sens puisque cela amènerait une surcharge de travail aux directions déjà déborder par ses propres activités telles que : gérer ses ressources humaines; régler les conflits de travail; gérer ses budgets; appuyer son personnel dans ses interventions auprès d’élèves en difficulté; créer des liens avec la communauté et; collaborer avec les parents. Une augmentation des ces responsabilités pousserait l’école à dévier de sa mission première qui est d’instruire, de socialiser et de qualifier.[5]

Troisièmement, je ne suis pas d’accord avec le plan de la Coalition d’abolir les élections scolaires et les postes de commissaires sous prétexte que la population n’est pas intéressée aux enjeux spécifiques à l’administration d’une organisation scolaire régionale. Personnellement, je ne connais pas les commissaires de ma région et j’ai rarement entendu parler des élections scolaires. Il faudrait trouver des moyens pour faire connaître davantage, auprès de la population, le travail des commissions scolaires et des commissaires en plus des principaux enjeux qui les touchent. Pour que les candidats aux élections scolaires puissent faire plus de publicité et augmenter ainsi leur visibilité et la connaissance des enjeux par la population, il faudrait d’abord que leur équipe soit bien financée. Or, la loi 78 concernant la représentation électorale et les règles de financement des partis politiques ne prévoit pas que les dons faits aux candidats aux postes de commissaire soient déductibles d’impôt comme c’est le cas pour les partis politiques municipaux et provinciaux.[6] Il faudrait que cela change. Ensuite, comme certains groupes, je suis d’avis de tenir les élections municipales et scolaires simultanément et de créer des équipes électorales dotées de programmes précis pour mieux informer les parents des enjeux qui se jouent dans leurs écoles.[7] De plus, la Centrale des Syndicats du Québec (CSQ) propose de valoriser le rôle des commissaires pour en faire  de véritables « députés de l’éducation » et de réserver des postes pour le personnel scolaire.[8] Ce n’est pas une mauvaise idée!

Pour terminer, je crois que M.Legault et toute sa belle équipe devrait écouter la population. J’appuie la Ministre Beauchamp lorsqu’elle dit que les enseignants ni même les parents ne demandent de tels changements.[9] Je rajouterai les commissions scolaires et les directions. La Coalition devrait plutôt écouter les cinq propositions pour une meilleure éducation au Québec émises par la CSQ suite à une vaste consultation auprès de 15 000 acteurs du milieu de l’éducation. Ces derniers ont proposés des moyens à mettre en œuvre pour assurer une éducation de qualité pour tous les jeunes et adultes en formation, du préscolaire à l’université.[10]C’est plutôt eux les experts, non?

Marie-Claude Lortie
ENP-7505 (lundi soir)

[1] LEGAULT, François (2011). Se doter de l’un des meilleurs systèmes d’éducation au monde d’ici 2020, texte de consultation de la Coalition pour un avenir au Québec en matière d’éducation, Coalition pour un avenir au Québec. http://www.coalitionavenir.org/files/Texte_consultation_education_final.pdf

[2] BOUCHARD, Josée (2011). Lettre s’adressant à François Legault de la Coalition pour l’avenir du Québec concernant sa vision de l’éducation, Fédération des commissions scolaires du Québec.

[3] OCDE PROGRAM FOR INTERNATIONAL STUDENT ASSESSMENT (Page consultée le 30 septembre 2011). Site de l’OCDE PISA, (en ligne), http://www.pisa.oecd.org

[4] BOUCHARD, Josée (2009). Abolition des commissions scolaires : fin de l’égalité des chances en éducation, Archives communiqués, Fédération des commissions scolaires du Québec.

[5] Ibid

[6] Fédération des commissions scolaires du Québec (Janvier 2010). Projet de mémoire de la Fédération des commissions scolaires du Québec à la Commission des institutions concernant le projet de loi n° 78 intitulé Loi modifiant la Loi électorale concernant la représentation électorale et les règles de financement des partis politiques et modifiant d’autres dispositions législatives. http://www.fcsq.qc.ca/Publications/Memoires/2010/Memoire-Projet-Loi-78.pdf

[7] Ibid

[8] PARÉ, Isabelle (26 eptembre 2011). « Abolir les commissions scolaires, une idée sans bon sens, dit Gérin-Lajoie », dans Le Devoir.com, Montréal.

[9] RADIO CANADA (12 avril 2011). « François Legault veut modifier le système d’éducation », dans Radio-Canada.ca, Montréal.

[10] CENTRALE DES SYNDICATS DU QUÉBEC (Page consultée le 30 septembre 2011). Campagne en éducation : cinq propositions pour une meilleure éducation au Québec, (en ligne), http://www.campagneeducation.csq.qc.net/

Commentaires

  • Bravo encore Marie-Claude pour oser un commentaire public sur une question d'actualité pour faire voir des principes d'administration publique concrets.
    N'oublions pas de s'assurer une copie-papier dans les cahiers réservés à cette fin.
    Ceci s'applqiue aussi pour les "commentateurs" de Marie-Claude.
    Et bientôt ...de la correction, au sens d'examen de la copie !
    Prof - dimanche le 23 octobre

  • A mon avis, ce qui a accentué le décrochage scolaire, c’est le fait que les élèves puissent continuer à progresser avec un niveau faible, sans doublé de classe. Une fois au secondaire, ils se retrouvent avec beaucoup de lacunes, ce qui ne leur permet pas d’avancer, non seulement parce qu’ils comprennent absolument rien, mais encore ils deviennent gêner devant leurs amis.

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