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Les transports à Montréal, un manque de centralisation ?

Blogue 2.

Les transports à Montréal, un manque de centralisation ?


Les transports à Montréal seront-ils bientôt complètement inadéquats ? L’augmentation des voitures sur l’île est en progression constante, on dirait même de façon exponentielle tellement la progression est rapide. Les axes principaux sont bouchés régulièrement, les ponts également. Tout le système routier est utilisé à son maximum et en devient fragilisé. Il suffit d’une panne ou d’un accident sur l’un des accès principaux pour paralyser la circulation. Les travailleurs provenant des banlieues sont souvent pris en otage dans la circulation. Cependant la plupart d’entre eux résiste toujours à l’utilisation des transports en commun. Les Montréalais quant à eux, semblent de plus en plus tentés de délaisser tranquillement l’utilisation systématique de la voiture personnelle pour tout déplacement.


Mais qu’en est-il de ces transports en commun ? Les autobus de la ville ne sont pas assez nombreux pour éviter les attentes surtout en dehors des heures de pointe. Ils bousculent les horaires et perdent de leur fiabilité à la moindre chute de neige, comme si leur lieu de travail n’était pas Montréal et que la neige était toujours un intrant méconnu. Le métro pour sa part est devenu surpeuplé matin et soir, bondé avant d’arriver sur l’île. Sa fiabilité non plus n’est pas à toute épreuve, avec un plan de remplacement des voitures datant de 1966 et 1976, travaillé depuis 1999 et toujours non réalisé. Les trains de banlieue qu’on a vu arriver avec bonheur il y a quelques années ont eu leur lot de pannes et de modifications d’horaire eux aussi. On leur souhaite cependant de continuer leur progression vers la fiabilité et bien sur vers l’augmentation des services.


Comment se fait-il qu’une ville située sur une île et ayant donc toujours fait face à des contraintes d’accès, ne se soit pas mieux débrouillée pour en permettre aisément l’entrée ? Pourquoi le transport en commun ressemble-t-il encore à ce qu’il était il y a 20 ans ? Pourquoi l’arrivée des marchandises se fait-elle toujours en majeure partie par camion ? La prolifération des voitures personnelles nous semble plus importante récemment. Pourtant l’idée de la construction d’un pont supplémentaire du côté de la rive sud avait été envisagée il y a longtemps comme solution à la prolifération des automobiles. L’idée a heureusement été abandonnée il y a environ 20 ans. Le problème de la circulation automobile est commun à toutes les grandes villes et s’il perdure ici comme ailleurs ce n’est pas toujours faute d’analyses. Bien sûr les travaux de voirie, autant de développement que d’entretien coûtent excessivement cher. Mais si Montréal est si lente à développer des solutions, ne serait-ce pas par manque de coordination, de consensus ?


En effet, si le trafic est concentré à Montréal la prise de décision concernant les solutions à apporter se fait de façon complètement décentralisée, pour ne pas dire désorganisée… Le Ministère des Transports du Québec, la Ville de Montréal par sa responsabilité des transports municipaux octroyée par la loi, la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM), l’Agence métropolitaine de transport (AMT), La Société de transport de Montréal (STM), tous ces décideurs ont leur mot à dire quand il s’agit des routes et de leur fréquentation dans la région métropolitaine. Bien sûr le financement du transport en commun se fait à 75 % par Québec et le Ministre des transports est le décideur ultime. Cependant les 25 % restants financés par la ville recevant le service et ses sociétés de transport, la STM en l’occurrence, sont souvent augmentés par les frais d’entretien et Montréal est justifiée de vouloir prendre bonne part des décisions. Les gouvernements, provincial et municipal, ont de l’autonomie politique et financière et l’énergie investie à résoudre le problème l’est de façon décentralisée. La CMM et l’ATM quant à elles, ont toutes deux des mandats de planification du transport urbain. Il est difficile de se retrouver parmi toutes ces instances quant on veut planifier à long terme un projet structurant de déplacement urbain qui tienne compte des considérations environnementales et qui ne règle pas seulement le surplus actuel de voitures mais qui mène Montréal vers un futur moins pollué, moins bruyant, où les nombreux espaces verts offriront des déplacements pédestres agréables et sécuritaires.


La centralisation a l’avantage de permettre une meilleure coordination et priorisation des solutions tout en favorisant l’amélioration pour tous de façon aussi égalitaire que possible. Mais alors que serait l’organisme décisionnel ? Qui aurait le pouvoir de décider ? Peut-être un comité ministériel permanent sur le transport en commun de la région métropolitaine? Une tête pensante non partisane qui ne craindrait pas les prochaines élections ? Mais alors, formée en majorité d’élus Montréalais et surtout siégeant à Montréal bien que relevant de l’Assemblée nationale. Quelle meilleure façon y a-t-il pour saisir l’urgence de la situation que de vivre quotidiennement la problématique ?


Les solutions aux embouteillages sont nombreuses. La toute première tant attendue des Montréalais : la reprise des péages sur les ponts pour entrer en ville. Le pont de la 25 ouvrira bientôt et on y fera l’essai de postes de péage intelligents. C’est-à-dire que le tarif variera selon le moment de la journée. Il sera intéressant de voir quelle incidence ce type de tarification aura sur les usagers. Du moins sur ceux pouvant varier l’heure de leur passage sur le pont. Et le résultat se traduira-t-il en apport financier seulement ou les voitures seront-elles laissées à la maison au profit du transport en commun ? Les trains de la banlieue nord seront-ils plus utilisés et plus nombreux?


L’autobus et ses dérivés est peut-être la solution la moins dispendieuse et la plus facile à organiser. Voies réservées, meilleurs services, un vrai « 10 minutes maximum » d’attente, service rapide dans tous les secteurs de la ville par des autobus articulés, traditionnels ou par des minibus selon l’achalandage, des mesures préférentielles aux feux de circulation. Bien sûr les solutions à prix fort devront également être envisagées comme les prolongements du métro, le doublement de la ligne orange, la réfection de la rue Notre-Dame, le retour du tramway, la navette ferroviaire pour l’aéroport… On le voit, plusieurs de ces projets sont depuis longtemps sur la table et défraient l’actualité sans aboutir. La situation requière un meilleur leadership et l’avancement des projets serait facilité par un organisme central de décision.


Il faut être inventif et réaliste pour proposer des solutions abordables comme l’utilisation de toutes les possibilités offertes par l’autobus. Pour faire baisser l’attrait de l’automobile. Mais il est grand temps qu’on s’y décide. L’entretien des infrastructures autoroutières sur-utilisées se réserve le plus gros des budgets du Ministère des Transport du Québec. Il n’est pas facile de concilier entretien, nouveaux projets et budget disponible. Mais il faut trouver des solutions équitables pour tous. La taxe sur l’immatriculation du maire Tremblay n’est sûrement pas une solution équitable. Pourquoi faire payer par les seuls Montréalais des réseaux routiers utilisés par toute une région ? Et pourquoi punir les automobilistes urbains plutôt que de les inciter à se transporter autrement ?


Je pense que la situation et les solutions dépassent une seule mairie, serait-elle celle de la ville centre. Elle dépasse aussi un ministère situé à deux heures de route…quand tout va bien. Elle mérite la création d’un comité ministériel permanent siégeant à Montréal. Les enjeux sociaux, économiques et environnementaux sont grands sinon énormes. Cessons de gérer ces problèmes à la petite semaine, sans grand résultat et attablons-nous tous ensemble avec un seul budget regroupé pour imaginer des pistes de solutions novatrices. Les problèmes de transport requièrent des solutions rapides, j’en conviens. Elles ne doivent pas moins refléter et initier la qualité de vie à laquelle on aspire et pour laquelle toute une population est prête à s’investir.

Danielle Deland, ENP7505, lundi soir 2010

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