LA GOUVERNEURE GENERAMICHAELLE JEAN A-T-ELLE BIEN REMPLI SA MISSION A RIDEAU HALL?
LA GOUVERNEURE GENERALE MICHAELLE JEAN A-T-ELLE BIEN REMPLI SA MISSION A RIDEAU HALL?
Le CANADA fonctionne suivant un système de monarchie constitutionnelle où la Reine d’Angleterre joue le rôle de chef de l’Etat. En cette qualité, elle ne dirige pas directement. Elle se fait représenter par le Gouverneur Général qui est le dépositaire de certains symboles.[1]
Le Gouverneur Général est nommé par le Premier ministre en conseil des ministres, mais la décision doit être entérinée par la Reine. C’est en vertu de cette procédure que le Premier Ministre Paul Martin avait nommé Michaelle Jean, une canadienne d’origine haïtienne, Gouverneure Générale du Canada, le 27 septembre 2005. Michaelle Jean est ainsi devenue le 27ème gouverneur général du pays le plus vaste de la terre. Cette nomination a été très bien accueillie au Canada et un peu partout dans le monde.
Depuis le jour de son assermentation pour son entrée en fonction, Madame Michaelle Jean s’est montrée très active dans la vie politique canadienne. Mais comme le monde politique est complexe, elle a connu des hauts et des bas dans sa fonction. Pourtant, nul ne peut prétendre qu’elle n’a pas assumé ses responsabilités avec brio. Elle s’était donné pour mission principale de défendre les valeurs canadiennes et de bien représenter son peuple dans le monde. Sur le plan interne, elle a entretenu, dans le respect des traditions démocratiques du pays, des relations privilégiées avec les institutions qui font fonctionner l’Etat afin de garantir la bonne réputation du pays. Elle a aussi intensifié ses relations avec ses concitoyens en privilégiant le contact direct.
Cette stratégie s’est révélée payante, puisque Facebook et Twitter ont publié un tableau statistique très flatteur de son mandat, rappelant qu’en cinq ans, la Gouverneure Générale a fait près de 40 visites à l’étranger, 121 au Canada, prononçant 704 discours et écrivant 82 messages sur des blogues. Modernité oblige, elle aura été la première gouverneure générale à avoir une page Facebook et un compte Twitter et à participer à des discussions sur son site « à l’écoute des citoyens ».
En 2008, le gouvernement canadien a fait face une crise sans précédent dans l’histoire du pays : le Premier ministre Stephen Harper s’est vu contraint de s’exposer à un vote de confiance au parlement, lequel vote ne lui a pas été favorable. Madame Jean, dans le dessein de juguler la crise a usé de son pouvoir discrétionnaire de gouverneur pour proroger le mandat du premier ministre. Cette décision a fait l’objet de beaucoup de controverses au sein de la société canadienne.
Cependant des analystes crédibles retiennent que Madame Jean a été confrontée à une situation atypique, l’exposant en permanence à des épisodes turbulents qui l’ont gardée sous le feu constant des projecteurs.
Mme Antonia Maioni, directrice de l’institut d’études canadiennes de l’Université McGill, soutient qu’il ya eu des moments mouvementés, qu’elle a eu beaucoup de pain sur la planche, plus que d’habitude pour un gouverneur général. Elle a eu 3 gouvernements minoritaires, une grave crise politique, les rapatriements des corps des soldats morts en Afghanistan. Ce ne sont pas des événements que tous les gouverneurs doivent vivre. Mais elle a clairement été à la hauteur. Dans l’ensemble, elle a bien rempli les fonctions.[2]
De son côte, Ned Franks, constitutionnaliste chevronné de l’Université Queens, juge que Michaelle jean a été charmante, brillante, très déterminée en général. Elle a bouleversé les Canadiens, s’est intéressée de très près aux gens qu’elle a rencontrés. La fonction de base d’un gouverneur général, c’est de mieux faire connaître les Canadiens au Canada et dans le reste du monde. Elle a été très bonne là-dedans.[3]
Comme on peut le comprendre, la gouverneure générale a éprouvé de nombreuses difficultés dans le cadre de sa mission. Mais l’important est qu’elle se soit révélée à la hauteur de sa mission en prenant des décisions conformes à l’intérêt général. En dépit de tout ce qu’on pourrait dire de la gestion de cette chef d’Etat, force est d’admettre qu’elle a bien joué son rôle.
Dans une lettre de fin de mandat publiée au journal Le Devoir du vendredi 1er octobre 2010, la gouverneure générale Michaelle Jean a écrit que « son mandat n’aura donc pas été de tout repos, bien au contraire. Sur le plan de mes responsabilités constitutionnelles, j’ai eu à affronter les défis particuliers que pose tout gouvernement minoritaire à l’exercice du gouverneur général. Un moment de notre histoire politique qui aura certainement amené la population à s’interroger sur notre système et sur le fonctionnement de nos institutions ».
Fort de toutes ces considérations, il est important de garder à l’esprit que Michaelle jean a accompli sa mission constitutionnelle avec brio et persévérance. Il est clair qu’au delà des enjeux de toutes sortent auxquels elle était exposée, la représentante de la Reine a pu donner à sa fonction une orientation clairement citoyenne en gardant un contact permanent avec son peuple. Elle peut s’enorgueillir d’avoir répondu à l’appel de l’Histoire en se faisant l’écho de ses concitoyennes et de ses concitoyennes.
Bibliographie
1- Rémy Trudel,<< Principes et enjeux de l`Administration Publique.>>
2- Guillaume Bourgault-Cote, « Le règne spectaculaire de la « petite reine » » in Le Devoir, vendredi 1er octobre 2010.
3- Michaelle Jean, « Lettre aux canadiens », in Le Devoir, vendredi 1er octobre 2010.
4- Dominique La Haye, « Des adieux èmotifs » in Le Journal de Montréal, jeudi 30 septembre 2010.