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  • Laïcité, Sécularisation et l’État moderne

    Lors de notre dernière visite à l’Assemblée nationale du Québec organisée dans le cadre du cours gestion participative et défense de droits par M. Rémy Trudel, j’ai eu l’occasion d’assister à un débat très intéressant inscrit dans le cœur même de la figure de l’État contemporain, au moins dans ce qui concerne l’hémisphère occidental.

    Les États de droit sont la figure prédominante de notre ‘civilisation’ comme bien pourrait le dire Samuel Huntington, le grand professeur américain de la science politique et auteur du livre Le Choc des civilisations.

    En plus de toutes les considérations ontologiques et historiques qu’on devrait tenir en compte pour nous faire une idée plus ou moins claire sur la typologie que nous sommes en train de réviser, il y a un aspect fondamental que je retiens au moment de parler sur la neutralité religieuse de l’État, projet de loi 62 présenté par l’actuelle ministre de Justice du Québec Madame Stéphanie Vallée.

    Le projet de loi en mention a été la question abordée de cette cinquième consultation parlementaire pendant le mois d’octobre, commission parlementaire à laquelle j’ai eu la chance d’y assister.

    L’aspect que je retiens c’est la différence parfois très ambiguë entre le processus de sécularisation et la laïcité de l’État. Au-delà d’assumer une position en faveur ou en contre de la portée des objets religieux par les serviteurs publics au sein de certaines organisations, ce texte visera de contextualiser le débat et de proposer quelques pistes de compréhension.

    Louis-Olivier Taillon, ancien premier ministre du Québec entre 1892 et 1896, est probablement une personnalité à reprendre si on veut mieux distinguer la laïcité du phénomène de sécularisation. Lui faire mention nous parait aussi important étant donné que ce texte s’inspire notamment d’une expérience parlementaire.

    Le député est reconnu pour avoir promulgué avec ténacité la primauté de l’Église catholique au sein de l’État, et pour avoir contribué « à la formulation et à la promotion du Programme catholique de 1871, qui visait à purifier la politique et à subordonner le Parti conservateur aux enseignements moraux de l’Église » (BIOGRAPHI, 2016)

    Plus de 100 ans après, une proposition pareille par un de nos politiciens actuels nous paraîtrait sans aucun doute exagérée, ridicule, et dans le pire de cas dangereuse, si on considère l’extrémisme de certains groupes religieux aujourd’hui.

    Mais qu’est-ce qui s’est passé à l’intérieur de nos sociétés qui nous font réfléchir de telle manière? Depuis quand l’inclusion de l’Église catholique ou de n’importe quelle autre confession religieuse est hors question d’un milieu politique valable?

    La réponse c’est la laïcité ou le principe de séparation dans l'État moderne, de la société civile et de la société religieuse, Mme Houda-Pepin a tout à fait raison quand elle clarifie lors de la séance de consultation du 27 octobre à propos du sujet, que « la laïcité est un concept qui, historiquement, et depuis plus d'un siècle est associé surtout au modèle français. Et le modèle français, c'est une laïcité de combat, une laïcité de combat qui a été forgée dans une lutte féroce contre l'Église. Et, évidemment, tout ça, c'était dans le sillage de la Révolution française, ce qui n'est pas le cas du Québec. »

    Cependant, bien qu’il soit vrai que les formes et manières de la laïcité n’ont pas été atemporelles ni basé sur un même modèle, « laïcité ouverte aux droits individuels, laïcité aux droits individuels et collectifs et laïcité qu'on pourrait dire intégrale » pour ne citer que quelques exemples inspirés de l’intervention de Mme Houda-Pepin.

    Le processus de sécularisation au monde occidental s’est passé plus ou moins d’une manière homogène. Dans ce sens, il ne faut pas confondre la laïcité, qui ne touche que les institutions publiques, et qui fait référence d’une manière exclusive à la neutralité religieuse de l’État. Avec la sécularisation, phénomène beaucoup plus large qui a changé la cosmovision du monde en Occident, en passant d’une dimension centré sur le sacré ou la transcendance, à une dimension dans laquelle « le monde et l'histoire humaine pouvaient se comprendre à partir d'eux-mêmes, de manière proprement immanente » ou si l’on veut rationnel. (Wikipédia, 2016).

    Déterminer jusqu'au quel point la laïcité dans nos sociétés modernes demande l’interdiction des objets religieux dans les institutions publiques, c’est le débat autour du projet de loi 62. L’indifférence religieuse dans la sphère publique de nos jours, c’est la conséquence de la sécularisation.

    BIBLIOGRAPHIE

    1. http://www.biographi.ca/fr/bio/taillon_louis_olivier_15F.html

    2. http://quebec.huffingtonpost.ca/2016/10/27/le-projet-de-loi-62-ouvre-la-porte-au-tchador-dans-les-services-publics-croit-fatima-houda-pepin-video_n_12679126.html

    3. https://fr.wikipedia.org/wiki/S%C3%A9cularisation

    4. http://www.assnat.qc.ca/fr/travaux-parlementaires/commissions/ci-41-1/journal-debats/CI-161027.html