Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

  • Blogue no 2 : Les devoirs à la maison

     

     

    INTRODUCTION

    Si on demande à n’importe quel parent ce qu’il pense des devoirs de leurs enfants à la maison, ils nous répondraient qu’ils préféreraient mieux passer un moment beaucoup plus agréable avec ceux-ci. Or, entre 36 et 40 % des élèves du primaire passent de 30 à 60 minutes par jour à réaliser leurs devoirs (Deslandes et autres, 2008).

     Ce n’est pas que les parents ne soient pas intéressés par l’éducation de leur progéniture, mais plutôt qu’ils en ont plein les bras avec les ponts à traverser, les bonbons d’Halloween à acheter ou la gastro du petit dernier qui leur a volé quelques nuits bien méritées.

     

    En effet, selon le conseil supérieur de l’éducation (2014)[i]

     

    La société et la famille ont changé au cours des dernières décennies. La participation massive des deux parents, ou du parent seul, au marché du travail, la forte croissance du recours à des services de garde après la classe, les transformations familiales telles que séparation, monoparentalité et recomposition créent un contexte qui rend souvent difficile la réalisation des devoirs à la maison. Ces difficultés sont considérablement accrues quand, par exemple, l’enfant a des problèmes d’apprentissage, ou que ses parents ne maîtrisent pas encore le français ou qu’ils se sentent étrangers à la culture scolaire. 

     

    Du point de vue purement démagogique, la disparition des devoirs à la maison feraient bien l’affaire de plusieurs parents occupés. C’est pourquoi je n’ai pas été surprise d’entendre de la bouche du ministre de l’éducation lui-même, Monsieur Yves Bolduc, qu’il entendait supprimer les devoirs à la maison. Monsieur Bolduc a tenu ses propos, devant plusieurs témoins, lors du brunch participatif organisé par notre enseignant Rémy Trudel dans le cadre du cours « Principe et enjeux de l’administration publique ».

     

    Venant d’un ministre qui n’a pas vraiment la cote en ce moment (on n'a qu’à penser à ses propos concernant le « fait de ne pas avoir assez de livres dans les bibliothèques des écoles n’aura jamais tué un élève »), ce n’est pas surprenant de vouloir séduire une partie de l’électorat avec cette proposition.

     

    1. INFORMATION

    Je me suis donc demandée : mais qu’en pense la recherche? C’est bien beau dire que nous sommes fatigués comme parent et qu’on aimerait mieux se la couler douce avec nos enfants le soir venu, mais est-ce que le fait de faire des devoirs à la maison aide vraiment nos enfants à mieux réussir ou pas?

     

    Plusieurs études démontrent qu’il y aurait un impact positif à faire des devoirs à la maison au secondaire (Cooper, Robinson et Patall, 2006). Toutefois, la situation serait différente au primaire. En effet, l’impact ne serait pas significativement positif, même qu’il pourrait être négatif pour les élèves qui présentent des difficultés d’apprentissage (Cooper, 2007).

     

    2. DÉCISION

     Comme on peut le soupçonner, la solution implique plusieurs nuances. Suite à une réflexion faite par le conseil supérieur de l’éducation (2014), on recommande de

     

    1. Mener localement une réflexion collective sur les devoirs : selon les caractéristiques du milieu scolaire, les besoins des élèves pourraient être différents.

    2. Assurer l’équité et la cohérence dans les mesures d’accompagnement scolaire et d’aide aux devoirs : il serait important de fournir aux élèves ainsi qu’à leurs parents le soutien nécessaires en ce qui a trait aux devoirs.

    3. Faire de l’accompagnement et de l’aide aux devoirs une occasion de meilleure collaboration école-famille-communauté : les attentes et les besoins des parents devraient faire l’objet d’une discussion avec le personnel scolaire.

     

    Il y aurait donc des avantages et des inconvénients à donner des devoirs aux élèves.  Si je comprends bien, il serait important d’aborder la question des devoirs selon la situation de chacune des écoles. Il semble que les devoirs devraient être une façon parmi d’autres de permettre aux élèves d’avancer dans leurs apprentissages. La réflexion en ce qui concerne les devoirs devrait aussi se faire en tenant compte de la réalité des parents (niveau de scolarité, alphabétisation, etc.). En d’autres mots, les devoirs peuvent être pertinents si l’enseignant poursuit un objectif pédagogique précis et que les parents peuvent réellement soutenir leurs enfants pour les réaliser.

     

    CONCLUSION

    En conclusion, je considère que cette préoccupation concernant les devoirs est importante, mais elle nous éloigne malgré tout d’enjeux plus essentiels tels que la gratuité du système scolaire, les subventions au système privé ainsi que sa gestion démocratique (Bernatchez dans Michaud, 2014). Cette question en ce qui a trait aux devoirs est peut-être aussi un symptôme d’un malaise plus profond : le désengagement des parents face à un système où ils ne sentent pas impliqués ou entendus. À voir le niveau de participation aux élections scolaire, nous pouvons nous poser la question.

     

     

     

    Claudine Pelletier


     

     

    RÉFÉRENCES 

     

    Deslandes, Rollande et autres (2008). « Regard parental sur les devoirs et les leçons en fonction des caractéristiques familiales et du rendement de l’élève ». Revue canadienne de l’éducation, vol. 31, no 4, p. 836-860.

     

    Conseil supérieur de l’éducation (2010). Pour soutenir une réflexion sur les devoirs à l’école primaire.  Version abrégée. Avis à la ministre de l’Éducation, du Loisir et du Sport. Québec : Le Conseil, 38 p.

     

    Cooper, Harris (2007). The Battle over Homework: Common Ground  for Administrators, Teachers and Parents. 3rd ed. Thousand Oaks,  Calif.: Corwin Press, 117 p. 

     

    Cooper, Harris, Jorgianne Civey Robinson and Erika A. Patall (2006).  “Does Homework Improve Academic Achievement? A Synthesis  of Research, 1987-2003”. Review of Educational, Research,  vol. 76, no. 1, p. 1-62.

     

     

     

     



    [i] « Créé en 1964, le Conseil supérieur de l'éducation est un organisme gouvernemental autonome, composé de vingt-deux membres issus du monde de l'éducation et d'autres secteurs d'activité de la société québécoise. Institué en tant que lieu privilégié de réflexion en vue du développement d’une vision globale de l’éducation, il a pour mandat de conseiller la ministre de l'Éducation, du Loisir et du Sport sur toute question relative à l'éducation. Le Conseil compte aussi cinq commissions correspondant à un ordre ou à un secteur d'enseignement : préscolaire et primaire, secondaire, collégial, enseignement et recherche universitaires, éducation des adultes et formation continue. Ce sont près d’une centaine de personnes qui, par leur engagement citoyen, et à titre bénévole, contribuent aux travaux du Conseil. »