La ligne 9B d’Enbridge : une question de sécurité ou d’opportunités
Coup d’oïl sur le projet d’inversion de la ligne 9B
Le tronçon de la canalisation 9 appelé « la ligne 9B » situé entre North Westover (Ontario), et Montréal (Québec), avait originairement un sens d’écoulement de l’Ouest canadien à l’Est mais, suite à des changements économiques, le sens a été inversé en 1998 au cours d’une période où les prix du pétrole étranger de l’Afrique occidentale et du Moyen-Orient ont été plus abordables.
En revanche, puisque aujourd’hui le pétrole de l’ouest canadien est moins coûteux que celui de l’étranger, le leader canadien privé spécialisé dans le transport par oléoduc, « Enbridge Pipelines Inc. » a présenté en 2012 à l’Office national de l’énergie sa demande d’inversion « la deuxième» du pipeline 9B (1000 km) en vue de compléter son projet ( la ligne 9 ).
Le projet de la ligne 9B vise la croissance de la capacité d’écoulement en passant de 240 000 à 300 000 barils par jour, soit une hausse de 25% et cela par le versement du pétrole issu des sables bitumineux d’Alberta de Sarnia (Ontario) à Montréal (Québec).
En mars 2014 l’ONÉ a approuvé cette demande en indiquant qu’il est « dans l’intérêt public d’approuver le projet ».
Confrontation privé /public en matière de Sécurité et Opportunités:
Plusieurs parties ont félicité le projet d’Enbridge qui va surement, selon eux, présenter des belles opportunités au Québec.
L’ONE a donné un avis favorable à Enbridge sous des conditions qui voyait suffisantes pour garantir la sécurité Humaine et Écologique, il est bien constaté qu’il n’a aucun souci dans ce sens, selon cet organisme « Les conditions que l’Office a rattachées à l’approbation de la demande d’Enbridge renforceront les mesures actuelles et futures liées à l’intégrité et à la sécurité du pipeline, ainsi qu’à la protection de l’environnement auxquelles la canalisation 9 est déjà soumise ».
Cependant, Les chambres de commerce ainsi que les représentants de Suncor et d’Ultramar avaient soutenu les avantages que ce projet indispensable va porter audéveloppement de la pétrochimie dans l’Est.
Entre autres L’Institut économique de Montréal a affirmé dans son un rapport de décembre 2013 que l’approvisionnement en pétrole qui demeure essentiel va être assuré par le projet qui ouvre une nouvelle source d’importation par un moyen de transport plus sécuritaire et que les avantages économiques seront substantiels pour les raffineries québécoises qui se trouvent actuellement dans une situation difficile et cela pour faire face à la concurrence des super raffineries étrangères.
Ajoutant à cela, l’avantage en matière d’emploi qui apparaît motivant pour certaines parties et que la direction de la Chambre de commerce de l'Est de Montréal, a estimé auprès de 7500 emplois directs et indirects liés à la concrétisation de ce projet.
Ce projet encouragé par plusieurs notamment du côté anglophone, fait l’objet d’un grand débat entre différentes parties prenantes, puisque, Le pipeline de 639 km qui passe par Toronto et Kingston en Ontario et par Vaudreuil-Soulanges, les Basses-Laurentides, Lanaudière, Laval et Montréal, en effet touche une population estimée à plus de 9 millions de personnes et traverserait ainsi 99 municipalités et 18 communautés autochtones.
La Communauté métropolitaine de Montréal a communiqué, à son tour, une gamme des risques liés à ce projet et qu'elle a exigé sa prise en considération avant la réalisation notamment :
· La sécurité des citoyens qui peuvent être en danger puisque le pétrole va traverser des zones fortement peuplées.
· L’infrastructure âgée (installée en 1975) qui a toujours servie au transport du pétrole léger contrairement à la nature du pétrole d’Enbridge (lourd);
· L’augmentation du volume proposée par la compagnie;
· L’historique de celle-ci qui comporte déjà des déversements importants et des problèmes de sécurité;
· L’augmentation d’émissions de Gaz à Effets de Serre par la production et le traitement du pétrole lourd;
· La sécurité de la nappe phréatique qui réserve de l’Eau potable peut en tout moment être touchée en cas de déversement ou de fissures.
Conclusion :
Cette inversion a dégagé des avis défavorables, des préoccupations et d’inquiétude entre les québécois. Ces sentiments négatifs ont été exprimé par plusieurs élus et partis politiques.
Contrairement à ce qui révèle évident, l’Institut économique de Montréal a mentionné que les avantages économiques de cette ligne ne vont pas mener forcement à une diminution des prix à la pompe.
Ce qui pousse à poser des grandes questions sur les vrais bénéficiaires de ce projet.
Là, où les risques sont d’une gravité évidente et où les conditions ne sont pas encore remplies, le secteur public doit garder le privilège de prononcer le dernier mot comme le maire Denis Coderre a fait en disant "non" avant la satisfaction de toutes les conditions susceptibles de protéger les citoyens de tout danger.
Étant donné que L'administration publique est responsable de la primauté du droit pour les citoyens, les preneurs de décisions au Québec doivent être déterminés et précisés ce qui compte plus dans ce cas pour les citoyens: leur sécurité ou les quelques avantages économiques non assurées...
Assia RAK
Référence:
http://www.enbridge.com/
http://www.equiterre.org/
TREMBLAY, Pierre-P.(dir) et André BERNARD (1997), « À propos de l’administration publique », l’État administrateur : modes et émergences, Sainte-Foy, Presses de l’Université du Québec,423 p.,p.3-22
http://www.ledevoir.com/
http://m.radio-canada.ca/
http://www.lapresse.ca/
http://tvanouvelles.ca/
Institut économique de Montréal : Mémoire déposé à la Commission de l'agriculture, des pêcheries, de l'énergie et des ressources naturelles (Décembre 2013)
Commentaires
Bien d'actualité en administration publique dans le contexte actuel...Défi pour l'adm. publique en effet...Bon sujet. Prof
Merci beaucoup pour votre encouragement c'est un plaisir pour moi!!
Bon sujet d’actualité, d’autant plus qu’il y a aussi le projet de construction d’un port pétrolier à Cacouna qui comporte des risques environnementaux très importants.
La décision d’inversement du pipeline 9B d’Enbridge a été motivée par le fait que le prix du pétrole était élevé. L’approvisionnement du Québec en pétrole auprès d’Alberta aurait ainsi un impact positif sur l’économie de la province. Cependant, les récentes fortes baisses du prix du pétrole ne remettraient elles pas en cause le projet?
Et puisque l’Alberta cherche à écouler son pétrole, si ce projet sera approuvé, le Québec devrait négocier plus de marges par exemple en termes de redevances mais n’oublions pas, tout ceci doit se faire dans le respect total de l’environnement et en prenant en compte les impacts sociaux car le transport de pétrole par oléoducs, même si c’est considéré plus sécuritaire que le transport ferroviaire, n’est pas à l’abri d’écoulements accidentels. Prenons comme exemple le cas d’un autre oléoduc d’Enbridge qui est à l’origine d’un des plus grands déversements de pétrole brut dans une rivière du Michigan. La législation concernant les oléoducs et le transport du pétrole au niveau fédéral devrait être renforcée afin de garantir plus de sécurité aux personnes et de protéger l’environnement.
Et comme l’a souligné le maire Coderre au Journal Métro du 27 novembre 2014: «On veut bien faire du développement économique, mais pas à n’importe quel prix».