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La restructuration des régimes de retraite … un pas vers un courage politique ?

Selon le rapport d’Amour, (2013), la majeure partie des travailleurs québécois n’ont pas de régime complémentaire de retraite, ou bénéficient de régimes offrant une faible sécurité financière à la retraite. Près de 1,9 million de travailleurs (47 % de tous les travailleurs) ne participent à aucun régime collectif, peu importe sa forme (prestations déterminées, cotisation déterminée, régime enregistré d’épargne-retraite collectif, etc.).. Les régimes offrant la meilleure sécurité financière, soit les régimes à prestations déterminées, ne profitent qu’à 35 % des travailleurs, pour près des deux tiers employés dans le secteur public. Au-delà des revenus les plus bas, soit pour les travailleurs ayant un salaire moyen ou un salaire supérieur à la moyenne, la couverture offerte par les régimes publics doit être complétée par les régimes complémentaires ou par l’épargne personnelle – ou par les deux – afin d’atteindre les objectifs recherchés en matière de sécurité financière. Or, tous les travailleurs n’ont pas, à cet égard, une couverture adéquate. Selon un rapport publié par la Régie des rentes du Québec en 2010, 33 % de l’ensemble des ménages québécois n’épargnent pas suffisamment pour atteindre un taux de remplacement de 60 % à la retraite, s’ils prennent leur retraite à 65 ans. Comment peut on épargner quand notre taux d’imposition  est le plus élevé, car comme société nous avons décidé que l’état est présente dans plusieurs  sphères de nos vies qu’on pense  à la  santé,environnement, éducation,garderie,logements sociaux,  et même dans notre chambre à coucher ( depuis 2009, financement des cliniques de fertilité,) pour en nommer que quelque uns,  toutes ces décisions ont des impacts directs sur notre capacité d’épargne. En moyenne, les contribuables québécois sont assujettis aux ponctions fiscales les plus importantes du pays, selon un rapport publié le 18 mai par l’Institut C.D. Howe.  le taux effectif marginal d’imposition (TEMI) des Québécois se situe, en 2011, à 36,6 % pour l’ensemble des familles, soit 4 points de pourcentage de plus que celui de la moyenne nationale (32,7 %). De fait, quelle que soit leur tranche de revenus, les Québécois affichent des taux d’imposition  supérieurs à ceux de la moyenne nationale. Selon les estimations de la Régie des rentes du Québec, entre 30 % et 40 % des travailleurs québécois verront leur niveau de remplacement du revenu de travail s’établir en deçà de 60 % lorsque l’heure de la retraite aura sonné. Les pressions démographiques ajoutent également  à cette nécessité d’épargner davantage pour la retraite.

Ø      L’espérance de vie s’accroît régulièrement. Entre 1971 et 2011, l’espérance de vie à 65 ans au Québec a augmenté d’un peu plus de cinq ans chez les femmes et de près de six ans chez les hommes.

Ø      Simultanément, la durée de vie au travail se réduit, l’entrée dans la vie active ayant lieu plus tard et les travailleurs prenant leur retraite plus tôt. Depuis 1970, la durée de vie au travail des hommes a ainsi diminué de huit ans. Les travailleurs travaillent moins longtemps, pour financer une retraite plus longue : au Québec, entre 1970 et 2009, la part de la période de vie au travail dans la vie totale est passée d’environ 60 % à 45 %.

Ø       L’incertitude entourant l’évolution future de l’espérance de vie contribue ainsi à accroître le besoin d’épargner pour la retraite. Il s’agit de couvrir ici ce que l’on appelle le « risque de longévité », c’est-à-dire le risque de vivre plus longtemps que la période couverte par l’épargne-retraite – le risque de survivre à son épargne.

 

Ø      En 1971, il y avait au Québec 7,8 travailleurs potentiels pour chaque personne de 65 ans et plus, en 2030, il n’y en aura plus que 2,1

 

Ø      Le vieillissement de la population au Québec s’accélère, alors qu’il aura fallu au moins 60 ans à des pays comme la Suède ou les Etats-Unispour faire passer de 12 % à 24 % la proportion de leur population de 65 ans et plus, le Québec prendra deux fois moins de temps(31,5 ans) pour y parvenir.C’est un phénomène qui s’observe dans tous les pays industrialisés. Les gouvernements de ces pays ont, pour la plupart, déjà mis en oeuvre des stratégies d’adaptation au vieillissement de leur population. Le Québec accuse un certain retard à cet égard et il doit s’engager dès maintenant dans cette voie.

 

La situation des régimes du secteur municipal

 

La situation est particulièrement inquiétante pour les régimes sous la juridiction de la Régie des rentes du Québec dont l’employeur est public – soit essentiellement les régimes des municipalités et des universités. Entre le 31 décembre 2006 et le 31 décembre 2011, le degré de solvabilité des régimes dont l’employeur est privé est passé de 90 % à 75 %.Durant la même période, celui des régimes dont l’employeur est public (essentiellement les régimes du secteur municipal et des universités) est passé de 93 % à 67 %.Au 31 décembre 2011, le déficit total de capitalisation des municipalités était d’un peu plus de 4 milliards de dollars (près de 9 milliards de dollars pour le déficit de solvabilité). Dans les universités, le déficit total de capitalisation était à pareille date d’un peu plus de 1 milliard de dollars (un peu plus de 4 milliards de dollars pour le déficit de solvabilité).On parle d’un déficit de solvabilité si l’employeur avait a payé immédiatement à tous ces travailleurs les sommes dues  pour leur retraite.

 

Un autre exemple d’un déficit relié au régime de retraite et qui pourrait avoir de l’impact sur le petit épargnant : Les administrateurs de caisses populaires craignent que la haute direction du Mouvement Desjardins aille puiser dans les réserves habituellement vouées aux ristournes des sociétaires (les clients de la Coop) pour renflouer en partie le déficit actuariel du régime de retraite des employés

On ne peut rester silencieux face à tous ces régimes de retraite qui sont financés à même ces fonds publics; certes les travailleurs de ces  secteurs y contribuent mais les payeurs de taxes qui majoritairement peine à épargner pour envisager leur propre  retraite convenable, voient une partie de leur contribution servir à payer une retraite dorée à une autre personne. Il est plus que temps de réviser ces plans.C’est dans cet optique que la ministre  de l'Emploi et de la Solidarité sociale Agnès Maltais a déposé son projet de loi 79 qui consiste à  la restructuration des régimes de retraite du secteur municipal. Cette loi permettra de recadrer la notion de droit acquis sous forme de négociation. Comme il avait été annoncé lors du dépôt du «plan d'action», le projet de loi prévoit six mois de négociations et six mois de conciliation en cas d'échec. Si aucune entente n'est conclue, la Commission des relations du travail (CRT) sera chargée de trancher. Or, le conciliateur prendra bonne note du comportement des deux parties. Le projet de loi no 79 prévoit que la Commission pourra demander au ministre des Affaires municipales de nommer un expert en finances municipales pour évaluer la capacité de payer des contribuables. On prévoit même si c’est le choix des parties de mettre fin à l’indexation des rentes des retraités actuels ou la rente du conjoint survivant. Il est tout à fait normal selon moi, que malgré qu’ils ne soient plus des travailleurs actifs que ces travailleurs soient impliqués dans les solutions étant quand même bénéficiaires des fonds publics.

J’entrevois ici un premier pas vers une gestion courageuse, à mon avis on  ne pourra  poursuivre dans cette voie sans entreprendre des virages qui certes seront longs mais qui seront nécessaires à rétablir un équilibre entre les générations. Le mot courage vient du latin cor, qui signifie cœur. Une personne courageuse est donc quelqu’un qui possède de l’esprit, de la vitalité de la vigueur, de l’énergie de la passion. A la lecture de ces caractéristiques je ne peux que constater que plusieurs de nos politiciens(ennes) les possèdent mais là où le mot courage semble prendre ses distances avec ceux-ci est lorsque le courage est  perçu également comme la volonté de faire ce qui doit être fait en ce qui a  trait aux risques et aux difficultés et ce malgré la possibilité d’un résultat désagréable  (Van Eynde,1998).Un leader courageux se positionne non seulement comme quelqu’un de différent, mais également comme une cible potentielle d’hostilité et de représailles. Vous comprendrez vite que dans un monde démocratique comme le notre, lorsqu’un  des objectifs d’un politicien est sa réélection, il devient très difficile d’assumer le poids de certaines décisions On reconnaît le courage d’un leader non pas dans la décision comme telle mais dans l’actualisation de celle-ci .Winston Churchill avait lui une définition assez éloquente du mot courage : ‘’Le courage est la principale qualité de l’humain car elle garantit toutes les autres.’’ On ne peut qu’espérer que notre société sera un jour prête à reconnaître et à encourager le courage de nos politiciens et ce même si parfois des décisions mettront carrément en péril des acquis.

Il grand temps de requestionner plusieurs acquis  étant donnée la situation financière du Québec, et sa dette à 264 milliards de dollars,(j’invite les blogueurs  à cliquer sur ce lien qui nous fait prendre conscience de la dette du Québec,ce compteur devrait avoir une place de choix à l’Assemblée Nationale!!!!) on ne pourra pas  se contenter d’améliorer un tout petit peu l’efficience de l’État et espérer que ce soit suffisant. Les jeunes à l'extérieur du marché du travail auront leur mot à dire, parce que ce sont les jeunes qui vont porter le poids des déficits dans l'avenir. Le courage politique devrait être  le moteur qui guidera nos politiciens dans les prochaines décennies.

S.T.

 

Référence :

 

D’Amour et al., 2013. Innover pour pérenniser le système de retraite. Un contrat social pour renforcer la sécurité financière de tous les travailleurs québécois. Rapport du comité d'experts sur l'avenir du système de retraite québécois

 

 Demers & al. Le vieillissement de la main d’œuvre et l,avenir de la retraite;des enjeux pour tous,un effort de chacun,Rapport synthèse de la Commission nationale sur la participation au marché du travail des travailleuses et travailleurs expérimentés de 55 et plus.2011. http://www.mess.gouv.qc.ca/publications/pdf/GD_rapport_synthese_commission_nationale.pdf

 

 

Mailhot,Brunelle & Kisfalvi.Habiletés de direction.HEC  Montréal,2011.

 McKenzie,R. Le fardeau fiscal des Québécois demeure le plus élevé au pays..2011.http://www.conseiller.ca/nouvelles/le-fardeau-fiscal-des-quebecois-demeure-le-plus-eleve-au-pays-28840

 Van Eynde,D.F.(1998).A case for courage in organization.Management Review,vol..87,no. 2, p.62.

 http://www.iedm.org/fr/57-compteur-de-la-dette-quebecois

 

Commentaires

  • Les régimes de retraite blindés ont mené plusieurs types d’entreprise dans des gouffres financiers. À titre d’exemple : l’industrie des pâtes & papiers

    L’économie des marchés évolue à grande vitesse c’est pourquoi , les dirigeants , les syndicats et les travailleurs n’ont pas eu le choix d’avoir le courage de s’asseoir ensemble , de se dire les vrais affaires et surtout d’actualiser certains droits acquis , c’était une question de survie

    Est-ce que l’État aura elle aussi le courage de se reprendre en main et d’actualiser certains droits acquis ?
    Bonne Question ? Seule j’en doute !

    Pour reprendre ces 2 mots à la mode : austérité ou prospérité.
    Pour un politicien, en plein contexte de réélection, proposer des idées basées sur l’austérité révèle sans aucun doute un certain courage mais peut aussi s’avérer à la limite suicidaire.
    L’exemple des partis tels : ADQ ou CAQ démontre bien que l’austérité n’est pas ce que veut entendre les québécois , car malgré le fait qu’ils ont promu certaines idées très réalistes au niveau des enlignements économiques à prendre, ils ont quand même mordu la poussière

    En fait : le québécois oubli vite, le québécois vit trop souvent au jour le jour, le québécois entrevoit l’avenir avec ses lunettes roses, le québécois croit en la pensée magique

    Note : L’idée du compteur est excellente, il faut que le plus de gens possible le voient et en prennent conscience

    DI

  • Voilà un enjeux d'administration publique "considérable" pour les années à venir. Ne pas y réfléchir serait de l'aveuglement...volontaire !!
    On va scruter ça avec attention...
    Bravo pour le courage de ..publier !

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