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Un système de santé malade?

Lors du cours “Principes et enjeux de l’administration publique” du 26 septembre 2013, M. Rémy Trudel, professeur, nous a présenté l’article de Robert Dutrisac dans le journal Le Devoir « Compressions : les services à la population écopent » (1). Dans cet article, nous pouvions y lire que la Protectrice du citoyen a constaté une insuffisance des services aux aînés et aux handicapés.

Que faire pour augmenter l’accessibilité et la qualité des services de santé auprès des aînées et handicapés?

La solution facile pour augmenter l’offre de services auprès de cette clientèle pourrait être d’envisager une augmentation du budget dans la santé. Cependant, nous savons que le Gouvernement du Québec accorde déjà près de la moitié de son budget au Ministère de la Santé et des Services sociaux; il devient donc difficile de penser à une augmentation considérable du budget (2). De plus, selon le principe de la loi de Wagner, l’État doit constamment tendre à réduire ses dépenses publiques afin de restreindre l’écart entre les dépenses publiques et la croissance économique (3). Dans ce contexte, l’État ne peut que difficilement augmenter le budget du système de la santé.

Ainsi, face à cette réalité, afin d’augmenter la qualité et l’accessibilité aux soins à domicile,  une firme conseils a été mandatée depuis 2012 au sein de divers Centres de santé et services sociaux (CSSS)  afin d’y  introduire la méthode Lean (méthode Toyota) (4). Cette méthode du secteur privé, issue du domaine automobile, permet de diminuer le gaspillage et les pertes de temps, tels que détectés sur les chaînes de montage. Cette analyse des temps et mouvements permet ainsi de prendre les mesures nécessaires afin d’augmenter la productivité (5).

Travailleuse sociale au sein d’une équipe du soutien à domicile, je constate que les interventions d’un professionnel de la santé ne s’apparentent pas à un modèle de production basé sur une chaîne de montage. L’objectif des organismes publics ne peut pas se limiter à répondre à une logique de productivité et de rentabilité telle que voulu dans le secteur privé (6). À ce titre, il est bon de noter que les interventions sociales des professionnels de la santé sont difficilement mesurables, car chaque être humain est un sujet distinct avec des émotions et une histoire de vie qui lui sont propres et qui ne sont pas des choses quantifiables.

 À cet égard, il est difficile pour un professionnel de la santé de prévoir dans quel état psychique ou physique sera la personne lors de ses interventions à domicile. Ces dernières ne pouvant s’inscrire dans un cadre rigide. Dans un contexte de soutien à domicile, est-ce que nous voulons que nos personnes âgées et handicapées ressentent une pression lorsqu’elles reçoivent (enfin!) des services du CLSC ?

À cet effet, il est aberrant que certains établissements accordent uniquement une rencontre de 30 minutes avec une travailleuse sociale pour un usager qui consulte pour le deuil d’un proche (7). Les situations non-urgentes semblent avoir peu de place dans le système de la santé. 

Il faut être conscient que les aînés et les handicapés « moins prioritaires» faisant appel au CLSC, et qui ne reçoivent pas les services demandés, demeurent des personnes vulnérables à haut risque de subir une détérioration de leur état physique ou psychologique et pouvant nécessiter ultimement une hospitalisation (8). Ainsi, les personnes âgées et handicapés écopent réellement du manque d’accessibilité aux soins de santé à domicile.

Ce constat vis-à-vis les aînés et les handicapés est le reflet d’un manque d’accessibilité et de qualité des services de la santé vécu par l’ensemble de la population québécoise tel qu’on le voit avec les longs délais d’attente à l’urgence de différents hôpitaux.

Il est également intéressant de noter que le Québec, tout comme les autres États tentaculaires faisant de la sédimentation, ajoutent de nouveaux programmes, tel que l’intégration de la méthode Lean au soutien à domicile, au lieu d’adresser directement la situation à la source. 

Que faire?

Le Brésil : Un système de santé basé sur la proximité et la qualité des soins

Conçu à partir du système universel de santé Canadien et en expansion depuis 1988 (9), plus de 27 000 équipes de santé familiales, constituées de médecins et autres professionnels de la santé, oeuvrent auprès d’une population de 140 millions de brésiliens, alors qu’au Québec  195 Groupes de Médecine Familiale (GMF) appuient une population au Québec de 7.7 millions de citoyens (10).

Dans ce système de santé, un agent communautaire de la santé (ACS), intégré à chaque équipe de santé familiale, rencontre mensuellement les familles de la communauté afin de dépister rapidement les problématiques médicales et sociales, identifiant rapidement les clientèles vulnérables et offrant un encadrement et un accompagnement efficient (11). 

Ce système de la santé, accessible et de qualité, est né d’une décision de l’État de baser son système de santé autour des soins primaires et non autour du système hospitalier (12). C’est-à-dire que l’individu est le fondement de leur système de santé. N’est –ce pas enviable?  

De plus, il est intéressant de mentionner que l’apport du produit intérieur brut (PIB) alloué au domaine santé au Brésil est moindre que celui du Québec pour une population près de 20 fois plus élevée qu’au Québec (13).

Cette description sommaire du système de santé Brésilien nous démontre qu’il existe des moyens d’accéder à un système de la santé accessible et de qualité sans pour autant y augmenter le budget que l’État y alloue.

Afin d’améliorer significativement les services de la santé, le gouvernement devrait ouvrir le débat sur les paradigmes centraux du fonctionnement du réseau de la santé plutôt que d’utiliser des stratégies issues de l’entreprise privée pour le guérir.

Qu’en dites-vous?

 

                                                                                                                      Liz

 

<!--[if !supportLists]-->1.        <!--[endif]-->DUTRISAC, Robert (2013). « Compressions : les services à la population écopent », Le devoir, 26 septembre

<!--[if !supportLists]-->2.        <!--[endif]-->KROL, Ariane (2013). «Le système de la santé vu de l’intérieur », La presse, 8 septembre

<!--[if !supportLists]-->3.        <!--[endif]-->MERCIER, Jean (2002). L’administration publique : de l’École classique au nouveau management public, Sainte-Foy, PUL, ISBN 2763778313, p.231

<!--[if !supportLists]-->4.        <!--[endif]-->BOUDOU-LAFORCE, Étienne (2013). « La méthode Lean, ou comment déshumaniser les services de la santé au Québec », Le Huffington post, 28 septembre 2013, [En ligne], http://quebec.huffingtonpost.ca/etienne-boudou-laforce/methode-lean-sante_b_3761879.html (Page consultée le 29 septembre 2013)

<!--[if !supportLists]-->5.        <!--[endif]-->BOUDOU-LAFORCE, Étienne (2013). « La méthode Lean, ou comment déshumaniser les services de la santé au Québec », Le Huffington post, 28 septembre 2013, [En ligne], http://quebec.huffingtonpost.ca/etienne-boudou-laforce/methode-lean-sante_b_3761879.html (Page consultée le 29 septembre 2013)

<!--[if !supportLists]-->6.        <!--[endif]-->MERCIER, Jean (2002). L’administration publique : de l’École classique au nouveau management public, Sainte-Foy, PUL, ISBN 2763778313, p. 369

<!--[if !supportLists]-->7.        <!--[endif]-->BOUDOU-LAFORCE, Étienne (2013). « La méthode Lean, ou comment déshumaniser les services de la santé au Québec », Le Huffington post, 28 septembre 2013, [En ligne], http://quebec.huffingtonpost.ca/etienne-boudou-laforce/methode-lean-sante_b_3761879.html (Page consultée le 29 septembre 2013)

<!--[if !supportLists]-->8.        <!--[endif]-->RODGERS, Caroline (2013). « Soins à domicile- Le virage proposé exigera plus de ressources», Le Devoir, 14 septembre 2013

<!--[if !supportLists]-->9.        <!--[endif]-->CÔTÉ, Roger, RENAUD, Lise, RHÉAUME, Jacques et Margareth Zanchetta (2011). « Du Brésil au Québec, quelques éléments de réflexion : les agents communautaires de santé brésiliens font le pont entre les familles et les professionnels de la santé», vol.102 n®1, p. 61-63, [En ligne], http://www.comsante.uqam.ca/upload/files/TexteLiseRevueBresil.pdf (Page consultée le 1er octobre 2013)

<!--[if !supportLists]-->10.     <!--[endif]-->SOUCY RIOUX, Louise Maude (2010). « Quand “la santé pour tous” devient réalité», Le Devoir, 6 janvier, [En ligne], http://m.ledevoir.com/societe/sante/282605/quand-la-sante-pour-tous-devient-realite (Page consultée le 1er octobre 2013)

<!--[if !supportLists]-->11.     <!--[endif]-->CÔTÉ, Roger, RENAUD, Lise, RHÉAUME, Jacques et Margareth Zanchetta (2011). « Du Brésil au Québec, quelques éléments de réflexion : les agents communautaires de santé brésiliens font le pont entre les familles et les professionnels de la santé», Revue canadienne de santé publique,  vol.102 n®1, p. 61-63, [En ligne], http://www.comsante.uqam.ca/upload/files/TexteLiseRevueBresil.pdf (Page consultée le 1er octobre 2013)

<!--[if !supportLists]-->12.     <!--[endif]-->SOUCY RIOUX, Louise Maude (2010). « Quand “la santé pour tous” devient réalité», Le Devoir, 6 janvier, [En ligne], http://m.ledevoir.com/societe/sante/282605/quand-la-sante-pour-tous-devient-realite (Page consultée le 1er octobre 2013)

 

<!--[if !supportLists]-->13.     <!--[endif]-->SOUCY RIOUX, Louise Maude (2010). « Quand “la santé pour tous” devient réalité», Le Devoir, 6 janvier[En ligne], http://m.ledevoir.com/societe/sante/282605/quand-la-sante-pour-tous-devient-realite (Page consultée le 1er octobre 2013)

Commentaires

  • Liz ...on lira avec attention et vous me direz ????

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