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Se permettre de repenser le modèle québécois

Le Québec est guidé par une idéologie corporatiste autant que la France l’est par une idéologie élitiste. Et cela, dans les deux cas, nuit à leurs dynamismes et leur capacité d’innovation.

Il est difficile en France pour, un nouvel arrivant ou un jeune travailleur, de se faire une place à sa juste valeur sur le marché du travail puisque le système est très fermé. Cette fermeture du système est causée en grande partie par l’élitisme qui découle de l’histoire, de la culture et du système d’éducation dominé par les grandes Écoles. Au Québec, malgré une idéologie dominante autre, la situation au final en vient à ne pas être très différente. Le corporatisme, développé en réaction à la lutte des classes et au capitalisme sauvage, n’apporte plus les effets souhaités et ne correspond plus à la réalité. Nous pouvons aujourd’hui aller beaucoup plus loin que cette forme de fonctionnement autrefois vue comme une manière d’unir les forces de la nation. Dorénavant, les décisions et la gestion des affaires publiques doivent relever de la consultation citoyenne et les solutions d’un consensus au sein de celle-ci et non par la voie de rencontres en haut-lieu. La voie alternative à suivre est celle fondée sur la concertation et le partenariat, celle qui valorise les formes d’entreprenariats sociaux et collectifs, en plus de l’affirmation dans le domaine politique, de ces partenariats. Les mécanismes corporatistes qui donnent le pouvoir à certains groupes, représentant certains secteurs de la société, ne correspondent plus, puisque ces groupes privilégiés ne concordent plus avec les valeurs qui circulent dans les communautés. On doit donc repenser et recréer les accès au droit de parole et de décisions.

À l’ère postfordiste où l’on développe les nouvelles formes de la société économique québécoise,  il faut revoir et changer le rôle des acteurs et leur manière de travailler pour le développement de cette économie. Le corporatisme québécois est synonyme d’individualisme et de lutte du plus puissant pour la plus grosse part du gâteau. Les syndicats, les associations, les groupes d’intérêts travaillent tous l’un contre l’autre afin de satisfaire leurs intérêts privés et augmenter le nombre de leurs membres. Pourtant, cette voie aujourd'hui pénalise les Québécois. Un groupe d’administrateurs publics peut détourner l’argent des citoyens, les grandes entreprises québécoises à l’étranger sont prises dans des histoires de corruption et le privé en général à peur de s’approcher de près ou de loin de tout principe d’économie sociale.

Plusieurs groupes sont pénalisés par l’idéologie corporatiste dominante de notre système. Un impact majeur de cette idéologie corporatiste est la difficulté d’intégration professionnelle des nouveaux arrivants. Les immigrants que l’on accueille et qui nous sont nécessaires ne sont pas reconnus dans leur profession. Si jamais ils arrivent à faire reconnaitre leur diplôme par le gouvernement, c’est alors les ordres professionnels qui ne les reconnaissent pas. De plus, les étudiants diplômés de premier cycle arrivent difficilement à se trouver un emploi qui vaut leur formation. Pendant ce temps, on nous annonce que de grandes entreprises d’ici envoient des délégations aux États-Unis et en Europe afin de recruter des travailleurs possédant les compétences que les Québécois n’ont pas. 

La réforme nécessaire du système de santé est un autre exemple qui fait face aux obstacles posés par le corporatisme québécois en vigueur. Celle-ci est difficilement envisageable, et ce à cause du poids important qu’ont les associations des médecins. Plusieurs réformes dans ce domaine sont mortes dans l’œuf dû à des pressions incroyables et aux manipulations corporatistes qui se déroulent autour du gouvernement dans ce domaine.

Le corporatisme nous empêche d’avancer, d’innover, de nous ouvrir et de nous enrichir, puisque les acteurs et les juges des décisions sont les mêmes et que ces groupes de représentants ne travaillent pas pour les intérêts de tous, mais pour les leurs. Le modèle corporatiste du Québec doit être revu afin de que l’on cesse d’exclure du système les ressources nécessaires a celui-ci et que tous puissent avoir l’opportunité de participer démocratiquement, économiquement et culturellement au bien commun. Pour cela, pour qu’un changement s’enclenche réellement, pour passer au modèle suivant, l’État doit s’appliquer à former des individus politiquement instruits et impliqués dans leurs communautés.

Le corporatisme est une idéologie devenue pratique courante, une culture. Comme nous enseignons maintenant aux enfants le recyclage, nous pourrions leur enseigner la culture du développement pour tous et la pertinence de travailler pour un intérêt collectif. Il faut que les administrateurs de notre société se tournent vers les gens qui en sont la base, qui sont leur légitimité.  Les élus d’abord, avec la participation citoyenne, doivent ouvrir la porte à la réforme du système québécois; nous devons tous ensemble revoir les manières de faire et prioriser la transparence et la convergence des intérêts. La concertation, la participation citoyenne, la volonté et l’ouverture politique sont à la base des changements nécessaires pour instaurer un système intègre, dynamique et participatif à grande échelle.

Nous sommes aujourd’hui arrivés à un point où notre organisation en tant que société, ne correspond plus aux besoins à satisfaire, aux critères de performance et de moins en moins aux valeurs des Québécois et Québécoises. Dans une ère d’ouverture sur le monde, de mondialisation et d’opportunités, les citoyens doivent investir l’État et reprendre avec celui-ci les moyens de ses ambitions. Pour ce faire, l’État doit faire preuve d’une volonté à être le partenaire de ses électeurs et de s’unir à ceux-ci afin d’avoir une voix cohérente et forte face aux entreprises et au reste du monde. De plus en plus, nous devrons faire plus avec moins et cesser de perdre du temps et de l’argent dans la corruption, la collusion et dans la recherche d'avantages divers et non profitables à l’évolution et à la création d’un bien commun qui est la réelle richesse de tous. L’État de droit c’est nous tous ensemble.

Cette idée, de défaire les groupes traditionnels privilégiés près du pouvoir, qui sont à la fois acteurs et juges de leur travail,  semble faire sa place à Montréal; surtout suite aux scandales liés à la corruption qui ont éclaté. Tout ce système de collusion et de corruption a pu exister en grande partie parce qu’une grande place fut faite au corporatisme et du même coup au désintérêt du citoyen moyen pour ce qui est de l’administration des affaires publiques. Le système corporatiste québécois n’est plus créateur de richesse ni de nouvelles idées. Il ne défend pas de manière puissante les groupes les plus faibles contre les grandes menaces économiques, il ne facilite en rien l’intégration des citoyens à l’économie québécoise et n’est transparent pour personne. Voilà pourquoi je compare le modèle corporatiste québécois au modèle élitiste français. 

A. Tétreault

Commentaires

  • Le contexte d'un gouvernement minoritaire n'aide pas faire une réforme en profondeur du système de santé québécois?

    il faut aller chercher l'appui des autres partis politiques

    mais il faut aussi se poser cette question; est ce que la réforme du système de santé au Quebec va creusera ou pas le déficit ???


    je veux ici dire aussi que l'arrivée de deux nouveaux jeunes médecins de l’étranger est nécessaire pour assumer l'offre de soins de première ligne car d'ici cinq ans, on prévoit que beaucoup de médecins cesseront leur pratique à Québec


    Faute de trouver un médecin, plusieurs patients n'auront d'autre choix que d'aller engorger les urgences hospitalières ou de se pointer aux cliniques sans rendez-vous et de causer un allongement de l'attente.

  • En ce qui concerne le systeme de santé canadien et les médecins. Mis a part la propagande diffusée a travers les médias. Pour ma part, je trouve abuser qu'un médecin au Québec palpe 200000$/an tout en bénéficiant d'un service médiocre en premiére ligne.
    Je trouve aussi exagéré qu'on puisse nous répéter à satiété qu'il ne s'agit que de la premiére ligne...Ce n'est pas rien d'attendre des heures tout en étant gravement malade.
    En comparaison avec la France le nombre de médecins par habitant est le meme qu'au Québec, alors que le temps moyen d'attente aux urgences francaises est de deux heures maxi. D'autant plus, le salaire d'un médecin québécois est trois fois, voire quatre fois plus élevé que celui d'un médecin francais.
    Je ne souhaite pas vous parler d'une quelconque dignité humaine,,,En échange d'un trés bon salaire il est normal qu'un citoyen québécois ait un bon service.
    Amir

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