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Marie Noëlla Umuhire- Quand on vit dans la rue, on ne vit pas, on survit!

Le problème des sans-abri est un enjeu de taille et il est grand temps que les gouvernements  mettent fin à ce problème qui existe depuis pas mal de décennies.  Selon la définition retenue par les Nations Unies, à l’occasion de la déclaration de l’Année internationale du logement des sans-abri (1987), un « sans-abri »  ou «personne itinérante » c’est autant une personne qui n’a pas de domicile et qui vit dans la rue ou dans les refuges, qu’une personne qui n’a pas accès à un abri convenable, c’est-à-dire un abri qui répond à certains critères de base jugés essentiels tant pour la santé que pour le développement humain et social (accès à des installations sanitaires et à l’eau potable, à la garantie d’occupation, à la protection contre les intempéries, à la sécurité des personnes, à un accès à l’éducation, au travail et aux services de santé, etc.).

On retrouve des sans-abri partout au monde, aussi bien dans les pays pauvres que dans les pays riches. Prenons l’exemple du Québec, plus précisément la ville de Montréal. Selon la presse.ca, le nombre de sans-abri au Québec serait de 30 000 dont 20 000 à Montréal! Le dernier recensement remonte à 1998 et les chiffres sont basés sur le taux d'occupation des refuges.  Probablement que ce nombre a augmenté sensiblement depuis lors. C’est un problème de taille pour la province, plus particulièrement pour la métropole et il revient au gouvernement d’agir et d’en faire une priorité, surtout que le droit à un abri est un principe humanitaire élémentaire reconnu dans la déclaration universelle des droits de l’homme : « Toute personne a droit à un niveau de vie suffisant pour assurer sa santé, son bien-être et ceux de sa famille, notamment pour l'alimentation, l'habillement, le logement, les soins médicaux ainsi que pour les services sociaux nécessaires ; elle a droit à la sécurité en cas de chômage, de maladie, d'invalidité, de veuvage, de vieillesse ou dans les autres cas de perte de ses moyens de subsistance par suite de circonstances indépendantes de sa volonté.».[1]

 

Les causes de l’itinérance sont multiples : parfois les gens perdent leur emploi et ne peuvent pas se permettre de payer le loyer ; manque de soutien ou d’encadrement ; certains sont des enfants maltraités qui se sont enfuis de chez eux ; d’autres sont des victimes des catastrophes naturelles ; la dépendance à la drogue ou à l’alcool. Parmi les sans-abri on y trouve aussi des adolescentes enceintes et des femmes qui ont subi des violences conjugales, des malades mentaux etc.

 

Les sans-abris font face à de sérieux problèmes de  santé surtout en période hivernale. Les conditions climatiques conjuguées au stress psychologique et à l’exposition à des maladies transmissibles créent un milieu qui favorise tout un éventail de problèmes de santé, y compris les engelures, la tuberculose, les affections de la peau, les maladies cardio-respiratoires, les déficiences nutritionnelles, les problèmes dentaires et le manque de sommeil. Certain sans-abris meurent à cause du froid, les autres succombent à des blessures, à des surdoses,...

 

Au Québec tout comme ailleurs au Canada, les soins de santé sont fournis gratuitement  à tout le monde à condition que la personne ait une carte d’assurance médicale. Cependant, pour avoir une telle carte, une adresse physique est nécessaire. Faute de carte médicale, les sans abris se voient des fois refuser des soins de santé ou du moins la prestation de tels soins est très limitée à leur égard.

Bien qu’il y ait des organismes qui viennent en aide aux sans-abris à Montréal comme la Mission Bon Accueil; la Maison du Père; la Mission Old Brewery; le programme fédéral « Chez soi »,… le nombre de sans-abri ne cesse d’augmenter et ces organismes sont débordés, en plus leurs moyens financiers sont limités, ils ne peuvent pas aider tout le monde.

Le programme « Chez soi » dont l’objectif est d’offrir un logement à un sans-abri qui souffre de maladie mentale touche cinq villes canadiennes, dont Montréal.  Les montréalais qui en bénéficient ne paient qu'une fraction de leur loyer et ils sont solidement encadrés par une équipe: psychiatre, travailleur social, spécialiste en désintoxication, infirmière, etc. Ce programme existe depuis deux ans et les résultats sont très bons. Près de 80% des bénéficiaires sont restés dans leur logement. Malheureusement le programme se termine en 2013. On se demande alors si les bénéficiaires arriveront à tenir le coup s’ils n’ont plus d’aide!

Sûrement que ces gens risquent de se retrouver encore dans la rue. Pour retirer complètement un sans abri de la rue, il faut beaucoup de patience et de temps, sans oublier des ressources nécessaires, comme l’a confirmé madame Francine Côté, responsable de l'équipe itinérance au CSSS Jeanne-Mance.

Il est grand temps que le gouvernement se réveille et mette fin à cette injustice insupportable. Tout état de droit a la responsabilité de prendre soin de son peuple et de le protéger. Le gouvernement devrait s’investir davantage dans la recherche des solutions pour les sans-abri car c’est une situation qui non seulement met en danger la vie des itinérants mais aussi porte atteinte à la sécurité publique. Qui s’occupe des funérailles des sans-abris? Evidemment que c’est l’état qui s’en occupe. Pourquoi attendre que les gens meurent pour leur venir en aide ? Ne serait-il plus sage et plus raisonnable d’utiliser cet argent pour sauver des vies ? Notamment en investissant dans la construction des logements subventionnés pour les personnes vulnérables, en augmentant le nombre de centres psychiatriques, etc.  

 

Le sujet des sans-abri est très complexe et tout le monde devrait se sentir concerné. Malheureusement des jugements négatifs ne maquent pas à l’égard des sans-abri. J’ai du mal à comprendre des gens qui affirment que devenir un sans-abri est question de choix personnel. Comme il est facile de juger les autres!  De telles personnes n’ont aucune idée de toute la misère que les sans-abri côtoient tous les jours! On choisit la rue non pas parce que c’est agréable d’y vivre mais parce qu’on n’a pas d’autres choix. Il faut savoir que les gens réagissent différemment devant une situation donnée. Il y a des gens forts et courageux qui surmontent sans trop de difficultés des périodes difficiles, il y en a d’autres trop sensibles aux problèmes et qui ont du mal à les surmonter, ce qui fait qu’à un moment donne le vase déborde et ils se retrouvent dans la rue.  Au lieu de juger nous devrions plutôt essayer de comprendre ce qui pousse les gens à choisir la rue et essayer de trouver des solutions. Ces gens là ont besoin de notre aide, ils ont besoin d’encadrement, de conseils, d’amour, de notre petit sourire (ça coute rien!). Personne n’est à l’abri des problèmes. Aujourd’hui c’est quelqu’un d’autre, demain ce sera peut être nous!  

 

Marie Noëlla Umuhire

 

Sources :

-La santé et les sans-abri (PRB99-1F)

- MARIE-EVE SHAFFER , Metro, 22 décembre 2009

- La presse-ca



[1] Déclaration universelle des droits de l’Homme, article 25, paragraphe 1

Commentaires

  • Bien recu Noëlla. On lit, on évalue et te reviens.

  • Bien content que tu abordes ce sujet ! C'est presque honteux qu'une société comme nous (Le Québec) acception une telle situation, comme tu le dit si bien, aujourd'hui c'est qqu d'autre mais demain ce sera peut-être nous...Aimerions-nous être traité de cette manière ???
    Il n'y a pas de solutions miracles mais assurément que plus d'aide à des organismes comme La Maison du Père, Old Brewery ainsi que des programmes facilitant le logement social serait très apprécié. Il faut aussi prendre en considération que plusieurs de ses sans-abris pourraient facilement regagner le marché de l'emploi s'ils avaient des conditions gagnantes !!! Bonne soirée Noêlla !

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