Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

JMCloutier- La pression médiatique face aux décisions gouvernementales est-elle toujours de bon conseil

La pression médiatique face aux décisions gouvernementales est-elle toujours de bon conseil ?

Suite à un reportage paru à la station de télévision TVA le 16 janvier 2012, de sérieuses questions m’interpellent en ce qui a trait à la presse qui cri haut et fort au scandale.  Comme on le sait, une presse défavorable ternie l’image d’un gouvernement. Mais est-ce que cela signifie que tout ce qui pourrait contribuer à ternir leur image et/ou engendrer une mauvaise opinion publique doit faire l’objet de modifications ?

 

Le reportage en question nous présentait une jeune femme de 28 ans atteinte d’une paralysie cérébrale sévère, qui a eu pour conséquence de la limiter à un âge mental d’au plus 5 ans. Ses parents la gardent à la maison et ont recours à de l’aide à domicile payé par un CSSS. Un préposé aux bénéficiaires s’y présente une centaine d’heures par semaine, soit l’équivalent  de seize à vingt-quatre heures par jour. Or, le mois dernier, le couperet est tombé : le CSSS a décidé qu’il n’était plus question de payer en totalité les 150 000 $ dollars annuels.  Les avocats du CSSS ont avisé les parents que deux options s’offraient à eux : que leur fille soit transférée en CHSLD ou qu’elle demeure à la maison, avec une allocation annuelle maximun de 57 000 $  payable par le CSSS, soit l’équivalent du coût pour l’hébergement d’un bénéficiaire en centre d’hébergement.  Un des médecins traitant de la jeune femme a confirmé que le déménagement et la diminution de soins en CHSLD causerait un préjudice à sa patiente.  Le reportage se termine par le commentaire de Maître Ménard qui menace de poursuivre le CSSS et demande au ministre Yves Bolduc d’intervenir.  Voici les propos de Maître Ménard : « C’est une opération qui est purement comptable. C’est la bureaucratie dans sa plus extrême bêtise … ».

 

Au lendemain de la diffusion de ce reportage, qui avait suscité beaucoup de réactions dans la population selon les représentants du réseau TVA, nous avons pu entendre la ministre déléguée aux services sociaux, madame Dominique Vien, déclaré « Qu’il est peu souhaitable qu’une jeune personne handicapée vive dans un centre d’hébergement pour personnes âgées et qu’une demande formelle avait été lancée aux agences de développer de nouvelles solutions pour ce type de clientèle ».  Le réseau de télévision nous apprenait à la fin de ce reportage : « Bonne nouvelle !  Le CSSS a offert aux parents un nouveau montant; les deux partis doivent se réunir avec leurs avocats la semaine prochaine afin d’en arriver à une entente. »   

 

La décision des parents de faire appel aux médias est tout à fait louable. Encore faut-il avoir l’opportunité d’être en contact avec ce milieu. On ne peut être en désaccord avec la requête des parents, la cause est noble de vouloir garder son enfant en milieu familial le plus longtemps possible afin qu’il puisse bénéficier des meilleurs soins possibles à toute heure du jour et de la nuit.  Ces parents ont eu droit à ce privilège pendant plus de huit ans.  Par un procédé ou un autre, ils ont eu la chance d’avoir toutes ces ressources à leur disposition.  Eh bien tant mieux s’ils ont eu l’opportunité d’en faire profiter leur fille.     

 

Par contre, ce reportage nous démontre qu’un seul côté de la médaille, soit la détresse de cette famille. Ils ont toutefois omis de parler d’une cinquantaine d’autres familles demeurant dans la même région qui sont dans la même situation, mais qui n’ont malheureusement pas la même visibilité médiatique.  Ces gens sont présentement pris en charge dans des centres d’hébergements  ou ils demeurent en milieu familial  avec une allocation d’environ  57 000 $ annuellement. À noter qu’un CHSLD (Centre d’Hébergement et de Soins de Longue Durée)   n’est pas seulement une maison pour personnes âgées, on y retrouve aussi des personnes ayant des déficiences physiques ou intellectuelles de moins de 50 ans.

 

Comme on peut le constater, la pression médiatique a eu gain de cause dans ce dossier. Elle a fait reculer le CSSS et le ministère de la Santé et des Services Sociaux, mais est-ce une bonne chose ? À première vue, la population peut être fière de cette décision gouvernementale qui donne satisfaction aux  parents, mais qu’en est-il de tous les nombreux cas semblables dans la province ?  Cette situation crée un véritable préjudice envers tous ces gens.

 

Le gouvernement actuel qui est en période pré-électorale semble vouloir faire taire le plus rapidement possible les commentaires négatifs à son endroit. Tel que mentionné par monsieur Joseph Facal dans un article de la Presse paru le 19 septembre 2005 : «La gestion publique comporte un dilemme moral quotidien, faut-il faire ce qu’on pense être bon, même si c’est impopulaire, ou se soucier uniquement du court terme et dire et faire seulement ce que les gens veulent entendre, surtout en période électorale.»  C’est un pensez-y bien !

 

Tout cela soulève une autre question : avons-nous les moyens de nos ambitions?  Oui, ce serait bien que tous les gens handicapés aient accès aux ressources nécessaires à leur condition peu importe le coût et ce, avec de nouvelles institutions créer à leurs besoins. Aussi de plus il est important de préciser que grâce aux avancés de la science, il y aura de plus en plus d’enfant sauvés à la naissance qui malheureusement en conserveront de lourdes séquelles et dont l’espérance de vie sera grandement augmentée. Mais nous, la population Québécoise, avons-nous les ressources financière nécessaires pour faire face à ces nombreux besoins ? Si oui, sommes- nous prêts a couper dans d’autres services offerts à la population. Le débat peut maintenant être lancé.

 

Par Jean-Marc Cloutier

Étudiant – ÉNAP - Montréal

3 février 2012

Commentaires

  • Dans tous les cas, c'est clair qu'il manque de ressources spécialisées au Québec. Les CHSLD servent à offrir des services à tous les types de populations en marge de la société, avec lesquelles on ne sait plus quoi faire. Tant pour les personnes en perte d'autonomie, ayant une déficience physique liée à une maladie dégénérative, tant pour les personnes handicapées, celles en fin de vie ou avec des troubles de santé mental, il est nécessaire de développer des ressources institutionnelles ou alternatives, le plus près possible d'un milieu de vie naturel, afin de leur offrir des soins répondant à leurs besoins, dans un milieu convivial, respectant la dignité humaine.

    Pour ce faire, il faut des ressources financières et des partenariats qui, j'en suis sûre, se développeront, puisque déjà de mentionner le problème, notre société est consciente des lacunes du système à combler. Mais un tel développement de ressources demande du temps et des changements dans notre système de santé actuel. Il faut repenser les modes de financement et les méthodes de gouvernance afin d'être en mesure d'innover.

    En attendant, les médias servent aussi à la prise de la parole pour la population. Il représentent un arène politique et social à la fois. Le rôle des médias, bien qu'il soit parfois un moyen de manipulation à des fins politiques, reste majeur à la liberté d'expression et contribue certainement à conscientiser la population.

  • Nous ne pouvons être insensibles à de telles situations. Le manque de ressources est important c'est indéniable mais, il me semble toujours étonnant de constater que cette conclusion soit aussi largement partagée au sein d'une population qui est mieux desservie en tous genres de services que bon nombre d'autres sur la planète. Évidemment, il y a toujours les pays scandinaves qui nous rendent un peu jaloux mais sinon, nous n'avons pas grand chose à envier à personne.

    Bien sûr, je ne vois pas là une raison de penser que toutes les énergies ne devraient pas être consacrées à l'amélioration qualitative et quantitative des ressources. Je constate toutefois qu'à lui seul, cet exemple, permet d'expliquer les principes de la Loi de Wagner. Une quirielle de facteurs sociaux entraînera l'accroissement des besoins de cette nature. Nous l'espérons, la croissance des ressources suivra. En conséquence, les dépenses ne pourront qu'augmenter. Le modèle de financement et de gouvernance n'aura pas le choix d'évoluer puisque les sources actuelles de revenus, particulièrement les impôts des particuliers, ont leurs limites, elles aussi influancées par des facteurs sociaux, notamment le vieillissement de la population.

    Voilà un défi auquel nous serons tous appelés à travailler.

Les commentaires sont fermés.