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Blogue #2 - Audet - La loi 101

Le 5 novembre dernier, une manifestation a eu lieu à Montréal pour dénoncer le non-respect de la loi 101 qui exige un affichage public principalement en français. Cette manifestation qui regroupait quelques centaines de personnes voulait souligner l’inertie du gouvernement face à l’omniprésence de l’affichage en anglais. Le comédien et défenseur connu de la langue française, Denis Trudel, faisait partie des personnalités publiques du groupe qui a marché sur la Ste-Catherine pour identifier ceux qui refusent la conformité. Il affirme «Où, dans le monde, un pays accepte-t-il que la moitié de son visage soit dans une autre langue que la sienne? C'est une question de fierté! ». Le mouvement Montréal français ajoute « Le français est la langue commune au Québec : il faut que ça se sache, que ça se voit, que ça s'entende et même que ça se sente. » Par comble de dérision, ils ont trouvé des noms francisés aux compagnies fautives. D’ailleurs ces nouveaux noms d’une simplicité étonnante sont franchement plus attrayants par exemple, « Future Shop » est devenu « La boutique du futur » et « Banana Republic » est renommé « République de la banane ». Sur une note positive, on indique aussi que certaines compagnies ont fait le pas sans trop de mal telles que LaBaie et Dormez-vous.

 

La loi 101 ou la charte de la langue française adoptée en 1977 imposait par son article 58, un affichage unilingue français.

 

« L'affichage public et la publicité commerciale, à l'extérieur ou destinés au public qui s'y trouve, se font uniquement en français. »1

 

Ayant créé de nombreux débats particulièrement centrés sur les droits et liberté d’expression, cet article a été modifié en 1987 à la suite d’un jugement de la Cour Supérieure du Québec appuyé par la Cour Suprême du Canada.

 

« Selon le plus haut tribunal du pays, le Québec avait le droit d'imposer l'usage du français, mais ne pouvait interdire l'anglais: comme les chartes des droits, tant canadienne que québécoise, garantissaient la liberté d'expression, il était jugé anticonstitutionnel de limiter cette liberté d’expression, y compris dans le discours commercial. » 1

 

Suite à cette décision, l’article 58 devient dès lors :

 

« L'affichage public et la publicité commerciale doivent se faire en français. Affichage en deux langues.

Ils peuvent également être faits à la fois en français et dans une autre langue pourvu que le français y figure de façon nettement prédominante. » 2

Choix du gouvernement.

 

Cette portion de la loi a causé plusieurs malaises parmi la population mais a malgré tout été appliquée et respectée assez largement pendant un certain temps. Or, la surveillance de l’affichage s’est amoindrie au cours des 10 dernières années et ce, après s’être imposée, non sans mal et réticence, mais certainement, à long terme, avec succès. On remarque partout autour de nous, les effets de la relâche. Les compagnies et commerces ne respectent plus la loi, s’installent partout au Québec sans se préoccuper des intérêts locaux et régionaux.

 

Sans attendre, des publicités ont suivi la manifestation. Le gouvernement Charest a dû réagir rapidement à ces actions avant que ça ne dérape. Ont-ils simplement voulu calmer la tempête ou sont-ils sincèrement prêts à remettre en place des exigences claires pour les compagnies émergentes ou venant d’ailleurs. Ils ont d’abord parlé d’une subvention jusqu’à 75% des frais nécessaires pour défrayer les coûts engendrés pour appliquer la loi. Ça semble incohérent de prendre de telles mesures mais moi je le vois comme la conséquence d’avoir placé la loi en sourdine. Quant aux plus grosses compagnies, elles devront se conformer ou payer les amendes prévues par la loi. Certaines compagnies y voient une contrainte néfaste alors que plusieurs l’ont fait avant eux sans trop en souffrir, apparemment. N’est-ce pas là une stratégie de marketing de savoir s’adapter au contexte où l’on veut s’établir pour séduire ? N’est-ce pas au commerce de plaire le client et non l’inverse ?

 

Cela va sans dire que la loi existe depuis longtemps et qu’il aurait peut-être lieu de la renouveler pour mieux correspondre au contexte actuel. Par contre, une chose certaine, on ne peut pas toucher à l’image que la société projette au quotidien. L’affichage est une partie intégrante de notre image, c’est la voix qui accueille les étrangers, qui informe de la position que l’on choisie, de l’avenue à prendre et à garder.

 

Mais tous ne sont pas de cet avis, Maxime Bernier, député de Beauce et ministre d’État à la Petite Entreprise et au Tourisme, a déjà exprimé que la culture n’a pas besoin de loi, mais qu’il suffit que la population y croit et la vit. Il a exprimé lors d’une entrevue le 4 février dernier que le Québec n’avait pas besoin de la loi 101 pour protéger le français. Il voit la loi 101 comme une restriction, une série de mesures forcées et s’indigne que l’individu ne puisse pas faire son propre choix. Cette position rejoint la politique du modèle de « public choice » ce qui n’est pas nécessairement la solution pour défendre l’avenir d’un peuple. Toute société doit se doter de loi pour faire respecter les valeurs dont elle s’imprègne. Le gouvernement Québécois a plus d’une fois jugé que la protection de la langue française est une valeur suffisamment importante et ancrée dans notre culture pour établir des règles à ce sujet. Et ce n’est pas l’aboutissement d’un seul parti élu, ils ont tous contribué à faire évoluer le Québec en attribuant au français une place fondamentale à travers le temps. C’est vrai, le peuple doit en faire la propagation, la transmission mais c’est impossible que ça soit suffisant. Le gouvernement doit prendre position, s’impliquer, gérer ce qui garde le Québec distinct en commençant par sa langue d’expression. Il doit y croire autant que les individus.

 

Par contre, pour faire respecter une loi, il faut y mettre les ressources nécessaires. Par ailleurs, il coûte cher de placer des agents pour surveiller et émettre des contraventions. Le ministère de la culture, de la communication et de la condition féminine, où repose la loi 101, n’est pas des plus riches, il détient moins de 1% du budget total du gouvernement. De plus, dans le contexte des compressions budgétaires, les nouvelles dépenses s’avèrent difficiles à justifier et à obtenir. Les dirigeants doivent faire des choix éclairés devant la multitude de besoins et services que l’on doit offrir aux citoyens. Une étude de priorité est de mise, peut-être même à l’intérieur du ministère concerné les réflexions ont déjà commencé. L’Office de la langue française a dernièrement investi dans une série de publicités-choc sur l’affichage, un moyen efficace pour éduquer l’ensemble de la population.

 

Et d’ailleurs, il est fini le temps où le français au Québec éloignait les anglophones, la plupart de ceux-ci y trouvent un plaisir à être différents, à exposer ce côté particulier qui attire, pique la curiosité et inspire. De plus, les nouvelles générations apprennent de plus en plus le français. Nous avons beaucoup à faire pour partager la culture mais ce n’est pas par manque de volonté mais plutôt par un envahissement de l’influence américaine et mondiale des tendances. Cela étant dit, le Québec ne doit pas se fondre dans la masse mais se distinguer par des gestes concrets et l’image projetée demeure une préoccupation et une obligation d’action par le gouvernement.

 

 

 

Nathalie Audet

Blogue #2

ENP 7505 Mercredi matin

 

 

 

 

1 Leclerc, Jacques. Les modifications à Charte de la langue française. Page consultée en novembre 2011, (en ligne), http://www.tlfq.ulaval.ca/axl/amnord/quebecmodif1977.htm

 

2 Charte de la langue française C-11Chap VII art 58, Office de la langue française

 

 

 

La Bibliographie

 

 

Bernier, Maxime (2011). Ma position sur la loi 101. Blogue de Maxime Bernier, député de Beauce, 6 février 2011. http://www.maximebernier.com/2011/02/ma-position-sur-la-loi-101/

 

Larouche, Vincent (2011). Manifestation pour le respect de la Loi 101 au centre-ville, le 5 novembre 2011, LaPresse.ca. Page consultée en novembre 2011. http://www.cyberpresse.ca/actualites/regional/montreal/201111/05/01-4464984-manifestation-pour-le-respect-de-la-loi-101-au-centre-ville.php

 

Manifestation contre l'abondance de l'anglais dans l'affichage commercial, le 5 novembre 2011, Radio-Canada.ca, Page consultée en novembre 2011.

http://www.radio-canada.ca/regions/Montreal/2011/11/05/004-montreal-marche-francais.shtml

 

Commentaires

  • Le français au Québec est un signe de la culture Québécoise, certes, et le gouvernement doit contribuer au maintien de cette culture. J’ajouterais aussi que le français fait partie de l’identité du peuple québécois. Malheureusement, cette identité se réduit de plus en plus. On entend de moins en moins les gens parler français à Montréal et cela même dans des quartiers dit francophones. L’anglais prend de plus en plus de place dans les conversations courantes, surtout avec les jeunes. C’est très important d’étendre nos perspectives en ce qui concerne le français au Québec, et surtout à Montréal, que ca dépasse juste l’affichage en français pour que ca devient une préoccupation culturelle, qui touche les aspects de notre vie de tout les jours afin de préserver cette identité et encore plus la faire grandir.

    Nadine Gharios
    Mercredi AM

  • Je suis tout à fait d'accord avec toi Nathalie.

    Le gouvernement doit miser davantage sur l'importance de l'affichage en français comme cheval de bataille cuturel. En effet, étant très peu nombreux, voir même en voie d'extinction, nous nous devons comme peuple de protéger notre langue française. Nous sommes distincts comme peuple, nous devons prioriser le respect de nos valeurs cuturelles.

    Je suis indignée devant les propos du ministre Bernier, qui somme toute est un Québécois de souche, et mentionne que l'individu peut faire ses propres choix. Comment on peut représenter le peuple Québécois et tenir des propos aussi abérants.???

    L'affichage est en effet notre image, notre publicité, elle nous permet de nous distinguer et de nous afficher. Je crois que l'inertie du gouvernement à cet égard est inconcevable et je crois qu'on doit prioriser des mesures coercicives à l'égard des fautifs.

    Mélanie Scrivo
    mercredi am

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