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L’HOMOPHOBIE TOUJOURS PRÉSENTE EN 2011

Josée Morin, ENP7505 (mardi pm)

 

Au Québec, malgré les progrès réalisés depuis 40 ans en matière d’égalité juridique – depuis la décriminalisation de l’homosexualité en 1969 jusqu’à la reconnaissance du mariage gai en 2005 l’homophobie sévit toujours et ce, dans plusieurs milieux.  En 2011, dans un pays comme le nôtre considéré aux yeux du monde comme un pays ouvert à la différence, il est encore difficile de révéler publiquement son homosexualité que ce soit pour un jeune à l’école ou au travail ou encore pour une personne qui évolue dans le milieu sportif, public ou politique.  La peur d’être ostracisé, harcelé ou même d’être battu est souvent présente.

 

Particulièrement, le monde du sport est resté largement fermé à l'homosexualité. Encore aujourd'hui, peu d'athlètes sont ouvertement gais et notamment dans les sports d'équipe. Les athlètes masculins acceptent très mal la présence d’athlètes gais dans leurs rangs. Il existe un certain décalage dans l'évolution des concepts de masculinité, entre la société en général et le monde du sport. L'ancienne génération est moins à l'aise avec l'homosexualité.  En fait, il est impossible pour une majorité de partisans de nommer un athlète homosexuel qui évolue dans la Ligue nationale de hockey ou dans les ligues américaines et canadiennes de football. Alors que le modèle de l'homme macho qui n'affiche pas ses sentiments paraît dépassé dans la société moderne, ce même modèle reste celui qui est valorisé dans le milieu sportif, un peu comme s'il était resté figé dans le temps[1]. Les préjugés envers l’homosexualité sont nombreux dans le sport et font même partie intégrante du langage.  Dans les vestiaires d’équipes, le langage véhiculé par les athlètes et les entraîneurs tourne souvent autour de propos homophobes, de blagues cruelles ou de plaisanteries sur les personnes homosexuelles. Lorsque des gais font leur coming out, ils sont victimes de beaucoup de violence et font face à un rejet important.  Cela explique probablement en partie pourquoi ils préfèrent garder le secret sur leur orientation sexuelle.

 

Le 11 novembre dernier, David Testo, joueur de l’équipe de soccer de Montréal a décidé de révéler publiquement son homosexualité.  Il a fait cette révélation à 30 ans.  Son entraîneur a été témoin à au moins deux reprises d'épisodes où le joueur s'est fait traiter de «fucking faggot» - «sale tapette» en français - par des joueurs d'équipes adverses[2].

 

Cet événement s’est passé ici chez nous.  Dans d’autres pays cela va bien au-delà des insultes, de l’intimidation, de l’exclusion ou des moqueries.  Par exemple, le 3 novembre 2011, les médias révélaient que deux joueurs de soccer iraniens ont été suspendus, ont vu leurs salaires diminués de 15%, en plus de payer une amende élevée et d’être condamnés à 74 coups de fouet parce qu’un des joueurs a touché les fesses de l’autre après avoir marqué le but de la victoire.

 

Une étude détaillée sur les droits des homosexuels menée par l’International Lesbian, Gay, Bisexual, Trans and Intersex Association révèle qu’encore aujourd’hui l’homosexualité est considérée comme un crime pour lequel on peut être poursuivi dans 76 pays dans le monde[3].  Cette étude rapporte que sept de ces pays punissent l’homosexualité de la peine de mort. On peut y lire également que 75 pays emprisonnent des personnes parce qu’elles sont « gaies » et que seulement 53 pays ont des lois contre les discriminations basées sur la sexualité. Que dire aussi des Etats-Unis, seul pays de l’Otan qui interdit les personnes ouvertement gaies dans l’armée avec leur politique du «Don't Ask, Don't Tell». En Inde, un article du code pénal indien punit de dix années d'emprisonnement l'homosexualité et notamment la sodomie. En Ouganda, en 2009, un député avait proposé de condamner les homosexuels à la prison à vie au lieu des quatorze ans prévus actuellement pour les coupables d'«outrage d'homosexualité». Cette proposition de loi, baptisée « loi antihomosexualité » vient à nouveau d'être présentée au Parlement ougandais. Elle prévoit également la peine de mort pour les personnes séropositives qui auraient des rapports homosexuels[4].

 

Tout être humain possède des droits et des libertés et tous sont égaux.  Alors comment pouvons-nous accepter que dans certains pays une personne ait peur pour sa vie simplement pour la manière dont elle est née et qu’elle doive taire son homosexualité ? Pourquoi une personne devrait changer régulièrement de domicile pour éviter les agressions ?

 

Selon Amnistie Internationale, l’Afrique sub-saharienne, l’Europe de l’Est et le Moyen-Orient sont les régions les plus préoccupantes en ce qui concerne les droits des homosexuels. Toutefois, certains pays sont reconnus pour leurs avancées au niveau de ces droits.  La Grande-Bretagne est considérée comme une nation progressiste où les homosexuels peuvent adopter des enfants, ont droit à des cérémonies civiles et sont protégés contre les discriminations par la loi.  L’Argentine est devenu, en juillet 2010, le premier pays d’Amérique latine à autoriser le mariage de personnes du même sexe. Les mariés homosexuels peuvent désormais adopter des enfants et bénéficier des mêmes droits que les autres mariés: sécurité sociale, allocations ou jours de congé liés à la vie familiale. En 2005, après quatre ans de tergiversations politiques, de commissions parlementaires et de renvois juridiques, le Parlement canadien a adopté la Loi sur le mariage civil, reconnaissant aux couples de même sexe la capacité juridique de contracter le mariage civil et depuis 1969 les rapports sexuels entre deux personnes du même sexe ont été décriminalisés au Canada.  Comment faire pour que ces avancées aient une influence à l’échelle mondiale ?  Est-ce utopique de le souhaiter ?  Bien sûr dans les pays gouvernés par un régime autoritaire ce sera plus difficile mais on ne doit pas sous-estimer la force de la pression populaire.

 

En effet, les groupes de pression ont une influence certaine sur le fonctionnement de l’appareil administratif dans certains pays et ils peuvent intervenir avant la phase d’adoption de politiques gouvernementales[5].  Au Québec, l’évolution plutôt foudroyante de l’homophobie jusqu’au mariage « gai » en l’espace de quelques dizaines d’années témoigne clairement du succès d’une opération citoyenne imposée aux élus[6].  Des organismes comme la Coalition gaie et lesbienne du Québec, la Fondation Émergence et Gai Écoute ont grandement contribué à défendre, promouvoir et représenter les droits de la communauté et population gaie et lesbienne du Québec auprès du gouvernement.  Ils ont joué un rôle majeur dans l’évolution au niveau des droits des personnes de minorité sexuelle qui a conduit à l’adoption, en décembre 2009 de la Politique québécoise de lutte contre l’homophobie ainsi que du Plan d'action gouvernemental de lutte contre l'homophobie 2011-2016, lancé en mai 2011.

 

Le Québec se démarque en matière d’ouverture aux minorités sexuelles mais il reste encore beaucoup de chemin à parcourir pour qu’une véritable égalité sociale se concrétise.  Le chemin sera encore plus long pour d’autres pays dans le monde. Les groupes qui militent en faveur des droits humains doivent poursuivre leur combat.  L’ignorance est l’ennemi de la tolérance alors il faut continuer d’en parler, de faire de la sensibilisation et de l’éducation à tous les niveaux pour un jour espérer une plus grande ouverture à la différence et aux réalités de ces minorités.



[5] Mercier, Jean (2010).  L’administration publique, p. 283

[6] Michaud, Nelson (2011). Secrets d’États ? Les principes qui guident l’administration publique et ses enjeux contemporains, p. 233

 

 

Commentaires

  • Josée,

    Ton sujet est super intéressant. Même si le Canada est plus ouvert que d'autres pays sur la question, il reste encore beaucoup de travail à faire. L'homosexualité est encore tabou au sein de la population. Je le vois beaucoup chez les jeunes avec qui je travaille. Je pratique un métier dans un milieu scolaire très multiethnique avec une grande diversité religieuse. Les élèves ont des préjugés envers les homosexuels et ces idées préconçues leur sont souvent transmises par leur religion ou leur parents. Les préjugés sont malheureusement parfois bien ancrées dans la tête des gens et c'est pourquoi cela prend du temps pour faire changer les mentalités! Tout comme toi, je pense que le changement des mentalités et les luttes sociales passent par l'éducation. L'éducation réduit l'ignorance qui réduit l'intolérance. C'est par un travail de sensibilisation auprès des jeunes que nous pourrons faire avancer les choses en matière d'homophobie. Cette phase de sensibilisation doit absolument être suivie par une phase d'action. Il faut encourager les jeunes à être, à leur tour, des acteurs de changements. Après tout, ils représentent la force de demain. Il existe pleins de beaux projets à faire en milieu scolaire. La Fondation Émergence, GRIS-Québec et la Fondation de la Tolérance sont des ressources qui peuvent appuyer les intervenants scolaires dans leurs démarches.

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