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imputabilité

Blogue 1 Linda Gosselin  ENP7505 (Brossard 2010)

Le gouvernement imputable de tous les maux de la société. Qu’en est-il de la responsabilité des citoyens?

Il n’y a pas une journée sans qu’un citoyen, par la voie des médias, rend responsable le gouvernement de tout ce qui arrive de malheureux dans notre société. Oui, le gouvernement est imputable des lois et des règles qu’il adopte et plus encore. Mais le citoyen, de son côté, a aussi des obligations face à la société. Il est aussi responsable des décisions qu’il prend et des actes qu’il pose. Ce constat m’amène à penser que le gouvernement en fait peut-être trop pour la société. Il agit en bon parent protecteur, ce qui laisse peu de chance au citoyen de se prendre en charge. Il ne faut pas oublier que nous sommes toujours dans une ère où l’État providence est présent plus que jamais.

À ce stade-ci, il serait bon de se rappeler certains faits historiques :

Au tournant du siècle, le Québec adopte des lois relatives au travail dans les manufactures (1885) et aux accidents du travail (1909). Pour certains auteurs, ces lois illustrent le changement qui s’amorce en matière de protection sociale (Fecteau, 1986; Lesemann et lamoureux, 1988).  À partir des années 1960, l’État québécois devient le principal moteur du développement social et économique (Dyck, 1986, p.214) et il intervient, notamment, par un ensemble de gestes législatifs et administratifs touchant la gratuité des soins hospitaliers et des soins médicaux, la sécurité du revenu et l’accès aux services sociaux.                                                                                                                                               

Durant les années 1970 et 1991, l’État providence prend de l’expansion au sein du domaine de la santé. « Cette période est celle d’une prise en charge étatique de la santé au Québec, avec l’instauration d’un système public de services de santé et une réorganisation de la santé publique sous le signe de la santé communautaire.» (Lemieux, Bergeron, Bégin et Bélanger (1997). Cette époque est marquée par la création du ministère des affaires sociales, par l’adoption de la Loi de l’assurance maladie et la Loi sur les services sociaux. Depuis ce temps, le gouvernement continue de prendre en charge tous les maux de la société, et ce, dans tous les secteurs publics. Ce qui fait en sorte qu’à la moindre défaillance, les citoyens blâment celui qui le surprotège. Comme le dit si bien Pierre Simard, professeur à l’École nationale d’administration publique :

En réalité, nous vivons dans une société où l’État, au nom de la vertu, réussit à nous infantiliser; à gérer notre vie sous prétexte de nous protéger. On vit maintenant dans une société dominée par la déresponsabilisation collective. Une société qui repose sur une surprotection des citoyens plutôt que sur sa responsabilisation. Une société où ce n’est jamais la faute de l’individu, mais celle du gouvernement qui ne l’a pas protégé. Une société qui dénie toute responsabilité à l’être humain. 

Le comportement des citoyens démontre une certaine complaisance dans ce nid douillet que la surprotection leur procure. Qu’il est dont réconfortant et déculpabilisant de ne pas se sentir responsable. Dans un article du Journal de Montréal, Michel Beaudry, journaliste, blâme le ministère de la Santé d’avoir omis de lui faire parvenir l’avis de son renouvellement de sa carte-soleil et s’offusque des démarches qu’il a dû faire pour se procurer une nouvelle carte.  

Je n’ai jamais reçu de formulaire de remplacement, je le jure. En subissant les tests annuels pour mon ti-que-cœur, l’hôpital et moi avons réalisé que ma caret-soleil est expirée depuis un an. Vais-je me faire saisir mon corps par la SQ? Non, pas cette fois. Il faut plutôt aller faire le taouin selon les normes, toujours changeantes, mais pas pour le mieux, du bon gouvernement du Québec. De rajouter, mon garagiste avec son gros doigt graisseux sait précisément à quelle date j’ai changé les bougies de mon char. (Journal de Montréal, 2010)

Le bon gouvernement du Québec, comme le nomme M. Beaudry, nous donne la chance de recevoir des soins gratuitement en utilisant une petite carte. Faut-il rappeler aux citoyens que cette petite carte est leur propriété et qu’ils en sont responsables. On oubli souvent que l’administration publique est gérée par des être humains qui gèrent, à leur tour, des mécanismes informatiques. Eh oui, il peut y avoir des failles. Mais en tant qu’utilisateurs des services publics, j’ai l’obligation de m’assurer que mes papiers sont en règles. Contrairement à M. Beaudry, je connais l’expiration de ma carte-soleil, et plus encore, celle de ma carte de crédit, celle de mes assurances d’auto. Je sais même quand mon changement d’huile sera dû car ce n’est pas mon garagiste qui va m’en informer. À ce stade, je suis à me demander si le bon gouvernement oubli de faire parvenir les documents pour l’impôt, le citoyen jugera qu’il n’a pas à le faire.

Toujours dans cette même lancée, combien de conducteurs ont perdu la vie ou ont été grièvement blessé suite à une sortie de route car ils ont manqué la courbe, et ce, dû au fait qu’ils conduisaient au-delà de la limite permise. Encore là, on accuse l’administration publique de ne rien faire. Mais faire quoi? Chaque courbe est annoncée par un panneau de signalisation et un deuxième panneau vous indique même la vitesse à laquelle vous devez prendre cette courbe. Est-ce la faute du bon gouvernement si le conducteur conduit de façon irresponsable, et ce, malgré toutes les publicités déployées pour aviser que la vitesse tue. Quoi faire de plus? Des routes droites sans courbe! Une loi obligeant les gens à lire les panneaux!

En tout dernier lieu, je ne peux passer sous silence le décrochage scolaire. On impute le haut taux de décrocheurs au fait que les institutions ne les encadrent pas assez ou aux nombreux changements des réformes. Une école de l’Ange-Gardien a réalisé un sondage auprès de ses élèves. « Pour donner un avant-goût des résultats, le directeur a révélé qu’à Ange-Gardien plus de 78,6% des élèves de 15 ans et plus travaillent. Le sondage permet aussi d’observer que les parents posent plus de questions à leurs enfants sur le travail que sur les études. » Cette école présentera un programme Zone pro-études. Ce programme a pour but de solliciter les employeurs à ne pas faire travailler les élèves plus de 15 heures par semaine. De plus, « l’école distribuera aussi des autocollants aux familles intéressées à s’afficher pro-études. » À la lueur  des propos mentionnés ci-haut, on laisse le choix aux parents de s’impliquer, comme si l’école et les employeurs étaient les seules à pouvoir régler le problème. Quand des parents portent plus d’intérêt au travail de leurs enfants qu’à leur étude, je ressens un profond malaise, surtout quand les parents accusent les institutions scolaires d’être responsables du décrochage. Il y a lieu de croire qu’on surprotège les parents. La mission d’une école, c’est de fournir des connaissances qui serviront à faire des jeunes, des adultes responsables, tandis que le parent a l’obligation d’éduquer son enfant.

Responsabiliser les parents, c’est ce qu’à fait une école de Laval suite à une confrontation entre la police et ses élèves. « Au lendemain d’une confrontation entre les policiers et les élèves, […], les responsables scolaires lancent un appel aux parents, qui auraient avantage à rappeler les notions de respect de l’autorité à leurs enfants. Ils ont le devoir de rappeler à leurs enfants l’importance de respecter la police, l’équipe-école et le code de vie de l’école.» Faut-il ajouter que le respect commence à la maison.

Somme toute, il y lieu de constater que le gouvernement, par sa prise en charge de tous les maux de notre société, par la multitude de lois et de règlements pour protéger la société, engendre des citoyens irresponsables. Pierre Simard résume bien ce constat en disant :

Aussi, plutôt que chercher à nous dicter constamment ce qu’il faut faire, le rôle de l’État devrait se limiter à améliorer l’application des lois en matière de responsabilité et à mettre en place un système judiciaire rapide, efficace et juste. Aucun individu n’a besoin de se faire dicter le bien ou le mal lorsqu’on applique la vraie responsabilité, celle qui repose essentiellement sur l’obligation d’assumer les conséquences de ses propres décisions ou de réparer les dommages économiques, sociaux ou environnementaux, qu’il crée.

Références

TRUDEL, Rémy (2010). Principes et enjeux de l’administration publique : Croissance et décroissance de l’État, Notes de cours, ENAP.

LEMIEUX, Vincent, Pierre Bergeron, Clermont Bégin et Gérard Bélanger (1997). Le système de santé au Québec : organisation, acteurs et enjeux, Les Presse de l’université Laval.

BEAUDRY, Michel (2010). Les malades, le Journal de Montréal, édition du 21 janvier 2010.

ST-HILAIRE, Cynthia(2010). Tous ensemble contre le décrochage, le journal La Voix de l’Est, édition du 6 février 2010.

PIGEON, Marc (2010). Enseigner le respect commence à la maison, le Journal de Montréal, édition du 15 février 2010.

 

 

 

 

 

Commentaires

  • Bravo Linda pour ...oser ! Au public maintenant

  • Je suis d'accord avec vous, l'État a parfois une attitude infantilisante. Le citoyen a des obligations et ne peut pas rejeter le blâme de ses actions au gouvernement.

    En ce qui concerne le décrochage scolaire, je pense que le parent est le principal acteur de la résussite de son enfant. S'impliquer dans les études de son jeune, c'est aller rencontrer les professeurs, questionner sur ce qu'il apprend à l'école, l'accompagner dans ses travaux, permettre que les conditions pour son apprentissage soient respectées (milieu calme à la maison où il pourra étudier sans être dérangé, supervision parentale, etc...) L'école peut offrir un milieu épanouissant pour que le jeunse se réalise, mais je crois fortement que tout commence à la maison. De plus, le "modeling parental" est très important. Le jeune accordera plus d'importance à ce que ses parents valorisent.

    Je suis allée en septembre à une réunion de parents à l'école de ma fille (elle entrait en maternelle!!) et j'ai été suprise voir mortifiée lorsque la directrice a dit qu'ils voyaient régulièrement à l'école des enfants qui arrivaient en maternelle sans jamais avoir ouvert un livre!!! On part de loin là...si à la maison, la lecture n'est pas encouragée...gros handicap pour l'école à combler... Je trouve cela difficle à comprendre. En plus, il existe différentes programmes dans les bibliothèques du Québec pour faciliter l'accès aux jeunes. Par exemple "une naissance un livre". Dans la première année de son enfant, on peut aller l'inscrire à la bibliothèque et on reçoit un livre en cadeau. L'État met beaucoup de choses en place, mais les parents doivent faire leur bout.....

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