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  • L'entreprise sociale et collective et la Gestion participative

    L’entreprise sociale et collective et la Gestion participative

    L’Association étudiante de l’École nationale d’administration publique a profité du 3e Sommet international des coopératives 2016, tenu dans la ville de Québec en octobre dernier, pour créer en amont, un événement d’une journée, le forum G2ESC, où théoriciens, praticiens - professeurs de gestion spécialisés, directeurs généraux, présidents de conseils d’administration, étudiants – ont partagé leur réflexion sur les thèmes de la gestion et de la gouvernance des entreprises sociales et collectives (organismes à buts non lucratifs. marchandes à vocation sociale, coopératives, mutuelles, fondations caritatives). J’ai eu l’occasion de prendre part à la discussion autour de la Table-ronde sur Les règles de la gouvernance des entreprises sociales et collectives et souhaite ici partager le fruit de ma réflexion.

    Le Sommet international des coopératives aura permis à ses participants de poursuivre la discussion et d’aborder les grands thèmes proposés dans son programme portant sur les enjeux économiques, le développement des entreprises coopératives, la sécurité alimentaire, l’emploi et l’accès aux soins et services de santé.

    Les liens communs entre ces deux plateformes d’échange sur l’entreprise sociale et collective se révèlent multiples, comme le partage du bien collectif, la responsabilité sociale et environnementale. C’est toutefois sous l’angle d’une perspective de pratiques de gestion et de gouvernance partagées à partir de valeurs démocratiques et participatives que portent les propos de ce billet. Je crois que l’entreprise sociale et collective ressort comme un des acteurs stratégiques des plus importants dans l’adhésion et la promotion d’un mode de gestion plus participatif et d’une gouvernance plus collaborative.
    Notre système économique a indéniablement permis l’amélioration du bien-être d’une partie de la population mais la présence de situations d’iniquité demeure et met en lumière des tensions importantes dans la manière dont s’organise l’activité économique.

    La démocratie participative est un thème qui prend une consonance de plus en plus forte dans la réflexion collective qui aborde le développement économique à l’échelle mondiale comme à l’échelle locale. Parce que cette première économie est génératrice de grandes préoccupations d’iniquités sociales et de pauvreté récurrente au sein des communautés. Parce qu’un nombre de plus en plus important d’initiatives et d’acteurs locaux encouragent la deuxième par la participation citoyenne comme réponse aux changements requis, la mission de toute initiative « participative » doit tendre à renforcer le pouvoir et l’accès aux ressources de ceux qui en ont historiquement détenu le moins(Rabouin, 2009).
    Parce qu’elle propose une nouvelle forme de démocratie faisant une large place aux procédures de délibération, de négociation et de décision budgétaire et parce qu’elle reconnaît aux citoyens, aux membres, aux bénéficiaires la légitimité de participer pleinement à ce processus, la gestion participative, la participation démocratique et l’engagement citoyen doivent apparaître de plus en plus comme des éléments constituants de la gestion et de la gouvernance des entreprises sociales et collectives.
    La prémisse de base qui supporte cet avis se retrouve dans le fondement même de la mission des entreprises sociales et collectives qui repose sur des principes de coopération, de solidarité et de démocratie.

    L’objet même de la coopérative - la satisfaction de besoins communs - et parmi ses principes directeurs - la propriété collective et le contrôle démocratique, l’adhésion volontaire et ouverte, l’engagement envers la communauté - confèrent à ses membres une double identité: celle de propriétaires - puisqu’ils détiennent les parts de la coopérative - et celle d’usagers ou d’utilisateurs - puisqu’ils bénéficient de ses activités économiques (Mertens & Rijpens, 2014).
    Dans sa définition d’une coopérative, le Conseil québécois de la coopération et de la mutualité (CQCM, Mémoire 2016) décrit l’entreprise coopérative comme organisation démocratique et économiquement viable qui favorise la prise en charge des individus et des entreprises autour de besoins communs qu’eux-mêmes définissent.

    Autre exemple du côté de la fondation, publique ou privée, où plusieurs motivations peuvent mener à leur création, mais qui sont fondamentalement mises sur pied pour l’amélioration des opportunités économiques et des conditions sociales d’une communauté déterminée. La fondation regroupe de personnes désirant soutenir une cause sociale particulière et des services directs à la population (Agence Revenu Canada, 2012).

    Nul ne peut douter que la synergie qui sous-tend les actions des entreprises sociales et collectives soit fondée sur des valeurs de justice, de solidarité et de responsabilité. La mission de ce type d’entreprise repose ainsi sur des valeurs collectives qui, selon moi, gagnent à venir se traduire, de manières variées soit, mais de façon bien cohérente, dans les structures et les modes de fonctionnement de ce type d’organisation. Permettant l’engagement réel d’une forme d’économie solidaire et durable dans sa philosophie même de gestion et de gouvernance, la réponse qu’elle apporte aux besoins de ses membres et de la collectivité se voit rehaussée d’une valeur ajoutée, valeur participative, éducative. .
    Parce qu’elles mettent leur finalité sociétale au cœur de leur modèle économique et reposent bien souvent sur des modes de gouvernance démocratiques et participatifs, les coopératives expérimentent d’autres manières de créer de la valeur et de la partager (Mertens & Rijpens, 2014) et contribuent à réinjecter de l’égalité dans notre société. Le but social qu’elle vise et les valeurs qu’elles véhiculent lui en confèrent toute la légitimité.

    De plus, cette valeur ajoutée de gestion et de gouvernance plus participative vient appuyer la promotion de son modèle d’entreprise et offrir un plus grand rayonnement des apports collectifs qu’il génère dans nos sociétés.

    Coopératives et démocratie: - un état des lieux de la question pour encourager la vitalité démocratique des coopératives - est une réflexion et une invitation déjà lancée dans le milieu par certains auteurs (TRUDEL et Michelot, 2014) : le projet de déclaration du Sommet international des coopératives 2016 en portera peut-être les premiers éléments d’action et de cohésion les plus concrets.

    FF
    ENAP